Eglises d'Asie

Shanghai : Mgr Jin Luxian invite les fidèles à élever la qualité de leur foi et de leur vie chrétienne

Publié le 18/03/2010




Dans une lettre pastorale diffusée à l’occasion de Noël 1996, l’évêque de Shanghai, Mgr Jin Luxian, s’adresse en premier lieu aux fidèles, peuple de Dieu. Citant abondamment la constitution conciliaire Lumen Gentium et le Catéchisme de l’Eglise catholique, il s’efforce ainsi de corriger la vision pyramidale de l’Eglise diffusée par le catéchisme traditionnel et les définitions anciennes présentant l’Eglise comme société parfaite organisée selon une hiérarchie rigide des pouvoirs.

Avant même l’existence des diacres puis des prêtres, les premiers croyants de Jérusalem, rappelle-t-il étaient des “frères et soeurs”, des “saintsappelés finalement “chrétiens” à Antioche. Il regrette que la traduction chinoise du mot “laïc” par l’expression “croyants ordinaires” (pingxintu) ait fait perdre le sens du mot grec originel. Les fidèles doivent être conscients qu’ils forment un peuple de “saintspartageant la mission du Christ prêtre, prophète et roi. Là encore, l’évêque précise le sens de ces titres souvent compris de façon incomplète : prêtres dans l’offrande de toute leur existence au Père ; prophètes comme témoins de l’amour de Dieu ; et rois dans le service de leurs frères humains, en particulier des plus pauvres. Après avoir fait cette “correction des noms” suivant la tradition confucéenne du zhengming, il en tire les applications à son diocèse de Shanghai.

Si les fidèles et les prêtres partagent la fonction sacerdotale du Christ, les prêtres, note-t-il, ont une responsabilité particulière de par les pouvoirs de leur sacerdoce ministériel: ils ont en particulier pour mission d’assurer la formation spirituelle des fidèles. Or, ils se sont mal acquittés de cette tâche. Ils ont formé des gens qui savent observer les commandements de Dieu et de l’Eglise, mais qui n’ont pas suffisamment compris leur mission chrétienne.

Les fidèles, regrette-t-il, sont trop fermés sur eux-mêmes et n’annoncent pas l’Evangile. Ils s’en tiennent à la formule de l’ancien catéchisme : “L’homme vit en ce monde pour honorer Dieu et sauver son âmeIls ne pensent qu’à sauver leur âme propre et laissent à leurs prêtres le soin d’évangéliser. Ils devraient pourtant s’inspirer du dicton courant: “Tout citoyen est responsable de l’essor ou du déclin du pays”.

Les fidèles, en outre, sont des “illettrés de l’Evangile”. Peu instruits des sources de leur foi, ils se laissent facilement berner. Ils veulent aimer Dieu, mais ils font ce que Dieu n’aime pas : ils manquent d’amour pour leurs frères et vont jusqu’à vilipander, les calomnier, voire les battre. Tout en professant leur loyalisme envers le pape, ils refusent d’observer les directives du pape pour l’Eglise en Chine : réconciliation, unité. Or le pape ne cesse d’appeler à cette réconciliation : discours de Manille en 1994, et tout récemment son homélie du 3 décembre lors d’une messe en mémoire de l’ordination des six premiers évêques de Chine il y a 70 ans et de l’établissement de la hiérarchie en Chine il y a 50 ans.

Bref, résume-t-il, il est urgent d’élever le niveau de la formation spirituelle. Mgr. Jin en indique les voies pratiques en particulier la participation aux groupes bibliques. Il félicite le groupe de discussion qui s’est formé autour de la constitution ecclésiale Lumen Gentium. Il annonce la publication prochaine de l’édition chinoise du Catéchisme de l’Eglise Catholique, espérant qu’il sera discuté en groupes d’étude. Il termine en renouvelant l’invitation lancée dans sa lettre pastorale de l’an dernier : associer les fidèles à la gestion de l’Eglise. Mais il ajoute, sans doute avec quelque raison, “à condition qu’ils aient l’esprit de service et ne poursuivent pas leur intérêt privé au détriment de l’Eglise”.