Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION SOCIALE ET POLITIQUE Du 1er septembre au 31 octobre 1997

Publié le 18/03/2010




IMPOSSIBLE RECONCILIATION

Le 31 août, de Siemréap où il a élu domicile, le roi Sihanouk propose d’organiser des pourparlers informels entre Hun Sen et Ranariddh ou leurs représentants, en vue de favoriser la réconciliation nationale. Dès le 1er septembre, Hun Sen refuse, mais propose de rencontrer le roi en compagnie de Ung Huot, premier premier ministre, sans la présence de Ranariddh et de Nhiek Bun Chhay, accusés d’être à l’origine des combats des 56 juillet derniers. Hun Sen n’accepte de rencontrer le prince que lorsque ce dernier aura été jugé devant un tribunal pour importation illégale d’armes en collusion avec les Khmers rouges, et pour avoir ordonné des mouvements de troupes près de la capitale. Pour Heng Samrin, exchef de l’Etat, des négociations sont impossibles, car Ranariddh s’est allié aux Khmers rouges, “horslaloi”. Hun Sen acceptera de discuter avec les partisans de Ranariddh, quand ils auront déposé les armes. “Il n y a qu ‘un gouvernement au Cambodge”, ditil.

11 convient, en justice, de signaler que les faits reprochés à Ranariddh pourraient l’être davantage encore à Hun Sen, en y ajoutant l’exécution sommaire de plus de cent membres du Funcinpec avant les élections de 1993, et autant après les événements des 56 juillet 1997, sans parler des nombreux crimes dont les responsabilités restent à élucider.

Ranariddh n’aura de cesse de réfuter ces accusations: les négociations avec les Khmers rouges étaient connues du second premier ministre. Le 23 juin, les deux copremiers ministres ont fait une déclaration commune sur la nécessité de traduire Pol Pot devant un tribunal international.

Ranariddh soutient l’initiative de son père, mais refuse de déposer les armes avant les négociations. Il établit un plan en dix points. Les 18 députés qui ont fui le pays à la suite du coup d’Etat, regroupés pour certains dans l’Union des démocrates cambodgiens (UDC), exigent que des commissions indépendantes du gouvernement soient mises en place pour garantir leur retour et leur sécurité, ainsi que pour assurer le bon déroulement des prochaines élections.

Ce problème cristallisera toute l’activité diplomatique du Cambodge pendant deux mois. Ranariddh est mécontent de l’attitude de la France, du Japon et de l’Australie qui refusent de le soutenir et accordent des aides à Hun Sen. Le prince fait la tournée des capitales européennes, nordaméricaines et asiatiques pour leur demander de retirer tout soutien à Hun Sen.

Les élus démocrates du Congrès américain, notamment Dona Rohrabacher, critiquent violemment la politique cambodgienne des républicains. Le 5 septembre, Clinton envoie Stanley Roth, adjoint du secrétaire d’Etat américain pour l’Asie dans les capitales de l’Asean pour essayer de convaincre ces pays de geler les aides au Cambodge, et demander le retour de Ranariddh,

52ème Assemblée générale de

l’ONU

Le siège du Cambodge à la 52ème session générale de l’ONU, qui doit s’ouvrir le 16 septembre, fait l’objet d’une âpre lutte verbale entre Ranariddh et Hun Sen.

Le 4 septembre, le roi Sihanouk appose sa signature au bas de la liste des personnalités composant la délégation cambodgienne. Le nom de Ung Huot, premier premier ministre, figure en tête de la liste. Bien que le roi refuse toujours de reconnaître Ung Huot comme premier premier ministre, et affirme que ce poste appartient à son fils, sa signature semble officialiser la reconnaissance de facto des nouvelles autorités. Il se justifie auprès des députés exilés en disant qu’il y a désormais trois premiers ministres au Cambodge: deux élus et un autre, avec lequel il doit travailler “de facto”.

‘ On croit savoir que Sihanouk n’apprécie guère son fils Ranariddh qui lui a volé la victoire électorale de 1993 et ne suit pas ses conseils avisés. Il semble remercier Hun Sen de l’avoir délivré de ce premier ministre de fils, et demande indirectement à la Communauté internationale de ne pas le ramener au Cambodge! 11 n’apprécie guère Marie, I’exépouse de Ranariddh (qui vient de divorcer), qualifiée par lui de “pire des femmes” et se réjouit publiquement de la naissance d’un petit fils d’une des maîtresses de Ranariddh.

Beaucoup de membres du Funcinpec n’apprécient guère Ranariddh et sa famille à qui ils reprochent ses décisions prises sans aucune consultation, sa corruption notoire, notamment celle de son conseiller personnel, “Monsieur 20%” !

Sisowath Sirirath, ambassadeur du Cambodge auprès de l’ONU, rappelé par Hun Sen mais qui refuse de quitter son poste, et Ouk Borith, premier secrétaire de l’ambassade du Cambodge auprès de l’ONU, nommé ambassadeur auprès de l’Organisation par Hun Sen, trouvent un compromis: le siège demeurera vacant.

Ung Huot, ministre cambodgien des Affaires étrangères

(et premier premier ministre), écrit à Kofi Annan pour le mettre en garde et lui demander de ne pas autoriser un “imposteur” en la personne de Ranariddh à siéger à l’ONU. Le 8 septembre, Ranariddh demande à Sihanouk de représenter luimême le Cambodge et d’y faire un appel solennel à toutes les parties concernées pour un cessezlefeu immédiat et la réconciliation.

Le 11 septembre, Francis Vendrell, directeur de la section onusienne pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, se rend au Cambodge pour une “visite de routine” de 4 jours. Il rencontre les deux copremiers ministres. Hun Sen lui demande de ne pas recevoir Ranariddh à l’ONU.

