Eglises d'Asie

Une délégation américaine en voyage en Chine pour y enquêter sur la liberté religieuse

Publié le 18/03/2010




Une délégation américaine ayant pour mission d’étudier la situation de la liberté religieuse en Chine a entamé, le 9 février 1998, un voyage de 18 jours qui la conduira dans un certain nombre de villes chinoises et au Tibet. Au moment du départ, l’itinéraire n’était pas encore précisé et, selon certaines sources, les derniers détails du programme n’ont été mis au point que lors de l’arrivée en Chine. Les membres de la délégation passeront la première semaine à Pékin où ils s’entretiendront avec Liu Huaqiu, directeur des affaires étrangères pour le Conseil d’Etat, et prendront la parole devant l’Institut des religions du monde.

Le groupe est composé de trois personnalités religieuses choisies directement par le président Clinton : l’archevêque catholique de Newark, dans le New Jersey, Mgr Theodore Mc Carrick, le rabbin Arthur Schneider, président de la fondation “Appel de la conscience” et le révérend Don Argue. A chaque étape de leur périple, les membres de la délégation espèrent pouvoir rencontrer les diverses autorités civiles ainsi que les dirigeants des principales confessions religieuses. Durant la préparation de leur voyage en Chine, ils ont eu un bref entretien de 15 minutes avec le président Bill Clinton et le conseiller à la Sécurité nationale, Sandy Berger.

Cette mission d’enquête est le fruit des négociations qui avaient accompagné la rencontre au sommet du président Clinton et du président Jiang Zemin en octobre dernier. Tout au long de cette rencontre, il avait été beaucoup question de la politique religieuse de la Chine et de la liberté politique octroyée à ses citoyens. Commentant ce voyage, un porte-parole de la Maison Blanche a déclaré : Le fait que la Chine veuille bien accepter cette délégation et s’entretenir avec elle est une indication du sérieux avec lequel elle envisage les problèmes que nous avons soulevés“. On fait remarquer, en particulier, que c’est la première fois qu’une délégation indépendante est officiellement autorisée à mener une enquête sur la liberté religieuse au Tibet.

Alors qu’il commentait ce voyage à la radio officielle de Hongkong (1), le responsable du Centre d’information sur les prisonniers, John Kamn, a dénoncé la campagne de répression menée actuellement par le gouvernement chinois contre l’Eglise catholique. Il a affirmé qu’à sa connaissance avant la fin de 1993, il n’y avait pas de prêtres ni d’évêques dans les prisons communistes (2) ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Une douzaine de prêtres et d’évêques subissent actuellement la détention sous diverses formes. Selon des informations en provenance du Vatican (3), la délégation devrait présenter aux autorités chinoises une liste de 36 évêques, prêtres et laïcs catholiques, emprisonnés ou empêchés d’accomplir leur ministère.

A l’occasion du voyage du président Jiang Zemin aux Etats-Unis, la Chine avait publié un livre blanc où elle rejetait les accusations de persécutions religieuses et dénonçait l’utilisation pernicieuse de la question religieuse pour déstabiliser l’Etat chinois et encourager les activités illégales (4). Par contre, tout en notant l’existence d’une certaine ouverture au dialogue international, le rapport annuel du département d’Etat des Etats-Unis sur les droits de l’homme, paru le 30 janvier dernier, a évoqué la répression s’exerçant sur les Eglises catholiques et protestantes non autorisées, aujourd’hui en pleine croissance.