Eglises d'Asie

L’histoire officielle du Pakistan tiendra compte des minorités religieuses et ethniques

Publié le 18/03/2010




Lors d’un séminaire organisé par la commission « Justice et paix », à Lahore, le 30 mars 1996, sur le thème de « l’histoire du peuple », les participants se sont dit persuadés que les conflits actuels entre les communautés musulmane et chrétienne étaient dûs à la partialité de l’histoire officielle et à la volonté délibérée d’ignorer le rôle du christianisme dans le développement du Pakistan. C’est dire l’intérêt qu’ils ont porté à l’information donnée par le président de la commission nationale de la culture et de l’histoire, Fakhar Zaman, leur annonçant la prochaine rédaction d’une histoire officielle du Pakistan. Cet ouvrage placé sous la responsabilité d’un comité patronné par le gouvernement devrait être achevé en 1997.

Lors de son intervention devant le séminaire, M. Zaman a affirmé que la population est aujourd’hui coupée de ses racines culturelles et qu’il lui est nécessaire de revenir vers la tradition et la culture pakistanaises. C’est bien pourquoi le comité de rédaction qui tient à écrire une histoire objective qui ne s’appuie pas uniquement sur l’islam, aura à coeur de recueillir des informations auprès des minorités religieuses, qui seront insérées à l’intérieur de l’ouvrage à paraître. Le président de la commission culturelle a même demandé aux membres de la commission « Justice et paix » de se charger d’un certain nombre de monographies concernant les minorités. Il a ajouté que le gouvernement Bhutto s’efforçait d’introduire la tolérance à l’intérieur de la société pakistanaise, au sein de laquelle chaque citoyen devrait jouir des mêmes droits. C’est ainsi qu’un certain nombre de notions partisanes contenues dans le programme des classes allant de la sixième à la dixième avaient été corrigées. Cette réforme devrait se prolonger dans les classes supérieures.

L’exposé de M. Zaman a suscité un certain nombre de réactions fort intéressantes de la part des participants qu’ils soient chrétiens ou musulmans. Du côté catholique, on a insisté sur la nécessité d’un tel ouvrage et critiqué la grande partialité des ouvrages actuels. Un journaliste catholique a fait remarquer que 80% des livres d’études pakistanaises comportent un enseignement ou des informations sur l’islam mais rien sur les autres religions. Certains participants musulmans ont abondé dans ce sens. Samina Rehman, avocate des droits de la femme, a déclaré refuser l’identification de son pays avec l’islam: « Il n’est pas vrai que le Pakistan ait commencé à exister le jour où le premier musulman a mis le pied sur le sol du sous-continent ». Un historien musulman présent au séminaire a pour sa part fait remarquer que personne ne pourra écrire l’histoire des chrétiens à leur place. Ils devraient prendre eux-mêmes l’initiative et ensuite faire pression sur le gouvernement pour qu’il accepte leurs vues.

En conclusion, les participants ont pris acte de la partialité et des déficiences de l’histoire actuelle. Ils ont souhaité qu’elle soit corrigée et que les programmes d’études enseignés dans les écoles soient véritablement le reflet du pays.