Eglises d'Asie

Malgré ses promesses, le gouvernement du Pendjab ne dénationalise pas les écoles religieuses

Publié le 18/03/2010




Alors que les autorités chrétiennes du Pendjab se sont pliées à toutes les demandes du gouvernement, les écoles qui devaient leur être rétrocédées restent toujours sous l’autorité du gouvernement provincial. En accord avec le gouvernement du Pakistan, les autorités chrétiennes avaient remis les documents demandés et mis en dépôt des millions de roupies auprès du gouvernement provincial du Pendjab en décembre dernier en vue de préparer cette rétrocession des écoles chrétiennes. Elles espéraient que le retour de ces écoles nationalisées 25 ans plus tôt, serait effectif avant la rentrée de la nouvelle année scolaire qui commence traditionnellement en avril.

Le processus de dénationalisation n’a toujours fait aucun progrès à cette date et les autorités civiles n’ont donné aucune explication à ce délai. Soeur Mary John, qui dirige l’école nationalisée St Joseph à Lahore, a confié à un journaliste que Rana Arshad, le président de l’Association des enseignants du Pendjab, lui avait dit que son association avait déposé un dossier pour demander la non-dénationalisation de l’école. Les écoles chrétiennes de la province de Sindh ont toutes été dénationalisées, mais, au Pendjab, le mouvement a rencontré l’opposition organisée de l’association des enseignants. Le Jamaat i Islami, un groupe islamique intégriste, s’oppose avec force à la dénationalisation des écoles qu’il qualifie “d’institutions missionnaires“.

Les écoles chrétiennes comme presque toutes les autres écoles privées étaient passées sous l’autorité du gouvernement provincial en 1972, à la suite d’un projet de nationalisation soutenu par l’ex-premier ministre Zulfiqar Ali Bhutto, fondateur du Parti du Peuple pakistanais et père de l’ancien Premier ministre Benazir Bhutto.

Parmi les quelques écoles dénationalisées ensuite sous le régime de la loi martiale de l’ex-général Mohammad Zia ul-Haq, neuf étaient situées au Pendjab. C’est le gouvernement de Benazir Bhutto qui a défini les conditions du retour des écoles restantes dans des directives publiées en juin 1996 (1). Une de ces conditions était qu’une année de salaire des professeurs soit déposée au ministère de l’Education. Mais les objections des évêques ayant été entendues, l’avance de salaire fut abaissée à six mois. Le 6 décembre, les quatre diocèses catholiques et les instances protestants avaient déposé leur demande et les sommes demandées. Quoique aucun délai n’ait été spécifié pour cette rétrocession, les évêques s’étaient entendu dire que la notification serait publiée “aussitôt” que les formalités requises seraient accomplies.

Pendant ce temps, Benazir Bhutto fut démise de ses fonctions de premier ministre et les élections nationales de février 1997 élisaient à sa place Nawaz Sharif, bien connu pour ses positions favorables à une privatisation plutôt qu’à une dénationalisation. Le ministre de l’Education a été remplacé ainsi que 4 sur 5 des fonctionnaires en charge de ce dossier. Les nouveaux arrivants assurent tout ignorer de l’accord passé avec les autorités chrétiennes. L’un d’entre eux cependant a admis “qu’en fin de compte, tout dépend du bon vouloir du directeur du ministèreCe directeur du ministère du Pendjab, Shabaz Sharif, est le frère du premier ministre.

Les évêques ont écrit au président Farooq Ahmad Leghari en avril pour exposer leurs préoccupations, en particulier le délai imposé à cette dénationalisation pendant lequel les Eglises n’ont touché aucun intérêt sur les millions de roupies mises en dépôt, mais qui, pour autant, n’ont pas été versés au Trésor public.