Eglises d'Asie – Chine
Une controverse a opposé le gouvernement chinois et celui de Hongkong à propos de la tenue sur le territoire d’une conférence mondiale des luthériens en juillet 1997
Publié le 18/03/2010
La Fédération mondiale luthérienne a en effet décidé de célébrer le cinquantième anniversaire de son existence à Hongkong, du 8 au 16 juillet 1997. Le 14 février 1996, les dirigeants de Hongkong de l’Eglise luthérienne ont reçu une « notification verbale » de la part de l’Agence Chine nouvelle, qui représente le gouvernement de Pékin sur le territoire, leur demandant de repousser les dates de leur conférence mondiale qui pourrait se heurter à « des difficultés techniquesCependant, après que l’affaire ait suscité des protestations indignées à Hongkong et dans la communauté internationale, la Chine a changé radicalement de position, déclarant que les Luthériens étaient bienvenus à Hongkong et qu’ils n’avaient pas besoin de la permission du gouvernement chinois pour tenir leur assemblée sur le territoire.
La décision de tenir cette assemblée luthérienne avait été prise en 1993. A cette époque, les dirigeants luthériens avaient informé de leur intention les gouvernements de Hongkong et de Pékin. Dans un communiqué daté du 26 février 1996, l’Agence Chine nouvelle à Hongkong avait accusé le gouvernement du territoire d’essayer d’échapper à ses responsabilités en n’informant pas les services de l’Agence de l’intention des luthériens : « Cette conférence prendra place après le 1er juillet 1997 et, par conséquent, le gouvernement de Hongkong aurait dû prendre l’initiative de contacter son homologue chinois pour discuter de la question au cours d’une des réunions du comité conjoint de liaison
Kerry McGlynn, porte-parole du gouvernement de Hongkong, a déclaré de son côté que cette affaire n’avait rien à voir avec le gouvernement chinois : « Cette affaire n’a pas besoin d’être discutée par le comité conjoint de liaison. La Déclaration commune (des Britanniques et des Chinois) et la Loi fondamentale (qui doit servir de constitution à Hongkong après Juillet 1997) stipulent que les droits individuels et les libertés, y compris la liberté de rassemblement, d’association et de croyance religieuse seront garanties dans la Région administrative spéciale que sera Hongkong
L’intervention, apparemment inopportune, de l’Agence Chine nouvelle dans cette affaire a causé quelque inquiétude à Hongkong en ce qui concerne la liberté religieuse après le passage de pouvoir de 1997. Le Rév. Fung Chi-wood, militant des droits de l’homme, a déclaré que cette interventionnisme de l’Agence Chine nouvelle augurait mal de la liberté d’expression et de la liberté religieuse à Hongkong à partir de l’année prochaine. Le Parti démocratique du territoire, de Martin Lim, a estimé que cette affaire créait un précédent et dénotait la volonté des gouvernants chinois d’introduire la politique dans la sphère des activités privées. Une porte-parole de l’Eglise catholique, Mary Sung, s’est montrée moins pessimiste et a qualifié l’affaire d’« incident isolé » : « Nous avons confiance et nous pensons que cela n’affectera pas l’Eglise catholique. Nous n’avons aucune raison de penser que la liberté religieuse telle qu’elle est prévue dans la Loi fondamentale ne sera pas appliquée
La retraite stratégique du gouvernement chinois par le canal de l’Agence Chine nouvelle s’est déroulée dans le désordre. Un fonctionnaire chinois a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’interdire la conférence luthérienne mais de faire discuter la question par le comité conjoint de liaison. Un autre a affirmé que la position du gouvernement de Pékin s’expliquait par le fait que certains délégués luthériens auraient peut-être des difficultés de visa, si la date était trop proche du 1er juillet. Un autre a estimé que le gouvernement s’inquiétait simplement pour les délégués luthériens qui auraient de la difficulté à trouver des chambres d’hôtel, la date de la conférence étant trop proche des cérémonies qui marqueront le 1er juillet 1997.
La plupart des observateurs de Hongkong s’interrogent sur l’importance à accorder à l’affaire. Selon l’un d’entre eux, interrogé par Eglises d’Asie, il est bien possible que « les fonctionnaires de l’Agence Chine nouvelle aient fait preuve d’excès de zèle aux yeux des dirigeants chinois : ils ont sans doute bien compris quel est l’objectif réel de Pékin en ce qui concerne les libertés individuelles prévues par la Loi fondamentale de Hongkong mais ils ont fait une erreur tactique qui s’est révélée inopportune