Eglises d'Asie

HONGKONG A LA VEILLE DE JUILLET 1997ENTRE CRAINTE ET ESPOIR

Publié le 18/03/2010




Genèse d’une rétrocession

“Les questions de Hong Kong et Macao appartiennent à la catégorie des problèmes directement issus de la série des traités inégaux que les impérialistes ont imposés à la Chine. Hongkong et Macao, occupés par les Britanniques et les Portugais, font partie du territoire chinois. Le règlement des questions de Hongkong et de Macao relève directement du droit souverain de la Chine. En conséquence, ils ne doivent pas être inclus dans la liste des territoires coloniaux couverts par la déclaration sur l’attribution de l’indépendance aux peuples et pays coloniaux. En ce qui concerne Hongkong et Macao, le gouvernement chinois a toujours soutenu que leur avenir devra être réglé de façon appropriée lorsque les conditions seront mûresC’est en ces termes que s’exprime en 1972 l’ambassadeur de Chine à l’ONU dans une lettre adressée au président de la Commission spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le colonialisme. Un an plus tôt, la Chine a véritablement fait son entrée sur la scène internationale. Elle a été admise au sein du Conseil permanent de Sécurité des Nations Unies et vient d’être officiellement reconnue par les EtatsUnis. Ce nouveau statut la pousse à faire valoir ses droits territoriaux historiques. La GrandeBretagne ne bronche pas. De fait, elle a décidé d’adopter une attitude conciliante au sujet de Hongkong. Le mot même de “colonie” tend déjà à disparaître des documents officiels, remplacé par le terme plus neutre de “territoire“. Depuis 1968, le ministère des Affaires coloniales n’existe plus à Londres en tant que tel, il a fusionné avec le ministère des Affaires étrangères. Hongkong doit servir à entretenir de bonnes relations entre la GrandeBretagne et la Chine. Pour bien faire, les Britanniques ont gardé les commandes du pouvoir sur le territoire. Si, en 1926, le premier Chinois est nommé au Conseil exécutif, en 1980 la majorité de ce gouvernement de la colonie était toujours majoritairement composée de Britanniques.

Sous cette apparente maîtrise britannique, l’administration de Hongkong n’a cependant été possible qu’avec le consentement “tacite” de la Chine. Hongkong dépend de la Chine pour son approvisionnement en eau potable et en denrées alimentaires, de même que pour la surveillance de la frontière sans laquelle des centaines de milliers de réfugiés pourraient envahir le territoire, moyen de pression d’une Chine toute puissante sur un bout de territoire surpeuplé.

C’est depuis 1949 et la prise du pouvoir en Chine par les communistes que Hongkong s’est véritablement développé, devenant terre d’accueil “provisoire” au début, puis permanent pour des milliers de réfugiés chinois fuyant un régime et une situation politique et économique déplorables. Ceuxci ne s’imaginaient pas faire un jour l’objet d’une rétrocession à cette mère-patrie, à la fois vénérée pour être la terre de leurs ancêtres et quittée bien souvent dans la précipitation pour échapper aux violents soubresauts de son histoire récente.

Lorsqu’à la fin des années 70, Londres et Pékin commencent à parler de renégocier le traité signé en 1898, accordant aux Britanniques un bail de 99 ans sur les Nouveaux Territoires de Hong Kong, Pékin reste dans le vague quant au statut qu’il souhaite donner à ce territoire. Il n’est officiellement jamais question de rétrocession. En mars 1979, Lord MacLehose, gouverneur de Hongkong, est reçu à Pékin par Deng Xiaoping qui vient de prendre les rênes du pouvoir. Ce dernier réaffirme la souveraineté chinoise sur Hongkong, “tout en admettant que Hongkong a une situation un peu spéciale. Tout accord négocié sur la question de Hong Kong dans l’avenir doit être fondé sur ce préliminaire: ce territoire fait partie de la Chine. Cependant, nous traiterons Hong Kong comme une région spéciale. Pendant de nombreuses années, Hongkong pourra continuer à pratiquer le capitalisme alors que nous pratiquons notre système socialisteDeng Xiaoping prépare son projet de Zone économique spéciale de Shenzhen à la frontière de Hongkong qui sera inaugurée en 1982. “Il y aura de nombreux échanges entre Shenzhen et Hong Kong, poursuit le petit timonier, “il doit exister une frontière entre Shenzhen et le capitalisme. Mais le capitalisme à Hongkong et le socialisme en Chine pourront continuer d’exister bien audelà du siècle prochainLes termes de l’échange entre le gouverneur et le leader chinois sont bien nouveaux, et tranchent sur l’hostilité des années de la Révolution culturelle lorsque l’ambassade de GrandeBretagne à Pékin était mise à sac et la colonie secouée par de violentes émeutes. Mais cette première rencontre entre représentants officiels de la colonie et autorités chinoises ne semble pas avoir fourni beaucoup de précisions aux Britanniques quant à l’évolution des relations et surtout à la prolongation éventuelle du bail sur les Nouveaux Territoires audelà de 1997. Le gouverneur rentre à Hong Kong et rapporte les paroles de Deng Xiaoping: “Que les hommes d’affaires se rassurentMême si personne n’envisage, une vingtaine d’années avant 1997, ce qui ce passera et dans quels termes aura lieu cette rétrocession, le ton est résolument donné: priorité au business, aux affaires. Ce choix n’a rien de révolutionnaire, c’est en réalité une façon de perpétuer la longue tradition qui a fait du port de Hongkong un lieu d’échanges économiques entre la Chine, le reste de l’Asie et l’Occident. Mais les propos du nouvel homme fort de la République populaire de Chine ont été suffisamment flous pour que les Britanniques imaginent de nombreux scénarios dont celui de continuer à administrer tout le territoire (1) même si celuici passait sous souveraineté chinoise. Pour Deng Xiaoping, le projet d’une réunification totale du pays (Chine continentale, Taiwan, Hongkong et Macao) servait à faire taire les membres les plus conservateurs du Parti opposés à ses réformes économiques. L’objectif de la réunification prouvait qu’il entendait mener avant tout une politique “patriotique”. La première cible de cet élan nationaliste était logiquement Taiwan, Hongkong étant en seconde position dans le plan d’une “réunification pacifique de la patrie“.

