Eglises d'Asie

Les catholiques cingalais s’associent à une protestation publique contre le viol et le meurtre d’une jeune Tamoule

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique a voulu s’associer au mouvement d’émotion et de protestation soulevé par le viol et l’assassinat d’une jeune Tamoule, meurtre suivi de celui de sa mère, de son frère et d’un de ses voisins. Des représentants du Centre de développement économique et social, organe de l’épiscopat srilankais, ont, en effet, participé à la manifestation organisée le 18 novembre 1996, devant le palais de Justice de Colombo, par la maison pour les droits de la femme, l’association « Kantha Shakthi » (Force féminine) et quelques autres organisations non gouvernementales.

De grands portraits de Khrishanthy Kumarasamy, la jeune Tamoule assassinée, portés par les manifestants rappelaient aux passants le motif de cette protestation publique. Cette jeune fille de 18 ans, élève de l’école de filles de Chundukuly, après avoir été arrêtée le 7 septembre par les militaires d’un poste de contrôle au nord de Jaffna, avait d’abord été violée puis assassinée. Plus tard, les corps de la mère de la victime, de son frère, et d’un voisin, qui, semble-t-il, étaient venus au poste pour la chercher, ont été retrouvés brûlés. La preuve a été faite que la mère, elle aussi, avait été violée avant d’être tuée. Onze militaires suspectés d’être les auteurs de ces crimes ont été arrêtés. L’un d’entre eux est musulman, les autres, cinghalais.

Au cours de la protestation, les divers responsables des associations représentées se sont exprimées sur la nature de ces crimes. Pour la secrétaire générale de la « Force féminine », Rohini Weerasinghe, il s’agit là d’actes barbares inspirés par un esprit grégaire et sexiste ; la manifestation devrait alerter l’opinion sur la multiplication actuelle des viols dans le pays. Une catholique cingalaise, militante féministe, Malini Disanayake, a annoncé le lancement d’une campagne incitant les citoyens à écrire au président pour lui demander qu’un châtiment exemplaire soit appliqué aux coupables afin de dissuader quiconque aurait l’idée de commettre des actes semblables. A ceux qui lui reprochaient de ne point condamner des actes analogues lorsque des Tamouls en étaient les auteurs, Malini Disanayake a répliqué que, commis par des Tamouls, ces actes étaient tout aussi condamnables, mais qu’ils étaient particulièrement odieux, lorsqu’ils étaient perpétrés par ceux qui sont censés faire observer la loi.

D’autres organisations humanitaires ou religieuses ont aussi condamné ces crimes et proposé des mesures destinées à éviter les disparitions d’adultes et de jeunes, trop fréquentes à l’heure actuelle. Il a été demandé que les listes et les adresses des personnes détenues dans les camps militaires soient renouvelées chaque semaine. On a suggéré qu’une femme, appartenant à l’administration ou à la police, soit présente dans les postes de contrôles ou accompagne les forces de l’ordre lors des opérations de contrôle ou de recherche de suspects. Enfin, pour chacun des pensionnaires de camps de réfugiés arrêtés par l’armée, une décharge signée, comportant le nom de la personne amenée par les militaires, devrait être remise au directeur du camp.