Eglises d'Asie

LES JEUNES CATHOLIQUES DE HONGKONG AUX JOURNEES MONDIALES DE LA JEUNESSE

Publié le 18/03/2010




Si individuellement, certains jeunes de Hongkong avaient déjà participé à des JMJ, il fallut attendre la rencontre de Manille, en 1995, pour que le diocèse de Hongkong envoie une délégation officielle aux JMJ. Compte tenu de la proximité géographique, plus de 370 jeunes ont participé à cette rencontre. Dans le prolongement de ce temps fort, des initiatives se sont lancées (messes de jeunes, groupe de création musicale catholique, etc.). Le diocèse qui, en 1994, avait engagé une réflexion sur la pastorale diocésaine des jeunes, a profité de l’occasion pour créer une commission diocésaine pour la pastorale des jeunes, assortie d’un centre des jeunes. Une autre des conséquences directes de Manille fut la volonté d’un groupe de participants d’organiser une nouvelle délégation pour les JMJ à Paris, partant du constat suivant: “Notre participation JMJ en 1995 a transformé notre vie chrétienne, et nous voulons que d’autres jeunes puissent faire la même expérienceAu vu du projet élaboré par ces quelques jeunes, l’évêque s’est décidé à envoyer une délégation officielle à Paris, et a nommé une commission préparatoire composée du noyau initial de jeunes et de représentants des différents mouvements de jeunes (écoles, Focolari, commission diocésaine des jeunes, commission salésienne des jeunes, service des vocations). Dès septembre 1996, le programme de la délégation était établi et reçut un accueil enthousiaste de la part des jeunes qui s’inscrivent en grand nombre. A Noël 1996, les inscriptions étaient arrêtées et l’événement JMJ 97 commençait, comme le résumait le P. Joseph YIM, responsable diocésain des vocations, et chef de la délégation, lors de la première rencontre de formation, le 4 janvier 1997 : “Aujourd’hui, notre pèlerinage des JMJ commence. Il nous emmènera à Paris. Mais l’avant comme l’après Paris en est une partie tout aussi importante à laquelle vous êtes invités à participer avec autant de coeur qu’à l’occasion des journées mondiales proprement ditesLe ton était donné.

En peu de temps, les inscriptions ont dépassé toutes les prévisions et pour des raisons d’organisation matérielle, elles durent être limitée à 300 participants (avec les défections ultérieures, le total final fut de 250). Cette réponse étonnamment rapide des jeunes a circonscrit la participation à un public très motivé (ecclésialement engagé, lisant la presse catholique ou se tenant au courant des nouvelles diocésaines), issu des paroisses, des écoles catholiques ou des différents mouvements. Le projet initial d’accueillir des jeunes d’autres confessions chrétiennes ou en recherche, n’a donc pas pu être honoré par manque de places.

Compte tenu de la physionomie des participants, le programme de la délégation fut volontairement exigeant, centré sur la rencontre avec le Christ (développant l’appel de Jésus, “Venez et voyez” (Jn 1,39), thème des JMJ 1997), privilégiant ainsi un cheminement de foi plutôt qu’une découverte plus touristique (et lors de l’unique journée touristique à Paris, une trentaine de jeunes ont préféré se rendre à Lisieux). La longue préparation fut répartie sur six rencontres mensuelles d’une demijournée, un weekend de conclusion et une célébration d’envoi par l’évêque. La préparation, tout autant spirituelle que matérielle, fut largement prise en charge par les jeunes euxmêmes, en particulier les membres de la commission préparatoire et les 12 coordinateurs de la délégation, qui ont sacrifié l’essentiel de leur temps libre pendant plusieurs mois consécutifs pour cela.

Ce parcours préalable a éveillé une attente forte de la part des jeunes, ce qui leur a permis de vivre en profondeur les 20 jours de pèlerinage en France, avec des expériences inoubliables. De l’étape de Taizé, ils retiendront une ambiance de prière et de communion à laquelle ils continuent d’aspirer et qu’ils cherchent à reproduire dans les lieux ecclésiaux où ils sont engagés. Les 4 jours de retraite monastique furent l’occasion de découvertes qui resteront pour beaucoup uniques: la vocation contemplative et la vie monastique dans ses grandes traditions (bénédictine, trappiste ou carmélitaine), le grand silence, une vie simple et dépouillée, la valeur spirituelle du travail manuel et le contact avec la création, le face-à-face avec soimême et avec le Christ. Autant d’expériences que des jeunes de l’immense cité de Hongkong n’ont pas l’occasion de faire. Les journées diocésaines passées dans trois doyennés du diocèse de Chartres constituent un des meilleurs souvenirs du pèlerinage par la qualité de l’accueil des familles pour lesquelles ces jeunes Chinois étaient à l’origine totalement étrangers mais qui les ont accueillis comme leurs enfants, expérience très concrète et émouvante de la communion fraternelle en Christ (qui se reproduisit dans les familles parisiennes). De plus, la douceur de vivre dans ces familles beauceronnes (surtout en plein pont du 15 août) laisse un sentiment nostalgique chez tous ces jeunes n’ayant jamais vraiment connu autre chose que l’étroitesse du logement et le stress de la vie à Hongkong. Cette étape des journées diocésaines, une première dans l’histoire des JMJ, fut la meilleure et la plus concrète occasion d’échanger avec les catholiques français, et si la barrière de la langue limitait les communications, une réelle communion s’est établie. En mai 1997, une grande partie de la délégation avait déjà eu l’occasion d’aller dîner dans les familles françaises de Hongkong, ce qui leur avait donné un avant goût de l’accueil en France. De cette expérience, beaucoup de jeunes ont gardé le souci de l’accueil du frère étranger et en particulier français.

