Eglises d'Asie

10 000 villageois manifestent devant le siège du gouvernement en faveur des “laissés pour compte” du progrès économique

Publié le 18/03/2010




Issus des groupes de base de “l’Assemblée des pauvresquelque 10 000 villageois se sont rassemblés, ces jours-ci, sur la pelouse qui jouxte le siège du gouvernement thaïlandais, à Bangkok, pour demander justice en faveur des “laissés-pour-compte” du progrès économique. Il y a là un large éventail des diverses catégories de villageois: habitants des taudis, travailleurs mécontents d’avoir été relégués en marge alors que depuis plus d’une décennie l’économie du pays accomplissait un progrès sans précédent. Sur la pelouse où ils ont planté leurs tentes, sont dressés de grands panneaux qui portent leurs revendications. Les protestataires resteront là jusqu’à ce que le gouvernement accepte de recevoir leurs doléances.

Certains d’entre eux sont des paysans ou des ouvriers d’usine souffrant des suites d’une exposition prolongée à des matières chimiques toxiques. D’autres ont été expulsés de leurs maisons et de leurs fermes pour laisser la place à des barrages, à de vastes projets gouvernementaux ou à des forêts nationales. “Si le gouvernement nous promet une compensation financière, nous ne bougerons pas avant de l’avoir reçue” a confié Somboon Lomruen, paysan du nord-est, chassé de ses terres par la construction d’un ouvrage hydroélectrique.

C’est la deuxième fois que l’Assemblée des pauvres occupe la pelouse du gouvernement, depuis la fondation de cette association, il y a treize mois. En décembre 1995, l’association nouvellement créée avait d’abord amené des milliers de villageois du nord-est à l’intérieur de la ville de Bangkok, alors que l’Asean y tenait son sommet annuel. Là, en compagnie des représentants d’organisations similaires des autres pays de l’Asie du Sud-Est, ils avaient défilé dans les rues de Bangkok, signifiant ainsi aux membres de l’Asean que le progrès économique devait aller de pair avec le respect des droits des pauvres. Encouragé par le succès de cette forme de protestation, “l’Assemblée des pauvres” organisait, en mars 1996, une occupation de la pelouse du siège du gouvernement avec 11 000 villageois. Elle dura 28 jours et obligea le premier ministre à mettre en place des commissions formées de représentants de “l’Assemblée des pauvres” et de fonctionnaires de haut niveau. Elles étaient chargées d’examiner 47 problèmes touchant les villageois de 21 provinces. Cependant l’effondrement de la coalition politique au pouvoir et la chute du gouvernement Banharn ont interrompu les progrès qui avaient pu être réalisé en ce domaine et rendu nécessaire la manifestation actuelle.

Bien que le ministre de l’Intérieur ait auparavant accusé la manifestation de vouloir déstabiliser le gouvernement, la premier ministre a cependant reçu les principaux organisateurs. Lors de cette première rencontre, le 27 janvier 1997, une série de négociations ont été prévues qui traiteront de 123 problèmes concernant des paysans de 40 provinces.