Eglises d'Asie – Pakistan
Deux militantes féministes plaident pour l’abrogation de la loi destinée à réprimer la « zina » (dépravation sexuelle)
Publié le 18/03/2010
Un tel état de choses tient au fait que la loi ne fait pas de différence entre le viol et des actes de dépravation sexuelle comme l’adultère et la fornication. Danish Dubairi, qui est avocate, a cité le cas de deux jeunes victimes de viol, Jehan Mina âgée de treize ans et Safiya, une jeune aveugle, accusées de « zina » devant le tribunal qui a considéré leur grossesse comme une preuve de dépravation sexuelle. Elles n’ont pu être acquittées qu’après que des militantes féministes eurent fait entendre leur indignation. On a aussi rapporté le cas du responsable d’un viol commis à l’intérieur d’un foyer de femmes, ayant échappé à un châtiment sévère à cause de l’absence de témoins de sexe mâle. Pour l’application d’une lourde peine, comme par exemple la lapidation, la loi pénale actuelle requiert, en effet, la déposition de quatre témoins de sexe mâle, le témoignage d’une femme n’ayant, selon la loi islamique, que la moitié de la force de celui d’un homme.
L’avocate a aussi expliqué à son auditoire que les dispositions législatives actuelles sur la dépravation sexuelle sont contenues dans un code pénal, introduit dans le pays en 1979, par le général Mohammad Zia ul-Haq, qui a prétendu s’inspirer de la sharia. Mais, a-t-elle ajouté, beaucoup de ces dispositions, comme par exemple, la lapidation, ne sont pas mentionnées dans le Coran. Les dispositions du code sont telles que l’accusation de « zina » peut être portée par n’importe qui et que la police a la possibilité d’arrêter l’accusée aussitôt sans mandat d’arrêt.
Sadia Saadat, coordinatrice du mouvement « Guerre au viol », a ensuite décrit le viol comme une manifestation sexuelle de l’agressivité, motivée par la colère et la frustration. Elle a réfuté l’argumentation tendant à faire croire que ce sont les femmes qui provoquent les hommes au viol par leur comportement ou leur tenue. Elle a enfin parlé du choc consécutif au viol et proposé des traitements capables de guérir les victimes.