Eglises d'Asie – Sri Lanka
Les évêques informent la présidente de la république des menaces que fait peser sur l’environnement une nouvelle centrale thermique
Publié le 18/03/2010
La Conférence des évêques catholiques du Sri Lanka a écrit à la présidente Chandrika Kumaratunga pour lui faire part de son inquiétude quant au projet de construction d’une centrale thermique de 300 mégawatts à Norechcholai. Une construction sur la mer provoquerait une érosion et en finale conduirait à la destruction du sanctuaire de Ste Anne, situé sur le rivage à Talawila, lieu de pèlerinage populaire situé à 9 km au nord de Norechcholai, alors que les catholiques sri lankais ont déjà perdu, au nord, le sanctuaire de Madhuqui pour cause de guerre civile.
La lettre signée par le président de la conférence épiscopale, Mgr Joseph Vianney Fernando, évêque de Kandy, et de son secrétaire général, Mgr Malcolm Ranjith, évêque de Ratnapura, a également fait valoir que cette implantation non seulement causerait de sévères dommages à l’environnement, mais affecterait la pêche et l’agriculture provoquant bien des difficultés tant sociales qu’économiques aux habitants qui, pour la plupart, connaissent déjà la précarité. Les évêques notent également que malgré sa grande inquiétude, la population n’a pas été consultée alors que son approbation devrait être un des éléments essentiels de la faisabilité d’un tel projet. Ils disent apprécier les efforts du gouvernement pour répondre aux besoins du pays en énergie électrique mais n’en demandent pas moins à la présidente Kumaratunga de revoir ce projet.
Dans sa réponse, Kumaratunga assure les évêques qu’elle a personnellement étudié tous les projets possibles et qu’elle est convaincue que celui de Norechocholai ne causera ni pollution ni nuisance et ne gênera ni ne troublera les activités du sanctuaire historique de Talawila. “Pour moi, ce projet sera bénéfique pour la population et ne troublera pas le recueillement des pèlerinsécrit-elle aux évêques, ajoutant qu’un projet de cette nature “est nécessaire pour réduire le coût et accroître la puissance électrique au service du public“.
Cependant, Mgr Frank Marcus Fernandez, du diocèse de Chilaw, écrit dans un communiqué daté du 25 janvier dernier : “Nous n’en sommes pas moins inquiets et notre position demeure inchangée. Nous sommes opposés à ce projet de centrale thermique à Norechcholai pour les raisons déjà mentionnées par la conférence épiscopale dans sa lettre à la présidente“. Notant la déception des catholiques sri lankais et de la population du district de Puttalam, il signale que deux parlementaires originaires de la région avaient eux-mêmes déclaré à la télévision que tout dépendait du rapport de faisabilité qui devait être présenté à la population: “Or, à cette date, aucun rapport ne lui a été soumis. C’est pour cette raison qu’il est difficile de dire si le projet sera, ou non conforme à la loi sur l’environnement“.
Les protestations des habitants du district de Puttalam à majorité catholique continuent. Elles avaient commencé en avril 1997 avec l’arrivée sur le site des arpenteurs et la mort d’un manifestant tué par un coup de feu au cours du heurt avec la police qui s’ensuivit.