Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION SOCIALE ET POLITIQUEdu 1er juillet au 1er septembre
Publié le 18/03/2010
L’éclatement du mouvement khmer rouge en deux factions ouvertement opposées, et les négociations de la branche Ieng Sary avec le gouvernement de Phnom Penh est, sans conteste, l’événement dominant de ces deux derniers mois. Même si depuis plusieurs années on soupçonnait d’âpres luttes pour le pouvoir à l’intérieur du mouvement, leur révélation spectaculaire s’inscrit dans un contexte plus vaste :
– La scission ouverte du mouvement khmer rouge survient après la visite officielle qu’a effectuée le général chinois Zhang Wannian à Phnom Penh, en avril dernier, accompagnée d’une aide d’un million d’aide militaire non-mortifère et de 6 millions d’aide pour la construction de routes. Le général cambodgien Téa Banh, ministre de la Défense du gouvernement de Phnom Penh, avait alors annoncé d’une façon voilée la prochaine réconciliation des combattants au Cambodge.
– Ces événements interviennent après la visite officielle de Hun Sen, second Premier ministre cambodgien en Chine, du 8 au 22 juillet. La Chine avait soutenu les Khmers rouges de 1970 à 1991 et traitait alors Hun Sen de « valet de l’hégémonisme vietnamienDésormais, elle reconnaît en lui l’homme fort du Cambodge et un accord est passé entre le Parti Communiste Chinois et le Prachéachon (ex-Parti communiste) cambodgien.
– Alors que le FUNCINPEC (parti royaliste) rêvait d’une alliance contre nature avec les Khmers rouges (alliance qui a prévalu de 1982 à 1993), pour contre-balancer le pouvoir du Prachéachon, et négociait patiemment avec eux depuis des années, on assiste, par une démarche somme toute logique, à une tentative de rapprochement limité, certes, entre les frères ennemis du Parti communiste cambodgien. Hun Sen fait le « forcing » pour engranger les bénéfices politiques de ces opérations et voit son autorité incontestablement renforcée.
Certes, la paix et la réconciliation ne sont pas encore pour demain : la faction dissidente Khmère rouge ne « se rallie » pas au gouvernement de Phnom Penh, elle se « sépare » de la ligne dure de Pol Pot. La faction dissidente administrera sans doute son territoire, un peu comme jadis l’issarak Dap Chhuon administrait le secteur autonome de Siemréap, de 1949-1959. Il est envisageable qu’elle se comportera comme une troisième composante du régime de Phnom Penh, avec laquelle il faudra compter. La vie politique des mois à venir pourrait bien être agitée.
On peut toutefois saluer ces événements comme un pas vers une solution de paix, « à la cambodgienne ».
COMMENT A ECLATE LE MOUVEMENT KHMER ROUGE
Le matin du 6 août, Iéa Chhien, commandant de la division 415 et chargé du secteur de Païlin, tente d’arrêter des représentants de Pol Pot, venus assister à une réunion avec lui dans un lieu tenu secret. La discussion aurait été vive, et il aurait même tenté de les assassiner.
Le 8 août, la radio des Khmers rouges, demeurée aux mains des fidèles de Pol Pot, ordonne l’arrestation et « la destruction des traîtres » Ieng Sary et de ses complices. Ieng Sary, pour sa part, accuse Pol Pot d’être « le plus cruel et le plus sauvage des assassins », « j’ai décidé, disait-il, de mettre fin à la direction du parti, en me séparant du régime fasciste et cruel de Pol Pot… » Il accuse Pol Pot d’avoir massacré les intellectuels et d’avoir commis de multiples crimes durant son règne de terreur. Il ordonne pour sa part, l’arrestation de Ta Mok, chef d’Etat-major et de Son Sen, ministre de la Défense des Khmers rouges. Le même jour, Hun Sen, second Premier ministre du Royaume du Cambodge, tente d’engranger le bénéfice politique des événements, et annonce prématurément que Ieng Sary, Iea Chhien et Sok Phéap s’étaient ralliés au gouvernement avec 3 000 combattants et les hommes généraux des FARC (« Forces Armées Royales Cambodgiennes »).
Il demande aux FARC d’assurer leur sécurité. Selon lui, ces « ralliements » sont le fruit de négociations qu’il a personnellement supervisées ! Mais les intéressés démentent, disant qu’ils se sont contentés de faire sécession avec la ligne dure de Pol Pot et n’ont pas l’intention de se rallier au gouvernement.
Le 9 août, Iéa Chhien proclame sa fidélité à Ieng Sary et selon des sources khmères rouges, attaque avec 18 chars et plusieurs milliers de combattants, la puissante division 320, commandée par Nikorn, frère de Son Sen, pour dégager Sok Phéap, autre dissident qui est à la tête de la division 450, basée au Phnom Malay, quartier général des Khmers rouges. Il force ainsi Ta Mok, Son Sen, Nikorn, Nuon Chéa, le n° 2 des Khmers rouges, à prendre la fuite. D’autres chefs d’unités khmères rouges rejoignent la dissidence : Chong Chom et Ta Sou de la 519ème division.
