Eglises d'Asie

La campagne s’intensifie contre les sévices infligés aux femmes, contre le “karo kari” et les meurtres pour des questions de dot

Publié le 18/03/2010




En six mois, 180 femmes ont été mises à mort dans la province de Sindh, au sud du Pakistan, pour cause de “karo karic’est-à-dire parce qu’elles étaient soupçonnée de rapports sexuels illicites. A. Leghari, rédacteur en chef du quotidien en langue sindhi, “Bakhtavar”, a donné ces chiffres au cours d’un séminaire sur le “karo kari” organisé par son journal à Larkana au nord de la ville de Sindhi.

Les intervenants ont tous demandé un renforcement de la loi contre “les coutumes sanglantes” ainsi qu’une nouvelle législation prévoyant la peine de mort pour ceux qui s’y adonneraient, afin de mettre un frein à cette escalade meurtrière, spécialement dans le nord de la région de Sindh. De prétendus adultères sont, ont-ils rapporté, les moyens habituels de mettre en oeuvre le “karo kari” et dissimuler ainsi le meurtre d’une épouse dont la famille n’aurait pas remis la dot promise. Des querelles peuvent aussi être manipulées par une famille pour de soi-disant rapports illicites d’une femme âgée et d’un jeune homme d’une autre famille dont ils veulent se venger pour ensuite les tuer tous les deux.

Niaz Hussain Jagirani, de l’Association des universitaires de Sindh, indique que le “watta satta” (échange de femmes par le mariage) et les mariages non arrangés sont à l’origine de la plupart des meurtres “karo kari“. Une autre cause peut être trouvée dans la tradition qui veut que les propriétaires marient leurs filles selon la loi coranique pour empêcher que les biens de la famille deviennent propriété du gendre.

Leghari regrette que “les politiciens, les propriétaires et autres personnages influents ne prêtent pas plus d’attention aux pertes de vies humaines entraînées par cette coutume du karo kari, les coupables échappant toujours au châtimentAsmatullah Tunio pense que les gens accusés d’avoir pratiqué le karo kari sont protégés par la police lors de l’enquête et ajoute que, si la police était crainte, “les tueurs seraient moins acharnés à vouloir tuer d”innocentes femmes

Manzoor Mughal, haut commissaire de police de Larkana, demande de son côté que “cette tradition cruelle soit éradiquée” et s’engage à diligenter les enquêtes nécessaires. Les femmes sindhi peuvent être vendues au plus offrant ou échangées pour mettre fin à une dispute tribale ou féodale, et, selon le commissaire de police, cette pratique est l’une des principales raisons de leur fuite dans le mariage avec des hommes âgés. En faisant remarquer que les meurtres karo kari sont les plus nombreux au nord de Sindhi, il précise, pour donner un exemple, que c’est à Larkana, le pays natal de l’ancien premier ministre, Benazir Bhutto, que la répression policière contre le crime commencera.

Le Sindh, seconde plus grande province du Pakistan, compte quelque 30 millions d’habitants. Les problèmes auxquels les femmes y sont affrontées proviennent d’une interaction complexe entre les pratiques tribales, les traditions de l’islam, les coutumes judiciaires anglo-indiennes et les coutumes locales. Selon la presse, les femmes ne peuvent pas voter dans beaucoup de localités à cause des interdits sociaux.