Dès 1978, alors que Deng Xiaoping vient tout juste de prendre le pouvoir, le Comité central du Parti communiste lance une réflexion sur “la perspective d’un retour dans le giron de la patrie du territoire sacré de Taiwan“. Trois ans plus tard, le résultat de cette réflexion aboutit à ce que Pékin préconise une nouvelle politique de réunification sous la forme de “un pays, deux systèmes“. Si Taiwan acceptait de se plier à la souveraineté de Pékin, les “deux systèmes“, communiste sur le continent et capitaliste sur l’île de Taiwan, pourraient coexister au sein d’un même pays.

Lorsqu’en 1982, s’ouvrent les négociations entre Londres et Pékin au sujet de Hongkong, l’équipe de Margaret Thatcher pense pouvoir obtenir le maintien d’une administration britannique sur le territoire de Hongkong en échange d’un transfert de souveraineté au profit de la Chine. Un nouveau traité définirait ce nouveau cadre pour Hong Kong et une nouvelle durée pour le bail. Du côté chinois, les plans sont déjà beaucoup plus avancés et plus définis. Plusieurs groupes de travail se réunissent régulièrement pour réfléchir sur l’application du concept “un pays, deux systèmes” à Hongkong. A Pékin, Deng Xiaoping reçoit les grands entrepreneurs de Hongkong, il consulte les milliardaires Henry Fok et Li Ka Shing entre autres, pour leur faire part de son plan concernant Hongkong et recueillir leurs observations. Peu à peu, Pékin dévoile son plan à des personnalités de Hongkong et de Macao soigneusement sélectionnées, toutes membres du Parlement chinois. Le message de Deng Xiaoping est déjà très clair et précis: La Chine entend regagner sa souveraineté sur Hongkong et Macao dans un proche avenir. Le concept “un pays, deux systèmes” sera appliqué. Dans ce sens, Hongkong restera un port franc et un centre financier international. Le changement s’exprimera dans le fait que le gouverneur sera chinois. Celuici pourra être désigné à la suite d’un vote avec l’approbation de Pékin. Pékin n’exige pas des candidats éventuels au poste de gouverneur une allégeance à l’idéologie communiste. Par ailleurs, le système judiciaire du territoire sera autonome visàvis de Londres comme de Pékin.

Londres sent déjà le vent tourner contre lui et s’y prépare. Dès 1981, on entreprend de réviser la loi sur la nationalité britannique, révision définitivement adoptée en 1983. Un an avant la fin officielle des pourparlers sino-britanniques, les Hongkongais n’ont déjà plus le droit de résider en GrandeBretagne. Lors des négociations, les quelques représentants de Hongkong ont été fermement écartés des discussions menées directement entre Pékin et Londres. En décembre 1984, le premier ministre, Margaret Tchatcher, se rend à Pékin pour la signature officielle de la Déclaration commune sino-britannique. Le document ne fait que trois pages, sans les annexes. Trois pages qui scellent le destin de Hongkong qui, le 1er juillet 1997, se retrouvera sous souveraineté chinoise. Le texte prévoit le départ de l’administration britannique pour laisser la place à un Hongkong dirigé par les Hongkongais, “Hongkong people will rule Hongkongsauf dans les domaines de la Défense et des Affaires étrangères qui seront placés entre les mains de la Chine. La Déclaration commune prévoit également le maintien des systèmes exécutif, législatif et judiciaire. Les lois en vigueur à Hongkong devraient ainsi être maintenues. Le gouvernement local de ce qui deviendra une Région administrative spéciale sera composé de Hongkongais. Le chef de l’exécutif sera nommé par le gouvernement populaire central de Pékin sur la base de résultats d’élections ou de consultations locales. Le système économique et social, tout comme le style de vie resteront inchangés. Les droits et les libertés des personnes, les libertés de parole, de presse, d’assemblée, d’association, de voyage, de déplacement, de correspondance, de grève, de choix du travail, de la recherche universitaire et des croyances religieuses seront garantis par la loi. Celleci est également sensée protéger le droit à la propriété privée, les droits d’héritage et les investissements étrangers.