Après des expériences d’une telle profondeur, les journées parisiennes laissèrent un sentiment mitigé: la foule et l’agitation furent pesantes (un comble pour des jeunes de Hongkong), une déception face au manque de profondeur de ces journées, lié au manque de temps pour intérioriser (catéchèses, célébrations, etc.) et pour prier, à l’importance du temps passé dans les transports, à la densité du programme, à l’insuffisance du caractère international des liturgies (que les traductions radio ne compensaient pas). Si la veillée baptismale du 23 août fut très belle, beaucoup de jeunes ont regretté que la prière ne se poursuive pas durant toute la nuit. Ces quelques insatisfactions ne retirent rien à la joie d’avoir pu participer à un si grand moment d’universalité de l’Eglise : voir le pape en chair et en os, célébrer une eucharistie avec plus d’un million de fidèles (ce qui change du sentiment de minorité dans les Eglises en Asie), échanger avec des jeunes de tous les pays du monde (entre lesquels des relations épistolaires se poursuivent). Ces moments de communion intense revêtent un caractère d’autant plus inoubliable qu’ils ont été vécus sur des sites aussi prestigieux que la Tour Eiffel, NotreDame ou l’Arche de la Défense. Pour les jeunes de Hongkong, fraîchement réintégrés à la grande Chine, cette rencontre internationale fut aussi une première pour se situer dans leur nouvelle identité de Chinois et en rendre compte auprès de ceux qu’ils rencontrèrent.

Pour tirer le meilleur parti de ces expériences, un premier bilan fut effectué à Paris même, le 25 août. Puis, de retour à Hongkong, deux grandes rencontres (le 14 septembre et le 19 octobre, dimanche de la mission universelle et fête du diocèse à laquelle la délégation fut intégrée comme telle) furent organisées pour se retrouver, échanger les photos et envisager comment donner suite à ces JMJ.

Si la participation à ces XIIèmes Journées mondiales de la jeunesse est partie d’une initiative des jeunes euxmêmes, le diocèse de Hongkong a très vite compris l’intérêt de l’événement pour le développement de la pastorale des jeunes à moyen terme, et a donné des orientations précises à la préparation comme au suivi. La croix de la délégation, bénie par l’évêque à l’automne 1996, passa un mois sur chacun des 9 doyennés du diocèse pour inviter les fidèles, en particulier les jeunes, à se rassembler autour de cette croix pour prier pour les JMJ et pour les jeunes, à partir du thème des JMJ. La répartition des jeunes participants aux JMJ en 25 groupes de 10 se fit en fonction des doyennés pour créer un réseau à l’échelle locale. Pour insister sur l’importance du temps de formation préalable, les 3 vicaires généraux ont participé au moins une fois chacun à un temps de formation. Enfin, une célébration locale des JMJ pour ceux qui ne pouvaient se rendre à Paris fut organisée (un camp de 3 jours du 16 au 18 août avec plus de 30 participants et une célébration présidée par l’évêque le 24 août, en communion avec la messe célébrée à Longchamp).

En s’appuyant sur le dynamisme créé par les JMJ, l’évêque a restructuré la commission diocésaine des jeunes à l’occasion du deuxième mandat de celleci, en intégrant les leçons tirées de cette grande expérience et les compétences humaines qui s’étaient révélées: le chef de la délégation, le Père Joseph YIM, est devenu le nouveau responsable de la commission, la déléguée au forum international des jeunes et trois membres du comité préparatoire furent nommés dans la nouvelle équipe. De plus, un réseau à l’échelle des doyennés est en train de se mettre en place avec un prêtre répondant, une équipe de quelques jeunes (issus des JMJ 1995 et 1997) et un réseau de jeunes motivés pour développer des activités destinées à l’ensemble des jeunes du doyenné. Déjà, des messes de jeunes, des veillées de prière, des rencontres pour partager et élaborer des projets se sont déroulées dans plusieurs paroisses. Sur certains doyennés, des rassemblements de plus grande envergure sont prévus à l’occasion des fêtes de Noël ou du Nouvel An. La commission des jeunes, dont le but principal est de soutenir les initiatives locales, ne souhaite pas multiplier les activités à l’échelle diocésaine (l’expérience montre que ce n’est pas la meilleure solution), mais elle réfléchit néanmoins à une possible célébration diocésaine des XIIIèmes JMJ au printemps prochain et à un programme spécial jeunes lors de la fête du diocèse à l’automne 1998.

