Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE(du 1er septembre au 31 octobre 1996)

Publié le 18/03/2010




LA SCISSION AU SEIN DU MOUVEMENT KHMER ROUGE

Le 8 août dernier, Ieng Sary, ministre des Affaires étrangères du Kampuchéa démocratique, longtemps considéré comme le second personnage du mouvement khmer rouge, avec près de 3 000 combattants, faisait sécession de Pol Pot et de Ta Mok, dont les fidèles sont qualifiés de « branche dure »C’est une scission et non un ralliement au gouvernement de Phnom Penhavaient tenu à préciser les dissidents. Ieng Sary a transformé l’organisation politico-militaire qu’il dirigeait en un mouvement politique, non en un parti : le « Mouvement démocratique d’union nationale » (MDUN), qui s’est donné pour but d’amener les factions khmères à des négociations où « il n’y aura ni vainqueurs, ni perdants, ni traîtres ».

Durant les deux derniers mois, des négociations ont été menées par le gouvernement de Phnom Penh et les dissidents, pour tenter d’intégrer ces derniers dans la communauté nationale. L’amnistie de Ieng Sary était la condition préalable à la tenue de ces négociations.

1 – Amnistie de Ieng Sary

En réponse à une lettre de Ieng Sary, le roi lui envoie ses meilleurs voeux de bonne santé et redit à la presse qu’il considérerait sa demande d’amnistie si les deux Premiers ministres lui en faisaient la demande, et si deux tiers des députés se prononçaient en faveur de ce pardon. Ieng Sary est en effet sous le coup d’une sentence de mort décrétée contre lui par un tribunal « international » réuni à Phnom Penh en 1979 par les autorités vietnamiennes.

Hun Sen, second premier ministre, milite en faveur d’une amnistie de Ieng Sary (il doit faire vite, car son propre parti et le Vietnam n’y tiennent guère), et envoie une lettre à Ranariddh, premier premier ministre, pour lui demander son accord. Ranariddh donne son accord (peut-être en échange du maintien à son poste du ministre de l’Intérieur You Hokry, membre du FUNCINPEC, mélé à une sombre histoire de drogue). Le 14 septembre, le roi Sihanouk signe le décret d’amnistie, qui est publié immédiatement par les deux premiers ministres, sans consulter l’Assemblée nationale. Sihanouk réagit violemment, affirmant qu’il avait demandé aux deux premiers ministres que le décret ne soit publié que lorsque l’accord écrit des deux tiers des députés lui serait parvenu.

Selon plusieurs observateurs, un vote de l’Assemblée aurait sûrement approuvé l’amnistie. Ranariddh affirme que 48 députés Funcinpec sur 58 s’étaient prononcés pour l’amnistie avant même que le roi n’appose sa signature. Après les reproches de Sihanouk, les lettres de soutien à l’amnistie arrivent au roi, mais aucun débat n’a lieu à l’Assemblée.

La communauté internationale réagit peu à cette amnistie :

– Les Etats-Unis commentent simplement en disant qu’il s’agit d’une affaire interne au Cambodge.

– Le fait que les Khmers rouges puissent rejoindre la scène politique pourrait poser des problèmes à l’ASEAN : la xénophobie et le fort sentiment anti-vietnamien dont ils ont fait preuve continuent d’inquiéter.

Amnesty International envoie une lettre ouverte au roi Norodom Sihanouk quelques jours avant l’octroi de l’amnistie de Ieng Sary. L’organisation craint que cette amnistie ne « soulève une fois encore la vaste question de faire la vérité sur le passé récentSans doute le besoin d’une réconciliation nationale au Cambodge peut justifier l’amnistie, mais elle peut « sérieusement compromettre la protection des droits de l’homme dans le futurCar, « l’impunité est un des facteurs principaux qui contribuent à entretenir le cycle de la violation des droits humains à travers le mondeL’organisation demande au roi que « toutes les recherches possibles concernant les graves violations qui ont eu lieu dans le passé soient entreprisesDans sa réponse à Amnesty International, Sihanouk déclare accorder son pardon, tout en accordant son soutien à Amnesty International pour un éventuel jugement de Ieng Sary et des autres leaders khmers rouges. Réflexe khmer : aux étrangers de faire la paix au Cambodge !

Il peut être intéressant de citer l’analyse d’un journaliste khmer concernant cette amnistie. Dans une lettre à l’éditeur du Phnom Penh Post, Chéa Vannah dit que, bien que croyant fermement au karma, il a du mal à accepter que ce qui est arrivé aux victimes du régime khmer rouge soit dû à leur mauvais karma. Il espère que lorsque le karma des victimes et des bourreaux rentrera dans le cycle des causes et des effets, les assassins khmers rouges deviendront les victimes et vice-versa. Concernant Ieng Sary, Chéa Vannath demande qu’il soit jugé par un tribunal, car il y voit une manière d’obéir à la loi du karma voulant que tout ce qui arrive dans la vie produit des effets. Si Ieng Sary est reconnu coupable, alors il pourra demander une amnistie. S’il est acquitté, ou si le gouvernement royal lui accorde une amnistie sans jugement, il y aura alors trois explications : 1) c’est qu’il est vraiment innocent, il a alors un bon karma, 2) c’est qu’il peut échapper au mauvais karma dans cette vie, mais il aura à l’affronter ultérieurement, 3) c’est qu’il sera capable d’échapper au mauvais effets du karma. Il faut donc laisser son karma décider.

L’amnistie de Ieng Sary pose un problème de justice : pourquoi garder en prison des personnes infiniment moins coupables que lui ? Dès le début du mois de septembre, le roi Sihanouk annonce donc une amnistie générale des prisonniers les moins dangereux, parmi les quelque 2 000 locataires des geôles cambodgiennes, à l’occasion de son anniversaire, le 31 octobre. Ranariddh a semble-t-il abordé avec Hun Sen la question de l’amnistie du prince Sirivudh. D’autres amnisties pourraient concerner le prince Chakrapong, Sin Song et Sin Sen, exilés suite au coup d’Etat manqué du 2 juillet 1994. Le 18 octobre, le roi demande d’établir des listes de détenus pouvant être libérés.

Cependant, le 26 octobre, le roi renonce à sa proposition de pardon, suite à une lettre du 24 octobre, émanant d’étudiants de 8 collèges et écoles techniques critiquant l’amnistie générale et spécialement celle de Sirivudh. Tous les observateurs voient derrière cette lettre la main de Hun Sen. Le chef de la police nationale, Hok Lundy avait également émis, le même jour, des réserves concernant une amnistie généralisée, comme ouvrant la voie à des vengeances de criminels libérés.

