Eglises d'Asie – Chine
Hongkong : les chrétiens s’inquiètent des menaces que fait peser un nouveau document officiel sur les libertés civiles et politiques
Publié le 18/03/2010
Le texte propose d’interdire aux organisations politiques locales de solliciter ou d’accepter de l’argent d’organisations étrangères, ou encore de s’affilier à des organisations politiques étrangères. Dans un autre chapitre, le document prévoit que les manifestations publiques devront être autorisées par les forces de sécurité.
A la suite de cette rencontre avec Mme Elsie Leung, un pasteur baptiste, le Révérend Chu Yiu-ming, a observé : « La définition de ce qu’est une organisation ‘politique’ reste très vague dans le texte. Les donations des Eglises étrangères ou les liens des catholiques avec le Vatican, par exemple, pourraient devenir illégauxMme Leung a promis de considérer l’introduction dans le texte d’un amendement sur les partis politiques qui permettrait de distinguer clairement entre les partis politiques et les autres associations. Elle a ajouté, selon le Révérend Chu, que les groupes religieux ne seront pas affectés par le texte s’ils ne sont pas classés parmi les organisations politiques.
Les protestataires, parmi lesquels se trouvaient les membres de la commission diocésaine catholique « Justice et paix » et plusieurs groupes paroissiaux, ont aussi mis l’accent sur l’inquiétant concept de « sécurité nationale et ordre public » contenu dans le texte. Selon le P. Chan Moon-hung, franciscain, les pouvoirs discrétionnaires donnés à la police pourraient dangereusement éroder les libertés civiles. Mary Yuen Mee-yin, secrétaire de « Justice et paix », estime de son côté que l’ambiguïté du document est telle que toutes les organisations non gouvernementales en seront affectées. Quant à l’Eglise catholique, dit-elle, puisque le Vatican est une entité politique ses liens futurs avec les organisations politiques s’en trouvent aussi modifiés.
La publication du document sur « Les libertés civiles et l’ordre social » fait suite à la décision du Congrès national du peuple chinois, en février 1997, abolissant trois sections de la charte des droits de Hongkong et amendant plusieurs articles concernant le droit des associations.
Le 20 avril 1997, une trentaine d’associations, dont plusieurs chrétiennes, regroupées dans l’Alliance populaire pour les droits de l’homme, avaient organisé une manifestation dans les rues de Hongkong pour protester contre le document publié par le cabinet de Tung Chee-hwa. Celui-ci dispose cependant du soutien sans faille de l’Alliance démocratique pour un meilleur Hongkong, parti proche de Pékin, et de beaucoup de puissants hommes d’affaires locaux, désireux de maintenir à tout prix la stabilité politique et la croissance économique.