Eglises d'Asie

Hongkong : Pékin s’est assuré que le comité de sélection qui choisira le prochain gouverneur lui est tout dévoué

Publié le 18/03/2010




Sans état d’âme apparent, les autorités chinoises ont écarté du comité de sélection du prochain gouverneur du territoire toutes les personnalités de Hongkong connues pour leurs sentiments pro-démocratiques. La presse de Hongkong, du dimanche 2 novembre, note que sur les 340 citoyens de Hongkong appelés par Pékin à faire partie de ce comité qui doit compter 400 personnes, 260 ont des liens avérés avec la Chine. Sur les soixante restants, vingt-six siègent déjà à Pékin au Congrès national du peuple, et trente-quatre sont des délégués de Chine continentale qui font partie d’un conseil nommé par Pékin.

Comme on pouvait s’y attendre, le comité de sélection ne comportera aucun membre du Parti démocratique, qui a pourtant largement gagné les élections de septembre 1995 à Hongkong. Par contre, l’Alliance démocratique pour un meilleur Hongkong, parti pro-Pékin qui avait subi une défaite humiliante au cours des mêmes élections, obtient 66 sièges dans le comité de sélection. “L’administration chinoise vient de lancer un message très clair au peuple de Hongkong et à la communauté internationale : elle n’a pas l’intention de prendre en compte les opinions de ceux qui lui sont opposésa déclaré Emily Lau, membre indépendant du conseil législatif élu en 1995.

Avec la nomination des 400 membres du comité de sélection, Pékin achève le verrouillage d’un système qui lui permettra de contrôler tous les leviers de pouvoir à Hongkong après le transfert de souveraineté du 1er juillet 1997. Le comité de sélection est en effet supposé, dès le 11 décembre, choisir le prochain gouverneur qui devrait être le richissime armateur Tung Chee-wah, et nommer, le 21 décembre, un conseil législatif qui remplacera celui qui a été élu en septembre 1995. Au bout d’une année, ce conseil législatif décidera des modalités d’élection d’un parlement permanent et, surtout, de qui peut ou ne peut pas être candidat.

L’actuel gouverneur du territoire, Christopher Patten, s’est déclaré très inquiet des derniers développements. Il a affirmé que son successeur aurait de sérieux problèmes à résoudre s’il écartait les démocrates de Hongkong du processus politique : “La question est de savoir si le prochain gouvernement coopérera avec des hommes et des femmes qui, de toute évidence, jouissent de la faveur et du soutien de la population. Si ce n’était pas le cas c’est Hongkong qui y perdrait

De leur côté, les membres du Parti démocratique ont préparé une motion qui devait être débattue au conseil législatif, le 13 novembre, pour protester contre les agissements du gouvernement chinois et dénoncer les candidats au poste de prochain gouverneur dont “les programmes sont dictés par PékinLa motion des démocrates ajoute : “Dans un système électoral qui est contrôlé par le gouvernement chinois et dans lequel quelques-uns seulement peuvent participer, les seules plateformes politiques tolérées sont celles qui obéissent aux souhaits exprimés par PékinLa motion devrait être votée sans difficulté par le conseil législatif dominé par le Parti démocratique et ses alliés.

Des dix candidats, qui s’étaient offerts comme représentants des catholiques de Hongkong, deux ont été acceptés dans le Comité de sélection : Le P. Luc Tsui Kam-Yiu, directeur du Centre de recherche pour la religion et la société, considéré comme proche de Pékin et des milieux de l’Eglise “officielle” de Chine, et Mme Teresa Yiu Shau-hing, liée à la “Caritas” de Hongkong.