Eglises d'Asie

Très peu de place est accordée à la liberté religieuse dans le livre blanc chinois sur les droits de l’homme

Publié le 18/03/2010




A l’occasion de la réunion de la Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme à Genève et pour riposter aux attaques des pays occidentaux lui reprochant ses nombreuses violations en ce domaine, la Chine a fait paraître son troisième livre blanc sur les droits de l’homme. Publié à la fin du mois de mars par le Bureau d’information du Conseil d’Etat, il est intitulé “Progrès de la cause des droits de l’homme en ChineLe premier avait paru en 1991. Mais contrairement aux deux premiers, le récent livre blanc, paru cette année, n’accorde qu’une place tout à fait insignifiante à la question religieuse. Celle-ci est seulement évoquée en passant dans la section traitant des droits des minorités ethniques.

Le premier rapport chinois sur ce sujet comportait toute une section consacrée à la politique religieuse et à ses développements. Le second, qui avait été publié en décembre 1995, comportait encore un passage consacré à la question des croyances, accompagné de statistiques. Le dernier rapport, qui a 22 pages, ne fait qu’une courte allusion à la liberté religieuse, une seule ligne placée dans le dernier des sept paragraphes de la section “Garantie des droits des minorités ethniquesLe livre blanc 1997 se contente d’affirmer que “les minorités ethniques des régions autonomes ont le droit d’employer et de développer leurs langues, maintenir et réformer leurs propres coutumes, et qu’elles sont libres dans leurs croyances religieuses”.

Négligeant le feu roulant de critiques que valent à la Chine ses nombreuses entorses aux droits de l’homme, et fort de la division des nations occidentales qui, cette année encore, seront trop divisées pour voter un blâme contre elle, Zang Xiufu, le vice-ministre de la justice, a présenté le livre en insistant sur les progrès réalisés : “La Chine a accompli de remarquables progrès dans la protection des droits de l’homme, a-t-il fait remarquer, et les garanties juridiques protégeant les droits et intérêts légitimes des citoyens sont étendues et efficacesLe contenu du livre témoigne du même optimisme que la déclaration du ministre. Il fait état des résultats obtenus dans le domaine des droits fondamentaux. Ainsi le nombre de personnes au-dessous du seuil de pauvreté dans les régions rurales a diminué. Il est passé de 250 millions en 1978 à 58 millions en 1996, grâce aux nombreuses réformes économiques accomplies. En ce domaine, parmi les nations en voie de développement, la Chine ferait les progrès les plus rapides.

Selon le livre blanc, une égale amélioration pourrait être constatée en ce qui concerne l’exercice de la démocratie dans le contexte du système socialiste. Par exemple, les comités populaires des villages ou des districts urbains sont désormais élus au suffrage direct. Parmi les autres réformes citées, le livre souligne la récente révision du Code pénal qui a adopté le principe selon lequel tout accusé est tenu pour innocent jusqu’à ce que soit faite la preuve de sa culpabilité, la modernisation des prisons associant la punition à l’éducation, le taux de récidive des prisonniers qui est au-dessous de 10 %, les campagnes menées contre divers crimes et fléaux sociaux qui assurent la sécurité de la société.

Il semble que l’argumentation contenue dans le livre blanc n’ait pas convaincu les nations occidentales qui, en dépit de leur division, n’ont pas ménagé leurs critiques à la Chine au cours de la dernière session de la Commission des droits de l’homme de Genève. Tout en prenant note de l’intention de la Chine d’adhérer à la Convention des Nations-Unies sur les droits de l’homme et des quelques améliorations introduites dans son système judiciaire, les pays occidentaux estiment cependant que les progrès ne sont pas encore suffisants, comme l’a dit le représentant des Pays Bas, Peter Van Wulfften Palthe, le 8 avril dernier. L’ambassadeur de Chine a répliqué que Genève était désormais un tribunal consacré au procès des pays en voie de développement.