Eglises d'Asie

LETTRE PASTORALE DE LA CONFERENCE EPISCOPALE CLANDESTINEA l’occasion du 70ème anniversaire de l’ordination des premiers évêques chinois et du 50ème anniversaire de l’établissement de la hiérarchie dans l’Eglise de Chine

Publié le 18/03/2010




Chers pères, frères, soeurs et catholiques,

Que l’amour de Dieu, la grâce du Christ et la communion de l’Esprit-Saint soient toujours avec vous. Il y a soixante-dix ans aujourd’hui, le pape Pie XI consacrait les six premiers évêques chinois locaux, et il y cinquante ans, le pape nommait Tian Gongxin cardinal et établissait la hiérarchie en Chine. Ce furent des occasions de grande réjouissance dans l’Eglise de Chine. Alors que nous célébrons aujourd’hui ces deux grands événements historiques, nous voulons citer des extraits du sermon prononcé par Pie XI à cette occasion et tel qu’il a été rapporté par le Saint-Siège. Nous pouvons partager la joie du Saint-Père qui faisait cette annonce à toute l’Eglise : “Nous ne pouvons pas retenir la joie qui inonde notre coeur. Mon coeur est plein de joie aujourd’hui parce que, pour la première fois, le Saint-Père consacre des prêtres chinois, préfets apostoliques, comme évêques locaux. Ils étendront le royaume du Christ parmi leurs compatriotes et ils prêcheront le message d’amour universel de l’Eglise. Nous avons décidé de vous inviter dans la cité sainte qui est le centre de l’Eglise et de vous consacrer dans l’Eglise la plus auguste et la plus sainte de la chrétienté, la basilique St Pierre. Quand vous mettrez vos vêtements d’évêques, vous deviendrez des fleurs fraîches et des graines nouvelles de l’Eglise chinoise, en tant qu’évêques chinois. Vous êtes venus à la source du travail apostolique pour rendre hommage à ‘Pierre’ et pour recevoir de ses mains le bâton de votre travail pastoral” (Acta Apostolicae Sedis, 1926, p. 432).

Le passage cité ci-dessus fait partie du sermon prononcé par Sa Sainteté le pape Pie XI, le 28 octobre 1926, à la basilique St Pierre pendant la messe au cours de laquelle les six premiers évêques chinois furent consacrés. Dans son sermon, le Saint-Père indiqua qu’il avait choisi le 28 octobre comme jour de la consécration parce que, cette année-là, c’était la fête du Christ-Roi, et c’était aussi le septième anniversaire de la consécration épiscopale du pape lui-même. Ceci rendit la cérémonie de consécration encore plus joyeuse et significative.

Alors que nous commémorons le 70ème anniversaire de la consécration des six premiers évêques chinois par le pape lui-même et le 50ème anniversaire de l’établissement de la hiérarchie en Chine, nous faisons l’expérience d’un temps au cours duquel l’Eglise catholique du continent connaît beaucoup de difficultés. Alors que nous commémorons ces grands événements historiques, nous percevons encore plus profondément leur signification. Depuis que Jean de Montcorvin commença à prêcher l’Evangile en Chine il y a plus de sept-cents ans, beaucoup de missionnaires chinois et étrangers ont travaillé ensemble pour la gloire de l’Eglise. Dans le passé, les papes ont choisi beaucoup d’illustres missionnaires étrangers pour être évêques. Mais les papes se sont aussi préoccupés que les membres du clergé local soient formés pour devenir évêques. Très tôt, à la fin de la dynastie des Ming et au début de celle des Qing, le Saint-Père nomma Luo Wenzao pour être le premier évêque chinois de Nankin. Luo Wenzao manifesta un esprit très catholique en choisissant comme successeur un prêtre étranger. Le pape Pie XI a ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire de l’Eglise catholique chinoise en consacrant les six évêques chinois en 1926. Le clergé local avait maintenant la responsabilité de gouverner l’Eglise. La vigne et les branches du Christ étaient en train de devenir verdoyantes pour atteindre les cieux. Vingt ans plus tard, le 11 avril 1946, le pape Pie XII publia une constitution établissant la hiérarchie chinoise. Ceci mit fin à la situation anormale des préfectures apostoliques missionnaires. Suivant l’ordre normal des événements dans l’Eglise catholique, le clergé chinois indigène était maintenant en charge des communautés ecclésiales locales.Il y a cinquante ans aujourd’hui, quand le pape Pie XII établit la hiérarchie en Chine, il déclara : “Arrivant au terme des espoirs du développement missionnaire, suivant l’opinion des cardinaux de la Propagande et acceptant avec plaisir la requête du cardinal Tian Gongxin, nous avons décidé que le temps était venu de formaliser et de systématiser le travail missionnaire dans ce vaste pays qu’est la Chine, en suivant la coutume de tous les pays catholiques du monde. En conséquence, nous établissons la hiérarchie catholique en Chine” (Acta Apostolicae Sedis, 1946, p. 302).