La culpabilité de Ieng Sary dans les massacres et les purges n’est plus à prouver. La radio khmère rouge, contrôlée par la ligne dure, du 17 septembre, vient conforter les multiples témoignages recueillis depuis 1975. On peut, plus sérieusement, citer un article de Nayan Chanda dans Far Eastern Economic Review: plus de mille intellectuels cambodgiens, suite aux discours et conférences de Ieng Sary, avaient abandonné femme, enfants, diplômes et hautes positions, pour retourner au pays, servir le Kampuchéa démocratique. Sur un millier, seuls 200 ont survécu. Ces Cambodgiens de l’étranger étaient en général accueillis au camp « B1 » du ministère des Affaires Etrangères, dirigé par Ieng Sary en personne. Laurence Picq, Française mariée à un cadre proche de Ieng Sary et survivante de B1, décrit un séminaire à B1 en 1978 : « Ieng Sary nous a parlé solennellement des purges à l’intérieur du Parti. Les étrangers se sont infiltrés dans tout l’appareil de l’Etat… Deux nouveaux réseaux d’espions ont été démantelés. Le premier était commandé par un certain Van Piny, qui a confessé que l’un de ses crimes avait été d’avoir gaspillé 50 noix de coco. « 50 noix de coco ! », a repris Ieng Sary d’un air horrifié, « C’est du sabotage économique! » Le second réseau d’espionnage démantelé avait été décrit comme plus important encore. Exhibant un document, Ieng Sary nous a dit: « Ce sont des confessions. La personne qui les a écrites nous a trahi. Et cet homme, c’est Leang Sirivudh ! » Ce dossier provenait probablement du tristement célèbre centre d’interrogatoire de Toul Sleng, où près de 20 000 cadres et leurs familles ont été torturés pour écrire des confessions avant d’être exécutés. Près de 100 000 pages de confessions de ce style constituent aujourd’hui une des principales preuves des crimes commis sous le régime de Pol Pot.

Selon Laurence Picq, Ieng Sary s’est inspiré de la prison numéro 1 de Pékin, prison dans laquelle était pratiqué un système musclé de rééducation, afin de transformer les plus farouches opposants en communistes ardents. Elle se souvient l’avoir entendu dire qu’au Cambodge, « ce serait mieux encore, car ce système serait appliqué dans tout le pays et dans tous les secteurs de la société ». « Il a, effectivement, mis en place ce système au Cambodge. Le camp du ministère des Affaires Etrangères a gagné son surnom d’antichambre de la mortLa première vague de purges a commencé au début de 1976. Elle avait pour cible d’anciens cadres de la zone nord, ainsi que des cadres qui occupaient des postes clés à B1. Les victimes, hommes, femmes, enfants, bébés et femmes enceintes, étaient emmenées dans des voitures de B1 par des chauffeurs de B1. Ieng Sary dirigeait personnellement les premières réunions, durant lesquelles il encourageait les dénonciations massives de traîtres. Les purges se sont ensuite étendues aux cadres des autres zones : Nord-est, Ouest, Nord-Ouest, Est et Centre. Le scénario était toujours le même : les victimes arrivaient à B1, souvent en groupes, la mine réjouie, car Ieng Sary leur avait promis un poste dans des ambassades ou ailleurs, et avait offert un banquet en leur honneur. Puis elles devaient assister à une réunion d’information : de fait, des séances d’autocritique, de confession et d’analyse biographique… A chaque fois, Ieng Sary les désignait quelques jours plus tard comme traîtres, comploteurs, et organisait des réunions de dénonciation. Ces séances de dénonciation ont souvent tourné à l’hystérie collective, les femmes accusant leur mari, les enfants, leurs parents, et tout cela sans la moindre preuve… Vers octobre – novembre 1978, Ieng Sary organisa un nouveau séminaire. Il commença par proclamer : « Les purges qui ont eu lieu jusqu’ici étaient des erreurs. Il n’y avait pas de traîtres, mais ils étaient de bons cadres… Les éliminations ont été ordonnées par un traître qui siège parmi nous. Je vous demande de le dénoncer. Ceux qui ne trouveront pas son nom ou qui donneront un autre nom seront accusés de vouloir cacher ce traître et ils subiront son sort. De même pour ceux qui ne donneront pas de nomLes Vietnamiens ont coupé court à cette purge mais des éliminations se sont quand même produites durant notre fuite vers le nord-ouest, orchestrées notamment par les filles de Ieng Sary.

Sur suggestion de Ranariddh, le prince Sirivudh a écrit à son demi-frère, le roi Norodom Sihanouk pour lui demander l’autorisation de rentrer au Cambodge. « Séparé de ma femme et de mes enfants, sans avoir jamais causé de tort à qui que ce soit, j’aimerais revenir au Cambodge pour servir notre peuple, dans un esprit de réconciliation nationaleSirivudh n’a pas demandé d’amnistie, car il ne se considère pas coupable, mais une simple autorisation de retour.

A l’initiative du député Ahmad Yahya (FUNCINPEC), le Comité permanent de l’Assemblée nationale a décidé de verser au prince Sirivudh son salaire depuis le mois de janvier.

2 – Négociations avec les Khmers rouges

Depuis le 17 septembre, soit trois jours après le décret royal d’amnistie concernant Ieng Sary, le drapeau du Royaume du Cambodge flotte sur Pailin, pour la première fois depuis deux ans. « Maintenant, le processus d’intégration peut commencerannonce le général Kéo Kim Yan, chef d’Etat-major des Forces armées royales du Cambodge.

Derrière ce « processus d’intégration », se cache de fait une lutte farouche entre les deux partis au pouvoir pour renforcer chacun son propre camp. Le FUNCINPEC (Front uni national pour un Cambodge indépendant neutre pacifique et coopératif : royalistes de Ranariddh), croit être en position de force, car il négocie depuis des mois avec les Khmers rouges. Ranariddh, premier-premier ministre, tente de faire pression sur Hun Sen, second-premier ministre, afin d’obtenir 50 % des postes administratifs pour son parti et le retour de son oncle Sirivuddh. Hun Sen n’est cependant disposé à concéder que 20 % des 174 postes administratifs des provinces, même s’il annonçait quelques semaines plus tôt qu’aucune concession ne serait faite au FUNCINPEC sur ce point. Quant au retour de Sirivuddh, on a vu plus haut comment Hun Sen a mis fin à toute tentative pacifique de retour.

A l’intérieur du Prachéachon (Parti du peuple cambodgien, ou PPC, ex-communiste de Hun Sen), certain prennent très au sérieux la possibilité que la scission khmère rouge ne soit un « cheval de Troyescomme la rénovation de la coalition anti-gouvernementale de la Résistance des années 80, comprenant le FUNCINPEC, le FNLPK Front national de libération du peuple khmer, de Son San, actuellement PLBD, « Parti libéral bouddhique démocratiqueet les Khmers rouges, sous l’égide du roi.

Des voix s’élèvent, à l’intérieur du PPC, pour demander que des conditions soient imposées à Ieng Sary, avant l’octroi de l’amnistie. Le 1er septembre, Chang Song, conseiller de Chéa Sim, président de l’Assemblée nationale propose une série de conditions : le désarmement complet des troupes de Ieng Sary et le transfert dans les coffres de l’Etat des millions de dollars placés sur des comptes en Thaïlande par les Khmers rouges. Selon des sources internes au PPC, ces conditions représenteraient les idées de Chéa Sim.