Le 16 septembre, l’Assemblée nationale refuse un remaniement ministériel qui accorderait des récompenses aux membres du Funcinpec qui ont montré leur confiance a Hun Sen. Toan Chhay et Duong Khem, entre autres, auraient été nommés vicepremiers ministres et respectivement ministre de l’agriculture et ministre du développement rural! Ung Phan aurait été nommé ministre du tourisme. Sur 97 votants, 67 votent en faveur du changement, 14 contre. La majorité des deux tiers (80) étant exigée par la constitution pour ce changement, il manque donc 13 voix. Certains voient dans ce vote un désavoeu de la politique de Hun Sen. Pour Hun Sen, “c’est un exemple de démocratie” qui prouve la liberté des députés ! Il ne comprend donc pas pourquoi on le boude sur le plan international!

Finalement, la décision d’accréditation de la délégation cambodgienne est confiée au comité d’accréditation de l’Organisation. Comme ce comité prend ses décisions par consensus, il ne peut guère en prendre prendre, à cause de l’opposition des EtatsUnis et de la Norvège qui ne reconnaissent pas le gouvernement installé par la force. Le 19 septembre, le siège du Cambodge est donc déclaré vacant jusqu’aux prochaines élections.

Pour Hun Sen, cette décision est “inacceptable” “incroyable”, mais cela correspond à l’attitude générale de l’ONU qui a reconnu Pol Pot jusqu’en 1989 ! Ce n’est d’ailleurs pas la décision de l’ONU, mais celle des Etats ! “Le siège du Cambodge à L’ONU appartient au Cambodge et non pas aux Américains”, ditil. Pour Ung Huot, cette décision est “une insulte au Cambodge et au roi Sihanouk”. Les Khmers rouges applaudissent. Sihanouk ulcéré, ne se montre pas surpris outre mesure, car les EtatsUnis se croient obligés de “défendre leur place de gardien de la démocratie et des droits de l’homme.” De dépit, il refusera d’accréditer le vénérable Moha Ghossonanda au congrès de l’Unesco à Paris. Son fils Sihamoni, représentant permanent du Cambodge auprès de l’Unesco, y représentera le Cambodge.

Hun Sen reste à Paris, et ne se rendra à New York que si Kofi Annan lui ménage un rendezvous. Il réaffirme que tous les responsables politiques cambodgiens peuvent rentr r au Cambodge, même Ranariddh, pour participer aux élections du 23 mai. Pour la première et unique fois, il sépare le problème du procès de Ranariddh et celui de sa candidature aux élections. “Il n’a pas encore été mis en accusation, ditil.

Le 26 septembre, Ranariddh propose que les chefs des deux armées, Nhick Bun Chhay et Ke Kim Yann, se rencontrent dans un pays tiers, soit en Thailande, aux Philippines, ou en Indonésie pour négocier un cessezlefeu.

Le 30 septembre, les pays de l’Asean demandent que “tous les partis et forces politiques” puissent participer aux élections. Le groupe des pays “amis du Cambodge” (les membres du Conseil de sécurité, l’Australie, le Canada, l’Allemagne, le Japon et la Corée du Sud) soutiennent la position de l’Asean. Pour beaucoup, les élections seront libres, à l’unique condition que Ranariddh puisse y participer activement.

Dans une volonté d’apaisement, ce même 30 septembre, Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, reçoit séparément Ranariddh, puis Hun Sen, en compagnie de Ung Huot. Les deux copremiers ministres s’engagent à autoriser les députés qui ont fui le pays à retourner librement au Cambodge et y vivre en sécurité, sans crainte d’être arrêtés. De passage à Paris, le 7 octobre, Hun Sen s’y engage à nouveau auprès de Hubert Védrine ministre français des Affaires étrangères, lors de son passage en France.

Par la suite, Hun Sen durcit ses déclarations contre Ranariddh: même si le roi l’amnistiait, luimême ne pourrait pardonner à quelqu’un qui a pris les armes contre le gouvernement. Hun Sen et Ranariddh se menacent mutuellement de se traduire l’un l’autre devant le tribunal international qui jugera Pol Pol.

Le 20 octobre, les autorités japonaises demandent à Bar Kheng, ministre de l’Intérieur et vicepremier ministre, en visite à Tokyo, d’assurer le retour et la sécurité des exilés. Sâr Kheng ne voit pas de problème, à l’exception de Ranariddh qui devra être jugé. Les pays de l’Asean expriment le même souhait. Cependant, on a l’impression que ces demandes sont de pure forme.

Le 22 octobre, dans une lettre à Kofi Annan, Hun Sen et Ung Huot, réitèrent leur engagement d’accepter le retour des députés exilés. Le surlendemain, Ranariddh les accuse de tromper ses députés. Il demande si cette promesse le concerne lui aussi, alors qu’il reste toujours menacé d’arrestation.

Suite aux promesses des deux premiers ministres, deux députés retournent à Phnom Penh: Tao Seng Huor, proche de Ranariddh et ministre de l’Agriculture, retrouve son ministère bien qu’il ait écrit une lettre de démission; Om Radasy, retrouve la présidence de la commission parlementaire des Affaires étrangères. Tous deux affirment pouvoir accomplir leur travail sans crainte. Par contre, le l7 octobre, Son Chhay, du PDLB

(Parti démocratique libéral bouddhique), après 5 jours passés au Cambodge, repart en exil, déclarant ne pouvoir vivre dans CC pays, et demande, sans conviction, la formation d’un “gouvernement par intérim” qui puisse gérer le pays jusqu’au prochaines Elections.

Sur pression de plusieurs pays, Hun Sen, qui avait fixé le 28 octobre comme date butoir après laquelle les députés absents se verraient remplacés a l’Assemblée nationale, affirme que la porte leur restera ouverte après cette date. Hun Sen semble prêt a tous les Compromis pour gagner la confiance de l’étranger. Un seul homme est exclu: Ranariddh.

