Eglises d'Asie

Le quinzième congrès du Parti communiste chinois accélère le rythme des réformes économiques mais n’opère aucune avancée dans le domaine des libertés

Publié le 18/03/2010




Ceux qui avaient espéré que le quinzième congrès du Parti communiste chinois ouvrirait la voie à une restructuration politique en profondeur, davantage de démocratie, une presse plus libre et peut-être même une relecture des événements de Tiananmen de 1989, auront été décus. Le discours du 12 septembre 1997 de Jiang Zemin, secrétaire général du Parti, qui a renforcé son pouvoir au cours de ce congrès, a, tout au contraire, manifesté un solide conservatisme dans le domaine politique des libertés.

La réforme économique s’accélérera avec la privatisation de la plupart des 118 000 entreprises d’Etat. Seules les 512 les plus importantes et les plus profitables resteront sous le contrôle de l’Etat. Le premier résultat de cette opération sera sans doute la mise au chômage de millions de travailleurs. Le nombre de plus en plus grand de grèves et de manifestations sociales à travers la Chine pourrait s’accroître encore (3). Selon un expert de Hongkong, la Chine pourrait avoir 175 millions de chômeurs en l’an 2000.

Le danger d’une agitation sociale à grande échelle n’a pas échappé à Jiang Zemin, qui estime dans son discours que le parti doit nécessairement conserver un contrôle absolu de la presse, sinon il sera emporté dans la tourmente. La leçon que le parti a retirée des événements reste toujours la même : si l’on laisse la population exprimer son mécontentement et ses frustrations, on déchaîne un typhon qui ne peut plus être maîtrisé.

Les intellectuels qui, avant le congrès, avaient proposé l’établissement d’un certain contrôle sur l’armée afin de combattre la corruption plus efficament, tenter d’instaurer une séparation des pouvoirs et permettre l’émergence d’une société civile, n’ont pas été davantage entendus. Les effectifs pléthoriques de l’armée seront réduits de 500 000 unités, mais le budget global de la Défense augmentera de 13%.

Selon le Far Eastern Economic Review, de Hongkong, l’espoir de Jiang Zemin est que le pacte tacite entre le Parti et le peuple chinois continuera de tenir bon : le parti offre la prospérité et le peuple ne sort pas de son silence. Des critiques se font pourtant entendre ici ou là. Un journaliste de Pékin affirme : « Deng Xiaoping savait comment barrer le navire chinois, mais le petit timonier actuel semble vouloir le laisser aller à la dériveDe son côté, un intellectuel communiste déplore lui aussi l’absence de ligne politique : « On ne peut pas continuellement se contenter de s’opposer au chaos en favorisant la croissance économique

En marge du congrès, les responsables politiques chinois pour le Tibet et le Xinjiang, où sévit depuis plusieurs années une importante agitation politico-religieuse, ont fait savoir que la pression de Pékin ne se relâcherait pas dans ces deux régions et que tout serait fait pour se débarrasser des « cliques séparatistes » (4).