Eglises d'Asie – Chine
Les dirigeants catholiques et protestants « officiels » estiment que la mort de Deng Xiaoping n’influera pas sur la politique religieuse à long terme de l’Etat
Publié le 18/03/2010
Interrogé le 20 février 1997, au lendemain de la mort du « petit timonier », Mgr Joseph Zong Huaide, président de la conférence épiscopale chinoise « officielle » et de l’Association patriotique, a fait l’éloge de la personnalité de Deng Xiaoping à qui il attribue l’amélioration des conditions de vie de la population et de l’Eglise : « La vie des gens s’améliore de jour en jour, l’Eglise peut aujourd’hui avoir des activités religieuses normales et les croyants peuvent jouir de la liberté religieuse
De son côté, Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, rappelle que Deng Xiaoping a mis fin aux horreurs de la Révolution culturelle dès son retour au pouvoir à la fin des années 1970. C’est aussi sous sa direction qu’a été redéfinie la politique religieuse de l’Etat C’est après la publication du document 19 du parti communiste chinois, au début du gouvernement de Deng, que beaucoup de croyants et de dirigeants religieux ont été réhabilités
Le document dont parle Liu Bainian avait été promulgué en 1982. Intitulé « Politique de base sur la question religieuse pendant la période socialiste de notre pays« , il présente une nouvelle approche de la question religieuse et invite à un retour aux sources confucéennes: le parti estime que les religions ne peuvent pas être facilement éradiquées et, bien que nuisibles dans leur principe, elles peuvent être utilisées au service des objectifs que s’assigne l’Etat socialiste. La liberté de culte est autorisée et les édifices religieux sont rendus à leurs propriétaires; mais les associations religieuses sont mises sous la tutelle du parti au nom des trois autonomies de gestion, de financement et de propagation. En ce qui concerne l’Eglise catholique, les relations avec le Vatican ne sont pas autorisées et les évêques sont nommés par l’Association patriotique.
En dépit des limites de la politique religieuse élaborée sous Deng Xiaoping, les observateurs reconnaissent qu’elle a permis le fonctionnement des institutions de l’Eglise: plusieurs séminaires ont été ouverts, des enseignants étrangers autorisés à y donner des cours, des séminaristes envoyés poursuivre leurs études en Europe et aux Etats-Unis. Plusieurs centaines de nouveaux prêtres ont été ordonnés depuis quinze ans et les cadres de l’Eglise rajeunissent peu à peu.
Le Dr Han Wenzao, nouveau président du Conseil chrétien de Chine, organe officiel des Eglises protestantes, donne la même appréciation que ses homologues catholiques du bilan de l’ère Deng Xiaoping et il rend hommage au « petit timonier » d’avoir restauré le statut des religions après la période catastrophique de la Révolution culturelle.
Il reste qu’un très grand nombre de catholiques et de protestants n’acceptent pas les principes du document 19 selon lesquels les Eglises doivent se soumettre à l’Association patriotique catholique ou au Mouvement des trois autonomies protestant. Depuis un an et demi environ, une violente répression s’est abattue sur ces réfractaires (2).
Il faut noter aussi que le gouvernement de Deng Xiaoping n’aura pas réussi à rétablir les relations diplomatiques avec le Vatican, même si des négociations en sous-main sont toujours en cours. Dans la mesure où les catholiques continuent d’être divisés entre ceux qui acceptent l’autorité de l’Association patriotique et ceux qui se veulent fidèles au pape, il semble difficile que les relations soient rétablies. Un observateur note cependant que Pékin a officiellement notifié au Vatican le décès de Deng Xiaoping en dépit de l’absence de relations diplomatiques.