Le 16 septembre, au terme d’une réunion présidée par Ieng Sary, les chefs de 9 divisions khmères rouges dissidents remettent une note écrite au général Nhek Bun Chhay, chef d’Etat-major adjoint des FARC (FUNCINPEC) annonçant leur décision de former leur propre structure administrative :

– Création de la province de Pailin, incluant le Phnom Malai, avec Pailin comme capitale provinciale,

– Création d’une « armée du MDUNabandonnant ainsi le nom d’armée du Kampuchéa Démocratique,

– Création d’une force de police pour assurer la sécurité et l’ordre social,

– Organisation d’élections pour pourvoir les postes de chefs de village et chefs de communes,

– Création d’un organisme économique et financier pour financer et gérer le MDUN, ainsi que la création de cellules administratives pour les affaires sociales, l’information, les Affaires étrangères,

– Ouverture d’une zone pour permettre à la population locale de faire du commerce, selon les règles du MDUN,

– Formation d’associations de femmes, de paysans, de soldats handicapés,

– Préparation de la tenue d’un congrès du MDUN en octobre ou en novembre prochain.

Le 27 septembre, Hun Sen réagit avec vigueur aux propositions avancées par Ieng Sary. Bien que préférant la négociation, il n’écarte pas la possibilité de reprendre les combats. Les deux premiers ministres répondent par un ordre envoyé aux administrations de se préparer à une intégration rapide de la faction khmère rouge dissidente dans les structures nationales. Sans prévoir de date butoir, ils donnent l’ordre d’effectuer un contrôle de la zone khmère rouge ainsi qu’une collecte de statistiques et des armes. Les soldats et armes de la faction dissidente seront alors placés sous contrôle du ministère de la Défense, et tous les soldats devront revêtir l’uniforme des FARC.

Selon la tactique habituelle des négociations des Khmers rouges, qui soufflent le chaud et le froid, Long Norin, secrétaire général du MDUN, dénie que son mouvement veuille créer une zone autonome. « Il y a encore besoin de discussions et de négociations avant une intégration de notre mouvement dans le Royaume du Cambodge. Nous avons une structure différente et nous devons viser à ce que notre population comprenne la situation ». L’analyse de Hun Sen est différente : il somme Ieng Sary de cesser d’aggraver sa dissidence à l’égard du gouvernement. Il se dit prêt à soutenir la mise en place d’un procès pour juger Ieng Sary si des preuves permettent d’intenter un tel procès. Il rappelle que le principe d’intégration de l’armée khmère rouge dans l’armée gouvernementale ne sera pas appliqué pour les plus hauts postes et doute de ce que Ieng Sary « remplisse les conditions » pour se présenter comme candidat aux prochaines élections communales et nationales.

C’est donc un dialogue de sourds. L’espoir d’une intégration rapide de la faction de Ieng Sary aux FARC disparaît. Le PPC met alors en oeuvre une autre tactique, incitant les divisions khmères rouges qui souhaitent se séparer de la ligne dure kmère rouge de se rallier au gouvernement et non pas à Ieng Sary.

Le 1er octobre, la base de Samlaut, située à 22km au sud de Pailin et tenue par les partisans de Pol Pot, est prise par les forces de Y Chhieng, commandant de division allié à Ieng Sary. Nuon Chéa, numéro deux de l’organigrame khmer rouge, et Son Sen, ministre khmer rouge de la Défense, doivent s’enfuir en Thaïlande. Certains soldats khmers rouges défendant la localité se rallient à Ieng Sary, d’autres demandent à intégrer les FARC. Ces derniers sont encouragés notamment par l’ex-commandant khmer rouge, Kéo Pong, rallié aux FARC l’an dernier, et militant pour le PPC. En 10 jours, 8 divisions se rallient, ce qui représenterait un total de 2 468 combattants. Le 13 octobre, une cérémonie d’accueil des ralliés aura lieu dans la province de Pusat, supervisée par Téa Banh, ministre de la Défense, et Kéo Pong. « C’est la course pour savoir qui s’appropriera le reste des Khmers rougescommente un observateur étranger.

Samlaut est la localité où a eu lieu une jacquerie de paysans, en 1967, durement matée par le général Lon Nol, alors ministre de la Défense. Les premiers Khmers rouges, alors cachés à Ratanakiri, se sont empressés de se rendre en cette localité pour prendre la tête du mouvement insurrectionnel, qui commencera en 1968, à Bay Damram, près de Samlaut.

A Samlaut était stokée une grande quantité d’armes khmères rouges. Le site abrite également une zone d’exploitation de pierres et de bois depuis plusieurs années. La prise de la localité semble s’être effectuée sans grands combats, ce qui étonne les observateurs, car Nuon Chéa est entouré habituellement d’au moins 50 gardes du corps. Ny Korn, le frère de Son Sen, et Ta Muth, gendre de Ta Mok, ont tenté de fuir, mais ont été capturés.

Les deux premiers ministres ont fait une demande officielle à la Thaïlande pour que les chefs khmers rouges soient arrêtés et remis aux autorités cambodgiennes. Le ministre des Affaires étrangères thaïlandais a réaffirmé sa politique: désarmer et renvoyer au Cambodge tout combattant qui a franchi la frontière. Mais la presse thaïlandaise affirme que Nuon Chéa et Son Sen ont déjà été aidés par une compagnie forestière thaïlandaise à regagner le Cambodge.

Quelques jours plus tard, les co-ministres de la Défense, Téa Banh (PPC), et Téa Chamrath (FUNCINPEC) se rendent à Pailin où ils rencontrent Ieng Sary, Y Chhieng et Sok Phéap pour des « discussions informelles

Le 11 octobre, le premier ministre Ranariddh, se rend sans prévenir, à Pailin, « à l’invitation de Ieng Saryselon le FUNCINPEC. Selon le premier ministre, les dirigeants de la faction Ieng Sary ont demandé un « petit délai » pour changer leurs uniformes en ceux des FARC et intégrer le Royaume du Cambodge.

Dans un premier temps, Hun Sen reste silencieux, avant d’annoncer le 15 octobre qu’il s’apprête, lui aussi, à faire une « visite de routine » à Pailin. Sans aucune référence au voyage de Ranariddh, il indique avoir reçu une requête de Ieng Sary pour contribuer à la construction d’écoles à Pailin. Trois mille habitants de Pailin et de ses environs se rassemblent pour l’accueillir. Il rencontre Ieng Sary pour la première fois depuis la scission au sein des Khmers rouges. Hun Sen assure que les MDUN ne seront pas désarmés, et leurs chefs militaires pourront conserver leur rang. Le second premier ministre remet à Y Chhien et à Sok Phéap des passeports diplomatiques, et se dit prêt à en accorder aussi un à Ieng Sary et à ses proches, si demande lui en est faite.

Hun Sen et le PPC tirent à nouveau les marrons du feu.

Sur le terrain, les Khmers rouges fidèles à la ligne dure de Pol Pot se manifestent d’une manière sporadique:

– le 3 septembre, 200 soldats khmers rouges de la division 519, fidèles à Pol Pot, lancent une attaque contre les Khmers rouges dissidents appartenant également à la division 519, et fidèles à Ieng Sary, à Chup Koki, dans la province d’Oddor Méanchey. Grâce à l’octroi d’armes et de munitions fournies par les FARC, ainsi qu’à l’appui de 400 hommes de l’armée gouvernementale déployés dans cette zone, l’attaque est repoussée et près de 200 civils se réfugient en Thaïlande.

– le samedi 8 septembre, 25 Khmers rouges de Nuon Paet, assassin de Jean-Michel Braquet, attaquent le village de Stoeng Kéo, dans le secteur de Kampot, emmenant avec eux 7 villageois et des stocks de nourriture. Selon la police provinciale, ces Khmers rouges sont aux abois et viennent chercher du riz.