Malgré toutes ces promesses écrites, en attendant que cellesci soient promulguées sous la forme d’une Loi fondamentale (Basic Law), les autorités britanniques se sont prémunies contre une éventuelle vague d’immigration vers la Grande-Bretagne de Hongkongais craignant que Pékin ne tienne aucun de ses engagements. Les habitants du territoire sont considérés comme étant de nationalité britannique mais ils n’ont pas pour autant le droit de résidence en GrandeBretagne. Ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone, des “British Dependent Territories CitizensLe document-passeport qu’ils possèdent leur permet de voyager mais pas de s’établir en GrandeBretagne. Après 1997, ces citoyens de deuxième classe seront appelés British National Overseas, un titre qui ne correspondra plus à grand chose puisque, pour la Chine, “selon la loi de la nationalité de la République populaire de Chine, tous les compatriotes chinois de Hongkong, qu’ils possèdent un document-passeport ou pas, sont considérés comme des citoyens chinois… Ces citoyens chinois ne bénéficieront pas de la protection consulaire britannique dans la Région administrative spéciale de Hongkong et en ChineLe sort des 6,3 millions de Hongkongais importe peu puisque les hommes d’affaires du territoire ont l’assurance qu’un système capitaliste débridé sera maintenu dans les cinquante prochaines années à venir, après la rétrocession de Hongkong à la Chine. La Chine est en train de devenir une puissance avec laquelle il faudra compter à l’avenir et qu’il sera bon de ménager dans l’espoir de participer à ce grand effort de reconstruction et de modernisation du pays, dans l’espoir aussi de tirer quelques bénéfices de ce mirifique marché de plus d’un milliard de consommateurs potentiels.

Au début des années 80, toutes les grandes entreprises de la planète rêvent du grand marché chinois. En cédant sur certains aspects de la négociation, Londres espère ménager les intérêts de ses entreprises nationales. Selon les termes de la Déclaration commune, il revient à la Chine de rédiger la Loi fondamentale ou miniconstitution qui régira les affaires de la Région administrative spéciale de Hongkong après 1997. Le Congrès national populaire chinois met en place un Comité de rédaction de la Loi fondamentale en 1985. Il est composé de 58 personnes, dont 23 hommes d’affaires et représentants des professions libérales de Hongkong, ainsi que de 35 responsables politiques chinois, cadres du Parti communiste, universitaires et juristes. Une première mouture de la Loi fondamentale est présentée à la population de Hongkong en 1988. Après amendements, elle est ratifiée par le Parlement chinois en 1991.

Jusqu’à la date fatidique de 1997, la GrandeBretagne et le gouvernement de Hongkong doivent continuer à administrer la colonie, “préserver et maintenir la stabilité et la prospérité du territoire“. La Déclaration commune stipule que Hongkong devra être dirigé par les Hongkongais, mais rien ne précise cette formule, même s’il y est vaguement question d’élections directes et de consultations. Les événements de Tian An Men en 1989 vont précipiter les débats et pousser la GrandeBretagne à s’engager à respecter l’esprit et la lettre de cette Déclaration dans un dernier “beau geste final” qui donne un peu de panache à des préoccupations qui ont été essentiellement mercantiles depuis que Jack flotte sur la colonie.

La pression des Hongkongais a également joué un rôle non négligeable dans cette tentative de dernière heure de démocratiser partiellement le système législatif du territoire. Les événements de Tian An Men ont été un puissant électrochoc pour la population de Hongkong, lui révélant tout à la fois son identité chinoise et lui faisant un peu plus prendre conscience des libertés dont elle bénéficie et de celles qu’elle pourrait réclamer s’il n’y avait cette rétrocession. Le gouvernement de Hongkong entreprend donc une réforme politique et s’engage vers une plus grande représentativité du peuple hongkongais dans les instances politiques.

