Eglises d'Asie

Les critiques de l’archevêque de Cantorbéry contre les lois sur le blasphème irritent les fondamentalistes musulmans

Publié le 18/03/2010




Dans un discours qu’il a prononcé à l’université islamique d’Islamabad, le 5 décembre 1997, Mgr George Leonard Carey, archevêque de Cantorbéry et chef de la Communion anglicane mondiale, a suggéré l’abolition de la peine de mort qui frappe ceux qui sont condamnés pour blasphème à l’encontre du prophète Mahomet. Son discours a suscité une réaction immédiate et violente de tous les oulémas fondamentalistes du pays.

Pratiquement toutes les organisations politico-religieuses musulmanes du pays ont publié, le même jour, des communiqués menaçant le gouvernement de conséquences terribles s’il lui venait à l’idée d’amender l’article 295-c du code pénal pakistanais, pour suivre la suggestion du prélat anglican. Cet article de la loi actuelle rend la peine de mort automatique pour toute personne convaincue d’avoir diffamé le prophète de quelque manière que ce soit. L’article 295-b prévoit une peine obligatoire de prison à vie pour blasphème à l’encontre du Coran.

Ameerul Azeem, secrétaire à l’information du mouvement islamique Jamaatiislami, a déclaré que le Pakistan est un Etat souverain, libre d’introduire les lois qui lui conviennent. Il a demandé de quel droit le prélat anglican pouvait commenter les lois pakistanaises sur le blasphème. De son côté, Tahir Ul Gadri, chef de l’organisation sunnite Minhaj ulQuran, a affirmé que personne ne peut accorder le pardon à un blasphémateur et celui qui pense que c’est possible est un malheureuxLe Jamiat Ulema Islam(conseil des intellectueles islamiques), le Sipah Sahaba (armée des compagnons du prophète), et le MajliseKhatmeNabooat (association pour l’accomplissement du prophète) ont aussi dénoncé publiquement la suggestion avancée par l’archevêque de Cantorbéry.

De son côté, Fazal Karim, ministre du gouvernement provincial du Punjab, responsable de l’administration des biens religieux, a rassuré les groupes fondamentalistes, assez peu représentés dans les assemblées provinciales, en précisant que le gouvernement n’avait nullement l’intention de procéder à des amendements du code pénal pakistanais. Il a rappelé que le premier ministre, Nawaz Sharif, avait affirmé en plusieurs occasions qu’il n’était pas question d’amender l’article 295-c.

Le quotidien en langue urdu “NawaiWaqt“, du 7 décembre, a publié un éditorial qui affirme : Bien que les conversions soient interdites, les chrétiens ont réussi à convertir des milliers de musulmansLes commentaires de Mgr Carey) pourraient bien provoquer des difficultés pour les croyants de son bord au Pakistan“. Le 4 décembre, à Lahore, l’archevêque de Cantorbéry avait déjà demandé que le Pakistan abolisse le système des électorats séparés au Pakistan, qui pénalise les minorités religieuses et ethniques.

C’était la première visite officielle de Mgr Carey au Pakistan. Il était accompagné de sa femme et d’un certain nombre de dignitaires de l’Eglise anglicane.