Le 11 août, la radio khmère rouge fidèle à Pol Pot demande aux dissidents de déposer les armes. Ceux-ci, pour leur part, par haut-parleur, appellent les loyalistes à rejoindre leur camp. Les dissidents proposent un cessez-le-feu aux FARC.
Le 14 août, Hun Sen annonce qu’il désire pardonner à Ieng Sary et suspendre la sentence de mort portée à son égard par un tribunal « international » réuni à Phnom Penh en 1979.
Ranariddh, premier Premier ministre, se montre réservé sur la possibilité d’accorder une activité politique aux dissidents khmers rouges, évoquant la perspective du « cheval de TroyesSihanouk envoie une lettre à Ieng Sary en le saluant du titre d’« Excellence(tout en le traitant, dans son bulletin, de « pirate assoiffé d’argent, de traître, d’excrément !… » Le 21 août, il se dit cependant prêt à amnistier Ieng Sary, si les deux Premiers ministres lui donnent leur accord et si l’Assemblée nationale accepte cette proposition à la majorité des deux tiers et abroge la mise hors-la-loi des Khmers rouges. Dans une déclaration commune publiée dès le 25, les deux co-Premiers ministres donnent leur accord. Le roi propose également d’amnistier Sin Son, et Ranariddh demande le retour de Sirivuddh.
Les négociations se poursuivent, un cessez-le-feu est conclu et respecté, les officiers des forces khmères rouges et ceux des FARC se rencontrent et mangent ensemble, même au niveau local… Un groupe de travail est créé pour continuer les négociations.
Iea Chhien, Sok Phéap, et Ieng Savuth, fils de Ieng Sary, sont officiellement désignés par les dissidents ; les généraux Nhiek Bun Chhay du FUNCINPEC et Pol Saroeun du Prachéachon, ainsi que le Premier secrétaire de l’ambassade du Cambodge en Thaïlande, sont désignés du côté des FARC.
Le 26 août, le premier-Premier ministre Ranariddh refuse une demande des dissidents proposant que les deux Premiers ministres rencontrent Ieng Sary.
Le 28 août, Ieng Sary et les officiers dissidents forment le parti du « Mouvement National Uni pour la DémocratieLors d’une conférence de presse organisée près du Phnom Malay, Ieng Sary réaffirme que son mouvement n’a aucune intention de se rallier au gouvernement. Le MNUD se donne pour but d’amener les factions khmères à des négociations où « il n’y aura ni vainqueurs, ni perdants, ni traîtres
Deux jours plus tard, le mouvement émet des lois restrictives concernant les déplacements, le trafic du bois et la construction de pagodes, se comportant comme un gouvernement autonome dans les régions qu’il contrôle. Le 31 août, Hun Sen déclare que le nouveau parti ne pourra mener d’activités politiques que s’il soumet totalement son territoire au contrôle du gouvernement royal.
Le 31 août, pour la première fois, les FARC fournissent du matériel militaire à 200 khmers rouges dissidents de la 519ème division, à Chup Koki (province d’Oddar Méan Chhey) pour se protéger des attaques des fidèles de Pol Pot commandés par Saroeun et San. Ces attaques ont effectivement lieu le 3 septembre. 400 soldats des FARC sont déployés pour aider les dissidents.
Le 2 septembre, à Sisophon, Hun Sen, accompagné de Téa Banh, co-ministre de la Défense, Sar Kheng, (PPC), ministre de l’Intérieur, Kéo Kim Yan, (PPC), chef d’Etat-major des FARC, Nhiek Bun Chhay, (FUNCINPEC), chef d’Etat-major adjoint des FARC, le général Pol Saroeun (PPC), et un certain nombre d’officiers des FARC, rencontrent Ieng Savuth, fils de Ieng Sary, Long Narith, secrétaire de Ieng Sary, Mit Muong, commandant-adjoint de la 450ème division et Ta Sou, commandant de la 519ème division khmère rouge. Hun Sen affirme que les négociations en vue d’un règlement de paix ont été un succès : « Païlin reste Païlin, Malay reste Malay, Phom Penh reste Phnom Penh, mais les trois ont un seul gouvernementaffirme-t-il après la rencontre. Une nouvelle rencontre est prévue le 5 septembre entre Ieng Sary et les 2 co-ministres de la Défense, en Thaïlande.
Au 2 septembre, les « divisions » 450, 415, 519, et 250 étaient déjà entrées en dissidence, les divisions 948, 320, 531 et 705 seraient en train de négocier leur ralliement à Ieng Sary. Il est toutefois difficile de savoir combien une division compte d’hommes. Selon Ieng Sary, sa faction comprendrait 3 000 combattants.
Depuis 1993, environ 3 000 combattants khmers rouges se sont ralliés au gouvernement. L’an dernier, quand Ta Mok a ordonné de brûler des villages, plus de 1 000 de ses combattants ont déserté.