Guerre civile

Parler de “cessezlefeu” relève de la rhétorique: il n’y a plus de combats à O Smach, place forte des royalistes. Ces combats ont surtout été des duels d’artillerie et les FARC ont été stoppées dans leur progression par les mines posées par les Khmets rouges! On ne peut parler d’insécurité généralisée.

Des combats sporadiques ont éclaté le 31 août à Svay Som Oun (province de Préah Vihéar), à la frontière des provinces de Kompong Chhnang et de Kompong Thom. On avance le chiffre de 200 Khmers rouges et soldats du Funcinpec.

Depuis le mois d’août, des escarmouches ont éclaté dans la région de Samlaut. Une trentaine d’exKhmers rouges (leur nombre augmentera jusqu’à 400), dirigés par lem Pham, prés du village de O Téa, se sont attaqués aux PARC (Forces armées royales du Cambodge) Selon les FARC, il s’agirait d’un conflit pour le contrôle du commerce du bois et des pierres précieuses de la région. Selon les FARC, la direction dure des Khmers rouges d’Anlong Veng serait venue porter secours à lem Pham. I Chhéan, exKhmer rouge et gouverneur de Pailin, adjoint de leng Sary, refuse de se laisser entraîner dans le conflit, et aide même les PARC à couper la retraite de lem Pham. Selon des exKhmers rouges ralliés, cette révolte provient du manque de confiance dont sont victimes les ralliés, dont la tentative d’assassinat de I Chhéan en août dernier a été l’un des signes.

Le 22 octobre, des tirs d’arme lourde se font entendre dans la province de Pursat, à Krapou Pei. Ces tirs semblent devoir être mis en relation avec le groupe de Samlaut.

Durant la dernière semaine d’octobre, des combats ont ensanglanté le secteur d’An Ses, poste frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, souvent attaqué par les Khmers rouges en 1995 et 1996.11 s’agirait plus de trafic du bois que de politique, I’un étant au service de l’autre. Les soldats du Funcinpec et les Khmers rouges vendent le bois de la région à des sociétés thaïlandaises. Les FARC ont saisi 72 camions de 13 sociétés thaïlandaises. Selon les FARC, I’artillerie thaïlandaise a tiré plusieurs salves en direction du Cambodge, faisant plusieurs blessés.

Hun Sen accuse les forces thaïlandaises d’aider la résistance. I a Thailande nie. Les observateurs occidentaux pensent que la version de Hun Sen est vraisemblable.

Les réfugiés

A la fin du mois d’octobre, on avance le chiffre de 60 000 réfugiés cambodgiens en Thailande. Ce chiffre paraît manifestement exagéré, sans doute dans le but de recevoir d’importantes aides. Environ 21 000 Cambodgiens ont gagné la Thaïlande après les combats de O Smach, au mois d’août, et ont été hébergés près de Kap Chhoeung. Certains réfugiés sont membres du Funcinpec, et craignent effectivement pour leur vie.

Un autre groupe s’est réfugié du côté de Trat dans le sud de la Thailande, après les affrontements de la région de Samlaut. I es chiffres varient de 4 000 à 40 000 !

A l’intérieur du Cambodge, même à Phnom Penh, plusieurs pensent partir se réfugier en Thailande: “Là nous aurons à manger comme autrefois’ peuton entendre parfois à Phnom Penh. Cependant, plus de 1 000 réfugiés sont retournés volontairement au Cambodge, sous protection de l’UNHCR.

L’UNHCR (Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés) a débloqué 7 millions de dollars pour ces réfugiés alors qu’à l’intérieur du Cambodge, plusieurs dizaines de milliers de personnes réellement “déplacées” par les combats ne reçoivent aucune aide.

Les réfugiés semblent devoir être, une nouvelle fois, une arme dans la panoplie américaine contre le régime de Hun Sen.

PREPARATION DES ELECTIONS

Le 1er septembre, Lakham Mehrotra représentant spécial du secrétaire général de l’ONU révèle que Hun Sen a demandé formellement l’engagement de l’ ONU dans la tenue des prochaines élections, non pour les organiser, comme en 1993, mais pour apporter une aide technique et financière, ainsi que des observateurs. Le personnel de l’ONU ne pourra pas se charger du transport des urnes ni du décompte des bulletins. Selon le ministère de l’Intérieur, 21 millions de dollars sont nécessaires à l’organisation des élections.

Le 11 septembre, le Conseil des ministres approuve le projet de législation concernant les futures élections du mois de mai 1998 et le transmet à l’Assemblée nationale. Le 15 septembre, l’Assemblée nationale vote, par 88 voix contre 3, une loi visant à assurer la neutralité des militaires: ils ont le droit de vote, mais ne peuvent être au service d’aucun parti. “C’est un premier pas au moins sur le papier”, note un observateur.

Le 11 octobre, les pays de l’Asean, par la voix de Domingo Siazon, secrétaire philippin des Affaires étrangères, demandent que la discussion sur le projet de loi concernant les élections n’ait lieu qu’après le retour des députés exilés. Son appel est ignoré.

La loi concernant l’enregistrement des partis politiques est votée le 28 octobre, par 84 voix sur 90. Suite aux critiques des observateurs étrangers et des membres d’associations de défense des droits de l’homme, l’Assemblée modifie quelque peu le projet de loi initial:

Tout citoyen a le de fonder un parti, mais doit présenter au minimum 80 candidats (120 étaient prévus dans le projet initial), recueillir 4 000 signatures “en plusieurs provinces’, et non plus 10 000 signatures en 10 provinces), et verser 3 000 dollars de caution (et non plus 3 300). Cette caution sera rendue si le parti obtient 1 député, ou 2 % des voix. Les partis n’ayant pas de ressources, pourront emprunter cet argent au gouvernement. Les responsables de partis ne respectant pas les résultat des élections encourent une peine de 15 ans d’emprisonnement.

