Au cours de la cérémonie, c’est la vieille mère de l’ancien évêque de Phnom Penh, Mgr Joseph Chhmar Salas, tué par les Khmers rouges, qui est venu offrir à Mgr Destombes la croix épiscopale. Celle-ci avait été donnée à son fils par Mgr Ramousse alors qu’il lui conférait l’ordination épiscopale, juste avant le départ des missionnaires étrangers du pays, en 1975. Mgr Salas est mort deux ans plus tard dans une rizière alors qu’il était soumis aux travaux forcés, partageant le même destin que des centaines de milliers de ses compatriotes, et plus particulièrement celui de tous les prêtres, religieuses et catéchistes restés sur place durant les années du régime khmer rouge, tous disparus, y compris Mgr Paul Tep Im, préfet apostolique de Battambang, tué peu après le changement de régime.
Pour l’Eglise du Cambodge qui a entamé sa résurrection à la fin des années 1980, obtenu une reconnaissance officielle des autorités du pays le 7 avril 1990, et compte aujourd’hui 25 000 fidèles, cette ordination sacerdotale est le deuxième événement important après l’ordination sacerdotale, le 22 juillet 1995, de Pierre Sophal Tonlop, premier prêtre cambodgien ordonné depuis vingt deux ans (1).
Mgr Destombes, qui est originaire de Lille, a été ordonné prêtre en 1961. Il est arrivé pour la première fois au Cambodge en 1964. Expulsé par les khmers rouges en 1975, il a consacré toute une période de sa vie à la mission au Brésil. Revenu au Cambodge en 1989, il devint le représentant officiel de “Caritas international” dans le pays C’est lui qui, au matin du 14 avril 1990, a présidé la première célébration eucharistique officielle de l’Eglise khmère dans un théâtre de Phnom Penh où s’étaient réunis plus de 1 500 chrétiens (2).