Ces réformes sont loin d’être du goût des autorités de Pékin. La méfiance et les confrontations verbales vont désormais nourrir des relations chaotiques entre officiels chinois et britanniques. En même temps, un paysage politique local se dessine peu à peu, malgré les récriminations de l’élite capitaliste locale, soucieuse de ne pas heurter Pékin pour ne pas perdre ses faveurs. En face, le groupe des “libéraux”, favorable aux libertés individuelles, aux droits de l’homme et à des élections directes, fait front. Parmi les plus véhéments et les plus actifs, on retrouve Martin Lee qui siège au Conseil législatif en tant que représentant des avocats, Szeto Wah, par ailleurs doyen de l’Alliance pour la démocratie, siège en tant que représentant du secteur éducatif, et Hui YinFat du secteur des services sociaux. Dans leur analyse de la Déclaration commune, ils font valoir l’indépendance accordée au prochain gouvernement de la Région administrative spéciale. Les premières élections directes de l’histoire de Hongkong se tiennent en 1991, seuls dix des 56 sièges des parlementaires sont soumis aux votes directs. Les autres représentants sont eux nommés ou désignés par un collège électoral. En 1995, la réforme se poursuit, un tiers des membres sont élus au suffrage universel direct. C’est une semi-victoire électorale pour les démocrates avant que Pékin ne remette les compteurs à zéro. Dès 1994, le gouvernement chinois a annoncé qu’il ne reconnaîtrait pas ce corps législatif et qu’il entendait dissoudre cette assemblée en partie élue au suffrage universel dès le 1er juillet 1997.

Les libertés menacées : la liberté politique

Il faudra attendre le début des années 80 pour voir poindre les prémices d’une plus grande représentativité du gouvernement de Hongkong. Jusquelà, la nonintervention du gouvernement colonial dans la société chinoise, les mentalités de réfugiés et l’identité “en gestation” des Hongkongais avaient largement contribué à l’inexistence de la vie politique. Les élites socioéconomiques étaient désignées et cooptées par le gouvernement de Hongkong pour devenir des hommes politiques à mitemps, en complément de leurs activités professionnelles. Sans circonscription, leurs relations avec la population restaient très lointaines et contribuaient à maintenir une mentalité très conservatrice. Sous un régime colonial paternaliste mais loin d’être oppressif, les Hongkongais ont vécu dans une insouciante et inconsciente liberté jusqu’à ce que le spectre de 1997 vienne pointer à l’horizon.

Au début des années 90, conscient de la dimension politique fondamentale qui se joue dans la dernière étape du processus de rétrocession à la Chine, Londres nomme un nouveau gouverneur qui se distingue de ses prédécesseurs. Chris Patten est un poids lourd du monde politique britannique et non pas, comme ses prédécesseurs, issu des rangs de la diplomatie. Ce conservateur, ancien ministre et député, président du parti tory, proche du premier ministre John Major, n’a pas pour habitude de mâcher ses mots. Dans un sursaut d’orgueil, la GrandeBretagne a choisi un homme à la carrure suffisamment imposante pour livrer un dernier combat et minimiser la défaite. Chris Patten lance ses projets de réformes démocratiques dès 1992 et provoque le courroux de Pékin qui espérait mettre en place une transition calme et sans histoires. Le Conseil législatif adopte des projets de démocratisation qui tendent à le rendre plus représentatif. La réponse du Comité permanent du Congrès national populaire de Pékin est de voter pour une dissolution de ce Conseil législatif dès le 1er juillet 1997, et de le remplacer par un Parlement fantôme dont les membres sont directement choisis par Pékin. En fait c’est d’un Hongkong en pleine démocratisation que Pékin va hériter et le gouvernement chinois redoute ce processus qui donne la parole au peuple. C’est une “source d’instabilité et de chaos

Dans un entretien accordé en novembre 1996 à la Far Eastern Economic Review, hebdomadaire de référence de Hongkong, Xu Jiatun, ancien représentant de Pékin basé à Hongkong avant d’être chassé du Parti communiste chinois pour avoir défendu la cause des étudiants de Tian An Men en 1989, exprimait son sentiment personnel sur le processus de rétrocession de Hongkong à la Chine. Cet ancien haut dignitaire, qui avait toute la confiance du Parti, avait été nommé à Hongkong en 1983 pour tenter de resserrer les liens entre Chinois et Britanniques afin de faciliter les négociations. Fidèle allié de l’ancien secrétaire général du Parti communiste chinois, Zhao Ziyang, mis à l’écart pour ses positions en faveur des étudiants en juin 1989, Xu Jiatung a choisi un exil doré et discret à Los Angeles aux EtatsUnis. De son point de vue, “la chose principale que les autorités chinoises devaient faire au lendemain de Tian An Men était de reconquérir les coeurs et les esprits des gens de Hongkong, ainsi que la confiance des expatriés occidentauxPékin n’y a pas réussi tout simplement parce que les autorités “n’ont pas compris la situation de HongkongSelon lui, les dirigeants n’ont pas “su faire la différence entre la majorité et la minorité. La majorité des Hongkongais ne faisait pas confiance aux communistes et en avait peur. Mais seule une minorité percevait les commmunistes comme de véritables ennemisAu lieu de gagner la confiance de cette majorité, “Pékin les a poussés dans le camp des véritables ennemis de la Chine“.

