Eglises d'Asie

Protestants : le Mouvement des trois autonomies et le Conseil chrétien de Chine changent de dirigeants

Publié le 18/03/2010




Le Mouvement des trois autonomies et le Conseil chrétien de Chine vont changer de dirigeants au cours d’une réunion au sommet qui doit avoir lieu à la fin de l’année 1996. Mgr Ding Guangxun, qui était le président des deux organisations protestantes, est supposé annoncer sa retraite par la même occasion. Il sera remplacé par Han Wenzao à la tête du Conseil chrétien de Chine et par Luo Guanzong à la tête du Mouvement des trois autonomies. Le premier était jusqu’à présent directeur des affaires étrangères du Mouvement, et le second dirigeait les sections de Shanghai du Mouvement des trois autonomies et du Conseil chrétien de Chine.

Les observateurs notent une volonté affichée de distinguer dorénavant davantage entre le Mouvement des trois autonomies d’un côté et le Conseil chrétien de Chine de l’autre, en leur donnant des équipes dirigeantes différentes. Il s’agit probablement d’essayer de réduire les luttes internes qui ont empoisonné l’atmosphère dans les deux organisations depuis la création en 1981 du Conseil chrétien de Chine. Dans les milieux chrétiens, ces conflits internes étaient habituellement décrits comme “la lutte entre Shanghai, où est basé le Conseil chrétien de Chine, et Nankin où a été fondé le Mouvement des trois autonomies“. Le Mouvement des trois autonomies a été fondé en partie pour gérer les relations entre le gouvernement et les Eglises protestantes alors que le Conseil chrétien de Chine est supposé s’occuper de la gestion des affaires internes du protestantisme, telles que les collèges de théologie, les publications ou la vie des Eglises. La ligne de partage des responsabilités n’est pas toujours facile à déterminer, même si les deux organisations ont été créées sous le patronage du Bureau des affaires religieuses et du Front uni.

Si, jusqu’à présent, Nankin et Shanghai étaient les deux pôles de pouvoir protestants en concurrence, certains observateurs notent l’émergence récente d’un autre pôle à Pékin, où le secrétaire général du Mouvement local des trois autonomies et du Conseil chrétien de Chine, Yu Xinli, essaie de se gagner une notoriété nationale. Yu Xinli est surtout connu pour avoir, en décembre 1994, évincé par la force le vieux pasteur de l’église de Gangwashi à Pékin, Yang Yudong (1). Il avait alors été accusé par ce dernier d’avoir détourné les fonds de l’Eglise pour se faire des relations dans le monde politique. Dans les milieux chrétiens de Chine, on estime généralement que Yu Xinli a des ambitions nationales. Il est possible que les luttes pour le pouvoir à l’intérieur de l’Eglise protestante soient sur les mêmes lignes que celles qui existent au sein du Parti entre gens de Shanghai et de Pékin.

Des rumeurs anciennes et persistantes font état de l’appartenance de Han Wenzao et de Luo Guanzong au Parti communiste dont ils seraient des cadres de haut niveau. Ces rumeurs n’ont jamais été confirmées, mais la plupart des observateurs s’attendent à une coopération plus étroite entre les deux organisations protestantes et le Bureau des affaires religieuses.