Avec l’établissement de la hiérarchie chinoise, une nouvelle page s’ouvrait dans l’histoire de l’évangélisation en Chine. En commémorant le cinquantième anniversaire de cet événement aujourd’hui, nous ne pouvons que nous souvenir que, au cours des sept-cents ans depuis que le franciscain Jean de Montcorvin commença à prêcher l’Evangile en Chine, l’Eglise catholique de Chine a subi beaucoup de persécutions. En dépit de cela, nous sommes très émus que l’Eglise se soit développée à ce point dans notre pays. Quand le pape Pie XII établit la hiérarchie en Chine, cela rendit l’Eglise de Chine semblable aux Eglises catholiques d’Europe et d’Amérique. Les diocèses furent formellement créés et de vrais évêques furent nommés pour les gouverner. Le système des préfectures apostoliques fut aboli. Le pape Pie XII créa vingt sièges métropolitains, c’est-à-dire vingt archidiocèses, et 80 diocèses ordinaires. Les préfets apostoliques de ces sièges devinrent automatiquement évêques ou archevêques. Nous devons savoir que l’Eglise locale ou diocèse est le fondement de la structure de l’Eglise du Christ. Le code de droit canon définit le diocèse de la manière suivante : “Un diocèse est une portion du peuple de Dieu, confiée à un évêque chargé d’en prendre soin en coopération avec le presbyterium, de telle manière que, restant proche de son pasteur et rassemblé par lui dans l’Evangile, l’Eucharistie et le Saint-Esprit, il constitue une Eglise particulière. Dans cette Eglise, l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique existe et fonctionne réellement” (Code de droit canon, can. 369). Un diocèse est formé par le peuple catholique d’un district particulier, ayant son propre pasteur, l’évêque. C’est la structure normale de l’Eglise. L’Eglise universelle peut être expérimentée au sein de l’Eglise locale.

Quand Jésus était sur terre, il choisit douze apôtres pour être avec lui, et parmi eux il choisit Pierre pour être le chef de l’équipe apostolique. Après l’ascension de Jésus au ciel, les apôtres allèrent jusqu’aux extrémités de la terre pour prêcher la Bonne Nouvelle du Christ. Chaque fois que, dans un district un nombre important de gens s’étaient convertis et avaient formé une communauté de croyants, les apôtres passaient leur pouvoir spirituel et leur fonction à des successeurs, par la cérémonie d’imposition des mains, en leur demandant de s’occuper et d’être pasteurs de ces croyants. Ces successeurs des apôtres, à leur tour, transmettaient le pouvoir spirituel et l’autorité qu’ils avaient reçues, à leurs propres successeurs en leur imposant les mains. Pouvoir et autorité se sont ainsi transmis de génération en génération jusqu’aujourd’hui. Par conséquent, les évêques sont les successeurs des apôtres. Sous la direction du Pontife romain, qui est le successeur de Pierre, le chef des apôtres, ils représentent le pape dans le gouvernement des diocèses. A sa consécration, l’évêque reçoit les fonctions de sanctification, d’enseignement et de gouvernement. C’est seulement en communion avec le Saint-Père et à sa suite, que ces pouvoirs peuvent être exercés.

Cependant, dans les circonstances actuelles, anormales et difficiles, de notre pays, le chef de la communauté des évêques catholiques loyaux, feu Mgr Fan Xueyan, agit d’une manière hiérarchique rapide afin de soutenir le principe hiérarchique de l’Eglise catholique et protéger la vie de l’Eglise.. Ainsi, dans les circonstances difficiles du début des années 80, Mgr Fan Xueyan, avec sagesse et détermination, utilisa un principe hiérarchique pour décider de consacrer évêques, Jin Ziguo, Zhou Shanfu, et Wang Milu. De cette manière il a sauvé l’Eglise catholique du continent. La sage décision de Mgr Fan reçut aussitôt l’approbation louangeuse du Saint-Père qui lui donna des pouvoirs particuliers. L’origine de ces pouvoirs particuliers était le principe hiérarchique de l’Eglise universelle. Le pape Jean-Paul II écrivit ceci : “Votre décision est en accord complet avec ma pensée. Je vous donne à présent l’autorité de décider d’abord, et je prendrai la décision ensuite” ‘extrait du “Seigneur de la destinée”, publié par le centre d’études du Saint-Esprit). Plus tard, toujours au début des années 80, Mgr Fan et les trois évêques qu’il avait ordonnés secrètement, consacrèrent beaucoup d’autres évêques, donnant ainsi de nouveaux pasteurs à quelques communautés catholiques locales qui n’en avaient pas, permettant ainsi une nouvelle vie de l’Eglise sur le continent chinois.

