Eglises d'Asie

Trois évêques catholiques ont été détenus quelques heures par la police alors qu’ils participaient à une conférence interdite par le gouvernement

Publié le 18/03/2010




Le 9 novembre 1996, la police a détenu pendant quelques heures trois évêques catholiques, Mgr Gabriel Garol, des Philippines, Mgr Aloysius Nobuo Soma, du Japon, et Mgr Hilton Deakin, d’Australie, alors qu’ils participaient à une conférence privée sur Timor Oriental, tenue à huis-clos dans un hôtel de Kuala Lumpur par des organisations non gouvernementales malaisiennes. En même temps qu’eux, une cinquantaine de délégués étrangers ont été emmenés par les services de l’Immigration qui devaient les expulser du pays dans les heures suivantes. Parmi eux se trouvaient des Indonésiens, des Thaïlandais, des Philippins et des Australiens. 66 autres personnes de citoyenneté malaisienne ont aussi été arrêtées dans l’hôtel et risquent de fortes amendes. Un certain nombre de journalistes qui couvraient l’événement ont été eux aussi placés en détention. Parmi ceux-ci se trouvaient le correspondant de l’hebdomadaire de Hongkong, Asiaweek, celui du quotidien de Bangkok, The Nation, et une journaliste de la radio australienne.

Le 4 novembre, le gouvernement malaisien avait demandé aux organisations non gouvernementales d’annuler la conférence parce que, selon Megat Junid Megat Ayob, vice-ministre de l’Intérieur, “La politique du gouvernement ne permet pas que la Malaisie devienne une base pour des gens qui s’engagent dans les affaires internes d’autres pays, et la question de Timor Oriental est une affaire interne de l’Indonésie

Les organisateurs avaient cependant maintenu la conférence en arguant du fait qu’elle allait se tenir dans un lieu privé, sur invitations personnelles : “Nous sommes donc dans notre droit de citoyens en maintenant cette conférence, qui est une initiative privée, ne reflétant en rien la politique de la Malaisieavait déclaré, le 5 novembre, Sanusi Osman, porte-parole des organisateurs. Il avait ajouté que le gouvernement malaisien n’avait pas précisé sa position officielle sur la question.

De son côté, le chef de l’opposition parlementaire, Lim Kit Siang, avait demandé au gouvernement de ne pas interdire la conférence mais de se dissocier officiellement d’elle, afin de ne pas mettre en danger les liens unissant la Malaisie et l’Indonésie.

Le samedi 9 novembre, premier jour de la conférence, plusieurs centaines de jeunes manifestants malaisiens, menés par des proches du parti gouvernemental, ont envahi les locaux de l’hôtel et pénétré dans la salle de conférence, après avoir enfoncé des portes, afin de perturber la réunion. La police n’est intervenue que beaucoup plus tard pour restaurer un semblant d’ordre. Seuls sept des manifestants ont été arrêtés.

Les organisateurs avaient invité deux-cents délégués appartenant à soixante-quinze organisations, de vingt-quatre pays. Jose Ramos-Horta, prix Nobel de la paix et dirigeant en exil d’une organisation timoraise favorable à l’indépendance du territoire, devait intervenir pour demander au gouvernement malaisien de faciliter les discussions sur Timor Oriental au sein de l’Asean. “Amnesty International et Human Rights Watch/Asia ont vigoureusement condamné l’action du gouvernement malaisien, et demandé que soient immédiatement relâchés les 18 Malaisiens qui se trouvaient encore en garde à vue le 11 novembre. Amnesty International note par ailleurs que la police malaisienne a opéré beaucoup plus d’arrestations parmi les participants de la conférence que parmi les manifestants qui les ont agressés. Interrogé par la presse japonaise à sa descente d’avion à Tokyo, Mgr Nobuo Soma a déclaré que la manifestation qui avait perturbé la conférence de Kuala Lumpur, et à la suite de laquelle il avait été expulsé du pays, lui paraissait comme une manipulation du gouvernement malaisien.