Eglises d'Asie – Chine
Gansu: I’Eglise catholique « non officielle » se porte pas si mal en dépit des problèmes de tous ordres
Publié le 18/03/2010
Un voyageur venu de Hongkong a récemment rencontré plusieurs dirigeants de cette Eglise. L’un d’eux, un prêtre non reconnu par l’Association patriotique des catholiques chinois, lui a déclaré: « Dans les années 1980, nos activités étaient considérées comme « clandestines » Mais, depuis le début des années 1990, nous agissons ouvertement et les fonctionnaires gouvernementaux savent que nous célébrons la messe et organisons d’autres célébrations liturgiques. Nous ne sommes plus une Eglise ‘clandestine’ nous sommes juste une Eglise non officielle parce que nous n’avons pas rejoint l’Association patriotique des catholiques chinois » De temps en temps, luimême et d’autres prêtres reçoivent la visite des fonctionnaires du bureau de la sécurité publique, particulièrement avant les grandes fêtes chrétiennes. On leur rappelle que leurs activités doivent rester discrètes.
Les prêtres peuvent se déplacer librement à l’intérieur de la province, ditil, et chacun d’eux célèbre la messe pour environ deux cents personnes chaque fois. Cependant, ils n’ont pas reçu l’autorisation de rénover deux églises en très mauvais état qu’ils auraient pu utiliser.
Le prêtre a estimé aussi que l’absence de soutien de la part de l’Eglise universelle et des Eglises de l’étranger a blessé les sentiments des chrétiens qui appartiennent à l’Eglise non reconnue par le gouvernement. « Nous sommes déçus que le pape ne s’exprime pas en notre faveur », confietil. Luimême a été emprisonné pendant deux mois en 1996, mais il n’est pas prêt pour autant à se soumettre à l’Association patriotique: ‘je n ‘ai pas peur d’aller en prison, même si je pense que je ne mérite pas d’y aller. Je suis profondément déçu d’entendre des prêtres appartenant à des Eglises de l’extérieur dire que notre refus de rejoindre l’Association patriotique est déraisonnable ».
Selon lui, les contacts de l’Eglise locale non officielle du Gansu avec l’étranger ont beaucoup diminué non seulement à cause des contrôles accrus du gouvernement, mais aussi « parce qu’il n’y a pas grand chose à gagner de ces contacts ». D’après le même prêtre, les prêtres de l’Eglise non reconnue par le gouvernement ne se sont pas rencontrés depuis deux ans à cause de la surveillance gouvernementale. Leurs évêques, même ceux qui résident dans la même province, n’ont guère de contact entre eux et se contentent du travail pastoral dans leurs diocèses respectifs.
Une autre difficulté provient de la difficulté de former des prêtres, due à l’absence d’argent, de professeurs, de matériel, et de lieux sûrs à l’écart du contrôle gouvernemental.
Dans la province voisine du Shaanxi, Mgr Luc Li Jingfeng, évêque « clandestin » de Fengxiang, fait face aux mêmes difficultés mais jouit de davantage de liberté. Bien qu’il ne soit pas reconnu par l’Association patriotique, il utilise la cathédrale de Fengxiang et
il y a ouvert un petit séminaire et un couvent. Selon la même source de Hongkong, Mgr Li a déclaré : » Nous maintenons de bonnes relations avec le gouvernement et nous pouvons nous occuper de nos affaires d ‘Eglise. Avec les 20 000 catholiques du diocèse, nous pouvons dire que nous sommes la plus ‘visible’ des Eglises « clandestines ».
Selon un évêque catholique « officiel », qui a voulu rester anonyme, le statut particulier de Mgr Li s’explique du fait que même s’il n’est pas reconnu par le gouvernement comme évêque du lieu, il est officiellement reconnu comme administrateur du diocèse. Ce statut particulier lui a permis d’envoyer récemment 21 séminaristes étudier au séminaire « officiel » de Xian, tout en s’assurant qu’ils reçoivent les sacrements séparément, des mains de prêtres « clandestins ».