Eglises d'Asie

Vive réaction du gouvernement à un livre de la commission internationale des juristes dénonçant la répression chinoise au Tibet et proposant un référendum

Publié le 18/03/2010




Dans un livre de 365 pages, intitulé « Droits de l’homme et autorité de la loi », paru lundi 22 décembre 1997, la Commission internationale des juristes affirme que, depuis l’occupation de leur territoire par les forces communistes, les Tibétains sont devenus un peuple soumis au joug de l’étranger. Les auteurs de l’ouvrage accusent la Chine d’intensifier la répression au Tibet et lui demandent de procéder à un référendum contrôlé par les Nations Unies, qui permettrait à la population d’exercer son droit à l’auto-détermination.

Le secrétaire général de la Commission internationale des juristes, Adama Dieng, co-auteur du livre, est convaincu que la politique chinoise actuelle vise à faire disparaître le sentiment national et à anéantir la culture tibétaine afin de maintenir le pays sous une domination étrangère et impopulaire. Selon lui, la Chine encourage et facilite la migration en masse au Tibet de populations d’ethnie chinoise pour que ces dernières assurent leur prédominance dans la région en tous les domaines. Les Chinois représenteraient aujourd’hui un tiers de la population de la zone autonome du Tibet, alors que cette proportion n’était que de 10 % en 1949. Sans nier que des progrès indéniables aient été accomplis dans le domaine de l’économie, de la santé et de l’éducation, le livre montre que l’héritage culturel du Tibet et son environnement ont subi des dommages irréparables, et que la langue nationale n’occupe plus qu’une position marginale.

Le livre entre dans le détail de cette répression qui n’a cessé de s’intensifier depuis le début de 1996. Des cours intensifs d’instruction politique ont été rendus obligatoires dans les monastères. Une campagne dite d' »éducation patriotique » force des centaines de moines à quitter leurs couvents et à condamner le Dalaï Lama, dirigeant spirituel du pays en exil, contre qui une véritable guerre totale a été lancée par la Chine. Le nombre de prisonniers politiques a atteint le nombre de 600, la plupart arrêtés pour des protestations pacifiques. Le quart, peut-être même le tiers d’entre eux, sont des religieuses bouddhistes. Dans les prisons, l’usage de la torture s’est généralisé. Les femmes, particulièrement les religieuses, y sont soumises à des traitements spécialement cruels. Plusieurs d’entre elles sont mortes.

Le livre publié par la Commission internationale des juristes, présente un certain nombre de propositions, dont la principale est un projet de référendum contrôlé par les Nations Unies, qui permettrait de connaître les souhaits du peuple tibétain. Ce référendum qui serait soumis aussi aux votes des Tibétains à l’étranger, donnerait le choix entre trois possibilités : la restauration d’un Etat indépendant, un réel statut d’autonomie ou encore le maintien de l’actuel statut. D’autres initiatives possibles font partie des propositions de juristes internationaux: la nomination d’un rapporteur spécial pour le Tibet à la Commission des droits de l’homme des Nations Unies, l’ouverture de négociations entre la Chine et le Dalaï Lama, la désignation d’un représentant spécial des Nations Unies dans la région.

Dès le lendemain de la parution du livre de la Commission internationale des juristes, le mardi 23 décembre, la Chine réagissait avec une grande vigueur. « Il est hors de question d’organiser un référendum; depuis un temps immémorial, le Tibet est une partie de la Chine! », a immédiatement affirmé le porte-parole des Affaires étrangères. Ce dernier a ajouté que les auteurs du livre ignoraient les réalités du Tibet, comme les lois internationales. Les affaires du Tibet sont celles de la Chine et aucune organisation étrangère n’a le droit de s’y ingérer.