A la fin de 1989, après que la majorité des Eglises locales du continent aient rétabli le système hiérarchique, beaucoup d’évêques pensèrent que le temps était venu de rétablir et de maintenirla hiérarchie dans toute l’Eglise catholique continentale. Ils décidèrent donc de réunir les évêques catholiques de Chine à Sanyuan pour y établir la conférence épiscopale de Chine continentale. La conférence épiscopale de Sanyuan a ouvert une nouvelle page de l’histoire de l’Eglise catholique sur le continent chinois et marque une deuxième glorieuse étape de l’histoire de l’évangélisation en Chine.

Chers pères, frères, soeurs et chrétiens, vous devez prendre connaissance de cette doctrine du décret sur l’Eglise du concile Vatican II : “Tout comme, selon la loi du Seigneur, St Pierre et les autres apôtres constituent un collège apostolique unique, de même le Pontife romain, successeur de Pierre, et les évêques, successeurs des apôtres, sont liés et unis les uns aux autres… Les évêques installés dans le monde entier vivent en communion les uns avec les autres et avec le Pontife romain, dans un lien d’unité, de charité et de paix… Le collège des évêques n’a d’autorité qu’en union avec le Pontife romain, successeur de Pierre. Ensemble, avec leur tête, le Pontife suprême, et jamais en dehors de lui, ils ont autorité pleine et suprême sur l’Eglise universelle; mais ce pouvoir ne peut être exercé sans l’accord du Pontife romainpara. 22). Alors que nous partageons avec vous cette célébration du cinquantième anniversaire de l’établissement de la hiérarchie en Chine, vous êtes bien conscients que certains parmi vous sont arrêtés puis relâchés, font des sacrifices jusqu’au don de leur sang, et traversent toutes sortes d’épreuves physiques et morales, dans le but de préserver le hiérarchie en Chine et l’amour du Christ. “Bénis soient ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume de Dieu leur appartient. Bienheureux êtes-vous quand les hommes vous insultent, vous persécutent et disent toute sorte de mal de vous, à cause de mon nom. Réjouissez-vous, car votre récompense est grande dans les cieux. Les hommes ont persécuté les prophètes avant vous” (Matt. 5, 10-12). Pendant cette célébration, nous vous sommes très reconnaissants parce que, sur la base du principe hiérarchique et que vous soyez en prison ou non, vous avez toujours coopéré avec nous pour nous aider à porter le poids de nos devoirs épiscopaux. Dans les moments d’extrême difficulté, aujourd’hui comme hier, vous avez travaillé de manière remarquable dans l’accomplissement du travail pastoral. Après que les trois évêques furent ordonnés par Mgr Fan Xueyan, notre Saint-Père le pape Jean-Paul II manifesta son intérêt ardent pour l’Eglise loyale de Chine continentale, et, en accord avec les lois de notre mère l’Eglise, il donna des pouvoirs spéciaux à Mgr Fan Xueyan. Selon ces pouvoirs spéciaux, tous les évêques consacrés par Mgr Fan lui-même ou par les êvêques qu’il a délégués, à cause des circonstances spéciales qui existent en Chine, seront reconnus par le Saint-Siège. A cause de ces circonstances spéciales, les évêques consacrés ainsi sont susceptibles d’être arrêtés par le gouvernement communiste. En conséquence, le Saint-Siège a prévu que le pouvoir et l’autorité des évêques de l’Eglise loyale qui sont arrêtés ou, de quelque manière que ce soit, séparés de leur diocèse, ne viennt pas à s’arrêter. C’est une décision importante prise par le Saint-Siège pour rétablir la hiérarchie catholique en Chine, et pour qu’aucune Eglise catholique non orthodoxe ne la remplace. Vous ne pouvez absolument pas utiliser d’arguments non catholiques pour porter tort à la communauté loyale. Ne causez pas de dommages inutiles à la hiérarchie de l’Eglise qui est en train d’être rétablie. Il nous faut noter que, au cours des vingt années qui ont séparé la consécration des six premiers évêques chinois et l’établissement de la hiérarchie en Chine, et ensuite au cours des cinquante années qui ont suivi jusqu’aujourd’hui, le nombre d’évêques locaux chinois a graduellement augmenté. Au moment de la réunion des évêques du continent en 1989, les évêques chinois étaient complètement en charge de l’Eglise catholique chinoise, y compris dans les communautés catholiques de Taiwan, Hongkjong et Macao. Nous devons en être aujourd’hui d’autant plus reconnaissants pour le grand effort de prédication de l’Evangile accompli par les missionnaires étrangers pendant de longues années. Nous devons admirer le bon exemple de zèle pour l’évangélisation qu’ils ont donné, et regretter toutes les injustices et les humiliations qu’ils ont subies dans leur travail missionnaire. Nous n’oublierons jamais ni leurs personnes ni leur travail. Aujourd’hui, nous exprimerons une admiration spéciale pour le P. Vincent Lebbe. Nous n’oublierons jamais le bon exemple qu’il a donné dans son travail missionnaire en Chine, particulièrement dans sa promotion des évêques chinois et des diocèses chinois. Son travail est un exemple glorieux pour les jeunes prêtres au moment où nous entrons dans le XXIème siècle. Nous nous souvenons des larmes de joie du P. Lebbe quand les six premiers évêques chinois furent consacrés. Il déclara : “Les larmes de douleur que j’ai versées au cours de toute ma vie se sont évaporées en cet unique momentNous n’oublierons jamais la contribution du P. Lebbe au développement de l’Eglise catholique en Chine. Quand l’Eglise chinoise connut des difficultés, il fut “obéissant jusqu’à la mort” et versa son sang sur la terre chinoise.

