Eglises d'Asie

Hongkong : une proposition de supprimer des lois garantissant les libertés soulève une grande inquiétude

Publié le 18/03/2010




Dans les milieux dirigeants, chez les parlementaires démocrates aussi bien que chez les intellectuels du territoire, interrogations, critiques publiques, protestations officielles se sont multipliées depuis le 19 janvier 1997, date à laquelle un organisme nommé par les autorités du continent a recommandé au parlement chinois en exercice, l’abrogation partielle ou totale d’un ensemble de lois qui régissent actuellement l’exercice des droits de l’homme et des libertés civiques à Hongkong. La tenue à Shenzen sur le sol chinois, quelques jours plus tard, de la première session de l’Assemblée législative provisoire, destinée à supplanter l’actuel Conseil législatif, et l’élection à sa tête de Rita Fan, dont l’opportunisme est bien connu, ont encore fait monter la tension d’un cran. Toutes ces protestations se sont exprimées, le 26 janvier, lors d’une manifestation devant la représentation chinoise à Hongkong, manifestation qui, il est vrai, n’a été suivie que par quelques centaines de personnes.

La menace contre les actuels droits démocratiques du territoire, qui a déclenché le trouble actuel, est venue de Chine continentale. Réuni à Pékin, les 18 et 19 janvier 1996, le groupe d’étude juridique du Comité préparatoire pour la Région administrative spéciale de Hongkong, en fait, une instance du parlement chinois, composée de personnalités de Hongkong choisies par le gouvernement de la République populaire, a relevé 25 lois du territoire et, dans des recommandations envoyées à l’organe législatif chinois, il a demandé qu’elles soient abolies en partie ou en totalité. Les textes législatifs visés par ces recommandations sont, en premier lieu, ceux du “Bill of Rights“, qui, récemment, avait mis les lois du territoire en conformité avec les conventions internationales sur les droits de l’homme. Sont aussi destinées à disparaître les ordonnances sur les droits de manifestation et d’association, ainsi que le régime électoral du Conseil législatif. Toutes ces lois, selon le Comité préparatoire, seraient en contradiction avec la Loi fondamentale, qui servira de Constitution à la future Région administrative spéciale de Hongkong, après le transfert de souveraineté, le 30 juin prochain à minuit. Elles auraient été adoptées “unilatéralement” par les autorités britanniques, sans tenir compte du texte de la Déclaration conjointe sino-britannique de 1984. Il s’agit donc d’un retour pur et simple à la législation de l’ère coloniale, en vigueur avant les réformes démocratiques introduites par le dernier gouverneur de Hongkong.

C’est bien pourquoi, c’est le gouverneur Patten qui a réagi en premier et avec le plus de force. Le 23 janvier, il déclarait que si les recommandations du Comité préparatoire étaient suivies, cela créerait un extraordinaire désordre juridique, car la législation de Hongkong allait se trouver en contradiction avec un certain nombre de dispositions du droit international. Il a depuis multiplié les déclarations en faveur des droits démocratiques. Les Affaires étrangères de Grande-Bretagne ont soutenu sa protestation, en adressant une vive protestation à la Chine par l’intermédiaire de l’ambassadeur chinois de Londres. Les Etats-Unis ont fait de même et la campagne pour le maintien des droits démocratiques à Hongkong y bat son plein. Diverses organisations internationales comme “Amnesty international” et d’autres, ont soutenu ce même point de vue.

On attendait avec intérêt la première réaction du président-désigné de la future Région spéciale, Tung Chee-hwa. L’attente a duré quatre jours. Le 23 janvier, il a apporté son soutien aux recommandations venues de Pékin de supprimer tout ou partie de la législation de Hongkong protégeant les droits de l’homme et les libertés civiques. Mais il a précisé qu’il ne fallait voir là qu’un problème technique: les lois en question seront supprimées ou amendées “parce qu’elles sont en contradiction avec la Loi fondamentaleIl a ajouté qu'”il n’y a pas lieu de s’inquiéter parce que la liberté et les droits du peuple de Hongkong sont garantis dans le chapitre trois de la Loi fondamentale”. La suite de sa déclaration a montré qu’il approuvait les recommandations du Comité préparatoire autant sur le fond que sur la forme.

Il va sans dire que c’est dans les milieux de l’opposition démocratique de Hongkong que l’émotion a été la plus grande. Un de ces plus éminents représentants, Martin Lee, président du Parti démocrate de Hongkong, a commencé le 27 janvier, une longue tournée en Europe. A Strasbourg, il a demandé au Conseil de l’Europe de “bien veiller sur Hongkong, avant et après sa rétrocession à la Chine”, Il a ainsi défini ses propres objectifs : “Nous ne demandons pas l’indépendance de Hongkong, nous voulons seulement que la Chine respecte les promesses contenues dans l’accord sino-britannique de 1984”