Le projet de loi concernant les élections ellesmêmes est adopté par le Conseil des ministres, puis soumis au vote de l’Assemblée qui n’en a pas encore terminé l’étude. Il prévoit la création d’une commission de contrôle comprenant des représentants du ministère de l’Intérieur, des partis politiques et des associations. Certains étrangers s’insurgent de la présence de représentants du ministère de l’Intérieur ! (Fautil rappeler qu’en France et en d’autres pays, c’est le ministère de l’Intérieur qui organise les élections ! La représentation des partis dans la commission de contrôle fait craindre à plusieurs la présence dominante du PPC, auquel se sont ralliés une dizaine de petits partis. Les citoyens condamnés à une peine de prison ou les traîtres ne peuvent être candidats à la députation. Une pétition signée par 27 députés’ dont 17 membres du Funcinpec, demandant l’interdiction pour les membres de la famille royale d’exercer des activités politiques, a été soumise au comité permanent de l’Assemblée nationale. Inutile de préciser qui est visé par ces deux projets de loi.

L’absence du Conseil constitutionnel, qui doit interpréter les lois, et celle du Haut Conseil de la Magistrature qui doit assurer l’indépendance du système judiciaire, dont la création est sans cesse reportée, handicape lourdement la préparation d’élections “libres et indépendantes”.

Plusieurs conseillers et observateurs étrangers estiment que les élections ne pourront se tenir a la date prévue: la législation n’est pas encore votée, il faudra en outre au moins 5 mois pour préparer les listes électorales.

Le 15 octobre, Hun Sen qualifie la suggestion de report de la date des élections d’attitude “colonialiste”. Les décisions concernant la vie du Cambodge relèvent de l’Assemblée, et non pas des autres pays. “Nous ne voulons pas être pris en otages par 4 ou 5 députés ami braillent à l’extérieur du pays’ ditil. Le 17 octobre, Chéa Sim, chef de l’Etat, qui avait semblé accepter l’idée d’un report possible, réaffirme la position officielle.

L’Union européenne (UE) promet d’accorder 12 millions de dollars pour organiser les élections. Selon Om Radsady, président de la commission des Affaires étrangères et de la coopération internationale, cette aide est destinée spécialement à couvrir les frais d’enregistrement des votants et du transport des unités européennes d’observation. L’UE a accordé une aide de 250 millions de dollars depuis 1992.

Dans les cercles diplomatiques de Phnom Penh, une liste de conditions circulait, qui fixait les conditions à imposer au gouvernement cambodgien pour obtenir l’aide de 21 millions nécessaires aux futures élections: que Ranariddh puisse rentrer au pays sans être jugé; que soit négocié un cessezlefeu, qu’une enquête soit menée pour connaître les auteurs des exécutions qui ont suivi les événements des 56 juillet, ainsi que de l’attaque à la grenade du 30 mars. Certains voudraient faire amender la législation sur les élections dans un sens plus libéral, et demandent que la Communauté internationale organise les élections. Cependant, d’autres pensent que de telles conditions constituent une ingérence indûe dans les affaires d’un Etat souverain.

Le Funcinpec

Le 18 avril, le Funcinpec s’était scindé en deux: Toan Chhay, Duong Khem, Ung Phan et une douzaine de députés avaient demandé le départ de Ranariddh de la présidence. Ranariddh avait alors exclu les félons. Après le coup d’Etat des 56 Juillet, les exclusions mutuelles se sont succédées: Ung Huot, Loy Sim Chheang… Ung Huot, premier premier ministre, invite les représentants des deux factions à sa table. Le 23 octobre, le parti retrouve son unité, change son logo: à la place de l’effigie de Ranariddh, il y aura désormais une représentation du monument de l’Indépendance. La question du président du Parti n’est cependant pas réglée: seul un congrès extraordinaire peut élire un nouveau président. On envisage donc un changement de nom du parti, qui deviendrait le “Parti du Nouveau Sanghkum” (“Parti de la nouvelle société”), nom du parti que Loy Sim Chheang secrétaire général du Funcinpec, et viceprésident de l’Assemblée nationale, envisageait de créer.

Le Pracheachon

Le 27 septembre, alors que Hun Sen est à l’étranger, Chéa Sim, président du Prachéachon (PPC) et de l’Assemblée nationale doit intervenir sur les ondes de la radio et à la télévision pour affirmer qu’aucune division n’existe au sein du PPC. Les rumeurs concernant ces divisions seraient lancées par des gens mal intentionnés.

Lors du congrès du PPC, tenu les 2527 octobre, qui rassemble plus de 200 participants, dont 153 membres du comité central, Chéa Sim se doit de réaffirmer l’unité du parti, le soutien au coup de force du mois de juillet, mesure nécessaire “pour renforcer la sécurité, l’ordre social , et le bonheur du peuple”.

Lors de ce même congrès, le PPC réitère sa volonté de voir la présence d’observateurs et de coordinateurs étrangers pour les prochaines élections, mais insiste sur le fait que le Cambodge organisera luimême les élections.

Le PPC espère obtenir 73 sièges de députés sur 120. Même en cas de victoire, il formera un gouvernement de coalition, meilleur moyen, selon le PPC, de promouvoir l’unité nationale, la stabilité gouvernementale et la coopération entre les différents partis. Hun Sen est candidat à sa propre succession.