Li Ruihuan, ancien maire de Tianjin et actuel membre du comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois, la plus haute structure du parti, s’est permis de faire des critiques à peine voilées il y a deux ans sur la maladresse avec laquelle les autorités chinoises géraient le dossier Hongkong. “Reprendre Hongkong sous notre souveraineté n’est pas un exercice facile et de nombreux problèmes sont apparus. Sur plusieurs aspects du problème, la Chine n’a pas d’expérience et il est incontestable que nous n’avons pas réussi à gérer correctement certaines choses (…) Si vous ne comprenez pas comment fonctionne un appareil de valeur, vous ne serez jamais capable de le garder intact pendant très longtempsLi Ruihuan, homme de l’ombre dont de nombreux observateurs estiment qu’il pourrait bien prendre la relève de Jiang Zemin un jour ou l’autre, s’adressait il est vrai à un auditoire de Hongkongais qui a dû se trouver quelque peu rassuré d’entendre un si haut dignitaire s’inquiéter de leur sort en ces termes. Hongkong est certainement l’un des points de discorde politique qui pourra être utilisé dans la sévère bataille pour la succession qui est en train de se jouer dans les coulisses du pouvoir à Pékin.

La liberté d’expression

Sur un territoire aussi petit, peuplé de six millions d’habitants, Hongkong offre plus de 650 quotidiens et magazines dont la majorité sont en chinois. Parmi les quotidiens les plus importants, citons Daily News (550 000 exemplaires), le Apple Daily (300 000 exemplaires), le Ming Pao Daily News (140 000 exemplaires) et le Sing Tao Daily News (210 000 exemplaires) qui offrent un large éventail de positions éditoriales critiques à l’égard de Pékin tout comme de Taiwan. Les voix proPékin s’expriment dans les quotidiens Wen Wei Po, Ta Kung Pao et le Hongkong Commercial Daily. Le South China Morning Post domine la presse en langue anglaise avec 110 000 exemplaires publiés quotidiennement. Depuis son rachat en 1993 par l’homme d’affaires sinomalaisien Robert Kuok, proche de Pékin, (il est conseiller spécial pour les affaires de Hongkong auprès du gouvernement chinois), beaucoup ont craint un réalignement total du journal en faveur de la politique chinoise. Mais, même si une partie de la rédaction a démissionné lors de la cession, la transition semble s’être faite sans rupture radicale. L’arrestation en Chine en 1993 de deux journalistes qui collaboraient à des journaux de Hongkong a fortement incité les journalistes de Hongkong “à changer notre façon de travailler et la façon dont nous écrivons nos articlescomme l’explique l’un d’entre eux qui souhaite garder l’anonymat. Gao Yu a été accusée de “transmettre des secrets d’Etat à l’étranger” et a été condamnée à six ans de prison. Quant à Xi Yang, arrêté pour avoir “volé des secrets économiques d’Etatil a été condamné à douze ans de prison (2). Presque quatre ans avant la rétrocession, la Chine a ainsi voulu lancer un message très clair aux journalistes et patrons de presse de Hongkong. L’intimidation reste une des armes favorites de Pékin avant la répression directe. Ainsi, au fil des mois et des années, I’autocensure est devenue une pratique courante dans les médias de Hongkong.

Un autre phénomène plus discret inquiète les journalistes hongkongais depuis plusieurs années. Les médias de Hongkong sont peu à peu infiltrés par des journalistes chinois du continent. Formés dans des écoles politiques chinoises, ils sont immédiatement assimilés par leurs collègues locaux à des “espions” en puissance dont le rôle serait de faire des rapports aux services de sécurité chinois. Selon certaines sources, les “services Chine” de quotidiens tels que le Ming Pao, Sing Tao ou Hongkong Standard emploieraient déjà près de 80% de journalistes continentaux. “La presse est un business comme les autres à Hong Kongconstate une journaliste hongkongaise, non sans amertume. Elle ajoute : “Les patrons de presse sont des hommes d’affaires. Ils ne se sentent pas une obligation ou une responsabilité sociale visàvis de la communauté. La loyauté des businessmen va là où se trouvent les garanties d’avenir