– Une bombe explose dans la zone contrôlée par la faction de Ieng Sary, faisant 9 morts et 20 blessés. La radio khmère rouge revendique l’attentat, indiquant qu’une mine antichar avait été placée sous la maison de Mit Puth, commandant de la division 250, fidèle à Ieng Sary, où devait se tenir une réunion avec d’autres chefs de divisions et de bataillons. Cependant, aucun officier de haut rang n’aurait été atteint.

– Selon un déserteur, les Khmers rouges fidèles à Pol Pot renforcent leur défense autour de Anlong Veng, en prévision d’une attaque des forces gouvernementales. Environ 700 hommes, dont les divisions 920 et 801 qui sont les unités les mieux entraînées, protégeraient le quartier général d’Anlong Veng. Les Khmers rouges affaibliraient, pour ce faire, le dispositif des autres régions (Kompong Thom, Kompong Cham, Stung Treng,

Ratanakiri). La première ligne des défenses d’Anlong Veng est constituée de célibataires, qui risquent moins de déserter.

– Le dimanche 20 octobre, les hommes du « régiment 19 » ont enlevé 8 personnes (trois Français et cinq Cambodgiens), près de Oudong, en proposant leur libération contre rançon. Y Chhien en personne aurait donné l’ordre de les relâcher.

Le second premier ministre, Hun Sen demande la réduction du « budget de guerre » afin d’accroître les fonds destinés à intégrer les Khmers rouges qui se rallient au gouvernement.

La scission survenue chez les Khmers rouges en août denier a réellement détendu l’atmosphère des campagnes, notamment dans le Nord-ouest, où des possibilités de développement commencent à se mettre en place. Dans la région de Poipet, le commerce s’accroît rapidement. Le marché qui était si souvent la cible des tirs d’artillerie a retrouvé aujourd’hui environ 70 % de ses vendeurs. Les services d’immigration thaïlandais indiquent qu’environ 1 000 commerçants thaïlandais passent quotidiennement la frontière.

AFFAIRES POLITIQUES INTERNES

1 – Le Parti de la Nation Khmère

Sam Rainsy, « courageux et tenace Robin des boisréclame que son parti, le Parti de la nation khmère (PNK), obtienne la reconnaissance officielle de la part du gouvernement, puisque ce dernier est prêt à reconnaître le MDUN de Ieng Sary. « Alors que la Constitution place tous les citoyens égaux devant la loi, on peut se demander pourquoi les communistes et anciens communistes sont « plus égaux » que les libéraux et les démocrates dans un pays supposé démocratique… »

Le 3 septembre, Sam Rainsy fait une visite surprise au marché de Pochentong où il prend le parti des vendeurs dans leur lutte contre les autorités locales qui veulent les expulser de la zone marchande. Le groupe thaïlandais Century a dépensé un million de dollars pour créer le Century Plaza Market et voudrait, au moyen d’intimidations et des menaces, faire déplacer les vendeurs vers ce centre (deux explosions, le 29 mars et le 15 août, feraient partie de ces manoeuvres d’intimidation). Le président du PNK promet aux marchands d’envoyer une lettre au roi sur cette affaire. Deux jours plus tard, plus de 300 vendeurs du marché de Pochentong se rassemblent devant la résidence du second premier ministre Hun Sen à Takhmau pour défendre leurs droits. Hun Sen les assure qu’ils peuvent y rester, et que leur marché ne sera pas déplacé.

Sam Rainsy rend visite une seconde fois aux 200 familles de squatters de la cité Borey Keila, en plein coeur de Phnom Penh, pour les soutenir dans leur revendication de ne pas être expulsées sans contrepartie. Après son discours, alors qu’il regagnait sa voiture, les membres de la Prevôté Militaire qui se trouvaient près de la voiture, ont tiré en l’air à six reprises, provoquant le regroupement d’une partie de la foule autour de Sam Rainsy pour le protéger, avant de s’enfuir avec le véhicule du leader politique. Le mois suivant, Hun Sen a promis qu’il arrangerait personnellement le relogement des squatters de Borey Keila s’il remportait les élections de 1998. Le second premier ministre s’est opposé à une décision prise, en son absence, au récent Conseil des ministres de donner 300 dollars à chaque famille, disant que la somme était insuffisante pour acheter une maison. Ranariddh présidait ce Conseil des ministres.

Sam Rainsy écrit à Leng Mouly, ministre de l’Information, pour l’informer que son parti va « très prochainement » lancer une station de radio, utilisant une des fréquences disponibles. Le ministère lui en a déjà plusieurs fois refusé l’autorisation. Le gouvernement fera cesser les activités de toute radio illégale, lui répond Khieu Kanharith, secrétaire d’Etat au ministère de l’Information. « Nous confisquerons et donnerons une amende aux contrevenants, selon la loi

Sam Rainsy et son parti appellent à une manifestation contre la visite de Than Shwe, le président de la junte birmane, reçu au Cambodge du 16 au 20 octobre. Au moment même où la junte renforce ses mesures contre Aung San Suu Kyi, qui a gagné les élections de 1990, mais n’a pas pu accéder au pouvoir, Sam Rainsy veut montrer qu’il soutient les idéaux démocratiques de Aung San Suu Kyi, et non la dictature. Cette manifestation est interdite par la police, car « elle pourrait causer des problèmes de circulation, de sécurité et de désordre socialLe prince Ranariddh estime qu’il « n’est pas convenable » que cette manifestation ait lieu, car « c’est interférer dans les affaires internes de la BirmanieUne heure avant que Than Shwe ne foule le sol cambodgien, la manifestation se transforme en mêlée, plusieurs coups de feu sont tirés sans toucher personne, à proximité de l’ambassade des Etats-Unis. La manifestation a rassemblé plusieurs dizaines de personnes, défilant avec des banderoles pro-Aung San Suu Kyi : « San Suu Kyi est un modèle pour l’Asie », « Vive la Ligue nationale pour la démocratieLa police a essayé de disperser les manifestants sans succès. Sam Rainsy s’est entretenu brièvement avec l’ambassadeur américain Kenneth Quinn, remerciant les Etats-Unis de leur soutien en Birmanie et au Cambodge en faveur de la démocratie. Kenneth Quinn lui a dit qu’aucun membre de l’ambassade des Etats-Unis n’irait recevoir Than Shwe à l’aéroport de Pochentong (alors que les ambassadeurs français, allemand et britannique s’y sont rendus). Ranariddh critique les participants en les accusant de « ne plus être khmers, car si vous êtes un vrai khmer, vous avez à obéir aux traditions d’accueil chaleureux et d’hospitalité envers les hôtes du roi

Le PNK désirait organiser une manifestation, le mercredi 29 octobre, pour protester contre la déforestation « anarchique sans précédent » du pays. Le ministère de l’Intérieur et la municipalité de Phnom Penh ont refusé l’autorisation, parce que c’était l’anniversaire du roi. Sam Rainsy repousse la date au 31 octobre, qui correspond à la date butoir mise par le FMI pour que des mesures soient prises contre l’abattage du bois. Il repousse son entrée à la pagode Wat Botum, qui devait avoir lieu le 30 octobre. Il veut devenir bonze pendant quelques semaines, pour rendre hommage à ses parents. Son père, Sam Sary, ambassadeur du Cambodge à Londres dans les années 50, et mystérieusement assassiné en 1962, alors qu’il était en train de créer un parti politique d’opposition à Sihanouk, mobilisant le soutien de l’étranger, avait pris lui aussi la robe des bonzes dans cette même pagode.