Divisions au sein du PPC

II est évident qu’il y a pour le moins des tensions à l’intérieur du PPC. Au congrès du mois de février, plusieurs membres du PPC ont reproché à Hun Sen son culte de la personnalité, sa manie de baptiser les jardins publics, les écoles et autres réalisations à son nom. Depuis, certains lui reprochent aussi le coup de force des 56 juillet.

Il est clair que Sâr Kheng et Chéa Sim, beaufrère de Sâr Kheng, ne partagent pas les vues du second premier ministre. Pour Hun Sen, Sâr Kheng, ministre de l’Intérieur, est l’homme des Américains, entouré d’agents de la CIA et aurait pour intention de liquider le second premier ministre. Hun Sen se reproche de ne pas avoir liquidé son ministre de l’Intérieur en 1995, lors de la tentative de coup d’Etat menée par Sin Song et Sin Sen, et auquel il avait initialement accordé son soutien.

Selon Sihanouk, Chéa Sim, même s’il a la voix douce comme son beaufrère, n’en est pas moins un “dur”, qui connait tous les méandres financiers de la maffia au pouvoir.

Nouveaux petits partis

Le 24 octobre, en exil le long de la frontière cambodgienne, Khieu Rada, ancien secrétaire général du Parti de la Nation Khmère de Sam Rainsy (PNK), lance son propre parti, “Parti de l’Unité Khmère” (PUK), avec une plateforme politique de 27 points, dont une déclaration antivietnamienne.

Le 26 octobre, Mom Sonando, lors d’un premier congrès rassemblant 130 personnes, lance le parti “Sambok Kmoun” (“Nid d’abeilles”).

Le roi Sihanouk

Le roi Sihanouk exprime souvent son dégoût de la politique, manifeste sa volonté d’abdiquer si Hun Sen l’y autorise, mais affirme qu’il est retenu par le bien de ses sujets. Hun Sen lui répond qu’il n’a pas d’autorisation à demander ! Le 11 octobre, il déclare que s’il n’était pas bouddhiste il se suiciderait, son règne s’achevant dans la honte, l’humiliation et le désespoir pour son pays: “Dans une Asie e.” pleine expansion, nous sommes une oasis de guerre, d’insécurité, d’autodestruction, de pauvreté, d’injustice sociale, de corruption, de sanslois, de division nationale, de totalitarisme, de trafic de drogue, et de sida”. Le 21 octobre, il refuse la présidence de la commission de supervision des élections. Le 22 octobre, il demande une modification de la Constitution, pour que lui soit retiré le rôle de garant de l’intégrité nationale, pour le confier aux élus qui détiennent les plus hautes responsabilités. De retour à Pékin, il précise la raison de ses déclarations: les Vietnamiens occupent une partie du territoire cambodgien, et il est personnellement dans l’impossibilité de faire quoi que ce soit.

Cette remarque de Sihanouk n’est pas dénuée de fondement: en interrogeant les paysans de la province de Kompong Cham et de Prey Veng, on peut confirmer l’invasion silencieuse de colons vietnamiens sur une quinzaine de kilomètres à l’intérieur des terres cambodgiennes. Le Vietnam nie.

Les déclarations défaitistes de Sihanouk sont sans doute à interpréter comme la volonté de provoquer un électrochoc parmi ses supporters, comme par le passé. Mais il semble qu’actuellement, peu de gens y prêtent attention.

Sihanouk affirme qu’un devin l’avait averti de l’explosion de violence du mois de juillet et que ses prières ont obtenu un allègement des souffrances du peuple. De même, un devin lui a révélé qu’une guerre violente entre Khmers éclaterait en novembredécembre, mais que grâce à ses prières elle serait évitée ou réduite de 20 %.

De teIles déclarations prêtent à sourire pour des Occidentaux, mais correspondent à la mentalité khmère et montrent comment se vil la réalité cambodgienne au jour le jour.

Il quitte le Cambodge pour la Chine, le 25 octobre, soit une semaine avant son 75ème anniversaire, et interdit toute manifestation de joie pour cette fête: pas d’illuminations, pas de feux d’artifice, pas de cérémonies au palais royal. Quand le roi part se soigner en Chine, c’est de Cambodge qui est malade!

DROITS DE L’HOMME

Rapport de L’ONU sur les exécutions sommaires après les 56 juillet

Le 1er septembre, Thomas Hammarberg, représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, pour le respect des droits de l’homme au Cambodge, propose

que soit mise en place une commission d’enquête indépendante pour examiner les exactions commises après le coup d’Etat. Il félicite les membres du Comité de l’ONU pour le sérieux de leurs enquêtes, et s’oppose à tout changement de direction, contrairement à cc que souhaitait Hun Sen. Il demande au gouvernement de

mener des enquêtes sur chacun des cas qui lui sont soumis.

Thomas Hammarberg souligne que depuis la remise de son rapport le août, personne n’a été arrêté ni même poursuivi pour violences après le coup d’Etat. Le 5 septembre, il rend public un rapport de 25 pages émanant de ses services qui donne des détails précis sur 41 exécutions sommaires (à la fin du mois d’octobre, on certifie 45 Exécutions). Des enquêtes sont en cours sur 16 autres disparitions. Le nombre des exécutions pourrait s’élever à la centaine, ou même davantage. On apprend que durant les jours suivant le Coup d’Etat, des hélicoptères ont survolé le Tonlé Sap, à la tombée de la nuit, et y ont largué des objets ressemblant fort à des corps humains. Plus de 105 officiers de police du Funcinpec ont disparu, sans que l’on sache avec exactitude s’ils ont fui le pays, s’ils se cachent, ou s’ils ont été exécutés.

Il annonce qu’en novembre, I’ONU envisagera une action contre le gouvernement cambodgien, si celuici ne fait

pas la lumière sur ces exactions, mais ne précise pas le type d’action.

