Eglises d'Asie

Les catholiques sont divisés sur le mode de coopération à établir avec le nouveau régime qui se met en place

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique de Hongkong faisait partie des trois cents organisations locales invitées par Pékin à donner leur avis sur le comité de sélection qui choisira le nouveau gouverneur de Hongkong et sur le parlement provisoire. Cette consultation a eu lieu les 13 et 14 avril 1996. Beaucoup de citoyens de Hongkong jugent non démocratique l’idée même d’un comité de sélection pour choisir le prochain gouverneur et considèrent comme illégal l’établissement d’un parlement provisoire qui remplacerait celui qui a été élu démocratiquement en 1994 pour quatre ans.

Le 14 avril, deux prêtres catholiques, le P. John Tong Hon, vicaire général, et le P. Edward Khong Kin-cheung, économe diocésain, ont participé à la consultation en même temps que des dirigeants protestants, bouddhistes, taoïstes et musulmans. « Nous soutiendrons le parlement provisoire s’il est légal et s’il s’agit d’organiser une bonne transition pour Hongkong, mais, à ce stade, il est illégitimea déclaré ensuite le P. John Tong. Il a ajouté : « Nous avons exprimé l’espoir que les membres du parti communiste écoutent davantage les opinions divergentes, particulièrement celles qui proviennent des milieux de juristes. Le comité de sélection qui sera formé sera d’autant plus représentatif qu’ils auront écouté davantage

Parmi les prêtres de Hongkong, l’unanimité ne règne pas. Le P. Dominic Chan reconnaît que, sur ces questions, « des opinions différentes se font entendre à l’intérieur de l’Eglise : certains sont pour le parlement provisoire, d’autres contre. Un certain nombre de personnes considèrent que, puisque le parlement provisoire sera formé de toute façon, nous ne devons pas nous montrer trop émotifs et nous devons accepter la réalité. L’Eglise est prête à envoyer des représentants au comité de sélection si elle y est invitée

Mais la commission « Justice et paix » du diocèse fait campagne dans les paroisses en demandant aux catholiques d’envoyer des télécopies ou des lettres au cardinal Jean-Baptiste Wu Cheng-chung pour qu’il s’abstienne d’envoyer des délégués au comité de sélection. Des agents pastoraux du diocèse ont aussi écrit au cardinal pour lui dire l’importance qu’ils accordent au fait que le gouverneur soit élu par la population plutôt que choisi par un comité restreint.

Chez les protestants aussi, la situation est confuse. Le rév. Tso Man-king, secrétaire général du conseil chrétien des Eglises de Hongkong a déclaré : « Nous considérons cette consultation comme un moyen d’échanger des vues différentes. Nous espérons que les fonctionnaires chinois écouteront nos opinionsLes représentants des protestants à la consultation ont déclaré qu’ils recommanderaient l’envoi d’un délégué protestant au comité de sélection.

Mais d’autres groupes protestants comme le Conseil chrétien des femmes, et la Société des chrétiens pour Hongkong s’opposent vigoureusement à ce qu’ils considèrent comme une confusion entre l’Etat et la religion. Leur porte-parole, Rose Wu, a déclaré que les Eglises doivent à tout prix maintenir la séparation de l’Eglise et de l’Etat, condition pour que l’Eglise jouisse d’une autonomie réelle.

De son côté, le délégué des musulmans, Abu Baka Ma Wing-cheung a dit : « Je n’ai pas d’opinion bien tranchée mais j’espère que la transition sera paisible et que le système en vigueur aujourd’hui continuera d’exister. Je ne veux pas intervenir dans les questions politiques, mais j’espère que le parlement provisoire sera dissous vite après la transition et qu’un nouveau parlement sera élu par le suffrage universel