Eglises d'Asie

Jiangxi : les autorités prennent des mesures “décisives, résolues et organisées” pour se débarrasser de l’Eglise catholique “clandestine”

Publié le 18/03/2010




Les autorités provinciales du Jiangxi ont publié un document du parti communiste du district de Chongren, dans la même province, qui expose un plan destiné à se débarrasser de l’Eglise catholique “clandestine” de la région. Intitulé, “Procédures pour éradiquer légalement les activités illégales de l’Eglise catholique souterraine”, il explique en sept points les mesures à prendre dans ce “combat politique à long terme contre l’Eglise catholique souterraine

Font partie de ces mesures l’établissement d’un fichier individuel pour chaque croyant et l’obligation faite aux fidèles d’écrire des lettres de renonciation à leur foi pour rejoindre l’Eglise “officielle”. De plus, les enseignants engagés dans des études religieuses illégales devront être licenciés et on interdira aux élèves de posséder des objets religieux. Le document invite les autorités locales à prendre des mesures “décisives, résolues et organisées” pour “détruire l’organisation des forces souterraines de l’Eglise catholique et leurs lieux d’assemblées illégales

Cette campagne anti-catholique s’explique, selon la presse de Hongkong, par le nombre croissant des catholiques “clandestins” dans cette région du Jiangxi. Le document des autorités explique que l’Eglise catholique “clandestine” “a intensifié ses activités d’infiltration de forces hostiles étrangères” et que ses membres “utilisent la religion pour s’adonner à des activités criminelles, perturbant sérieusement l’ordre public et affectant la stabilité politique

Dans les semaines précédant Noël 1996, plusieurs dizaines d’arrestations ont été opérées dans la province du Jiangxi parmi les catholiques “clandestins” dans le but apparent d’empêcher les célébrations publiques de la fête religieuse (2). Ce n’est là que le début de la campagne d’éradication du catholicisme qui doit continuer jusqu’au 30 juin 1997. Les villages du district de Chongren particulièrement visés sont : Caochang, Chenjia, Donglai, Leifang, Shanbei et Tangren. Dès la fin du mois de novembre 1996, des équipes de “construction de la civilisation spirituelle” y ont été envoyées pour y recueillir des renseignements sur l’organisation des catholiques “clandestins”. Des classes ont été organisées du 1er au 15 décembre 1996 pour les membres locaux du Parti, les jeunes militants chrétiens et le clergé. Les sujets abordés ont été la politique religieuse, les lois et régulations gouvernant les activités religieuses et les lieux de culte, ainsi que la “civilisation spirituelleA la fin de chaque session, les croyants étaient mis à part et on leur demandait de signer un document par lequel ils renonçaient à leur foi et acceptaient de rejoindre l’Eglise catholique “officielle”. Du 16 au 31 décembre 1996, des mesures ont été prises pour empêcher quiconque de quitter son village, rendant ainsi impossible l’organisation de rassemblements pour célébrer Noël.

La campagne qui frappe aujourd’hui le Jiangxi ressemble beaucoup à celle qui a été organisée dans le Hebei au cours des premiers mois de 1996 (3). Elle prouve, s’il en était besoin, que la répression à l’encontre des catholiques “clandestins” n’est plus un phénomène régional ou imputable à des abus de pouvoir de potentats locaux, mais que Pékin a pris la décision de l’étendre au pays tout entier.