Eglises d'Asie

Tibet : la pression de Pékin sur les monastères bouddhistes semble s’être légèrement relâchée

Publié le 18/03/2010




Il semble que Pékin ait décidé de relâcher légèrement la pression qu’il maintenait sur les monastères bouddhistes du Tibet, depuis les efforts de l’année dernière pour éradiquer l’influence du Dalaï Lama.

En juin 1996, une campagne “d’éducation patriotique” avait atteint 1 780 monastères tibétains et provoqué l’arrestation de plusieurs dizaines de moines. Selon des sources proches des autorités chinoises, cette campagne a été jugée trop dure et le fonctionnaire qui en était responsable a été rappelé à Pékin.

Depuis lors, ceux qui visitent les temples tibétains rapportent qu’à Lhassa comme dans le reste de la région les activités religieuses ont repris avec la ferveur habituelle et les photographies du Dalaï Lama commencent à réapparaître un peu partout sans crainte apparente de sanction. “Nous savons que certains temples arborent des portraits du Dalaï Lama, mais nous sommes aussi conscients qu’il faut du temps pour changer la mentalité des gensdit Tu Den, responsable chinois des affaires religieuses pour la région du Tibet. Il ajoute : “C’est à nous de persuader la population qu’il faut cesser d’adorer son image, parce que beaucoup de Tibétains ne voient en lui que le chef religieux et non ses positions politiques

Pékin n’a pas pour autant cessé la campagne qu’il mène contre le Dalaï Lama et continue de réagir avec irritation à toutes ses interventions et ses visites dans les pays étrangers. Les autorités chinoises accusent la quatorzième réincarnation du premier Dalaï Lama de chercher à diviser la Chine sous couvert de religion en soutenant les “séparatistes” tibétains. Jusqu’à présent toutes les offres de dialogue du religieux ont été ignorées par la Chine.

Le portrait du chef religieux est en principe interdit dans tous les lieux publics, mais la plupart des monastères ne respectent pas cette interdiction. En mai 1996, plusieurs moines de Ganden avaient été arrêtés parce qu’ils refusaient d’enlever le portrait. C’était juste avant le début de la campagne “d’éducation patriotiqueAu cours de cette campagne, des milliers de maisons avaient été fouillées par les forces de sécurité et toutes les photos du Dalaï Lama confisquées. 46 000 moines avaient été affectés par cette campagne brutale.

Aujourd’hui, sans condamner explicitement les excès commis au cours de cette campagne, Tu Den a cependant précisé : “Les moines et les religieuses ont le droit d’arborer le portrait du Dalaï Lama dans leurs maisons“. La campagne n’en continue pas moins et “elle sera achevée dans deux ansselon Tu Den. Dans les monastères les plus importants, les moines doivent participer à des réunions politiques plusieurs fois par semaine, mais la police s’est faite beaucoup plus discrète et on ne la voit plus dans les monastères ou leurs alentours. Ce relâchement apparent de la pression chinoise ne signifie nullement que Pékin ait cessé de surveiller les partisans du Dalaï Lama, et beaucoup de moines arrêtés l’annèe dernière se trouvent encore derrière les barreaux: “Le Dalaï Lama essaie de prendre le contrôle des monastères en y infiltrant ses partisans séparatistes et en y fomentant la révolte. Cela doit cesserdit Tu Den avec force. Il admet cependant : “Nous savons qu’il y a beaucoup de moines et de Tibétains qui pensent que le Tibet est indépendant. C’est à nous de leur expliquer que le Tibet fait partie de la Chine et cela prendra sans doute un certain temps