Eglises d'Asie

Dans un livre blanc, le gouvernement chinois affirme qu’il est désireux d’améliorer ses relations avec le Saint-Siège

Publié le 18/03/2010




Un livre blanc sur la liberté de croyance religieuse en Chine a été publié le 16 octobre 1997, par le bureau d’information du Conseil d’Etat (1). C’est avant tout un document de circonstance, plaidoyer “pro domo” destiné à répondre, dans le domaine religieux, à la vaste campagne internationale sur les droits de l’homme en Chine, qui a précédé et entouré l’actuelle visite du président Jiang Zemin aux Etats-Unis (26 octobre – 2 novembre 1997). Il n’en contient pas moins une très intéressante ouverture en direction du Saint-Siège, susceptible d’être diversement commentée, mais que déjà plusieurs observateurs expérimentés des affaires religieuses de Chine n’ont pas hésité à qualifier de petit “pas en avant”.

Cette ouverture est située à la fin du quatrième chapitre destiné à justifier la politique religieuse chinoise en faveur de “l’indépendance et de l’initiative dans les affaires religieusesAprès une description très critique du rôle joué par les missionnaires occidentaux dans l’histoire de Chine, le ton change brusquement pour laisser place à une déclaration d’intention, apparemment de bonne volonté. Le gouvernement chinois, est-il dit, désire améliorer ses relations avec le Vatican. Sont rappelées alors les deux conditions bien connues exigées pour la reprise du dialogue. La première est la reconnaissance du gouvernement de la République populaire de Chine, accompagnée de la rupture de relations diplomatique avec Taïwan. La formulation de la seconde condition a attiré l’attention de certains experts, comme par exemple, Anthony Lam Sui-ki, du Centre du Saint Esprit à Hongkong. Au lieu de demander, comme dans le passé, de ne pas s’ingérer dans les affaires religieuses de Chine, le document emploie la formule : “ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures de Chine sous prétexte de questions religieusesce qui pourrait laisser place à un certain rôle de Rome dans le domaine purement religieux. Mais ce point, affirme le document, ne pourra être envisagé qu’une fois réglé le problème des relations entre les deux Etats.

Le livre blanc n’offre guère d’autres ouvertures. Dans la plupart des domaines, en particulier, la version de l’histoire présentée, il n’innove guère. Comme dans beaucoup de documents de ce type, le livre blanc insiste sur le rôle “peu glorieux”, selon lui, joué par les missionnaires protestants et catholiques, comme instruments au service de l’invasion de la Chine, aussi bien durant la guerre de l’opium, qu’à l’époque de la conception et rédaction des traités inégaux, ou encore pendant la guerre de libération. Les déformations historiques ne manquent pas, que ce soit sur le rôle joué par le représentant du Saint-Siège pour les missions catholiques au “Manchoukouo” (1932-1945), où sur la nature des encycliques de Pie XII sur la Chine après l’instauration du régime communiste en Chine ou sur bien d’autres domaines évoqués. La même volonté d’auto-justification est à l’oeuvre dans la présentation de l’Eglise de Chine. Le sort des catholiques refusant de se faire enregistrer à l’Association patriotique n’est pas évoqué. Les uniques statistiques dont il est fait état sont celles du Bureau des Affaires religieuses.

L’Agence Fides a réagi avec vigueur au livre blanc chinois qu’elle accuse de n’être rien d’autre qu’un pamphlet publicitaire brandi à la veille du voyage du président Jiang Zemin. L’agence reproche en particulier aux auteurs du document d’avoir gommé de leurs comptes 6 ou 8 millions de catholiques restés fidèles à Rome. Il y a cinq ans, le bureau des statistiques de Pékin avait fait état de 12 millions de catholiques en Chine.

Le problème de la liberté religieuse avait déjà été mentionné à l’intérieur de trois livres blancs parus successivement en 1991 (2), 1995 (3), 1997 (4). C’est la première fois qu’un livre blanc y est entièrement consacré.