Eglises d'Asie

Le statut des femmes s’élève plus vite dans l’Eglise que dans le reste de la société

Publié le 18/03/2010




Même si les progrès ne sont pas très rapides, il semble que le statut des femmes s’élève plus rapidement dans l’Eglise catholique que dans le reste de la société, si l’on en juge par les mesures prises par la conférence épiscopale qui a réuni les évêques catholiques “officiels” à Pékin au mois de décembre 1996.

Au cours de cette réunion en effet, les évêques ont décidé que le sixième Congrès national des représentants catholiques, qui doit se réunir cette année, comporterait une certaine proportion de femmes (1). Déjà, en août 1995, les évêques avaient publié une lettre pastorale, la seule publiée depuis la création de la conférence, sur les femmes (2).

Au début des années 80, lorsque la nouvelle politique religieuse du parti permit le rétablissement des activités religieuses, priorité fut donnée à la formation des prêtres, en raison de la moyenne d’âge très élevée du clergé et de la longue période durant laquelle les séminaires n’avaient pas fonctionné. Mais dès le début des années 90, l’Eglise catholique commença à s’intéresser à la formation des religieuses, particulièrement dans les diocèses les plus développés. En 1993, trois religieuses de Shanghai furent envoyées aux Etats-Unis pour se former. A leur retour, l’une d’entre elles, la soeur Pan Xiufang, devint maîtresse des novices en même temps que gérante de l’imprimerie catholique de Sheshan près de Shanghai. Une autre, la soeur Xu Shengjie est aujourd’hui vice-chancelière du diocèse de Shanghai et supérieure du couvent de la ville.

De même, le diocèse de Hohhot en Mongolie intérieure, après avoir donné une formation en comptabilité à des religieuses, leur a confié maintenant l’administration d’un certain nombre de paroisses. “C’est plutôt bon signe de voir les religieuses s’impliquer davantage dans les affaires du diocèse, les prêtres ont ainsi davantage de temps pour leur travail propredit le P. John Li Ying, directeur spirituel du séminaire de Hohhot.

Cependant, beaucoup de jeunes filles entrent au couvent avec un niveau scolaire très sommaire, ce qui ne facilite pas leur formation ultérieure et les empêche de poursuivre leurs études à l’étranger. Malgré tout, en 1996, 19 religieuses de divers diocèses de la région de Canton sont allées à Hongkong pour des séries de cours. L’usage du cantonais sur le territoire a facilité leurs études.

Davantage d’occasions de servir l’Eglise sont aussi données aux laïques. Il est de plus en plus courant de voir des femmes faire les lectures pendant la messe, ce qui était inconcevable il y a encore quelques années. “L’Eglise est faite d’évêques, de prêtres, de religieuses et de laïcs, et chacun doit manifester son esprit d’amour en travaillant pour le bien de tousdit Mme Ye Zhifen, déléguée du diocèse de Canton au sixième Congrès des représentants catholiques.

Dans le reste de la société, cinq ans après la promulgation d’une loi sur la protection des droits des femmes, leur présence est plus importante dans le champ politique. Aux élections municipales de Pékin en janvier 1997, les élues féminines constituaient 31,7% de l’ensemble, 5% de plus qu’en 1994. Mais, au cours de ces dernières années, la politique de l’enfant unique n’a fait que raviver la tradition de préférence pour les garçons dans les familles. L’éducation des filles est très négligée en particulier dans les zones rurales du pays. Par ailleurs, “l’ouverture” économique a favorisé la résurrection d’un certain nombre de pratiques anciennes qui sont au détriment des femmes : prostitution, discrimination dans l’emploi, le nombre de plus en plus grand de “concubines” etc.

Au cours de cette année, s’est ouverte à Pékin une école réservée aux filles, ce qui ne s’était pas vu depuis l’arrivée au pouvoir du parti communiste en 1949. Certains estiment que de telles écoles permettront aux filles de se développer pleinement. D’autres pensent que cette ségrégation des garçons et des filles dans l’éducation est une régression et ne peut qu’accentuer l’identification des femmes à leurs rôles traditionnels.