2 – La préparation lointaine des élections

Des rumeurs circulaient dans les milieux diplomatiques et politiques de Phnom Penh disant que le PPC avait tenu une réunion le 6 août dernier pour chercher les moyens d’entraver les prochaines élections. Ranariddh se déclare attristé, si cette rumeur est exacte, de ce qu’un parti tel que le PPC puisse échafauder une telle stratégie. Il préfère, pour sa part, se mobiliser pour régler le problème plus essentiel des Khmers rouges, suggérant que ceux-ci pourraient le soutenir, du fait qu’il « est le seul à prendre position à propos des problèmes de frontières et des Vietnamiens installés au Cambodge

Pour les élections de 1998, le roi s’est déclaré en faveur d’un scrutin combinant le système proportionnel et le système majoritaire, prenant ainsi le contre-pied des deux premiers ministres qui se sont prononcés en faveur d’un scrutin à la majorité simple. Les élections de 1993 avaient utilisé le système proportionnel. L’avantage du système proposé par le roi est que le parti vainqueur aurait probablement une majorité forte à l’Assemblée nationale, même si ce parti remportait moins de 50 % des voix. Autre avantage, les partis n’ayant reçu qu’un petit pourcentage de voix pourraient quand même être représentés à l’Assemblée.

Les experts américains, canadiens et australiens, envoyés par leurs gouvernements respectifs pour travailler avec le ministère de l’Intérieur à la mise en place des élections de 1997 et 1998, proposent au gouvernement de différer d’un an les élections municipales de 1997 pour qu’elles se tiennent en même temps que les législatives en 1998. Ils arguent du retard de la constitution du cadre institutionnel et juridique, des difficultés administratives, du coût des infrastructures qui serait moindre si les deux élections étaient tenues ensemble.

A un an des premières élections, on rapporte que le PPC mène des sondages et organise des adhésions en masse. Ces sondages sont l’occasion de faire signer des promesses de vote en faveur du Parti, avec empreintes digitales, ou en faisant boire « l’eau du serment » (On ne peut se parjurer sans ennuis!). On rapporte des promesses de récompenses, ou la confiscation de cartes de membres du FUNCINPEC et du PBLD, des personnes qui ont reçu de l’argent pour devenir membres du PPC. Les organisations des droits de l’homme s’inquiètent de ces pratiques, déjà utilisées en 1993. Le PPC n’est pas le seul parti à être accusé de tels agissements. On signale un cas similaire mené par le FUNCINPEC dans la province de Siem Réap.

Dans un discours à Koh Thom, province de Kandal, Hun Sen dénie certaines rumeurs laissant entendre que le PPC va s’arranger pour que les élections de 1998 aient lieu à la saison des pluies, de manière à pouvoir acheter les votes contre du riz, que le PPC est le plus en mesure de distribuer largement. Hun Sen a cependant fait l’éloge des partis politiques qui se sont impliqués largement

dans l’aide aux victimes des inondations de cette année, et a exprimé sa confiance dans le fait que les personnes secourues ne l’oublieront pas au moment des élections.

AFFAIRES EXTERIEURES

1 – « politique 100 % chinoise »

Le second premier ministre Hun Sen a réitéré que la politique du Cambodge était « résolument chinoisealors que deux délégations de Taiwan visitaient le pays. « Je dois dire en qualité de second premier ministre du gouvernement royal que maintenant nous sommes engagés dans une politique 100 % chinoise, nous ne pouvons plus accepter de délégations de Taiwan, à moins qu’elles ne viennent pour désinvestir

2 – Vente d’armes aux Tigres tamouls

Le 10 septembre, dans une note faxée au journal Phnom Penh Post, Itbal Athas, journaliste de Colombo, affirme qu’un accord est sur le point d’être conclu par les Tigres tamouls et un fournisseur cambodgien dont l’identité reste inconnue, concernant la livraison de missiles sol-air. Une source diplomatique à Colombo affirme que les services secrets du gouvernement de Sri Lanka, confirment la présence à Phnom Penh de Selvarajah KP Pathmanathan, responsable de l’achat d’armes pour le mouvement tamoul. Les Tigres tamouls chercheraient aussi à se procurer des fusils AK 47. Un observateur militaire occidental confirme que les FARC possèdent des missiles sol-air SA-7s, de fabrication soviétique, tandis que les Khmers rouges posséderaient des missiles sol-air de fabrication chinoise. Il semble improbable que ces derniers soient disposés à les vendre, car ce sont des armes de première importance pour leur guérilla. C’est la deuxième fois que l’on parle d’un tel trafic. En 1994, Asiaweek révélait que KP Pathmanathan s’était procuré des SA-7s de la part de généraux cambodgiens. Il semble que les Tamouls se

lancent dans la même stratégie que celle qu’ils avaient dans le début des années 90, où ils avaient installé un front à Bangkok. Une cellule de 40 à 50 hommes acquis à la cause tamoule serait déjà en place à Phnom Penh, sous couvert du statut de réfugiés. Ils constitueraient le nouveau noeud d’un réseau de grande envergure visant à alimenter le mouvement en devises et en armes via le trafic de drogue, et le racket des familles tamoules de la diaspora.

3 – Les problèmes des frontières

Hun Sen a demandé que les conflits de frontière avec les voisins thaïlandais et vietnamiens soient résolus par un réglement pacifique. « Nous devons régler ces problèmes au plus vite afin d’éviter que les générations futures ne s’entretuentPour cela, le second premier ministre en appelle à la France. « C’est elle qui est à l’origine d’un grand nombre de ces problèmes en n’ayant pas marqué clairement les frontières. Elle doit donc aujourd’hui aider à trouver un compromis

Les garde-côtes thaïlandais ont arraisonné un navire cambodgien du département des pêches, à l’intérieur des eaux territoriales thaïlandaises, affirme-t-on à Bangkok, dans les eaux territoriales cambodgiennes, affirme-t-on à Koh Kong (Cambodge). Selon les autorités cambodgiennes, le navire du département des pêches poursuivait un bateau étranger entré illégalement dans les eaux territoriales du Cambodge. Un navire thaïlandais est alors arrivé sur les lieux et, après un bref échange de coups de feu, a saisi le navire, puis conduit l’équipage en prison en Thaïlande. Cette querelle intervient quelques heures après que les gardes côtes cambodgiens aient arrêté un navire thaïlando-singapourien, entré illégalement dans les eaux territoriales pour décharger du carburant.