Depuis le mois de septembre, dans la foulée des JMJ, le grand séminaire a ouvert ses portes à tous les jeunes qui désirent participer à la messe dominicale de la communauté: il y a régulièrement 20 jeunes qui se joignent aux séminaristes. De plus, chaque quatrième weekend du mois a lieu un temps de formationretraite. Ces weekend débutent le samedi aprèsmidi par un temps de “lectio divina” et d’enseignement autour de la préparation du jubilé de l’an 2000, auquel une quarantaine de jeunes participent. Le soir, une vingtaine d’autres jeunes viennent rejoindre le groupe pour une veillée de prière du style de Taizé, puis la moitié reste coucher sur place pour continuer par un temps d’adoration eucharistique le matin, suivi de la messe. L’objectif de ces weekend est de créer un temps de calme, d’échange et de formation, auquel les jeunes puissent participer en toute liberté et trouver réponse à leurs attentes spirituelles. Pendant ces weekend, un prêtre et une religieuse restent à la disposition de ceux qui souhaitent bénéficier d’un accompagnement personnel. Un parcours d’approfondissement de la foi de type catéchuménal, est en préparation. Le chemin spirituel qui se vit ainsi et les liens créés avec le séminaire sont des occasions privilégiées de susciter les vocations.

Déjà beaucoup pensent à l’an 2000 et aux JMJ à Rome. Si aucune démarche de préparation n’a encore été engagée à l’échelle diocésaine, des contacts se prennent à l’échelle asiatique, à l’initiative du conseil pontifical pour les laïcs, une perspective de mieux coordonner le travail de préparation et les célébrations communes. Déjà, en 1997, le bureau pour l’apostolat des laïcs de la FABC avait organisé deux rencontres pour les jeunes qui furent deux premières. D’abord le BILA sur les jeunes en janvier 1997 à Tagaytay City, aux Philippines, qui fut l’occasion d’échanger entre les délégués de toutes les commissions nationales des jeunes en Asie ainsi que des mouvements internationaux de jeunes, pour créer un réseau de collaboration et coordonner des activités à l’échelle asiatique (en particulier en matière de formation). La conséquence de ce BILA fut l’organisation d’un rassemblement des jeunes d’Asie, à l’occasion des JMJ, le mercredi

20 août, dans le jardin des Missions étrangères de Paris (cf. Laity, bulletin de l’Office de Laïcs de la FABC, Vol. 6, sept. 1997). Plus de 2000 jeunes venant de 17 pays d’Asie ont participé à cette rencontre se déroulant en deux temps. Une longue réflexion participative élaborée à partir de mimes, danses, chansons et prières, sur la condition des jeunes en Asie, et sur la mission des jeunes chrétiens. Un des miracles de ce spectacle fut sa conception, sa présentation et son exécution par une soixantaine de jeunes de plusieurs pays, ne s’étant jamais vu auparavant. Puis la rencontre s’est poursuivie par un temps folklorique où les jeunes des différents pays présentaient 5 à 10 minutes de spectacle. La qualité de cette rencontre a été fortement appréciée au niveau des JMJ car les jeunes de partout ont pu découvrir divers visages asiatiques si peu connus en Occident. Mais le succès de cette rencontre fut d’abord un événement asiatique: que des jeunes venant de pays d’Asie aussi divers, parfois antagonistes, aient pu vivre un temps de communion et d’échange aussi intense. C’était la première fois qu’autant de jeunes Asiatiques participaient aux JMJ, première fois aussi qu’ils se rencontraient et prenaient conscience de leur identité de jeunes chrétiens asiatiques. Fort de ces expériences, le bureau pour l’apostolat des laïcs de la FABC espère bien poursuivre dans cette dynamique de la pastorale des jeunes, en espérant par ailleurs que ce thème sera largement abordé lors du prochain synode asiatique.

En conclusion, le bilan de ces JMJ est très positif pour le diocèse de Hongkong. Les jeunes participants ont vécu des expériences fortes qui les invitent à aller plus loin dans leur engagement de chrétiens. Beaucoup étaient déjà engagés dans leurs communautés respectives, mais, après ces JMJ, ils veulent aller plus loin, sans encore réellement savoir comment répondre à leur attente, d’où une saine insatisfaction. Certains ont approfondi leur recherche de vocation. Le diocèse cherche à répondre au mieux à ces attentes en encourageant les initiatives locales, et espère que l’élan créé par les JMJ 97 sera moteur du renouvellement de la pastorale des jeunes sur les paroisses comme sur le diocèse. Avant d’attendre beaucoup de l’engagement de ces jeunes, l’essentiel est de répondre à leur quête spirituelle, ce qui suppose un accompagnement et une formation en profondeur, pour préparer ainsi une génération aux racines solides.