La liberté religieuse

Rassurer. Encore et toujours rassurer. C’est ce que s’efforcent de faire les autorités religieuses chinoises continentales, comme si toutes les promesses passées, soigneusement rédigées, discutées, signées et ratifiées n’avaient aucune substance et n’étaient que du vent. Au cours d’une discrète visite de dix jours sur le territoire en juin 1996, le directeur chinois du bureau national des Affaires religieuses, Ye Xiaowen, dépendant du Conseil d’Etat de Pékin, a cherché à dissiper les malentendus sur la liberté de croyance qui devrait être maintenue après le 1er juillet 1997. Après avoir rencontré les représentants des différentes religions du territoire, catholiques, protestants, bouddhistes, taoïstes et musulmans, Ye Xiaowen a affirmé que la Chine n’avait pas l’intention d’imposer une camisole de force aux chrétiens de Hongkong, mais que ceux-ci ne devaient pas non plus essayer de “réformer le continentMessage classique en demiteinte qui ne fait qu’entretenir la suspicion et le doute quant aux véritables intentions de Pékin dans ce domaine. “Les continentaux ne doivent pas essayer de remodeler le peuple de Hongkong selon leurs critères, de même que les gens de Hongkong ne devraient pas tenter de transformer les Chinois du continent selon les leurs. Nous ne faisons pas en sorte que la communauté des croyants de Hongkong soutienne le système socialiste. Ce que nous désirons, c’est que notre nation soit respectée, que notre patrie soit aimée et que rien de dommageable n’advienne à la prospérité et à la stabilité de Hongkong. Aimez votre pays, aimez Hongkong et aimez votre religion”. Le message se veut avant tout patriotique: soyez de bons patriotes avant d’être de bons croyants. Une attitude qui implique une fidélité première et indéfectible à la Constitution chinoise et à aucune autre instance, quand bien même celleci serait spirituelle.

De son côté, JeanPaul II a déclaré: “Que les autorités civiles de la République populaire de Chine soient rassurées: un disciple du Christ peut vivre sa foi dans n’importe quel système politique à la condition que son droit à suivre sa propre conscience et sa foi soit respectéDans son message du mois de décembre 1996, le pape anticipe de quelques mois sur la rétrocession de Hongkong à la Chine, et fait une sorte de mise en garde à Pékin contre toute volonté hégémonique sur l’Eglise de Hongkong, qui entretient des liens normaux avec le Vatican. La réponse de Pékin ne s’est pas faite attendre. Le surlendemain, un porteparole du ministère des Affaires étrangères demande au Vatican de “cesser d’interférer dans les affaires de la Chine en utilisant la religion. Le gouvernement chinois respecte la liberté religieuse des citoyens chinois et protège leurs activités religieusesCet échange d’amabilités semble indiquer que les relations entre le Vatican et Pékin se sont à nouveau crispées après avoir connu une période de réchauffement qui laissait penser au début de l’année 1996 qu’un rapprochement pourrait être imminent. La Chine avait en effet permis à vingtquatre catholiques de l’Eglise officielle de se joindre à une messe solennelle célébrée à Manille par JeanPaul II. Un envoyé du Vatican de très haut niveau avait rencontré à Pékin les responsables du bureau des Affaires religieuses. Cet épisode avait donné quelque espoir quant à une normalisation des relations sinovaticanes, laquelle aurait rassuré les 270 000 catholiques de Hongkong. Mais durant toute l’année 1996, une répression violente a été menée en Chine continentale à l’encontre des catholiques non officiels et les espoirs d’une réconciliation diplomatique se sont à nouveau évanouis. Il faut noter cependant que le gouvernement chinois a jugé bon d’informer officiellement le Vatican de la mort de Deng Xiaoping, alors que Pékin et le Saint-Siège n’entretiennent pas de relations diplomatiques.

A Hongkong, dans un souci de préparer “l’après 1997”, ainsi que la succession de l’actuel évêque, le cardinal JeanBaptiste Wu, 71 ans, le SaintSiège a nommé, le 9 décembre 1996, deux nouveaux évêques pour le diocèse. Le Père Joseph Zen, 64 ans, ancien supérieur provincial des salésiens a été désigné évêque coadjuteur. Le Père John Tong, 57 ans, vicaire général du diocèse, a été nommé évêque auxiliaire. Les deux personnalités choisies reflètent les nécessités du moment, tous les deux ont des liens étroits avec la Chine continentale. Le premier est né à Shanghai et est arrivé à Hongkong en 1948 pour se former à la vie religieuse chez les salésiens. Il a poursuivi ses études de théologie à Rome et a été ordonné prêtre à Turin en 1961 avant de revenir à Hongkong. Enseignant au séminaire diocésain de Hongkong de 1964 à 1991, il s’est également consacré au cours de ces sept dernières années à la formation des séminaristes chinois en dispensant des cours dans divers séminaires du continent dont Pékin, Shanghai, Shenyang, Shijiezhuang, Wuhan et Xian. Autant dire qu’il connaît parfaitement la situation de l’Eglise en Chine, ses acteurs politiques et religieux. Le père John Tong a également fait ses études de théologie dans les séminaires de Hongkong et de Macao. Après des études à Rome, il est ordonné prêtre en 1966. Depuis 26 ans, cet homme discret enseigne au séminaire diocésain. Il était par ailleurs en charge depuis 1980 de la direction du centre du Saint-Esprit, spécialisé dans les études et les recherches concernant la vie de l’Eglise en Chine continentale. C’est vers ce centre que convergent les informations les plus précises sur la situation religieuse en Chine, les besoins de l’Eglise de Chine, le statut légal des prêtres et des évêques du continent. Le père John Tong a également beaucoup circulé sur le continent et connaît parfaitement les officiels comme les nonofficiels, s’informe et participe à différentes consécrations d’évêques officiels en Chine.