ECONOMIE ET DEVELOPPEMENT

1 – Affaires du bois

Le commerce illégal de bois rapporte des sommes colossales à quelques dirigeants cambodgiens et thaïlandais, et met en danger l’avenir alimentaire du pays. Sam Rainsy n’hésite pas à affirmer que 6 millions de dollars de taxes sur l’exploitation du bois ont été versés à l’Etat, alors que selon le volume de bois exporté, ces revenus auraient dû atteindre plus de 100 millions. D’autre part, ces revenus rentrent directement dans le budget du ministère de la Défense. Régulièrement, les autorités cambodgiennes décrètent qu’on ne coupera plus de bois à partir de telle ou telle date, notamment après le 30 avril 1995. A Tokyo, lors de la réunion du « Groupe Consultatifdu 12 juillet dernier, les autorités cambodgiennes se sont engagées à mettre tout en oeuvre pour que cesse cette exploitation sauvage des ressources naturelles.

Or, de la frontière du Laos jusqu’à Kratié, sur les berges du Mékong, on peut apercevoir des grumes d’arbres récemment coupés. Dans les provinces de Kratié et Strung Treng, les concessions seraient toujours dirigées par des unités FARC pour le compte de sociétés privées. Le district de Siembok, au sud de Strung Treng semble être l’un des secteurs où le bois est coupé en quantités importantes. Les villageois vivant près de Strung Treng répètent qu’autrefois, ils n’avaient qu’à ramasser le bois à quelques centaines de mètres autour de leurs maisons, mais aujourd’hui, ils doivent parcourir 40 à 50 kilomètres. Les soldats des FARC ont intensifié les coupes de bois du fait que l’activité militaire entre Kratié et Strung Treng a sérieusement diminué.

Global Witness, ONG britannique de défense de l’environnement, surveille depuis des années la déforestation du Cambodge. L’ONG essaie, en autre d’éclaircir les liens existant entre le général Chavalit, ministre thaïlandais de la Défense, et les revenus provenant de la coupe de bois à la frontière du Cambodge. Selon Global Witness, Chavalit protégerait et encouragerait les coupes illégales. C’est lui qui a négocié et signé l’accord longtemps tenu secret des « 1 million de mètres cubes » entre les deux premier ministres cambodgiens et 11 compagnies thaïlandaises. La cinquième enquête menée par Global Witness durant le mois de septembre démontre que les entreprises d’abattage continuent de couper des arbres. Plusieurs enquêteurs se sont fait passer pour des acheteurs, et se sont vus proposer du bois nouvellement abattu. « Chavalit manoeuvre pour se positionner comme candidat à la succession de Banharn au poste de premier ministre, et il a besoin d’argent dans sa conquête du pouvoirobserve un diplomate occidental basé à Phnom Penh. D’autres observateurs pensent que la dissidence de Ieng Sary est essentiellement due à une question de gros sous : Chavalit peut parler à toutes les parties du Cambodge et aurait poussé Ieng Sary à se rallier à Hun Sen, après que Nhek Bun Chhay ait établit des liens entre le FUNCINPEC et Ieng Sary ! Ce dernier, se sentant courtisé des deux côtés, peut alors jouer une partie contre l’autre pour tirer le meilleur bénéfice.

En réponse aux pressions de la communauté internationale, le Conseil des ministres approuve un nouveau Code forestier et discute des mesures visant à stopper la déforestation. Le projet de loi doit être envoyé devant l’Assemblée nationale. Passant au delà de la critique stérile, le FMI (Fonds Monétaire International), dans une lettre datée du 4 octobre, prévient le gouvernement qu’un prêt d’un montant de 60 millions de dollars pourrait être gelé si une action sérieuse et résolue pour stopper les concessions illégales n’intervient pas avant le 31 octobre. Le FMI souhaite avant tout l’élaboration d’un nouveau code forestier et l’engagement d’une entreprise de surveillance pour contrôler les quantités de bois coupé et exporté. Cependant, certains députés estiment que les mesures administratives et légales ne résoudront pas le problème, car sur le terrain, les généraux khmers rouges ou des FARC travaillent avec les entreprises thaïlandaises pour couper du bois frais. Plus que d’un nouveau code des forêts, la question est celle de l’application de la législation.

Le roi affirme que les dernières inondations et la possibilité de catastrophes naturelles à venir trouvent leur cause dans la déforestation à outrance. Selon le roi, « la déforestation a détruit les barrières naturelles qui ralentissent et distribuent naturellement les grandes masses d’eau de la fin de la saison des pluiesLe roi se déclare d’accord sur ce point avec Sam Rainsy, pour voir dans la déforestation la source de nouveaux déséquilibres.

Sans doute l’inondation catastrophique venant du Mékong, tient à des causes atmosphériques générales à l’ensemble de la planète : très forte nivosité au Tibet durant l’hiver, pluies diluviennes en Chine, fortes pluies de la mousson au Laos, en Thaïlande et au Cambodge. La déforestation accélère l’érosion des sols. Par contre la sécheresse et l’inondation de la région de Battambang semblent être en rapport direct avec la déforestation.

2 – Inondations

De fait, depuis plusieurs années, on déplore l’alternance de sécheresses et d’inondations. Après la sécheresse des premiers mois de l’année qui a interdit tout repiquage de riz, une inondation, la plus importante depuis 1978, s’est abattue sur le Cambodge. La ville de Kompong Cham a été inondée, la route reliant Phnom Penh à la capitale provinciale coupée. Les digues de Phnom Penh ont dû être renforcées à Svay Pak, Boeung Tompun et Kap Srov.

Selon le Comité national pour l’organisation de l’aide lors de catastrophes naturelles on déplore 36 morts, 3 400 familles sans abri, 500 000 personnes à court de nourriture, 33 000 hectares de rizières détruites. Les provinces les plus touchées en dehors de Kompong Cham sont celles de Kratié, Stung Treng, le Sud de Kompong Thom, Prey Veng. Les deux premiers ministres ont proclamé l’état d’urgence national et lancé des appels à toutes les ONG et autres organismes humanitaires. Hun Sen est apparu à la télévision, le 29 septembre, les pieds dans l’eau, fermant les administrations en disant « il n’y a plus de travail administratif à faire pour le moment, sortez et allez aider les gens ».

L’aide d’urgence internationale arrive peu à peu: le Japon et les Etats-Unis ont débloqué chacun plus de 100 000 dollars, l’Australie 450 000 (une grande partie de cette somme est attribuée au Programme alimentaire mondial : PAM). Le 15 octobre, l’ambassade du Japon a annoncé qu’un avion chargé de secours de première urgence pour les victimes des inondations, pour une valeur de 200 000 dollars a atterri à Phnom Penh et que ces secours vont être distribués dans 10 provinces. Selon AKP (Agence khmère de presse), le gouvernement norvégien et le Vatican ont accordé respectivement une aide de 100 000 et 50 000 dollars.

Mais les modalités de distribution ont entraîné quelques incidents. A Stung Chveng, le chef de village Pou Heng a été assassiné à coups de hache pendant son sommeil, victime d’un règlement de comptes pour avoir détourné une partie de l’aide en direction de ses proches. Des témoignages font état de chefs de village n’osant plus dormir chez eux, par crainte de représailles.

Si certains optimistes, disent que la terre a été rendue plus fertile par le limon du fleuve, beaucoup n’ont plus de semences pour le vérifier.

3 – Commerce et Exportations

Le Cambodge a exporté 520 000 tonnes de riz de la récolte 1995-96, 120 000 tonnes officiellement vers Singapour, l’Afrique et l’Europe, 400 000 tonnes officieusement vers le Vietnam et la Thaïlande.

