Eglises d'Asie

Plus de 10 000 personnes, un évêque à leur tête, manifestent pour les droits des minorités

Publié le 18/03/2010




Le 11 août 1997, Mgr John Joseph, évêque de Faisalabad, a pris la tête d’une manifestation qui a rassemblé plus de 10 000 personnes, hommes et femmes, pour demander l’égalité des droits pour tous les Pakistanais ainsi que l’avait prévu le fondateur de la nation il y a cinquante ans. A la fin de la manifestation, Mgr Joseph a présenté aux fonctionnaires de l’administration un mémorandum signé de plus de quarante organisations, dont des syndicats et des organisations pour la défense des droits de l’homme, comprenant autant de chrétiens que de musulmans. Le mémorandum spécifiait : « Nous voulons le Pakistan tel que Quaid-e-Azam (Muhammad Ali Jinnah) a créé, y compris l’égalité des droits de tous les citoyens pakistanais, sans distinction. Nous sommes prêts à tous les sacrifices pour y parvenir parce que c’est pour ce Pakistan-là que musulmans et chrétiens ont donné leur vie et offert d’innombrables sacrifices il y a cinquante ans ».

Ce jour du 11 août marquait le cinquantième anniversaire de l’ouverture par Jinnah, le fondateur du Pakistan, de la première Assemblée constituante à Karachi. Les manifestants, dans leurs discours à l’occasion de cet événement historique, ont rappelé que Jinnah avait assuré alors que les croyants de toutes les religions seraient égaux en tant que citoyens, et libres de fréquenter temples, mosquées ou autres lieux de culte.

Mais la principale revendication des manifestants a été surtout l’abrogation de la loi sur le blasphème dont l’utilisation abusive est dénoncée depuis longtemps par toutes les minorités religieuses du Pakistan (5). Ils ont aussi demandé la suppression de toutes les lois discriminatoires vis-à-vis des femmes ainsi que celle qui stipule que le témoignage d’une femme n’a que la moitié de la valeur du témoignage d’un homme et que quatre témoins sont nécessaires pour prouver, par exemple, qu’il y a bien eu viol. Le problème du travail des enfants et l’égalité des chances pour le travail ont été aussi évoqués.

La cortège qui était parti de l’évêché comportait des membres de la commission des relations entre chrétiens et musulmans, la section pakistanaise d’Amnesty International, l’Association de la presse catholique, le groupe diocésain des femmes, etc.. Peter John Sahotra et Johnson Michael, respectivement députés de l’Assemblée nationale et de l’Assemblée provinciale du Pendjab, tous deux chrétiens, étaient présents aussi.

Mgr. Joseph qui, au sein de la Conférence des évêques du Pakistan, est président de la commission « Justice et paix », s’est adressé aux manifestants pour leur dire que le discours adressé par Jinnah à la première Assemblée constituante « montrait qu’il avait toujours pensé faire du Pakistan un état libéral démocratiqueIl a dit aussi que, malgré la promesse du président du Pakistan, Farook Ahmad Leghari Khan, en mai 1994, à une délégation d’évêques, les cas de fausses accusations de blasphème continuaient à se produire (6). Le parlementaire Sahotra, quant à lui, a demandé instamment aux chrétiens membres de l’Assemblée nationale de défendre la position de leur communauté sur le problème de la représentation au parlement : « Au lieu de demander un certain nombre de sièges séparés au Sénat, ils devraient lutter ensemble pour la suppression du système d’électorat séparé » (7).