On estime que 3 000 à 6 000 combattants restent fidèles à Pol Pot, et sont dirigés par Ta Mok. Ils tiennent le secteur du Phnom Malay où les forces gouvernementales (pas plus que les forces vietnamiennes de 1979 à 1989), n’ont pas réussi à pénétrer. Ta Mok, Nikorn et Son Sen se seraient repliés à Samlaut, au nord de Païlin. Il semble que, même au sein de la branche dure, on assiste à des rébellions contre la discipline : 200 soldats commandés par le général Saroeun, dans un camp près d’Anlong Veng, dirigé par So Hong, neveu de Pol Pot, seraient en rébellion. On parle d’un effet « dominola rébellion des uns entraînant celle des autres. Le 31 août, la radio khmère rouge a dû démentir que Khieu Samphân ait fait des approches auprès du gouvernement de Phom Penh.
Si Hun Sen s’est vanté, prématurément, d’avoir supervisé les négociations de « redditionalors qu’il ne s’agissait que de « scissionc’est principalement le FUNCINPEC qui négocie depuis des mois avec les Khmers rouges, plus particulièrement le général Nhiek Bun Chhay qui entretient des relations étroites avec son oncle, Ta Sou, commandant de la division 519 khmère rouge. Le FUNCINPEC cherche avant tout à renforcer son influence par un soutien des Khmers rouges.
Ieng Sary, Kim Trang de son vrai nom, est un khmer, natif de Phum Samdech, du canton de Luong Hoa, dans la province de Tra Vinh, du Kampuchéa Krom ( partie cambodgienne du Vietnam), dont les parents sont venus s’établir à Svay Rieng vers 1943. C’est un révolutionnaire de la première heure, parti poursuivre ses études en France avec Saloth Sâr (Pol Pot). Il est marié à Ieng Thirith, soeur de Yun Yat, première épouse de Pol Pot.
Chargé avant 1975, des rapports entre les Khmers rouges et Sihanouk, (Sihanouk le traitait alors de « stalinienil devint ministre des Affaires étrangères du Kampuchéa Démocratique. On a souvent pensé qu’il était le n°2 des Khmers rouges, alors que, de fait, cette position était celle de Nuon Chéa, Ieng Sary n’étant lui-même que le n°4.
Contrairement à ses affirmations, il est responsable de la mort de bon nombre d’intellectuels cambodgiens rentrés de France après 1975. Chargé de la réception de l’aide chinoise, son déclin a commencé après les accords de Paris, soit après l’arrêt des aides. Déjà, à l’époque, des bruits couraient sur sa « corruption ». La radio khmère rouge l’accuse, avec, semble-t-il, une part de vérité, d’avoir détourné 10 millions de dollars de l’aide chinoise. Lui et sa femme ont toujours vécu dans un luxe tapageur et exigeant pour leur personnel. Ieng Sary serait actuellement à Bangkok.
Iea Chhien, chargé de la protection de Pol Pot, de Nuon Chéa et de Ieng Sary, commandant de la division 415, contrôle les mines de rubis de Païlin, qui rapportaient chaque mois, environ 3 millions de dollars aux Khmers rouges. Il a été en rapport avec les ONG occidentales et les fonctionnaires des Nations Unies. Il utilisait une partie de ces ressources pour améliorer la vie du peuple. En juillet dernier, Ta Mok serait venu à Païlin pour tenter de freiner la dérive vers la propriété privée, notamment la possession des motos et des voitures … ce qui aurait mis le feu aux poudres…
Sok Phéap, commandant de la division 450, basée à Phnom Malai, place-forte impénétrable, a longtemps été un proche de Son Sen, ministre de la Défense. Iea Chhien et Sok Phéap auraient été favorables aux élections de 1993. Tous deux seraient multimillionnaires en dollars, placés dans des banques thaïlandaises.
Les observateurs remarquent que les Khmers rouges de l’étranger n’ont manifesté aucune réaction, ce qui laisserait supposer que la révélation de cette scission était prévue et a été révélée à ce moment précis dans un but politique qu’il convient de décrypter : noyautage du régime de Phnom Penh ? Volonté de reconquête du pays par la politique, là où les armes ont échoué ?
Alors que la scission de 1977-78 avait été sanglante, au mois d’août 1996, on a assisté à une lutte plus verbale que militaire…
Selon plusieurs observateurs, la Thaïlande ne serait pas étrangère à la réorganisation des Khmers rouges, ce que confirme Hun Sen après la rencontre du 2 septembre : un Cambodge unifié signifie une prospérité économique et la reprise d’un commerce normal avec la Thaïlande. « Je veux ouvrir la frontière pour faire du commerce officiellement à Poipet et à Kok Kong
Il est significatif que le diplomate chargé de mener les négociations avec les Khmers rouges soit le premier secrétaire de l’ambassade du Cambodge en Thaïlande! Pékin aurait sans doute poussé les Khmers rouges à franchir le pas. La Chine apprécie la ligne de plus en plus indépendante du gouvernement de Phnom Penh par rapport au Vietnam, et tient à éviter que Phnom Penh ne reconnaisse Taipei. En soutenant la réconciliation d’une partie du mouvement communiste au Cambodge, la Chine y renforce son influence.
