Eglises d'Asie

L’évêque de Mannar demande au Président de tenir la région du sanctuaire de Notre de Madhu à l’écart des hostilités

Publié le 18/03/2010




Alors que les troupes gouvernementales ne se trouvent plus désormais qu’à huit kilomètres du centre de pèlerinage le plus connu du pays, Notre Dame de Madhu (12), l’évêque de Mannar, Mgr Rayappu Joseph, a écrit une lettre au président Chandrika Kumaratunga, lui demandant de maintenir la région à l’écart des hostilités et de la déclarer zone neutre et pacifique.

Depuis quelques années, des milliers de réfugiés tamouls sont venus s’établir dans la forêt où se trouve le sanctuaire. Ils sont aujourd’hui menacés par une offensive nommée « Force du courage », lancée par les forces nationales pour arracher la région de Mannar aux « Tigres de la libération » qui la contrôlent aujourd’hui et luttent pour la création d’une zone tamoule autonome dans le nord et l’est du Sri Lanka. Depuis le début de l’offensive, le nombre de Tamouls venus chercher refuge en ce lieu a considérablement augmenté. Il est estimé aujourd’hui à environ 29 000. Par ailleurs, les réfugiés vivent dans un extrême dénuement, manquant de nourriture, de médicaments et d’établissements sanitaires.

Dans sa lettre, l’évêque de Mannar souligne que, pendant quatorze ans de guerre, il avait été interdit aux militants tamouls de franchir le pourtour de cette zone et qu’une incursion des soldats gouvernementaux à l’intérieur serait également regardée comme une offense à l’égard d’une population innocente. Lors d’un déplacement à Colombo, Mgr Rayappu a ajouté que les divers responsables d’Eglise avaient souvent risqué leur vie pour empêcher les militants tamouls de violer la neutralité du sanctuaire et qu’il espérait que le président ordonnerait à l’armée de s’en tenir à l’écart. Les maisons de vieillards, les orphelinats, les séminaires, les organismes d’aide qui s’y trouvent seraient gravement menacés dans le cas d’une incursion militaire à l’intérieur de lieux uniquement habités par les réfugiés.

L’évêque a aussi demandé que les autorités fassent en sorte que les familles paysannes puissent revenir sur leur terre pour la moisson du mois d’avril. En même temps, il les a remerciés d’avoir facilité la récolte de paddy sur 5 000 hectares à l’intérieur des terres de son diocèse.

Le sanctuaire de Notre-Dame de Madhu est le lieu de pèlerinage le plus fréquenté des catholiques du Sri Lanka, aussi bien des Tamouls du nord que des Cingalais du sud. Il date du 17e siècle, époque où des catholiques fuyant la persécution hollandaise s’y étaient réfugiés. Depuis 1983, date du début des hostilités, les Cingalais catholiques ont cessé de s’y rendre craignant d’y rencontrer des rebelles tamouls. Cependant, le 18 mars 1995, quelque 4 000 catholiques cingalais des diocèses de Colombo et de Chilaw avaient pu se rendre en pèlerinage à Notre-Dame de Madhu en passant sur le territoire tenu par les rebelles tamouls (13).