Une croyance fondamentale de l’Eglise catholique est la suivante : “Je crois en l’Eglise, une sainte, catholique et apostoliqueAu deuxième siècle, l’évêque-martyr St Ignace compara les chrétiens à des grains de blé. Il faut qu’ils soient moulus et fermentés pour devenir du pain. Chaque Eglise locale est aussi comme un grain de blé qui se joint à d’autres grains pour devenir un pain : l’Eglise universelle. Alors, le pain devient devient le corps du Christ, sinon il n’a pas de signification. Dans le corps du Christ, Jésus est la tête et tout le reste forme les membres. Au cours de la Cène, Jésus pria le Seigneur du ciel pour que les apôtres et les chrétiens des générations à venir soient unis tout comme lui-même était uni avec le Père et l’Esprit. Les Eglises locales doivent être unies entre elles comme les trois personnes de la divine Trinité sont unies l’une à l’autre. L’Eglise locale doit aussi être unie au Christ, et par le Christ à la Trinité. Lre Christ est évidemment la tête de l’Eglise. L’Eglise est une communauté invisible et mystérieuse tout en étant une organisation visible au milieu des êtres humains. L’Eglise a le Christ comme tête et l’Esprit-Saint comme âme. Par les sacrements elle donne la grâce, augmente le nombre des chrétiens, étend le Royaume du Christ et affermit l’Eglise du Christ. Le Christ a établi la hiérarchie dans l’Eglise pour qu’il y ait de l’ordre dans l’administration des sacrements, et que le peuple de Dieu ait des bergers qui prennent soin de lui. Les évêques ont la responsabilité de prendre soin des diocèses et le pape a la responsabilité de prendre soin de toute l’Eglise. Après que Jésus se soit levé d’entre les morts, il commanda à trois reprises à Pierre de nourrir son troupeau. Soumis à la vigilance pastorale de Pierre et en union avec lui, le système hiérarchique de l’Eglise s’est unifié dans le monde entier.