A titre de preuves, les membres du Comité des droits de l’homme de l’ONU déterrent régulièrement les corps de suppliciés, entre autres, le 15 octobre, les cadavres du général Krauch Yoeun, soussecrétaire L’Etat à la Défense, et puis la semaine suivante, celui du général Chau Sambath, vicedirecteur des services de renseignements du Funcinpec, près de Oudong. Tous deux ont été exécutés de trois balles dans la tête, les mains lices derrière le dos, les corps montrant des signes de tortures. Le 23 septembre, Sâr Kheng, ministre de l’Intérieur, avait semé le désarroi, en affirmant qu’il connaissait le meurtrier de Ho Sok, secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur ! Ce n’est pas une nouvelle, tout le monde pointe le doigt sur Hok Lundy, chef de la Police nationale, son grand rival.

les responsabilités de l’attentat contre la manifestation menée par Sam Rainsy, le 30 mars, ne sont toujours pas établies et plusieurs interrogations demeurent.

Toutes les apparences accusent le gouvernement, entre autres la présence des gardes du corps de Hun Sen sur les lieux. Cependant des éléments troublants sont à verser au dossier. On sait que Hun Sen a déploré l’attentat, probablement pas seulement pour la forme. On voit mal pourquoi il aurait pris le risque d une réprobation générale au premier jour de la biennale du Cinéma asiatique, en présence de nombreux journalistes.

Une question demeure au sujet de la manifestation: pourquoi avoir organisé une telle manifestation, un dimanche matin à 8 h. devant une Assemblée nationale vide? Généraleme nt une manifestation se tient dans m lie . public, pour être entendu de quelqu’un !

Un partisan influent du mouvement khmer rouge, résidant en France, se rend au Cambodge le 29 mars, pour en repartir le 31. Il est présent à la manifestation nt prend beaucoup de photos. La vidéo retraçant le déroulement de

la manifestation a un vide au moment du jet de grenade. Sam Rainsy donne des versions différentes et presque contradictoires.

Lorsque les agents du FBI viennent enquêter sur le massacre, ils sont reçus chaleureusement par Sam Rainsy qui leur demande de publier leur rapport et condamner Hun Sen, avant même que l’enquête ne soit commencée. I es agents du FBI répondent qu’ils sont venus faire une enquête; la publier relève du pouvoir politique. La conversation tourne à l’aigre, et les agents du FBI sont pratiquement expulsés de chez Sam Rainsy. Rainsy publiera un rapport du FBI qui, au yeux des connaisseurs, est un faux ! Pourquoi les autorités américaines n’ont elles pas publié le résultat de l’enquête si elle était vraiment contre les intérêts de Hun Sen ?

Manipulation ? Mais par qui? Dans quel but ? La réponse n’est pas aussi simple qu’on le pensait initialement.

Le coup d’Etat serait le résultat d’une tentative avortée de Ranariddh

Un dossier de 86 pages émanant du ministère des Affaires étrangères donne la version officielle des événements. Sans prendre cette version comme argent comptant, un certain nombre de faits troublants sont à verser au dossier.

Réunis en congrès au mois de mars 1996, les membres du Funcinpec, parti vainqueur aux élections de 1993, mais privé du pouvoir sur le terrain au profit du PPC adoptent une ligne de confrontation avec le PPC. Ce parti est désormais qualifié de “communiste” Ranariddh et une partie de ses conseillers expriment publiquement le désir d’en découdre militairement avec le PPC, se vantant d’être militairement plus forts que lui et de pouvoir l’écraser. Sihanouk déconseille vivement toute confrontation militaire mais son fils lui laisse entendre qu’il devra bientôt se rendre à l’évidence de la victoire militaire du Funcinpec.

Ranariddh met le feu aux poudres en menaçant le PPC de se retirer de la coalition gouvernementale s’il n’obtient pas la moitié des postes administratifs du pays. A chaque provocation du Funcinpec, Hun Sen en profite pour renforcer son pouvoir.

Plusieurs escarmouches ont précédé le coup d’Etat des 56 juillet, et sont, de toute évidence, imputables à Hun Sen.

Cependant, le vendredi 4 juillet, Ranariddh part en France, date fixée depuis longtemps, et non sous la pression des armes. Hun Sen s’en va en vacances au Vietnam. I e samedi S. à 5h, heure de Phnom Penh, alors que Ranariddh est dans l’avion qui le conduit en France, la Voix de l Amérique, en khmer, publie une interview préenregistrée dans laquelle il annonce qu’un coup d’Etat a eu lieu à Phnom Penh. [ es autorités du Funcinpec font replier les épouses des chefs militaires vers l’extérieur de la ville, à Taing Krasaing, ce qui laisse supposer qu’ils veulent attaquer Phnom Penh. Hun Sen entend l’interview au Vietnam, et rentre précipitament à sa résidence de Ta Khmau où il trouve ses gardes insouciants, qui ne sont au courant de rien. Les tanks sont bâchés, et non en état d’alerte Huii Sen donne des ordres pour faire face a coup d’Etat annoncé. Il fait venir des troupes de Kompong Cham, dont les chefs transmettent leurs ordres en vietnamien (comme ceux de l’aviation les transmettent en anglais). Une vidéo cassette tournée par le Funcinpec et saisie par la suite, présente le déroulement de: victoire prévue. On y voit des officiers du Funcinpec interroger de pauvres bougres du PPC.

Même les connaisseurs sont incapables de préciser qui a commencé les hostilités. Quoiqu’il en soit de l’éventuelle responsabilité de Ranariddh dans le coup d’Etat luimême, on ne peut passer sous silence, même au nom de la réalpolik, la centaine d’éxécutions sommaires qui ont suivi les événements.

