Eglises d'Asie

Pour échapper à la pauvreté et à la discrimination raciale, des musulmans birmans retournent se réfugier au Bangladesh

Publié le 18/03/2010




Le haut-commissariat pour les réfugiés (UNCHR) a annoncé, mardi 10 juin 1997, qu’une nouvelle vague de réfugiés musulmans venus de Birmanie se dirigeait vers le Bangladesh, poussés par la discrimination raciale, le prix très élevé du riz et le travail obligatoire (1). Cette déclaration a été faite par le représentant de la Commission pour les réfugiés au sud du Bangladesh, Beat Schuler. Interrogé par téléphone, M. Schuler a précisé que la situation en Birmanie était “explosive” pour ces musulmans, connus sous le nom de “Rohingyas”. Ils s’enfuient au Bangladesh pour des raisons économiques et à cause des mesures discriminatoires prises contre eux par la junte militaire de Rangoun. Le gouvernement birman a rejeté toutes les accusations.

Le Bangladesh qui abrite dans ses camps des milliers de Rohingyas réfugiés, tente de les refouler à ses frontières pour des raisons tant économiques que politiques dont, en particulier, la crainte de les voir rejoindre ses propres groupes musulmans fondamentalistes. Le haut-commissariat pour les réfugiés rapporte que la dernière tentative de refoulement a eu lieu le 14 juin dernier en bordure de la rivière Naaf, alors que 400 Rohingyas essayaient de franchir la frontière du Bangladesh. M. Schuler a cependant ajouté que, tout en estimant que ce flux migratoire continuerait, il ne pensait pas qu’il puisse augmenter de façon significative.

Dans les camps du Bangladesh, 21 800 Rohingyas attendent d’être rapatriés par les soins de l’UNCHR. 600 ont pu l’être en 1997, mais le mouvement vient d’être stoppé par les autorités de Rangoun qui, dit-on, retardent la délivrance des autorisations. Aucune autorité gouvernementale n’était disponible mardi 10 juin pour donner quelques commentaires à la presse à ce sujet.

L’Organisation clandestine pour la solidarité rohingya (RSO) affirme dans sa lettre d’information du mois de mai 1997 que les autorités militaires birmanes continuent d’être hostiles aux musulmans : “Beaucoup de villages de l’Arakan, musulmans depuis des siècles, ont été ouvertement déplacés au moment même où la communauté internationale et les organisation en faveur des droits de l’homme surveillaient de près les agissements de la junte militaire au pouvoirLe RSO lance un appel au monde musulman pour qu’il intervienne “afin que la junte change définitivement d’attitude envers les musulmans

Les groupes fondamentalistes musulmans du Bangladesh encourageraient, dit-on, l’afflux des réfugiés rohingyas dont beaucoup les auraient déjà rejoints. Les responsables de l’UNCHR, quant à eux, disent ne pas en avoir de preuves certaines mais croient plutôt que, si les Rohingyas reviennent au Bangladesh, c’est qu’ils ont expérimenté par eux-mêmes ou qu’ils ont entendu dire que, dans les camps, l’essentiel de la vie quotidienne était assuré : nourriture, soins de santé et abri. Les mesures de sécurité ont été renforcées des deux côtés de la frontière. La Birmanie a posé des mines qui ont déjà tué plusieurs personnes ces derniers mois.