Eglises d'Asie

Un évêque catholique « clandestin » lance un appel solennel à la réconciliation des catholiques chinois

Publié le 18/03/2010




Mgr André Han Jingtao, évêque « clandestin » de Jilin, dans la province du même nom au nord-est du pays, a rendu publique une lettre datée du 26 mai 1996, jour de la Pentecôte, qu’il a envoyée à tous les évêques de Chine, « clandestins » et « officiels ». Il appelle à la réconciliation des catholiques. Il estime qu’il est inutile de passer en revue les torts des uns et des autres. Le temps est venu, dit-il, « d’agir comme un seul troupeau avec un seul pasteur

Selon Mgr Han, les deux clans devraient se mettre à discuter des problèmes majeurs qui se posent à l’Eglise aujourd’hui, tirer un trait sur le passé et préparer l’avenir en proclamant publiquement leur unité de catholiques et de citoyens chinois loyaux. Il ajoute que l’Eglise catholique doit cesser de se préoccuper de ce que pense, dit ou fait l’Association patriotique des catholiques chinois. Celle-ci est l’organe de liaison du Parti communiste avec l’Eglise catholique. Mgr Han Jingtao a rencontré les dirigeants de l’Eglise « officielle » de Jilin à plusieurs reprises depuis deux ans pour parler d’une possible réconciliation. Il a aussi discuté ses propositions avec Mgr Pie Jin Peixian, évêque « officiel » de Liaoning. Déjà en 1989, Mgr Han avait fait circuler un texte intitulé, « Propositions d’un professeur« , exprimant les mêmes préoccupations. A cette époque, il avait été accusé d’être un « contre-révolutionnaire » et il avait été interrogé par la police pendant plusieurs heures.

Jusqu’à présent, Mgr Han n’a reçu aucune réponse d’évêque à sa lettre, mais des fonctionnaires du Bureau des affaires religieuses sont venus le voir à trois reprises, une fois en juin et deux fois au cours du mois d’août. « Si je ne vois pas l’avénement de l’unité dans l’Eglise, je mourrai dans la douleurdit-il.

Commentant la lettre de Mgr Han, Mgr Zong Huaide, président de la conférence épiscopale « officielle », reconnaît ses aspects positifs mais n’est guère optimiste sur son efficacité éventuelle : « C’est très difficile parce que les dirigeants catholiques « clandestins » n’ont jamais répondu à nos invitations au dialogue et ce qui nous oppose est une question politique et non pas religieusea-t-il déclaré le 12 septembre 1996. Il estime en mêlme temps qu’une amélioration des relations entre la Chine et le Vatican serait bénéfique à l’unité de l’Eglise parce qu’elle faciliterait l’administration des affaires religieuses. De son côté, Mgr Pie Jin Peixian, évêque « officiel » de Liaoning, a dit, le 3 septembre, que tout le monde est d’accord pour unifier l’Eglise catholique, mais cela ne peut être réalisé que dans le contexte de la société chinoise : « Il n’y a qu’une Eglise en Chine et nous sommes tous de la même foi, nos différences sont seulement politiques. La solution est simple : nous pouvons être unis si les clandestins ne s’opposent pas à nous

Né en 1919 et ordonné prêtre en 1946, Mgr Han Jingtao a été ordonné secrètement évêque de Siping, dans la province de Jilin, au début des années 1980. Il est resté en prison entre 1953 et 1980. A sa libération, il était devenu professeur à l’université normale de Changchun jusqu’à sa retraite en 1987.