Condamnation de Srun Vong Vannak

Le 9 septembre, Srun Vong Vannak, chef de la sécurité du Parti de la Nation khmère (PNK) de Sam Rainsy, accusé d’être le commanditaire du meurtre du frère de Hun Sen, est condamné à 13 ans de prison. Ce procès est, de toute évidence, un déni de justice. Après 7 heures d’audience ininterrompue, le juge annonce qu’il se retire pendant dix minutes pour délibérer. Avant même ce délai, il revient lire la sentence, dont la seule lecture dure plus de 10 minutes.

L’avocate de Vannak indique l’avenir. “La suite logique est de monter un faux procès contre Sam Rainsy, d’émettre un mandat international, et ainsi de lui interdire la possibilité d’etre candidat aux élections…”

La presse sous surveillance

Durant la semaine du 14 au 20 septembre, on a pu dénombrer 33 publications en langue khmère, totalisant 78 tirages. Il existe 4 à 7 quotidiens, dont la plupart soutiennent la résistance. La liberté d’expression semblc donc exister (sous surveillance), au Cambodge. Cependant:

Le journal “Prayuth” (“Combat”) est interdit pour une durée d’un mois pour avoir “diffusé de fausses nouvelles visant à démoraliser l’armée” en écrivant que le bilan de l’opération des FARC contre les royalistes à O Smach s’élevait à 200 morts et près de 500 blessés. Son article est, hélas, en dessous de la vérité.

Les journaux “Khmer Apikret” (“Neutralité khmère”), “Sankros Khmer”, (“Salut khmer”) “Sereiphéap Thmey” (“Nouvelle liberté”) sont suspendus pour une durée indéterminée.

Le 12 septembre, Dout Sadet, journaliste qui avait fui à l’étranger le 28 juillet, avec l’aide du Comité de l’ONU pour la défense des droits de l’homme, rentré au Cambodge le 11 septembre, fustige les associations de défense des droits de l’homme qui, selon lui, ont poussé beaucoup de gens à fuir après les événements des 56 juillet. Un autre journaliste, contacté par Chum Kanal, président de la 1 igue des journalistes cambodgiens proHun Sen, affirme que Chum Kanal lui aurait promis 5 000 dollars s’il participait à cette conférence de presse. Le lendemain, Chum Kanal, tente de salir Pin Samkhon, président de l’Association des journalistes khmers, réfugié en Thaïlande, en l’accusant d’avoir exagéré le nombre des journalistes exilés et d’utiliser les fonds destinés aux journalistes à son propre profit. Selon Chum Kanal, seulement 14 journalistes ont fui à l’étranger, 40 selon Pin Samkhon.

Le ]3 octobre, le journal d’opposition “Antarakoum” (“Intervention”) est suspendu pour 25 jours, pour avoir truqué une photo remplaçant la tête de Hun Sen par celle de Niek Bun Chhay passant en revue des troupes.

Le 14 octobre, “Banteay Srei” journal progouvernemental, est fermé pour avoir ouvert ses colonnes sans autorisation.

Le 16 octobre, la résidence du rédacteur en chef de “Koh Santéphéap” (“lle de la paix”), connu pour favoriser le régime en place, a reçu 2 grenades. Il venait d’émettre des critiques contre Chéa Sim, Téa Banh, Hok 1 undy Theng Bun Ma.

Khmers Rouges

Vans la première interview accordée à la presse internationale depuis près de 20 ans, Pol Pot affirme avoir la conscience en paix, et n’être pas à l’origine des massacres. Ceuxci auraient été l’oeuvre des Vietnamiens, qui ont notamment créé de toutes pièces la prison de Tuol Sleng. Le plus surprenant est que le Vietnam croit devoir démentir.

Le 28 octobre, leng Sary, ex n° 2 du régime khmer rouge, responsable de la mort de millions de Cambodgicns. se rend à Phnom Penh, en compagnie de Ieng Vuth, son neveu, et de I Chhieng, gouverneur de Païlin Il affirme lui aussi être innocent. Il fait le voyage à la demande de Hun Sen, qui veut ainsi montrer qu’il est le champion de la réconciliation, et que le DUNUM de leng Sary collabore avec le gouvernement.

ECONOMIE

La représentation du FMI (Fonds monétaire international) quitte Phnom Penh au début septembre, en signe de protestation contre le gouvernement qui n’a pas pris les mesures promises. La Banque mondiale suspend donc, elle aussi, ses activités. Depuis 1992, la Banque mondiale a accordé des prêts d’une valeur de 237 millions de dollars au Cambodge. Lors de la réunion du Groupe consultatif des 34 juillet, à 1 aris, le FMI n’avait pas épargné ses critiques et avait mis en garde le gouvernement cambodgien, spécialement contre les exemptions d’impôts accordées aux sociétés d’exploitation du bois. Près de 50% du budget national est fourni par

l’aide étrangère. Washington a coupé ses 60 millions d’aide bilatérale mais continue de verser 22 millions d’aide humanitaire.

La décision de laisser le siège du FMI vacant tombe à un mauvais moment, après la crise de confiance qui a suivi les événements des 56 juillet Ii ne convient pas d’y voir la main des EtatsUnis, mais la lassitude des pays donateurs qui ne croient plus aux promesses des officiels cambodgiens. Les membres du gouvernement se conduisent en véritable maffia confisquant à leur profit toutes les richesses nationales. Il suffit de rappeler qu’aucune ligne du budget ne concerne les recettes en provenance du caoutchouc, jadis principale source de devises étrangères Sur plus de 100 valeur de 40 millions de dollars, valable pour une durée de 25 ans, avec la Société canadienne Dinico International pour la construction d’une usine de purification de l’eau. Cette société fournira 150 000 m3 par jour.

