Eglises d'Asie

Tibet : quatre-vingt moines ont été arrêtés et plusieurs centaines d’autres sont recherchés par la police à la suite de violents incidents

Publié le 18/03/2010




Le monastère de Ganden, à une quarantaine de kilomètres de Lhassa, l’un des plus anciens édifices religieux du Tibet, a été fermé, le 7 mai 1996, par les autorités chinoises qui ont prétendu que les bâtiments avaient besoin d’être rénovés. En fait, cette fermeture est le résultat de la résistance opposée, la veille, par les moines à une équipe de fonctionnaires gouvernementaux venus imposer le nouveau règlement interdisant les photographies du Dalaï-Lama.

De violents incidents ont opposé les moines aux fonctionnaires chinois assistés de forces de sécurité. Plusieurs blessés graves ont été relevés parmi les moines et 80 d’entre eux ont été arrêtés. Près de 600 autres ont fui les lieux et sont activement recherchés. D’autres incidents de même nature, mais moins graves, ont eu lieu dans les monastères de Sera et de Drepung.

Les photographies du Dalaï-Lama en exil avaient été autorisées en 1979 dans les lieux publics au nom de la liberté religieuse. Leur récente interdiction et la répression accrue qui frappe le Tibet depuis quelques mois indiquent que la politique de Pékin vis-à-vis du territoire s’est considérablement durcie depuis que le Dalaï-Lama a choisi, en 1995, une réincarnation du Panchen-Lama ne correspondant pas aux désirs des autorités chinoises (1). On ne compte plus les manifestations et les émeutes anti-chinoises qui ont eu lieu au Tibet au cours de ces dernières années ; selon le South China Morning Post, de Hongkong, le nombre des attentats à la bombe aurait doublé dans la seule année 1995, et celui des “crimes à main armée” se serait accru de 50 %.

Commentant ces derniers incidents, à Rome où il venait de rencontrer Jean-Paul II, le Dalaï-Lama a déclaré, le 21 mai : “Cette dernière vague répressive va échouer comme les autres et la Chine sera obligée de négocier. Les autorités locales chinoises et celles de Pékin essaient de contrôler l’esprit tibétain. Je suis tout à fait certain qu’elles n’y arriveront pas. Cette ligne politique dure ne leur est d’aucun secours

De son côté, le Tibet Daily, organe gouvernemental, donne la parole, le 19 mai, à Chen Kuiyan, secrétaire du Parti communiste du Tibet : “Nous devons garder l’esprit clair en ce qui concerne les groupes séparatistes du Dalaï-Lama. Si nous échouons dans notre entreprise d’écrasement de la conspiration du Dalaï-Lama, l’ordre social sera perturbé au Tibet. Sous couvert de religion, quelques personnes essaient de déstabiliser la société, en causant des dommages aux temples et aux édifices publics et en détruisant l’unité nationaleChen Kuiyan en appelle donc à une répression sans rémission de ceux qui abritent des “séparatistes

Soulignant que la volonté chinoise de soumettre le Tibet est sans faille, le Tibet Daily avait annoncé au début de mai 1996 la création à Lhassa d’une école spéciale de la police qui formera une milice paramilitaire destinée à “protéger la stabilité sociale du Tibet et à combattre le séparatisme