HUN SEN, VICTORIEUX SUR TOUS LES FRONTS
La lutte pour le pouvoir à Phnom Penh
La saga de la lutte entre Hun Sen et Ranariddh est virtuellement terminée ; Hun Sen en sort vainqueur : il se conduit à l’intérieur comme l’unique dirigeant du pays, il est reconnu comme tel par la Chine et la Corée du Sud. Son parti voit se rallier à lui de nombreux membres du FUNCINPEC. Il prépare activement les futures élections qu’il est pratiquement sûr de gagner.
Le 28 juin, le Prachéachon fête son 45ème anniversaire. Devant 900 membres du Parti, Hun Sen décrit le Prachéachon comme le parti le plus apte à maintenir la sécurité et prévenir le retour des Khmers Rouges au Cambodge. Il jure de ne plus faire de concessions au FUNCINPEC et met en garde la famille royale : « Un membre de la famille royale s’est déjà fait prendre. Deux membres, en fait, un en 94, un en 95 (NDLR : les princes Chakrapong et Sirivudhh). Si il y a besoin d’un troisième pour 96, cela peut être fait… Seul le roi ne peut être atteint, du moins tant qu’il respecte la ConstitutionIl pose la question : « Pourquoi le co-Premier ministre Ranariddh n’a pas mis à exécution la menace de se retirer au gouvernement ? Si Ranariddh n’est pas content, il n’a qu’à mettre à exécution sa menace du mois de mars et se retirer du gouvernement…si vous ne vous retirez pas, vous êtes un « chhkae sot » (un vrai chien) » ! (NDLR : suprême injure khmère !). Si Ranariddh démissionne, « une heure et demie après, je publierai un communiqué indiquant que j’assure la continuité du gouvernement. Une heure et demie plus tard, il y aura un communiqué des forces neutres du FUNCINPEC disant qu’elles se joignent à Hun Sen pour assurer cette continuité. Une heure et demie après, je publierai un dernier communiqué pour dire que j’accepte ces forces neutres du FUNCINPEC , et que j’assure leur protection. Après, d’autres partis feront de même et se rallieront.
Tous ces communiqués sont déjà dans ma main, prêts à être diffusés à la radio et à la télévision. Alors, allez y, retirez-vous » !
Hun Sen s’attaque également aux ministres du FUNCINPEC en charge de ministères, notamment Ing Kiet, ministre d’Etat, chargé des Transports et des travaux publics, qualifié de « plus mauvais ministre depuis 18 ansLa direction du FUNCINPEC ne réagit pas : « C’est au moins déjà le quatrième ministre ou gouverneur FUNCINPEC qu’il critique de la sorte. A chaque fois, nous avons évité de réagir. Nous sentons que si nous réagissons, nous allons contre l’unité du gouvernement ».
Le second Premier ministre demande en outre aux membres du Prachéachon de ne plus assister aux discours du prince Ranariddh. Même les opposants potentiels à l’intérieur du Prachéachon n’osent manifester leur mécontentement. Hun Sen est omniprésent dans les médias.
Ce surprenant discours est cependant classique dans la pratique politique khmère : on croirait y reconnaître le langage du prince Sihanouk des années 1960.
Selon le roi Sihanouk, si tous les opposants se regroupaient, ils seraient vainqueurs de Hun Sen et du Prachéachon. Le 18 juillet, Sam Rainsy a indiqué que le prince Norodom Sirivudh, en exil en France, projetait de rentrer au Cambodge pour y prendre la tête de « l’Union Démocratique Cambodgienne » regroupant les opposants à Hun Sen. C’est cette coalition que dénonçait Hun Sen, le 27 avril dernier, menaçant d’utiliser les armes contre elle. Un canon de 105 a été offert comme cadeau à Hun Sen. Il l’a placé dans sa résidence personnelle et fait remarquer à ses visiteurs, en plaisantant, qu’il l’a pointé sur le palais… A bon entendeur, salut !
Le roi a refusé l’appel lancé par Sam Rainsy pour servir de médiateur entre les deux Premiers ministres, arguant de sa mauvaise santé (politique). Il se dit prêt à abdiquer si plus de 100 députés de la présente ou de la prochaine Assemblée nationale votent dans ce sens.
Le Prachéachon continue à se livrer à de fréquents actes d’intimidation à l’égard des autres partis, notamment du FUNCINPEC, comme s’en est plaint son secrétaire général auprès du ministère de l’Intérieur.
En plus des attaques signalées dans la précédente livraison, on peut noter que le 15 juillet, trois maisons appartenant à des membres du FUNCINPEC ont été incendiées. Une enquête montre que les incendiaires sont les chefs du Prachéachon du district de Saang. Prak Savuth, gouverneur de la province de Kandal, visite la zone dès le lendemain, et donne de l’argent aux victimes pour les aider à reconstruire leur maison, mais des policiers viennent ensuite leur interdire de le faire.
Le 6 juillet, environ 500 étudiants adhèrent au Prachéachon. Cette adhésion au parti est « volontairesouligne Mam Sarin, un des secrétaires du parti. Selon des statistiques fournies par le journal cambodgien Réasmei Kampuchéa, Hun Sen a financé la construction de 300 écoles tandis que le Prachéachon fournissait le financement d’environ 900 autres établissements. Hun Sen a aussi acheté 140 cyclos pour les étudiants pauvres logeant dans les pagodes et distribue deux fois par an 400 tonnes de riz à ces mêmes étudiants.
