Eglises d'Asie – Chine
Pékin veut se faire entendre dans les médias de langue anglaise du territoire
Publié le 18/03/2010
Le gouvernement chinois contrôle déjà deux journaux en langue chinoise de Hongkong, le Wen Wei Po et le Ta Kung Pao. Il estime devoir être présent aussi dans les médias de langue anglaise afin de pouvoir donner son point de vue à destination de la communauté internationale, des hommes d’affaires étrangers de Hongkong et aussi des fonctionnaires locaux dont la plupart lisent tous les jours la presse de langue anglaise. Comme le dit ironiquement un éditorialiste de Hongkong : « Si Pékin déclare la loi martiale à Hongkong, il faut bien qu’il y ait au moins un journal en anglais pour titrer : ‘Les citoyens souhaitent la bienvenue à l’armée populaire de libération’« .
Pan Zhongdang, professeur de journalisme à l’université de Hongkong, commente ainsi cette initiative chinoise : « Du point de vue de la Chine, il y a un danger potentiel à ce que les milieux professionnels soient exposés à une couverture médiatique excessive, non officielle ou même anti-officielle, sur de nombreuses questions. Il n’est donc pas surprenant que la Chine s’inquiète
Le rédacteur en chef du China Daily de Pékin, Zhu Yinghuang, était en visite à Hongkong à la fin du mois d’avril 1996 pour organiser les détails pratiques du lancement de l’édition de Hongkong de son journal. Cette visite a été gardée aussi confidentielle que possible, mais la presse de Hongkong a affirmé qu’il avait rencontré les patrons des deux principaux quotidiens de langue anglaise, à savoir le South China Morning Post et le Hongkong Standard, considérés comme indépendants. Il semble que Pékin ait espéré un moment que l’un des principaux journaux de langue anglaise de Hongkong tomberait sous sa coupe, mais que ces espoirs aient été réduits à néant après des contacts avec ses dirigeants.
Selon les spécialistes des médias de Hongkong, le nouveau quotidien en langue anglaise que Pékin s’apprête à lancer n’a que peu de chance de connaître un succès commercial même moyen, étant donné les caractéristiques du lectorat auquel il veut s’adresser : « Ces gens sont des professionnels. Ils n’ont pas envie de se mettre à lire une tonne de propagandedit par exemple un analyste d’une banque américaine d’investissement.
Un autre observateur note cependant que, contrairement au Wen Wei Po et au Ta Kung Pao, qui sont contrôlés par des « commissaires politiques » nommés par le département de la propagande du parti communiste, l’équipe éditoriale du nouveau quotidien en anglais de Hongkong serait responsable seulement devant le Conseil d’Etat de Pékin.
Cette initiative de Pékin démontre en tout cas, selon les observateurs, la volonté des autorités chinoises de se gagner les esprits et les coeurs de la population de Hongkong à quelques mois à peine de la passation des pouvoirs le 1er juillet 1997.
La presse quotidienne en anglais de Hongkong tire environ à 200 000 exemplaires. La presse chinoise du territoire tire, elle, à 1 400 000 exemplaires chaque jour.