Eglises d'Asie

Les catholiques de Chilaw s’opposent à un projet de construction de centrale électrique dans le voisinage d’un sanctuaire consacré à sainte Anne

Publié le 18/03/2010




Un projet de construction d’une centrale électrique thermique au charbon dans le voisinage du centre de pèlerinage de sainte Anne du diocèse de Chilaw, sur la côte ouest de l’île à 160 km au nord de Colombo, suscite les protestations des catholiques de la région, qui craignent que les travaux de construction ne provoquent des dommages irréparables au site et au sanctuaire de la sainte. Selon l’évêque du lieu, qui, le 14 novembre dernier, s’était joint à 10 000 de ses fidèles porteurs de pancartes protestataires, les digues marines et les constructions côtières, éléments faisant partie du complexe de la centrale thermique, risquent de provoquer l’érosion du sanctuaire, sinon son inondation. Les protestations sont d’autant plus vives que, pour les catholiques du sud, le sanctuaire de Sainte Anne remplace, comme lieu de pèlerinage, le célèbre sanctuaire de Notre-Dame de Madhu, situé dans une province du nord, rendue inaccessible à cause de la guerre ethnique qui sévit depuis 14 ans. Les catholiques ne sont d’ailleurs pas les seuls à s’opposer au projet gouvernemental. D’autres raisons sociales et économiques poussent des bouddhistes, des hindous et des musulmans à s’associer à leur refus.

Dans une lettre envoyée au président, l’évêque de Chilaw énumère trois raisons supplémentaires de renoncer au projet. Le réchauffement graduel de l’eau de mer sur une grande étendue ne pourra avoir que des effets nocifs sur les activités de la communauté de pêcheurs vivant dans la région. Les dégâts causés sur l’environnement par la pollution émanant de la centrale rendra vite impossible le vie des paysans des alentours. Enfin, les rebelles tamouls qui, jusqu’ici, n’ont jamais été capables d’attaquer Colombo, pourront tout à fait aisément s’en prendre à la nouvelle centrale, et plus particulièrement, au tapis roulant de quatre kilomètres de long, qui est comme l’épine dorsale de l’ensemble prévu.

Toutes les raisons de s’opposer à ce projet ont été consignées dans un petit livre édité par le recteur du sanctuaire de sainte Anne, intitulé « Centrale thermique au charbon et sanctuaire ». Un autre livret a été publié par la Compagnie nationale d’électricité où sont réfutés les principaux arguments des opposants, concernant le brouillard acide, les fumées noires, les dégâts causés aux plantations de thé, l’extinction de la vie marine due au réchauffement de la mer. On ajoute que le charbon est moins polluant que le gasoil.

Au mois d’avril dernier, 2 000 habitants de la région avaient exprimé leur opposition au projet alors qu’une commission d’experts se livrait à une enquête sur place. Au cours d’un heurt avec la police, l’un des manifestants avait trouvé la mort.