Eglises d'Asie

Les autorités se montrent incapables de contrôler une guerre de plus en plus meurtrière entre différentes factions religieuses islamiques

Publié le 18/03/2010




Les autorités politiques pakistanaises semblent impuissantes devant la guerre de plus en plus meurtrière que se livrent des factions islamiques rivales dans la province du Punjab, la plus peuplée du pays.

La dernière victime de ce combat fratricide a été Ashraf Marth, chef de la police du Punjab et beau-frère du ministre de l’Intérieur, Shujjat Hussein. Il a été assassiné le 7 mai 1997 par des tueurs qui n’ont pas encore été identifiés. Cet assassinat qui a été perpétré près de Lahore est mis sur le compte de la guerre qui oppose deux groupes musulmans extrémistes, le Sunni Sepah-i-Sahaba (armée des disciples du prophète ou SSP) et le Shia Sepah-i-Mohammed(armée de Mahomet ou SMP). Le 6 mai 1997, deux dirigeants du groupe chiite Terick-i-Jafria, de Lahore, avaient été assassinés eux aussi. Quelques heures après l’assassinat d’Ashraf Marth, le chef du SSP, Azim Tariq, a été arrêté par la police qui a confirmé que cette arrestation était en relation avec la mort de Marth.

Cette violence qui semble s’intensifier dans la région juste au moment des célébrations chiites du mois de Moharram, inquiète sérieusement les hommes politiques du pays. Le premier ministre, Nawaz Sharif, a donc affirmé qu’il prendrait toutes les mesures nécessaires contre les extrémistes des deux camps. L’ancien premier ministre, Benazir Bhutto, propose aussi d’apporter son concours au gouvernement pour lutter contre les extrémistes qui ont joui jusqu’à présent d’une impunité presque totale. Selon des organisations de défense des droits de l’homme, ces groupes musulmans extrémistes bénéficient de protections politiques et administratives de très haut niveau. Selon un militant des droits de l’homme, « ceux qui veulent faire quelque chose contre eux ont peur d’être éliminés par des groupes qui n’ont peur de personne

Selon d’autres sources, il semble que des poches extrémistes existent jusque dans l’armée qui a été jusqu’ici la garante d’une certaine stabilité politique au Pakistan depuis l’indépendance de 1947. Les troubles interreligieux entre musulmans ont commencé dans les années 1970 par une lutte de « classes » : les sunnites majoritaires mais pauvres étaient entrés en rébellion contre les propriétaires terriens d’obédience chiite en particulier dans la région du Jhang. Rapidement, cette lutte des classes a pris une tournure religieuse quand les sunnites ont demandé que les chiites soient déclarés « non musulmans ». Chacun des deux groupes extrémistes dispose aujourd’hui de plusieurs centaines de militants actifs et prêts à tout. Leur base électorale n’est pas non plus négligeable si l’on regarde les résultats des dernières élections dans cette région.

« Seule une action judiciaire courageuse, rapide et déterminée » contre les membres de ces groupes peut nous débarrasser « de cette menace absolue pour la démocratie » dit un député, tout en doutant que cette action soit jamais entreprise. Mais, selon des sources citées par l’AFP, le 6 mai, des forces militaires basées dans le Punjab se préparaient à « une opération répressive massive contre les factions sectaires