A vrai dire, Hun Sen fait des effets d’annonces : dans un village connu de l’auteur, il a promis de construire une école, mais demande une collaboration financière de la population, modique certes, mais difficile à trouver par les paysans pauvres.
Environ 200 fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, y compris un général, membres du FUNCINPEC (170) ou de l’ancien FNLPK (30), ont demandé à devenir membres du Prachéachon. Ce mouvement a commencé en juillet et se poursuit à l’heure où sont écrites ces lignes. Un gouverneur négocierait son admission au Prachéachon. Aucune cérémonie n’a eu lieu ; les nouveaux membres ont simplement donné leur photo et ont reçu une carte de membre quelques jours plus tard. Les motivations de ces changements de parti semblent s’inspirer du désir de sécurité : on entre dans le parti qui a le vent en poupe, l’idéologie politique n’étant pas le fort des politiciens cambodgiens.
Ranariddh, président du FUNCINPEC et premier Premier ministre, réagit avec colère à l’analyse d’observateurs étrangers selon lesquels Hun Sen « détient le pouvoir réel du paysmais sans pouvoir faire autre chose qu’invectiver les étrangers tenus pour responsables de la présente situation. Il courtise ses dissidents : Sam Rainsy et Sirivuddh. Il retarde son entrée à la pagode.
A titre anecdotique, la tenue à Paris, le 21 juillet, d’un congrès dissident du FUNCINPEC. Etaient présents 4 organisateurs et 14 autres personnes. 203 votes auraient été envoyés du Cambodge, 44 de France, et 2 ou 3 du Canada. Nev Se, un des organisateurs, a été élu comme nouveau secrétaire général. Le nouveau président est Suos Pom, 50 ans, qui est déjà membre du PNK. Rainsy, fortement soupçonné d’être à l’origine de cette dissidence, nie tout lien direct avec elle. Les participants à ce congrès ont modifié les statuts du parti pour les rendre plus démocratiques et ils ont redit leur attachement au roi, le fondateur historique du FUNCINPEC, tout en déclarant leur manque de confiance en Ranariddh. Le prince Sirivudh n’était pas présent à la réunion. Le roi a qualifié ce congrès de « coup de Jarnac » des Rainsistes.
Le Parti de la Nation khmère (PNK), de Sam Rainsy se heurte toujours aux tracasseries du ministère de l’Intérieur qui refuse de le reconnaître et entrave son action.
Le PNK souhaite lancer une station de radio et n’a pas obtenu satisfaction après 4 entrevues au ministère de l’Information. Le gouvernement veut empêcher la création de radios avant la parution de lois les régissant. Sam Rainsy s’est élevé contre ce « prétexte futileLe gouvernement autorise la création d’entreprises, des casinos et des compagnies d’assurances, en l’absence de toute réglementation. Selon Khieu Kanharith, secrétaire d’Etat à l’information, les canaux hertziens sont déjà saturés. En fait, le gouvernement continue d’attribuer des canaux aux associations et entreprises commerciales, mais n’en accorde plus aux partis politiques. Son Soubert, vice-président du PDLB (Parti Démocratique Libéral Bouddhique), a essuyé le même refus. Selon Sam Rainsy, le FUNCINPEC et le Prachéachon possèdent des chaînes de télévision et radio sous couvert d’entreprises commerciales. C’est peut être la voie que va emprunter le PNK.
Le 26 juillet, Sam Rainsy s’est rendu dans la province de Kompong Cham, l’un des plus importants bastions du Prachéachon. Le président du PNK a lui-même décrit cette visite comme un « acte de défiIl a prononcé quelques discours dans les pagodes et a visité les gens du marché. Ce voyage s’inscrirait dans une politique de reconnaissance avant d’ouvrir des bureaux dans cette province.
Le 21 juillet, quatre heures après avoir ouvert le bureau du PNK à Saang (province de Kandal), pour la cinquième fois, les autorités locales, accompagnées de 30 soldats et policiers ont brisé la plaque PNK de ce bureau à coups de hache, puis l’ont jetée dans la rivière voisine. Ce bureau avait été ouvert pour la première fois le 6 juin dernier. Le PNK indique aussi qu’on l’empêche d’ouvrir un bureau à Koh Thom, province de Kandal,depuis le mois de juin. Sam Rainsy attribue ces difficultés au fait que Koun Kim, gouverneur de la province, est un proche de Hun Sen, et que la zone de Kraingyov, protégée par Hun Sen, est proche de Saang.
Reconnaissance étrangère
Revêtu désormais d’un pouvoir incontesté au Cambodge, Hun Sen voit consacrée son autorité par la Corée du Sud et la Chine qui le reçoivent du 14 au 22 juillet.
Sur la route de Pékin, Hun Sen s’arrête en Corée du Sud, pendant quatre jours, du 14 au 18 juillet, avec une délégation de 20 membres. Il y passe des accords économiques et commerciaux : les deux pays se donnent mutuellement un statut commercial de « nation la plus favorisée », prévoient des échanges en matière de recherche et lancent des sociétés mixtes. Cette visite suit la décision, prise en mai par les deux pays, d’échanger des représentants, premier pas vers la normalisation des relations diplomatiques.
