Eglises d'Asie

Hongkong : Mgr Zen Ze-kiun envisage avec un optimisme lucide les problèmes qui se poseront après le 1er juillet 1997

Publié le 18/03/2010




S’exprimant devant l’agence de presse UCAN, le 9 avril 1997, le nouvel évêque coadjuteur de Hongkong, Mgr Zen Ze-kiun (2) a déclaré que l’optimisme restait encore la meilleure stratégie pour faire face aux incertitudes qui planent sur la période qui suivra le retour du territoire à la Chine continentale. Il a, en effet, souligné que, le 1er juillet prochain, lors de la célébration de l’événement, l’inquiétude serait encore loin d’avoir disparu des esprits de la population.

Après avoir rappelé que le souvenir de certains événements et moments de la récente histoire de Chine, comme la Révolution culturelle (1966-1976) ou encore les incidents de la place Tian An-men en 1989, continue de hanter la mémoire des habitants de la future zone spéciale, l’évêque a ajouté : “En tant que peuple de Dieu, nous avons nos propres inquiétudes. Comme vous le savez, il y a des prêtres et des fidèles qui sont morts ou ont été emprisonnés vingt à trente ans dans le passé. Aujourd’hui, l’Eglise souterraine n’est pas reconnue par le gouvernement et un contrôle s’exerce sur l’Eglise officielle patronnée par l’Etat”.

Cependant, l’évêque a affirmé qu’il restait optimiste en raison du contenu de la Déclaration conjointe sino-britannique de 1984 et de la loi fondamentale. Le premier document qui prévoit le retour de Hongkong à la Chine pour le 1er juillet 1997 contient aussi la fameuse formule : “Un pays, deux systèmes”, qui permettra à Hongkong de rester capitaliste pendant cinquante ans sous le régime socialiste chinois. L’évêque assure qu’il s’agit là d’une idée très intelligente, à laquelle “nous devons croire”. Il a ajouté : “Nous devons tout faire pour qu’elle réussisseCet optimisme lucide donnera le ton aux célébrations catholiques le jour de la passation de pouvoir. Elles seront à la fois solennelles et sobres pour ne pas heurter les sentiments de la population catholique. Une messe sera concélébrée à la cathédrale de l’Immaculée Conception par les trois évêques de Hongkong, le cardinal J.B. Wu Chang-chung, le coadjuteur, Mgr Zen Ze-kiun et l’auxiliaire, Mgr John Tong Hon.

Dans la suite de l’interview, l’évêque coadjuteur a passé en revue un certain nombre de problèmes qui devraient rapidement se poser à l’Eglise après la passation des pouvoirs. Si le prélat ne prévoit pas de difficultés particulières pour l’action sociale qui devrait se poursuivre comme dans le passé, par contre, il n’envisage pas sans inquiétude l’avenir de l’oeuvre éducative accomplie jusqu’ici par l’Eglise catholique. Celle-ci en effet a, aujourd’hui, la charge de 235 écoles primaires et secondaires. Elle accueille dans ses établissements 25 % de la population scolaire du territoire. Bien que, dans le système socialiste, l’éducation soit entre les mains du gouvernement, la loi fondamentale garantit cependant à l’Eglise la possibilité d’administrer ses propres écoles et d’enseigner la religion. Pourtant, on pourrait regarder comme un privilège abusif, l’emploi d’amphithéâ-tres scolaires pour célébrer la messe dominicale ou encore l’utilisation de certains bâtiments scolaires comme logements pour des communautés religieuses.

Pour ce qui concerne les relations entre la Chine et le Vatican, l’évêque a le sentiment que la Chine ne semble pas tellement intéressée à poursuivre le dialogue avec un Etat qui n’a pas de relations d’affaires avec elle. Il espère cependant qu’un accord interviendra un jour, ce qui contribuerait à régler bien des problèmes. Quoi qu’il en soit, Mgr Zen estime que les catholiques de Hongkong ont un rôle important à jouer à l’intérieur de l’Eglise de Chine.

Interrogé sur l’avenir de plus de 400 missionnaires étrangers travaillant actuellement sur le territoire, Mgr Zen a répondu que l’on ne devrait pas s’inquiéter outre mesure puisque le gouvernement ne fait pas de différence entre les missionnaires et les hommes d’affaires travaillant sur le territoire. “Nous dirons au gouvernement que nous avons besoin d’eux, a dit l’évêque, et, en cas d’injustice commise contre eux, nous aurons notre mot à dire