Selon le Bureau d’investissement du Cambodge, en dépit des événements des 45 juillet, le bureau a approuvé 49 projets d’investissement pour une valeur de 62 millions de dollars depuis le mois de juillet. Depuis le début de l’année, les investissements s’élèvent à 400 millions, soit le double de l’an dernier.

SOCIAL

Selon un rapport de l’UNDP (Programme de l’UNDP pour le Développement), la pauvreté est “l’ennemi public n°1 ” du Cambodge. 4 cambodgiens sur 10 vivent au dessous du seuil de pauvreté, la situation étant pire en province qu’en ville. 50% des enfants de moins de 5 enfants sont sousalimentés et en arrêt de croissance. Le Cambodge est à l’avantavantdernier rang des 14 pays asiatiques pour l’espérance de vie, I’alphabétisation des adultes, de la scolarisation des entrants et du PNB, soit avant le Bangladesh et le Népal. Seulement 27 enfants sur 1 000 qui sont entrés à l’école primaire sortent de l’école secondaire avec un diplôme. C’est le pays où l’on a le moins accès au médecin, que chaque personne consulte une fois tous les trois ans. Dans une interview à son bulletin mensuel en date du 26 septembre, le roi Sihanouk craint que son pays ne se dirige “vers une révolution paysanne et prolétarienne” avec des leaders qui émergeront de cette classe populaire. beaucoup de gens des provinces n’ont rien à manger”

Il serait bon de rappeler que le Cambodge n’est pas un pays pauvre, mais que sa richesse est confisquéee par un petit groupe de maffieux au pouvoir, quel que soit le parti auquel ils appartiennent.

Au moment où le FMI décide de quitter le Cambodge, le PNUD approuve un projet de quatre ans, d’une valeur de 44,5 millions pour lutter contre la pauvreté.

Suite aux événements des 45 juillet, plusieurs entreprises de confection ont baissé le salaire de leurs ouvrières, passant de 40 à 25 dollars par mois, pour 48 heures de travail hebdomadaire. Le 5 septembre, les employés de l’entreprise Gold Kamvimex manifestent pour demander l’augmentation de leurs salaires. Le lendemain, plus de 500 travailleurs de la même entreprise cessent le travail pour protester contre le passage à tabac d’un des leur par le personnel de sécurité de l’entreprise.

Le 5 octobre, les ouvriers des plantations de caoutchouc de Tapao, d’une superficie de 4 000 hectares, appartenant au richissime Kim Hap, se mettent en grève pour réclamer l’augmentation de salaire promise en avril. Au cours d’échauffourées violentes, les manifestants brûlent des véhicules, pillent 70 tonnes de riz, volent 60 000 dollars en liquide et causent pour près de 500 000 dollars de dégâts. Les ouvriers gagnent 20 dollars et demi par mois!

Du 25 au 23 octobre, les 2 000 employés de l’usine de confection taiwanaise Chu Hsing Garment se mettent en grève pour demander et obtenir une augmentation de salaire (de 40 à 50 dollars par mois à cause des frais de déplacements, une augmentation de salaire des ouvriers à contrat temporaire de 30 à 36 dollars, que le samedi soit congé, que les heures supplémentaires ne soient pas obligatoires, que des services médicaux soient donnés à l’intérieur de l’usine. Le service de sécurité, armé de 6 fusils d’assaull AK 47, tente de disperser les manifestants en tirant en l’air. I a manifestation bon enfant tourne à l’épreuve de force, les manifestants s’étant armés de pierres. La police intervient pour confisquer les AK 47. Bien que non syndiqués, 17 délégués du personnel négocient avec la direction, grâce à la médiation du ministère des Affaires sociales.

Hun Sen ordonne la fermeture de 10 casinos illégaux à Phnom Penh pour raison de sécurité. Il y a en principe deux casinos autorisés, mais au moins 35 maisons de jeu clandestines

Le 6 octobre, I’Assemblée nationale vote une loi de 16 articles, concernant l’interruption volontaire de grossesse, avant 12 semaines de grossesse. 473 sur 100 000 femmes meurent en couches, dont un tiers à cause des avortements clandestins. Certaines ONG et des groupes religieux manifestent leur désaccord, déclarant cette loi contraire à la tradition bouddhiste.

Drogue

Le 7 septembre, Méas Phang, du Funcinpec, général conseiller des coministres de la Défense, est arrêté en possession de 850 grammes d’héroïne.

Le 8 octobre, 16 personnes sont arrêtées à Phnom Penh, en possession de 4.464 kg d’opium.

La criminalité à l’encontre des étrangers est en nette augmentation depuis les 56 juillet: six ou 7 vols à main armée chaque semaine contre deux ou trois auparavant. C’est le plus souvent le fait de jeunes gens appartenant à des familles riches qui ont besoin d’argent.

DIVERS

Le recensement de la population cambodgienne s effectuera sous la conduite du Fonds de l’ONU pour la Population (FONUP) en deux phases, du 27 février au 2 mars, et du 3 au 12 mars 6 000 interviewers et 8 000 superviseurs sont recrutés.

On signale une diminution des accidents dûs aux mines durant les derniers mois dans les cinq provinces du Nord: en septembre, seulement 78 accidents contre 114 en août. A.’ moment OU à Oslo certains militent contre l’interdiction

des mines antipersonnel, les deux cotés en présence posent des mines. Un Cambodgien sur 216 est amputé par fait de mines.

Le 3 septembre. Kim Chany, (FUN) directeur d’Interpol au Cambodge est arrêté par les autorités cambodgiennes pour trafic de 15 fusils. Il avait déjà été arrêté en 1996 à Pochentong pour ce genre de commerce.

Le 18 septembre, Phan Phéak, major du second bureau des FARC et chef de la sécurité au casino Naga est arrêté avec son garde du cor ps et son chauffeur pou’ trafic de taux billets pour une somme de 100 000 dollars.