Le roi Norodom Sihanouk a été l’ami indéfectible de la Corée du Nord. En exil, il a vécu dans le magnifique palais que lui a fait construire le président Kim Il Sung. Il voyage vers Pékin dans des avions fournis par Pyongyang. Ses gardes du corps sont des Nord-Coréens formés au taekwondo.
Hun Sen cherche à attirer les capitaux sud-coréens pour remettre l’économie cambodgienne à flot (et se dégager des Occidentaux qui l’ennuient avec leurs « droits de l’homme » !). L’affaire de Masao Yoshio, terroriste japonais, caché et couvert par la Corée du Nord depuis 1970, arrêté à Phnom Penh dans une voiture officielle de l’ambassade en avril dernier, en possession de 30 000 faux dollars, a refroidi les relations entre les deux pays. Même avec Sihanouk, les relations ont changé : Kim Jong Il, fils de Kim Il Sung, actuellement au pouvoir en Corée du Nord, a refusé au roi l’autorisation d’aller déposer une gerbe sur la tombe Kim Il Sung. L’ironie de cette affaire est que c’est Hun Sen, ancien leader communiste, qui mène le rapprochement avec Séoul, aux dépens de Pyongyang !
A son retour au Cambodge, Hun Sen déclare qu’il souhaite établir des relations diplomatiques complètes avec la Corée du Sud aussi rapidement que possible.
Le roi exprime au contraire le souhait que les relations diplomatiques avec la Corée du Sud ne puissent être rétablies qu’après sa mort, par égard aux relations privilégiées qu’il entretient avec la Corée du Nord. Il n’acceptera pas les lettres de créances d’un ambassadeur de Corée du Sud, mais ajoute qu’il ne s’y opposerait pas si elles étaient reçues en son absence par Chéa Sim, agissant comme chef de l’Etat.
Même si la visite de Hun Sen en Chine, effectuée du 18 au 22 juillet, est qualifiée techniquement de « non-officielleelle marque l’intérêt de la Chine pour le Prachéachon : aucun membre du FUNCINPEC ne figure dans la délégation, même pas Ung Huot (FUNCINPEC), ministre des Affaires étrangères, remplacé par Uch Kim An (Prachéachon), secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Le second Premier ministre tient ainsi à montrer qu’il peut diriger les Affaires étrangères, jadis domaine réservé du FUNCINPEC.
Depuis le 21 juin 1982, la Chine a soutenu le FUNCINPEC, allié des Khmers Rouges et du FNLPK. La Chine soutient Sihanouk, fondateur du FUNCINPEC, depuis toujours. Les autorités chinoises ont longtemps traité Hun Sen de « valet du Vietnam ».
Officiellement, cette visite ferait suite à une demande de Hun Sen. La Chine en aurait alors informé le roi Sihanouk, avant qu’il ne parte de Pékin pour gagner Phnom Penh, le 10 juillet. De sources gouvernementales et diplomatiques, ce serait, au contraire, la Chine qui aurait lancé l’invitation et aurait envoyé l’avion qui a transporté la délégation à l’aller et au retour de Pékin. La Chine qui a cessé son aide militaire aux Khmers Rouges depuis la signature des accords de Paris en 1991, se serait donné trois ans pour juger de l’évolution de la situation au Cambodge. Sa préoccupation première, sur le plan international, reste actuellement Taïwan et la recherche de l’appui des pays de la région. Elle s’attache donc à renforcer ses liens avec les partis communistes du Laos et du Vietnam. Malgré l’influence du roi Sihanouk, le FUNCINPEC courtise activement Taïwan et les investissements taïwanais, ce qui constitue une trahison aux yeux de la Chine. Le dialogue avec le Prachéachon en est d’autant facilité.
Le second Premier ministre a signé des accords commerciaux et d’investissement, semblables à ceux signés avec d’autres pays asiatiques. Un accord « historiqueselon Hun Sen, a été signé entre le Parti communiste chinois et le Prachéachon cambodgien. Nul doute que les problèmes concernant les Khmers rouges et les relations avec le Vietnam ont été abordés.
ECONOMIE ET DEVELOPPEMENT
Le groupe consultatif de Tokyo
Les représentants des 16 pays et 5 institutions internationales (dont la FAO, le PNUD, le FMI, la BM, la BAD) se sont réunies à Tokyo les 11 et 12 juillet, et ont promis d’accorder une aide de 518 millions pour le déminage. Mais les donateurs ont toutefois spécifié que l’aide pouvait être suspendue si le Cambodge ne remplissait pas ses obligations. Ranariddh, premier Premier ministre, s’est engagé à créer un état de droit, à promouvoir le développement social, à faire stopper l’octroi de concessions illégales et à tenir des élections générales en 1998.