Royal Air Cambodge (RAC) accuse une perte de 7 millions de dollars pour son premier exercice. Les dirigeants de cette société mixte (60% Royaume du Cambodge et 40 % Malaysian Helicopter Services) estiment que cette perte constitue un résultat attendu, sachant qu’en des circonstances normales, il est pratiquement impossible pour une compagnie aérienne de faire des bénéfices durant la première année. Les parts de marché de l’entreprise sur les vols internationaux sont en progression, indique le directeur, Vichit: « Ce sont les vols domestiques non rentables qui nous tirent vers le bas

4 – Contrats et investissements

Suite à l’octroi par les Etats-Unis du statut de la nation la plus favorisée, le ministre du Commerce, Cham Prasidh, signe, le 4 octobre, l’accord commercial bilatéral avec Charlene Barshefskyle, représentant des Etats-Unis en matière de commerce. Cette signature fait suite à l’approbation, le 25 septembre dernier, par le président Clinton de l’attribution de ce statut au Cambodge. Le vice-président de la Chambre de Commerce de Phnom Penh, Kong Triv, annonce les noms d’entreprises qui attendaient l’attribution de ce statut pour investir : Mitsubishi, pour une usine de papier, ITN pour une entreprise de télécommunication d’une valeur de 120 millions de dollars. Ce sont les usines de textile qui vont profiter les premières de ce statut. Van Sou Leng, président de l’Association des entreprises de textile au Cambodge, estime que les exportations atteindront 500 millions de dollars durant les deux prochaines années, alors qu’elles se chiffrent à 58 millions de dollars en 1996. Il avance le chiffre de 200 dollars d’investissements dans ce domaine.

Le Cambodge, par son ministre des Finances Kéat Chhon, a signé les documents concernant un emprunt au FIDA (Fonds international pour le développement agricole) de 4,75 millions de dollars pour améliorer la production agricole des provinces de Kompong Thom.

Le gouvernement a signé un contrat de société d’une valeur de plus d’un milliard de dollars pour transformer 400 hectares de la presqu’île de Chroy Changvar, en face de Phnom Penh, en zone urbaine moderne. Le groupe malaisien Sungei Way va développer cette zone dans ce projet prévu sur 10 ans. L’Etat cambodgien est partie prenante pour 20% dans cette société mixte, Sungei Way à 80%. Le projet prévoit que cette zone comprendra des espaces urbains, commerciaux et industriels. Le problème de l’indemnisation des propriétaires des terrains ne semble pas avoir été abordé.

La rénovation d’un tronçon de 75km de routes nationales 6 et 7 entre Choeung Chhnok et Kompong Cham devrait commencer en mars prochain. Le Japon financera les travaux de chaussée.

La visite de Jean-Pascal Delamuraz, président de la Confédération helvétique a été l’occasion de signer un contrat avec le secrétaire général du Conseil pour le développement du Cambodge, qui permettra de protéger les sociétés suisses présentes au Cambodge de nationalisations futures, et facilitera le transfert de leurs dividendes. Quatre compagnies suisses travaillent actuellement au Cambodge : la Société générale de surveillance (vérification des cargaisons), le groupe Holderbank (usine de ciment), Diethlem Travel et Nestlé. Cela ouvre la voie à d’autres sociétés, spécialement dans le domaine de la construction d’hôtels et de l’aviation.

5 – Tourisme

La controverse entre le ministère du Tourisme et Apsara, association chargée de superviser la protection des temples d’Angkor, s’est résolue le 18 septembre par la victoire de YTL et du ministère du Tourisme. La société malaisienne YLT avait signé des pré-accords avec le ministère du Tourisme, l’an dernier, mais s’était heurté à l’opposition , car le projet de YTL prévoyait un son et lumière de 20 millions de dollars à Angkor Vat, et un complexe hôtelier qui empiétait sur des terrains archéologiques protégés. Ranariddh s’est rangé du côté du ministère du Tourisme, Hun Sen du côté , se basant sur les paragraphes 19 et 20 du pré-accord, stipulant que l’accord devait être approuvé par le CDD.

Les autorités thaïlandaises ont rendu 13 statues datant de la période angkorienne, au Cambodge, six ans après les avoir saisies dans une boutique d’antiquités de Bangkok. Malgré les contrôles, de nombreuses boutiques de Bangkok continuent à vendre des pièces volées au Cambodge. Les deux pays ont négocié longuement cette restitution, car le Cambodge a dû prouver leur origine. La police cambodgienne pour la protection de l’héritage culturel a arrêté un groupe de 25 soldats qui tentaient de détruire le temple de Trapéang Koeng pour le piller. Ce temple est situé dans une zone reculée du complexe d’Angkor Vat.

Ariston, autre groupe malaisien chargé de construire un aéroport et un casino à Sihanoukville, a accepté de dédommager les

personnes déplacées par la mise en oeuvre de ces projets. Ces différents dédommagements atteindraient un total de 380 000 dollars. En mai dernier, un groupe de 50 villageois armés avaient manifesté leur mécontentement de voir leurs terrains se réduire devant les travaux .

Tous ces investissements, ces trafics en tous genres, amènent beaucoup d’argent à Phnom Penh, dont les rues commencent à être engorgées par la circulation de voitures et de motos. Des usines commencent à sortir de terre. Le Cambodge commence à changer. Cependant, l’écart entre la ville et la campagne ne cesse de se creuser. Le capitalisme sauvage est la nouvelle menace pour le Cambodge : les jeunes filles travaillant dans le textile gagnent entre 10 et 25 dollars par mois (50 à 125 FF) pour un travail de 8 heures pendant six jours sur sept. « Si vous n’êtes pas contentes, vous pouvez vous prostituerleur répond-on. La majeure partie des richesses nationales et une partie importante des terrains sont hypothéquées aux étrangers. L’intérêt individuel prime sur tout intérêt national.

AFFAIRES INTERIEURES

1 – Justice

Le ministère de l’Intérieur avait fixé au 30 septembre la date limite pour la confiscation des armes et explosifs non enregistrés par leurs propriétaires. Cette date a été repoussée en raison de « difficultés techniques » avec le système informatique du ministère. Quand le ministère aura réglé ce problème, il fixera une nouvelle date limite.

En janvier dernier, un détenu, Peng An, a été retrouvé pendu dans la prison provinciale de Kompong Cham. La thèse officielle est le suicide. L’exhumation et l’examen par un médecin légiste de l’armée, ont permis d’établir qu’il a été maltraité. Ses proches et les bonzes qui les accompagnaient pour aller chercher le corps ont indiqué qu’il présentait des contusions et que sa cage thoracique était très abîmée. Les organisations des droits de l’homme ont remarqué que le défunt avait encore des menottes. Comment a-t-il pu se pendre alors qu’il était menotté, et, s’il ne l’était pas au moment où il se serait pendu, pourquoi lui en aurait on mis par la suite ?

Suite au décès d’un autre détenu dans la prison de Kompong Cham, l’ONG Adhoc attire l’attention sur les conditions effroyables de détention à T5 (Kompong Cham), estimant que 5 % d’entre eux sont dans un état de maladie avancé, et manquent de nourriture. « Les chefs de centres pénitentiaires nous disent que l’argent destiné au fonctionnement de leur établissement arrive très tard, sans pouvoir expliquer pourquoiLe ministère de l’Intérieur affirme envoyer les fonds sans retard. Les prisons disposent de 1 000 riels (2 francs FF) par jour et par prisonnier pour la nourriture.

