Eglises d'Asie

Le gouvernement va examiner des directives destinées à garantir aux minorités ethniques la jouissance de leurs terres ancestrales

Publié le 18/03/2010




Un membre de la minorité kreung, qui vit dans la province de Rattanakiri, au nord-est du Cambodge, a collaboré, depuis le mois de février dernier, avec le gouvernement cambodgien à la création d’un programme de développement susceptible d’être accepté par les 26 peuples minoritaires du Cambodge. Ce chargé de mission, Say Loeun, s’est donné comme tâche d’éviter les relations conflictuelles entre un gouvernement qui cherche à satisfaire la convoitise des investisseurs et les minorités ethniques dont les revendications foncières sont trop souvent ignorées. Il voudrait convaincre le gouvernement que la seule manière pour lui de faire de bonnes affaires c’est de traiter correctement les peuples qui vivent dans la forêt.

Selon lui, si les autorités cambodgiennes ne mettent pas en oeuvre des directives générales susceptibles de garantir les droits des peuples sur l’usage des terres, ce sera au détriment des contrats d’affaires passés avec les investisseurs. En effet, dans ce cas, les groupes ethniques mettront à mal les forêts dans l’espoir d’en tirer des bénéfices, obligeant les investisseurs à aller chercher ailleurs.

Pour éviter qu’un tel scénario se produise et pour protéger les intérêts des deux parties, Say Leun a contribué à la rédaction de directives pour le développement, destinées aux quatre provinces les plus riches en forêts du nord-est du pays, où vivent 16 des 26 groupes ethniques minoritaires, soit plus des trois quarts des 100 000 montagnards du pays. Les instructions visent à aider les minorités à participer à la création d’une politique de développement respectueuse de leurs traditions plusieurs fois centenaires. Le point crucial de telles directives est de déterminer qui a l’usage des terres dont le gouvernement est actuellement propriétaire. Jusqu’ici, les entreprises d’abattage d’arbres et les investisseurs ont eu la priorité sur les peuples vivant sur place.

Interrogé sur ces directives, un membre des Nations Unies qui s’intéresse au projet a déclaré que, contrairement à divers programmes de protection de l’environnement qui ne tiennent pas compte de l’habitat traditionnel des peuples indigènes, les directives en préparation devraient permettre à ces derniers de rester sur leurs terres ancestrales. Les directives visent non pas a établir des “réserves” mais à permettres aux peuples en question de décider eux-mêmes en ce qui concerne leurs propres ressources.

Beaucoup se réjouissent de l’actuel projet de “directives au développement”, dont la rédaction, à cause de l’instabilité actuelle du Cambodge, a demandé plus de 18 mois ; nombreux aussi ceux qui font remarquer que les nouveaux textes ne seront efficaces que dans la mesure où ils pourront s’appuyer sur des textes de loi et sur les tribunaux. Mais, se demandent certains, les montagnards seront-ils capables d’aller dans les tribunaux pour réclamer leurs droits?

Le plus optimiste de tous est encore Say Leung qui espère qu’une fois les instructions approuvées, elle garantiront l’usage des terres aux ethnies minoritaires pratiquant des techniques de culture traditionnelles, à savoir la culture par brûlis, qui selon le chargé de mission, ne causent aucun dommage à la forêt, en tout cas aucun dégat comparable à ceux qui lui sont infligés par l’abattage en gros des entreprises autorisées par l’Etat.