Kéat Chhon, ministre cambodgien des Finances, s’est déclaré satisfait des sommes promises. Il a présenté un Programme d’investissement public (PIP), prévu sur trois ans, faisant partie du Plan de développement socio-économique, étalé sur cinq ans. Le coût de ce PIP est évalué à 1,7 milliards de dollars. Javad Shirazi, de la Banque mondiale, qui présidait la réunion avec le gouvernement japonais, souligne que le cahier des charges est très chargé pour le gouvernement cambodgien. Si la réalisation de ce PIP donne satisfaction aux pays donateurs, davantage de fonds pourraient être débloqués lors de la prochaine rencontre prévue en 1997 à Paris. Il ajoute cependant que les fonds alloués cette année ont été exceptionnellement élevés, si l’on calcule la somme par habitant.
Le Japon reste le premier pays donateur. Il a promis entre 73 et 90 millions de dollars en aide économique et 2,5 millions pour le déminage. La France arrive en second rang avec 39 millions. La contribution des Etats-Unis s’élève à 12 millions. La Banque Asiatique de Développe-ment a promis 107 millions, la Banque Mondiale 75 millions et les différents départements de l’ONU 54 millions.
La clause de « la nation la plus favorisée »
Le 27 juillet, le sénat des Etats-Unis a voté la clause de « la nation la plus favoriséeLe Cambodge jouit désormais des mêmes clauses préférentielles dans ses échanges commerciaux avec les Etats-Unis que les autres nations ainsi agréées. Comme effet pervers de cet octroi, 32 usines textiles se sont installées au Cambodge, soit 20 de plus que l’an dernier. Cela permet à Singapour, la Malaisie, Taïwan, la Thaïlande qui ont investi dans ces usines et ont dépassé leur taux d’exportation vers les Etats-Unis, d’augmenter leurs exportations sous le couvert du Cambodge.
Contrats et investissements
Le 4 juillet, le gouvernement a signé un accord de financement de 35 millions de dollars avec la Banque mondiale et le Fonds international pour le développement agricole pour améliorer les méthodes et les techniques de l’agriculture cambodgienne.
Près de la moitié d’un prêt sans intérêts consenti par le gouvernement chinois va être affecté à la restauration du Centre sportif de Phnom Penh. Cette infrastructure sera un moyen de fournir des athlètes qualifiés pour les compétitions internationales. 560 familles de squatters occupant ce centre sont en cours d’expulsion.
Le 16 juillet, la reine a inauguré l’unité chirurgicale de l’hôpital Calmette, financé par le gouvernement français (2,5 millions de dollars). La France s’est engagée à rénover l’ensemble des bâtiments de l’hôpital et à lui ajouter plusieurs services pour 1998, ce qui représente une dépense de 15 millions de dollars.
Une entreprise canadienne, la Dinico, a signé un accord avec les autorités de Phnom Penh pour la construction d’une usine de purification et de fourniture d’eau. Cette usine devrait fournir 25 000 mètres cubes d’eau par jour, pour environ 200 000 personnes. Le contrat définitif portant sur 20 millions de dollars sera signé fin septembre.
La société de construction de Taiwan « Grand Construction & Management » et la société locale « SKCC Construction » ont signé un contrat avec la municipalité de Phnom Penh pour la construction d’un nouveau marché sur l’ancien site du marché O Russey. Ce contrat porte sur un montant de 11,3 millions de dollars.
Les Japonais envisagent la construction d’un pont sur le Mékong, long de 1,36 km, à Kompong Cham. Les travaux devraient commencer en 1997 et s’achever en 2001.
Le groupe coréen DH a lancé des lignes de bus qui vont de Phnom Penh vers cinq provinces. Pour le moment, cet investissement n’est pas rentable, la sécurité constituant un problème sérieux.
FAITS DE SOCIETE
Le retour de derniers réfugiés
277 réfugiés boat-people du camp de Galang (Indonésie) ont été renvoyés au Cambodge le 7 juillet. L’UNHCR a donné 50 dollars par adulte et 25 par enfant, les aide à retrouver leur identité et paye leur voyage jusque dans leur village d’origine. L’UNHCR s’engage également à leur assurer une pension alimentaire de 400 jours. Théoriquement, ce retour était « volontairemais plus de la moitié des personnes ont été expulsées par l’Indonésie.
Neuf personnes ont préféré s’enfuir plutôt que d’embarquer. A leur arrivée à Kompong Som, 170 ont refusé de débarquer de leur propre gré.
24 cambodgiens réfugiés à Sungei Besi (Malaisie) ont également été rapatriés.
Absentéisme à l’Assemblée Nationale
Le Cambodge a un urgent besoin de lois. Cependant les travaux de l’Assemblée Nationale n’avancent qu’à petits pas en raison d’une difficulté chronique à atteindre le quorum de députés. La période du 24 juin au 9 juillet est significative : en quinze jours, l’Assemblée n’a discuté et adopté que trois articles de la loi sur la nationalité, soit un total de 106 mots, dans la traduction en langue anglaise. La semaine du 24 au 30, l’Assemblée n’a pu travailler qu’une journée, les députés du Prachéachon étant absents en raison de l’anniversaire de leur parti. Le quorum n’a pu être atteint que le 4 juillet, où deux articles ont été adoptés. Le 8 et 9 juillet, l’article 4 a commencé à être débattu. Il n’y a pas de session le mercredi, jour du Conseil des ministres. Certains députés sont occupés par leur travail ministériel, d’autres accompagnent les Premiers ministres en voyage, ou sont eux-mêmes en voyage, d’autres enfin sont simplement absents sans raison apparente. Le salaire des députés (entre 1 300 et 1 500 dollars par mois, plus environ 1 000 de frais de fonctionnement) ne justifie pas ces absences. Le salaire d’un petit fonctionnaire s’échelonne entre 25 à 40 dollars.