Chers pères, frères, soeurs et chrétiens, en ce temps de célébration, nous devons faire face carrément à la réalité présente. Alors que nous travaillons dur pour rétablir notre hiérarchie catholique sur le continent, quelques malheureux frères et soeurs ont quitté le système hiérarchique de l’Eglise et ont meêm quitté notre Mère l’Eglise. Ils ont formé leur propre organisation non catholique. La nature de l’organisation formée par ces pitoyables frères et soeurs est en opposition au principe hiérarchique de l’Eglise catholique. Par conséquent, nous devons prier pour ces malheureux frères et soeurs et demander au Père miséricordieux de leur dispenser la grâce et l’occasion de se repentir. Nous constatons qu’en quelques lieux, quelques-uns de ces frères et soeurs, qui ont quitté l’Eglise, ont exprimé le désir de retourner dans le sein de l’Eglise du Christ. Nous devons les accepter dans la charité et les encourager dans la foi, afin que touchés par la grâce ils rendent bravement témoignage à Jésus-Christ et qu’ils témoignent courageusement de leur retour à l’Eglise universelle dont la tête visible est le successeur de St Pierre. Ils doivent le faire “par une affirmation écrite devant l’évêque, par serment devant le prêtre, et par une déclaration devant les chrétiens” (Porte-parole du Vatican aux Journées mondiales de la jeunesse à Manille en 1995). En conséquence, ne manquez pas l’occasion : quand vous voyez un signe de bonne volonté de la part de ces malheureux frères et soeurs qui ont quitté l’Eglise, souhaitez leur une chaleureuse bienvenue et avancez ainsi la cause de l’unité dans l’Eglise.

En rétablissant la hiérarchie parmi les Eglises locales, nous devons faire attention à certains courants dans les Eglises locales individuelles. Quelques évêques qui ont été ordonnés secrétement dans les années 1980 et quelques évêques loyaux consacrés plus récemment, ont été nommés légitimement par le Saint-Siège. Cependant, ils sont l’objet de suspicions et d’attaques de la part de prêtres qui appartiennent à notre Eglise. Ceci ne doit pas arriver. Si la hiérarchie nouvellement établie subit du tort de la part de personnes qui en font partie, cela donne l’occasion à ceux qui sont opposés au système hiérarchique catholique de détruire facilement des branches de notre Eglise. Nous devons indiquer ici ce qui est la responsabilité la plus importante de l’Eglise catholique du continent chinois : elle doit, sous le principe hiérarchique, amener communion et unité dans l’Eglise chinoise. Si nous nous séparons de l’Eglise universelle et du successeur de St Pierre, le Pontife romain comme fondation visible, alors unité et communion ne peuvent pas fondamentalement être établies. Le fondement de l’unité et de la communion dans l’Eglise catholique du continent est le principe hiérarchique de l’Eglise. Personne ne peut mettre ceci en doute. En célébrant le soixante-dixième anniversaire de la consécration des premiers évêques chinois et le cinquantième anniversaire de l’établissement de la hiérarchie en Chine, alors que nous faisons face à la situation présente de l’Eglise en Chine, vous avez connaissance des sérieuses responsabilités des évêques et des difficultés qu’ils rencontrent. Par conséquent, nous vous encourageons à vous unir la main dans la main et d’un seul coeur pour faire corps avec les évêques, pour les soutenir et collaborer avec eux. St Pierre exhortait les pasteurs de cette manière: “Prenez soin du troupeau de Dieu qui est à votre charge… Non pas en dominateurs de ceux qui sont en votre charge, mais en étant des exemples pour le troupeau” (1 Pierre, 5, 2-3). Au milieu des difficultés auxquelles fait face l’Eglise du continent chinois aujourd’hui, la responsabilité de l’évêque a été restaurée, la hiérarchie a été établie, et le devoir d’enseignement a été pris en charge. Au cours des messes d’anniversaire, demandons au Seigneur de nous aider et à la bienheureuse Mère de la Chine de nous protéger. Implorons aussi St Joseph, patron de la Chine et les bienheureux martyrs de Chine pour qu’ils nous soutiennent. Avec l’assistance du Saint-Esprit et par notre dur travail, créons un avenir merveilleux pour l’Eglise catholique chinoise.

