Eglises d'Asie

Le président du Conseil chrétien de Chine (protestant) se déclare consterné par l’attitude d’une des plus grandes Eglises des EtatsUnis

Publié le 18/03/2010




Le Conseil chrétien de Chine (CCC), qui représente dix millions de protestants en République populaire de Chine, menace de couper toute relation avec l’une des plus grandes Eglises des EtatsUnis, accusant son département missionnaire de vouloir infiltrer la Chine par le biais d’activités missionnaires clandestines.

Dans une lettre adressée cette semaine aux “amis de l’Eglise en Chine” dans le monde, le président du Conseil chrétien, Han Wenzao, écrit, de Shanghai, que les relations avec le Département missionnaire international de la Convention baptiste du Sud, aux EtatsUnis, traversent une “phase difficile“. La Convention baptiste du Sud, qui compte plus de 15 millions de membres, est la deuxième Eglise des EtatsUnis. Han Wenzao précise que le Département missionnaire international, qui coopérait dans le passé avec le CCC, a décidé, “sans nous consulter“, d’adopter une “double approche” à l’égard de la Chine.

Selon ce principe, sans abandonner son partenariat ‘ouvert’ avec le CCC, il a décidé de choisir également une autre voie, la voie clandestine, en envoyant secrètement des collaborateurs de l’Eglise poursuivre des activités ‘missionnaires’ dictées par le Département missionnaire“, écrit le président du CCC. “Ces personnes ne veulent pas révéler au CCC et au gouvernement chinois leur identité ni leurs relations avec le Département missionnaire. Il est difficile, d’un point de vue chrétien, de justifier une telle attitude. C’est pourquoi, le CCC a informé un représentant du Département missionnaire que nous ne prendrons pas part à cette tromperie, et que nous ne pouvons pas entretenir de relations avec une organisation pratiquant une double politique, ni légitimer cette infiltration secrète. Ce serait agir en violation de nos principes et de nos préceptes chrétiens“.

Conformément à la loi chinoise sur la pratique de la religion, le CCC et son organisation soeur, le Mouvement des trois autonomies, cherchent à promouvoir un christianisme chinois postdénominationnelqui met l’accent sur les valeurs chrétiennes et la qualité de citoyen de Chine.

Le gouvernement de Pékin exige l’enregistrement de toutes les organisations religieuses nationales et locales. Tous les organismes religieux non officiels sont en infraction. Aux yeux du gouvernement, les missionnaires exerçant des activités clandestines encouragent les valeurs “non chinoises”.

Le CCC craint que la présence de missionnaires étrangers non autorisés par le gouvernement ne nuise aux relations que d’autres organisations religieuses officielles et le CCC ont développées avec le gouvernement.

De plus en plus, il se préoccupe de ce que pensent les chrétiens des EtatsUnis à propos de la situation des chrétiens en Chine. En août, l’ancien président du CCC, l’évêque K.H. Ting (Ding Guangxung), avait déclaré que le rapport du Département d’Etat sur la liberté religieuse des chrétiens à l’étranger pourrait en fait nuire aux chrétiens chinois et être perçu comme une ingérence des EtatsUnis dans les affaires intérieures de la Chine.

Le président Jiang Zemin de Chine, qui vient d’achever une visite d’Etat aux EtatsUnis, a invité trois responsables religieux américains à se rendre en Chine, du 30 décembre au 20 janvier, pour observer la situation de la liberté religieuse dans le pays. Ces responsables religieux sont Don Argue, pasteur des Assemblées de Dieu et président de l’Association nationale des évangéliques; l’archevêque catholique Theodore E. McCarrick, de Newark, New Jersey, président de la Commission de politique internationale de la Conférence épiscopale catholique des EtatsUnis; et le rabbin Arthur Schneier, chef spirituel de la synagogue de Park East à New York, et fondateur président de la Fondation “Appeal of Conscience”.

Mark Kelly, un collaborateur du Département missionnaire de la Convention baptiste du Sud, a affirmé, à New York, ne pas être courant de la lettre de Han Wenzao.