Dans plusieurs déclarations à la presse locale, les deux nouveaux évêques ont évoqué un certain nombre de problèmes dont souffre l’Eglise de Chine et qui ne manqueront pas de se poser à Hongkong après 1997. Ainsi, le père Tong a déclaré qu’il traiterait les membres de l’Eglise non officielle et de l’Eglise officielle comme des frères et soeurs, sans aucune différence. Quelques jours auparavant, le père Zen avait confié qu’il ne pensait pas que l’Eglise de Hongkong serait persécutée après la passation de pouvoir à Pékin et qu’il ne permettrait pas que le diocèse de Hongkong soit contrôlé par l’Association patriotique des catholiques chinois.

Cette approche de l’église de Hong Kong et du SaintSiège en faveur d’un dialogue et d’une collaboration avec l’Eglise de Chine est loin de faire l’unanimité au sein du diocèse de Hongkong. D’autant que cette nouvelle politique fait suite à une attitude beaucoup plus défensive. Dans le but de se préparer à toute éventualité après 1997, le diocèse avait lancé dans les années quatrevingt une politique de multiplication des communautés de catholiques et des lieux de culte sur tout le territoire. Il fallait se préparer à résister à une possible répression organisée par les dirigeants communistes, à l’image des persécutions infligées au début des années cinquante en Chine continentale.

Un large débat s’est ouvert au sein des soixante paroisses du diocèse comme chez les 250 000 protestants de Hongkong lorsqu’il a fallu décider si des représentants des Eglises devaient ou non participer au Comité préparatoire chargé de mettre en place la transition politique de Hongkong à la Chine. De nombreux fidèles s’y sont opposé, soulignant que l’Eglise ne devait pas se mêler de politique, mais rester autonome, d’autant que le processus n’était pas démocratique. D’autres ont choisi de coopérer pour essayer de faire changer les choses de l’intérieur, estimant que la Chine avait bien changé depuis 1949. Signe des temps, le grand séminaire d’Aberdeen qui n’accueille plus que six séminaristes a entrepris d’importants travaux de rénovation afin d’ouvrir ses portes à de nombreux séminaristes du continent et devenir un véritable séminaire régional pour toute la Chine du Sud. Quel rôle jouera l’Eglise de Hongkong visàvis de la Chine ? Autrefois perçue comme une “Eglise-pont“, deviendratelle une “Eglise-soeur” au risque d’être intégrée, voire assimilée ou bien au contraire deviendratelle le centre d’une Eglise régionale ?

Audelà de ces inquiétudes politiques, existe également pour l’Eglise de Hongkong le souci de ses propriétés matérielles. Elle possède près de deux cents écoles qui accueillent près de 300 000 enfants pour la plupart non catholiques. Elle a plusieurs hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite, des centres spécialisés pour handicapés ou délinquants. Autant d’activités sociales et éducatives interdites à l’Eglise en Chine continentale. Quel sort sera réservé à des institutions telles que Caritas qui reçoit d’importances subventions du gouvernement? Quelle politique de financement adoptera la prochaine Région administrative spéciale de Hongkong à l’égard des organisations non gouvernementales catholiques engagées dans le social ? Qu’en sera-t-il enfin du sort réservé aux très nombreux missionnaires étrangers du territoire ? Rien n’est inscrit dans la Loi fondamentale et tout dépendra donc de la libre interprétation que feront les autorités chinoises et celles de Hongkong.

Perspectives économiques

Comment ce bout de territoire de mille kilomètres carrés, privé de ressources naturelles, trop petit pour loger une quelconque industrie lourde atil pu devenir en quelques décennies la huitième puissance commerciale du monde ? Le niveau de vie moyen des Hongkongais a désormais dépassé celui des Britanniques, des Canadiens, des Australiens et des Français. Ils sont de plus en plus nombreux à pouvoir s’offrir appartement, voiture, domestique, vacances et voyages à l’étranger ou vêtements de marque coûteux, même si le système de capitalisme sauvage a aussi entrainé une partie de la population dans une vie de dénuement bien loin de toute la frénésie matérialiste qui caractérise si souvent Hongkong. Ce système économique jugé pour être le plus libéral du monde, car réglé par l’unique loi de la concurrence entre les entreprises, vatil perdurer sous la tutelle d’une Chine dirigée par des autorités qui se disent communistes? Difficile de prédire l’avenir dans ce domaine d’autant que la lutte pour la succession de Deng Xiaoping est désormais ouverte, une lutte entre clans qui vont s’affronter autour des politiques économiques à mettre en place.

