Eglises d'Asie

Colombo : bouddhistes et catholiques recherchent une solution pacifique

Publié le 18/03/2010




A l’initiative du mouvement d’Eglise, “Justice et paix pour la réconciliation nationalecatholiques et bouddhistes srilankais se sont rencontrés au Centre Joseph Vaz de Colombo pour y discuter des diverses voies possibles susceptibles de mettre un terme à la guerre ethnique menée depuis quatorze ans par les séparatistes tamouls. Le projet de décentralisation des pouvoirs, lancé au mois d’août dernier, par la présidente Chandrika Kumaratunga (12), a été au centre des débats et a fait l’objet d’appréciations et commentaires divers.

Au cours de ces entretiens, le vénérable Madulawate Sobitha Thero, desservant d’une importante pagode, a émis une opinion nuancée au sujet de ce projet gouvernemental, qui, s’il était appliqué, transformerait le Sri Lanka en une sorte d’Etat fédéral où des conseils régionaux, sans doute au nombre de neuf, jouiraient de pouvoirs importants (). Le religieux bouddhiste ne serait pas opposé à cette initiative gouvernementale si ses motivations étaient uniquement d’ordre administratif ou en rapport avec le développement du pays. Cependant, il déclare retirer son assentiment à une décentralisation fondée sur des considérations ethniques et religieuses, destinées à donner une solution à un conflit ethnique dans lequel ce sont principalement les rebelles tamouls qui demandent l’autonomie au nord et à l’est du pays.

Un autre responsable religieux bouddhiste, le vénérable Dodamphala Rahula Thero, a reconnu un certain mérite au partage du pouvoir envisagé par le gouvernement. Il devrait permettre aux populations d’une région de protéger leurs propres ressources, comme par exemple, le bois de teck et les phosphates dans le sud, qui risqueraient, sinon, de leur être confisquées par le pouvoir central.

L’ancien gouverneur des provinces du nord et de l’est, Lionel Fernando, a pris la défense du projet gouvernemental qui implique un changement des délimitations des provinces, changement qui ne sera réalisé qu’avec l’accord des populations. Il a ajouté que le texte du projet contenait des garanties contre le risque d’un éclatement du pays. De son côté, le professeur Tissa Vitharana a fait remarquer que la délégation de pouvoirs, projetée par le gouvernement, ne constituait pas en elle-même un tout; elle devait être considérée comme un élément s’inscrivant à l’intérieur d’un processus plus vaste.

Les catholiques présents ont voulu conserver le caractère indépendant de ces entretiens: le secrétaire général de la Conférence épiscopale du Srilanka, Mgr Malcolm Ranjith, a même déclaré qu’il ne fallait pas considérer cette rencontre comme une plateforme visant à diffuser le projet gouvernemental mais comme un forum de recherche pour la paix. L’intervention du P. James Pakianathan, originaire de la région de Wanni, déchirée par la guerre, a même été particulièrement critique vis-à-vis du pouvoir. Il a mis en doute le bien fondé de la déclaration du gouvernement selon laquelle ce dernier lutterait contre les “Tigres pour la libération de l’Eelam Tamoul” et non pas contre la population tamoule. Le prêtre a évoqué le dernier pèlerinage à Notre-Dame de Madhu (13) au cours duquel les pèlerins venus du sud n’avaient eu le droit d’emporter avec eux qu’une somme de 200 roupies (3,3 dollars) et quelques cachets d’aspirine. Il a décrit la difficile existence de la population dans la région de Wanni où même les médicaments à usage civil sont strictement contrôlés.