Amnistie pour les journalistes
Hen Viphéak, rédacteur du journal en langue khmère « Séreyphéap Thmey » (la Nouvelle Liberté), et Chan Ratana, rédacteur de « Samleng Yuvachun Khmer » (« Voix de la jeunesse khmèreont été condamnés à un an de prison et à 2 000 dollars d’amende. Après avoir passé une semaine dans la prison T3, ils ont été libérés suite à l’amnistie accordée par le roi et les deux Premiers ministres.
Corruption aux examens
Contrairement aux déclarations du ministère de l’Education nationale, la corruption aux examens a atteint, cette année, un niveau inégalé. A Toto Bookstore, sur le boulevard Norodom de Phnom Penh, les employés vendaient les réponses aux questions des examens pour 5 à 10 dollars. Ces réponses ont été achetées 30 à 40 dollars aux enseignants.
La police militaire et municipale a été mobilisée pour garder les écoles pendant les examens, des parents ou des proches lançant les réponses aux élèves sur des feuilles enroulées autour de pierres.
Au moins quatre candidats ont été blessés par des pierres lancées de l’extérieur. Une élève a ainsi avoué avoir été légèrement blessée en recevant une pierre sur la tête pendant qu’elle était occupée à rédiger l’épreuve. Elle ajoute cependant que cette blessure n’a pas affecté son travail, car elle a pu utiliser les réponses ainsi reçues. Un certain nombre de policiers se sont fait payer pour porter les réponses.
Un professeur commente : « Notre pays est en train de se créer une culture de corruption, où les jeunes générations apprennent qu’elles peuvent obtenir ce qu’elles veulent en payant. Tout le monde y perd à la fin. Je suis triste, ce n’est pas bon pour le futur du Cambodge ».
A la décharge des enseignants, leur salaire de 25 à 40 dollars mensuels ne leur permet pas de vivre ; ils doivent donc trouver d’autres moyens de subsistance.
Religion
Le 3 juillet, le Conseil des Ministres a donné son accord au Maître Suprême Ching Hai pour qu’il s’installe dans son terrain de 30 000 hectares à Kompong Speu. Cette installation a été déclarée « légale et bonne pour le Cambodge ». Des étrangers continuent d’affluer vers Kompong Speu. Un couple en provenance de Boston aux Etats-Unis a vendu sa maison et acheté un hectare de terre à Kompong Speu, sous la direction du Maître Suprême, pour la somme de 3 000 dollars. « Nous avons reçu une courte lettre mais nous savions qu’elle a un plan pour nousont-ils expliqué. Une autre femme, arrivée de Los Angeles, a indiqué avoir elle aussi vendu sa maison pour venir s’installer à Kompong Speu. De source officielle, le groupe de Ching Hai prévoit de construire une usine de sucre et de farine.
Jeux Olympiques
Une délégation cambodgienne de cinq athlètes a participé aux Jeux Olympiques d’Atlanta. La dernière participation du Cambodge aux Jeux Olympiques date de 1972, à Munich. Même si la délégation n’a pas remporté de médailles, cette participation est l’occasion de renouer avec le monde extérieur.
La violence domestique
Une enquête menée auprès de 1 374 femmes et 1 286 hommes à Phnom Penh et Dandal, Prey Veng, Kompong Cham, Kompong Chhnang, Takéo et Battambang, de juillet à septembre 1995, montre que la violence domestique a atteint les proportions d’un fléau inquiétant.
Une femme sur six serait maltraitée par son mari. 50 % des femmes battues présentent des blessures à la tête (lacérations, dents cassées, perte de connaissance). En 1995, en Malaisie, une enquête similaire montrait que seulement 5 % des femmes battues présentaient de telles blessures. 10 % des hommes interrogés reconnaissent maltraiter leur femme. 75 % de l’échantillon connaît dans son entourage proche au moins une famille qui a des problèmes de violence domestique.
La municipalité de Phnom Penh vient de mettre sur pied un comité pour décider comment utiliser au mieux une subvention de 1,75 millions de dollars destinée à aider les personnes démunies de la capitale. Le nombre de squatters de l’agglomération est estimé à plus de 100 000 personnes.
Sécheresse
La récolte de riz semble compromise en plusieurs provinces du Cambodge en raison de la sécheresse. Certains paysans n’ont pas encore repiqué leur riz à cause du manque de pluie.
Santé
Le ministère de la santé a décidé de détruire les stocks de médicaments périmés. Le 29 août, des camions ont écrasé des médicaments périmés, représentant une valeur de 24 000 dollars. Selon les statistiques du ministère, 50 % des médicaments vendus actuellement sont impropres ou ont dépassé le délai d’utilisation. Sur 727 pharmacies en service à Phnom Penh, seulement 150 ont un statut légal.