Dans ce contexte quel sera le rôle de Hongkong? Premier investisseur “étranger” en Chine, Hongkong a été, depuis l’ouverture économique du continent, la principale source d’alimentation des projets d’infrastructure et de rénovation des régions côtières. Toute son industrie s’est déplacée de l’autre côté de la frontière pour s’installer dans le delta de la rivière des perles, donnant un élan au développement économique de toute la région du Sud de la Chine. Hongkong a ainsi repris son rôle historique d’entrepôt comme avant 1949, avant d’être envahi par un flot de réfugiés. Mais c’est un entrepôt ultramoderne et sophistiqué, une magnifique vitrine pour une Chine que beaucoup voient déjà comme la superpuissance économique du XXlème siècle.

La prospérité de Hong Kong réside dans sa capacité à rester un grand centre financier indispensable à la Chine. En dehors de Hongkong, les actions chinoises ne sont pas très performantes. C’est seulement sur le territoire qu’existe jusqu’à présent une infrastructure juridique qui permette de se protéger des risques. En Asie, la Chine présente l’attrait d’une immense puissance en devenir, mais l’incertitude de son climat politique la place dans la catégorie des pays à risques majeurs. La Banque de Chine va prendre le relais de la Hongkong Bank. Avec ses douze banques affiliées, elle collecte déjà 25% des dépôts du territoire. Une part de marché qui pourrait bien s’accroître. Les hommes d’affaires locaux ont tendance à ouvrir des comptes dans les banques chinoises, non pas tant à cause de leurs compétences mais surtout à cause de la valeur politique d’un tel acte. Mettre une partie de sa fortune dans une banque chinoise est une façon de parier sur Pékin, nouveau maître du jeu. Dans cette nouvelle redistribution des cartes, il reste à savoir si la Chine saura maîtriser une structure financière capable de gérer la complexité des marchés financiers internationaux.

La corruption menace l’indépendance juridique du système, et l’interprétation chinoise de la notion de légalité est largement mise en doute. L’attrait de Hongkong sur le plan international s’est justifié par le fait que le droit anglais y était respecté. Pour les entreprises étrangères, ce statut de légalité garantissait la possibilité d’un recours en cas de litige ou de conflit. Le non-respect de cette notion d’Etat de droit serait, pour les entreprises et les investisseurs étrangers, un obstacle majeur pour l’avenir économique de Hongkong et de la Chine.

Cet avenir économique est une équation à plusieurs inconnues. Si les termes juridiques de l’accord sinobritannique sont respectés, on peut penser que le territoire maintiendra sa position de centre régional par le fait même qu’il se situe à proximité de toute la zone de production industrielle des provinces de Canton et du Fujian. Audelà des problèmes politiques et juridiques, ce sont sur les coûts de production que se jouera l’avenir: coût du transport, taxes, coûts en personnels, celui des assurances et le coût de la corruption. Hongkong devra faire face à ces questions mais tout désormais se décidera entre

familles et clans chinois, sans l’intervention d’un intermédiaire occidental…

Perspectives générales

Avec la rétrocession de Hongkong à la “mère patrie” le 1er juillet 1997, les Chinois auront “lavé un siècle de déshonneurselon les termes de Jiang Zemin, secrétaire général du Parti communiste chinois, se référant aux traités signés entre les puissances européennes et l’empire chinois du XlXème siècle. Le processus de réunification de la “Grande Chine” est en marche, en attendant le retour de Macao en 1999 et celui, plus hypothétique, de Taiwan à une date indéterminée. Dans cette perspective historique, il ne fait aucun doute que l’expérience de Hongkong aura valeur de test pour un régime converti à l’économie capitaliste et qui utilise l’idéologie nationaliste comme ciment de la nouvelle nation chinoise.

Pékin a tout intérêt à préserver la “poule aux oeufs d’or” que représente Hongkong. Cette prospère enclave chinoise lui a toujours rendu d’inestimables services depuis 1949 et a largement contribué aux succès de la politique chinoise des réformes économiques depuis 1978 par ses investissements massifs sur le continent. La fusion et la dépendance profonde des deux économies, au moins dans le Sud de la Chine, devrait pousser Pékin à favoriser une transition stable et sereine afin d’éviter une crise de confiance à Hongkong qui aurait des conséquences économiques désastreuses. Mais, dans la lutte de clans qui risque de se mettre en place à Pékin, certains envisagent une Chine de l’aprèsDeng morcelée, voire disloquée en régions plus ou moins autonomes visàvis de Pékin, de plus en plus rongées par la gangrène de la corruption. D’autres imaginent à l’inverse un pouvoir centralisé fort, gérant le pays, y compris Hongkong, avec un autoritarisme brutal. Quelle prise en considération et quel soutien les pays occidentaux saurontils accorder au sort de Hongkong sur la scène internationale ? Qui tiendra un jour compte de ce que les Hongkongais ont à dire sur leur propre destin ?