Eglises d'Asie

Ordination d’un évêque coadjuteur à Phnom Penh

Publié le 18/03/2010




“L’Eglise est vivante au Cambodge !” Cette exclamation s’est échappée des lèvres d’un vieux chrétien cambodgien, le 5 octobre 1997, alors qu’il participait à la cérémonie d’ordination du nouvel évêque coadjuteur de Phnom Penh, Mgr Emile Destombes, des Missions étrangères de Paris. La phrase résumait bien les sentiments de tous ceux qui s’étaient rassemblés ce jour-là sur le terrain de l’ancien séminaire de Pnom Penh, recouvert pour l’occasion d’une bâche de couleur bleue. Comme l’a fait remarquer le vicaire apostolique de Phnom Penh, Mgr Yves Ramousse, qui a ordonné le nouvel évêque, ce site en plein air était plus adapté à accueillir les catholiques du Cambodge, pauvres pour la plupart, que d’autres lieux plus luxueux. Ceux-ci étaient venus de partout au nombre d’environ 2 000 et se pressaient devant l’autel où se déroulait la cérémonie. Sur le côté, étaient placés les représentants du gouvernement et de diverses ambassades présentes à Phnom Penh. Le célébrant principal, Mgr Ramousse, était entouré par Mgr Luigi Bressan, nonce apostolique au Cambodge , Mgr Joseph Banchong Aribarg, évêque de Nakhon Sawan en Thaïlande, Mgr Pierre Bach ancien vicaire apostolique de Savannakhet au Laos, et de Mgr Claude Feidt, évêque de Chambéry, en France.

Au cours de la cérémonie, c’est la vieille mère de l’ancien évêque de Phnom Penh, Mgr Joseph Chhmar Salas, tué par les Khmers rouges, qui est venu offrir à Mgr Destombes la croix épiscopale. Celle-ci avait été donnée à son fils par Mgr Ramousse alors qu’il lui conférait l’ordination épiscopale, juste avant le départ des missionnaires étrangers du pays, en 1975. Mgr Salas est mort deux ans plus tard dans une rizière alors qu’il était soumis aux travaux forcés, partageant le même destin que des centaines de milliers de ses compatriotes, et plus particulièrement celui de tous les prêtres, religieuses et catéchistes restés sur place durant les années du régime khmer rouge, tous disparus, y compris Mgr Paul Tep Im, préfet apostolique de Battambang, tué peu après le changement de régime.

Pour l’Eglise du Cambodge qui a entamé sa résurrection à la fin des années 1980, obtenu une reconnaissance officielle des autorités du pays le 7 avril 1990, et compte aujourd’hui 25 000 fidèles, cette ordination sacerdotale est le deuxième événement important après l’ordination sacerdotale, le 22 juillet 1995, de Pierre Sophal Tonlop, premier prêtre cambodgien ordonné depuis vingt deux ans (1).

Mgr Destombes, qui est originaire de Lille, a été ordonné prêtre en 1961. Il est arrivé pour la première fois au Cambodge en 1964. Expulsé par les khmers rouges en 1975, il a consacré toute une période de sa vie à la mission au Brésil. Revenu au Cambodge en 1989, il devint le représentant officiel de “Caritas international” dans le pays C’est lui qui, au matin du 14 avril 1990, a présidé la première célébration eucharistique officielle de l’Eglise khmère dans un théâtre de Phnom Penh où s’étaient réunis plus de 1 500 chrétiens (2).