En 1979, nos dirigeants nationaux ont commencé de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit. Ils ont réhabilité beaucoup de personnes faussement accusées et ouvert quelques églises. La presse du Parti a signalé que les messes et les cérémonies religieuses dans les maisons privées étaient légales. Quelques journaux ont publié des articles amicaux sur le pape. Cependant, les arrestations d’évêques, de prêtres et de catholiques ont été en augmentation récemment, parce que des messes étaient célébrées dans des maisons privées de catholiques. Des salles de prière et des grottes de la Vierge Marie à Donglu ont été détruites. Il y a même eu des cas d’apostasie parmi les catholiques. Nous souhaitons que le Parti soit fidèle à l’enseignement de Lénine qui disait que la religion est une affaire personnelle et que politique et religion doivent être séparées. Les documents du Parti ont indiqué aussi qu’on ne peut pas utiliser des moyens administratifs pour détruire la religion et qu’on ne peut pas forcer les gens à ne pas croire en une religion. Tous les problèmes d’idéologie et toutes les contradicitons internes du peuple ne peuvent être résolues que par des moyens démocratiques (voir par exemple le document concernant la gestion correcte des contradictions internes du peuple). A l’heure actuelle, nous souhaitons que les dirigeants gouvernementaux soient fidèles à leurs propres principes et respectent la liberté religieuse. La doctrine catholique a toujours enseigné l’amour de la patrie, l’obéissance à ses lois et le respect de ses dirigeants à tous les niveaux. Elle enseigne aussi qu’un bon chrétien est un bon citoyen qui aime Dieu et son prochain. Nous demandons au gouvernement de relâcher les évêques, les prêtres et les chrétiens emprisonnés, de garantir que les cérémonies religieuses dans les maisons privées ne soient pas perturbées, d’appliquer consciencieusement la démocratie et l’Etat de droit, et de protéger le droit du peuple à la croyance religieuse. A l’occasion de l’anniversaire de l’établissement de la hiérarchie et de la consécration des premiers évêques chinois, nous redoublons nos remerciements à Dieu et à la bienhgeureuse Mère, pour l’amour qu’ils ont montré au peuple chinois, et nous remercions le Saint-Père actuel du souci particulier qu’il a montré pour nous. Nous devons renouveler nos efforts pour atteindre la sainteté et ranimer le feu pour l’extension de l’Evangile. Nous devons suivre le bon exemple du cardinal Tian qui, quand il était évêque, marchait chaque jour dans la campagne pour rendre visite aux paysans. Comme St Paul, il brûlait d’amour et prêchait l’Evangile à tous ceux qu’il rencontrait. Il entraînait ses prêtres pour qu’ils s’occupent de la vigne du Seigneur et le résultat en fut qu’il y eut une moisson d’âmes sans précédent. Nous devons apprendre de l’esprit du P. Lebbe dont le motto était : “sacrifice complet, amour véritable, toujours heureux, prêt à suivre les ordres, et en contrôle de soi-mêmeNous debvons travailler dur à la sanctification personnelle, étendre le royaume du Christ, prêcher l’Evangile du Christ aux autres et les mener à s’immerger dans la grâce du Christ. Nous devons toujours suivre l’exemple des saints, l’esprit évangélique du cardinal Tian, l’esprit de sacrifice du P. Lebbe, l’exemple du premier bienheureux chinois, Huang Wenxue, et aimer le Christ et le peuple avec ferveur. Nous devons chaque jour nous demander à nous-mêmes : “Qu’avons-nous fait aujourd’hui pour aimer Dieu et pour aimer les autres ?” Nous devons étudier le document du pape Jean-Paul II, “Au seuil du troisième millénaire”. Le Saint-Père y écrit : “J’invite les catholiques à faire monter leurs prières ferventes à Dieu afin que nous puissions obtenir la lumière et le secours nécessaires pour nous préparer à célébrer cette année du Jubilé. Nous exhortons nos frères dans l’épiscopat et les communautés chrétiennes qui leur sont confiées à ouvrir leurs coeurs à l’action de l’Esprit-Saint. L’Esprit-Saint ne manquera pas de ranimer le feu chez eux pour qu’ils mènent leur peuple à une foi et une générosité renouvelées pour participer à la célébration de l’année du Jubilé. Nous confions l’Eglise toute entière aux prières de Marie, la mère compatissante de notre Sauveur. Elle, mère pure et aimante, est l’étoile qui guide les chrétiens vers l’année du Jubilé du troisième millénaire. Elle guidera les chrétiens en toute sécurité sur le chemin de Notre Seigneur. Puisse l’humble femme de Nazareth, qui a porté la Parole au monde il y a deux mille ans, mener les hommes et les femmes de ce millénaire vers Celui qui est ‘la vraie lumière qui éclaire chacun’ (Jn, 1,9Puisse le sang de Jésus-Christ nous purifier. Puissent les larmes douloureuses de Marie nous sanctifier. Nous voulons conclure cette lettre par les mots du souverain des Trois royaumes, Sun Wu, inscrits sur la croix de fer de Quan Zhou : “Comme chacun se réjouit de la pluie du printemps, une croix brillante s’inscrit sur le fer; le bonheur surgit de chaque poitrine et le peuple adore pour toute éternitéNous vous bénissons au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Puisse la paix du Seigneur être toujours avec vous.

28 octobre 1996