2 – Drogue : scandale au ministère de l’Intérieur

En février dernier, la brigade anti-stupéfiants de Phnom Penh certifie avoir saisi 8 kg d’héroïne au cours d’une intervention aux abords du marché Tuol Tompung. Trois sont arrêtés, dont un policier et deux militaires, mais ces hommes sont relâchés et 6 kg d’héroïne seulement sont envoyés au ministère de l’Intérieur pour y être conservés en sécurité. Le 6 août, Yeng Marady, chef de la sécurité au ministère de l’Intérieur, amène les pièces à conviction au tribunal : l’héroïne ne pèse plus que 2,5 à 2,7 kg. Le ministère de l’Intérieur indique que ces différences de poids sont dues à une confusion : la drogue a été initialement pesée en livres (1 livre = 543,6 grammes), et non en kilos! (Au Cambodge, on pratique le système de poids français! Où aurait-on trouvé une balance mesurant en livres?).

Une affaire se branche sur la première : You Hockry, ministre de l’Intérieur (FUNCINPEC), aurait mené des négociations, en début d’année avec le PPC, pour le partage du pouvoir au niveau des secteurs de provinces. Un accord serait intervenu sur une liste de postes, mais You Hockry n’en aurait pas informé Ranariddh, pour se donner le temps de « vendre » quelques nominations. Non informé de cet accord, Ranariddh a attaqué le PPC sur cette question du partage du pouvoir, ce qui a provoqué la tension politique des mois d’avril, mai et juin.

Le ministère de la Justice a demandé la levée de l’immunité parlementaire du co-ministre de l’Intérieur à propos de la première affaire. Les députés devaient voter cette levée dans le courant du mois d’octobre. Des noms étaient déjà avancés pour succéder au ministre, notamment Toan Chay, gouverneur de Siem Réap, et Khann Savocun, commandant la cinquième Région Militaire et ancien secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur. Mais les négociations avec les Khmers rouges ont permis un arrangement secret.

La police mauritanienne a réussi la plus grosse prise de drogue en 10 ans, en arrêtant un cargo danois dans lequel elle a trouvé 6,75 tonnes de marijuana. Ce cargo venait du Cambodge, mais Interpol n’en suivait la trace que depuis Algésiras, en Espagne. La police cambodgienne a arrêté trois personnes qui seraient liées à cette cargaison de marijuana. Deux des trois personnes sont des employés de la douane.

Plus de 13 tonnes de cannabis en provenance du Cambodge ont été découvertes le 17 août dernier à Anvers (Belgique). Les 13 320 kilogrammes étaient cachés au milieu de cartons de T-shirts dans un conteneur. La cargaison avait été embarquée à Sihanoukville, avait transité par Singapour avant de rejoindre Anvers. Cette quantité de cannabis représente environ une surface cultivée de 200 hectares. Dans la province de Kompong Cham, les terres jadis cultivées en tabac le sont en canabis.

Selon le chef de l’unité anti-drogue cambodgienne, la prolifération rapide de l’ecstasy durant les derniers mois à Phnom Penh provient de la mafia chinoise opérant depuis Hong Kong, Taïwan et la Chine continentale. L’ecstasy est devenu le stupéfiant le plus à la mode parmi les jeunes élites de Bangkok, Jakarta et Manille. Quatre Chinois entrés illégalement sur le territoire, et qui se seraient livrés au trafic de cette drogue, ont été arrêtés à la fin du mois d’août par Interpol. Ils ont été expulsés vers la Chine populaire. La facilité pour les trafiquants de rentrer et sortir illégalement du Cambodge fait du pays une zone attrayante.

3 – Santé

Selon un laborantin du CICR en poste au Centre National de transfusion Sanguine, les stocks de sang ont chuté dramatiquement depuis l’année. On Trouve de moins en moins de donneurs volontaires. « A cette période l’année dernière, nous avions en moyenne 100 à 120 unités qui rentraient en stock chaque jour. Aujourd’hui, nous n’en avons seulement 25 à 30Le Centre National de Transfusion Sanguine alimente les hôpitaux à raison de 15 à 20 unités par jour. Le personnel hospitalier serait en cause, en vendant des unités sanguines fournies gratuitement à leur hôpital, et en recherchant des donneurs « professionnelsLa moyenne du

prix « officieux » pour 350 ml de sang est de 40 dollars, l’argent qui va dans la poche du personnel hospitalier et des donneurs professionnels. Sachant qu’on peut gagner de l’argent en donnant du sang, pourquoi le donner gratuitement ?

D’une manière générale, la corruption dans les hôpitaux est scandaleuse : on signale une infirmière ayant placé une personne en transfusion, après pot de vin, a redemandé un second pot de vin pour la remettre en place, la première opération n’ayant pas réussi. Il est vrai que tant que le gouvernement qui croule sous l’argent, ne payera ses petits fonctionnaires que 25 à 30 dollars par mois, l’honnêteté relèvera de l’héroïsme.

L’hôpital pédiatrique Kantha Bopha II a été inauguré le 15 octobre. C’est le second hôpital ouvert par le docteur Richner, célèbre pédiatre suisse qui vitupère contre ceux qui veulent « une médecine pauvre pour des gens pauvres dans les pays pauvresIl affirme sa volonté de fournir une médecine de haute qualité aux enfants pauvres. Ce deuxième hôpital s’ouvre sur un terrain jadis octroyé par le roi comme résidence aux Khmers rouges. Il a une capacité de 200 lits. Mille à 1 200 enfants malades viennent chaque jour pour les consultations.

4 – Prostitution

Selon ECPAT (End Child Prostitution in Asian Tourism), un groupe d’ONG qui lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants en Asie, il y aurait 50 000 prostituées khmères et vietnamiennes, dont environ 20 000 mineures. Mike Kearney, ancien inspecteur de police australien, enquêteur pour ECPAT, indique qu’un grand nombre de pédophiles occidentaux résident à Phnom Penh. Parmi eux, il cite deux employés de l’ambassade de France, trois professeurs de l’Alliance française, des employés de l’ambassade d’Australie et des Etats-Unis, des journalistes, des agents d’ONG humanitaires. ECPAT a placé sous surveillance cinq résidents français qui servent, selon Kearney, de tête de pont à un réseau international. « Les Français sont les mieux organisés. Leur réseau leur permet d’échanger des informations et de se protégersouligne Kearney qui affirme par ailleurs avoir été menacé de mort par des pédophiles français.

5 – Religion

Le vénérable Tep Vong, partriarche suprême de la branche bouddhiste Mohanikay s’est rendu à Rome pour assister à une rencontre interreligieuse sur la paix. Le roi Norodom Sihanouk lui a donné 1 000 dollars pour son voyage et son séjour.

Un séminaire réunit 150 Cambodgiens pendant une semaine pour suivre des cours sur le bouddhisme et le développement social. Le président du séminaire critique les religions qui attirent les fidèles par de l’argent. Le Cambodge va recevoir environ 120 millions de dollars de l’Association bouddhique mondiale pour des projets de construction de pagodes, creusage de puits et renforcement des traditions bouddhistes.