Eglises d'Asie

Une délégation américaine, enquêtant sur la liberté religieuse en Chine, y rencontre des personnalités politiques et religieuses

Publié le 18/03/2010




La délégation américaine chargée officiellement d’une enquête sur la question religieuse en Chine et au Tibet (2) a entamé son voyage par une série d’entretiens et de rencontres avec des personnalités politiques et religieuses de la capitale. Le 11 février, elle a rencontré les membres de la direction de l’Association patriotique des catholiques de Chine, Mgr Michael Fu Tieshan, le président, élu à ce poste le mois dernier (3), Mgr Tu Shihua, vice-président, et Anthony Liu Bainan, le secrétaire général.

Mgr Fu s’est adressé à la délégation qui est composée d’un catholique, Mgr Théodore McCarrick, archevêque de Newark, d’un protestant, le pasteur Don Argue, président de l’Association des évangéliques, et d’un juif, le rabbin Arthur Schneier. Rappelant les 700 ans de christianisme en Chine, il a déclaré que l’Eglise en Chine devait s’adapter à la culture et aux coutumes locales. Il a ensuite souligné l’importance du rétablissement de relations diplomatiques entre Pékin et le Saint-Siège pour le développement de l’Eglise catholique en Chine. Tout en exprimant l’espoir que ces liens seraient bientôt renoués, il a cependant rappelé que la condition préalable en était la rupture des relations diplomatiques avec Taiwan.

Selon les déclarations de Mgr Fu, la question de l’Eglise “clandestine” n’aurait été abordée que brièvement au cours de l’entretien. Le président de l’Association patriotique des catholiques aurait dit aux membres de la délégation américaine que les divergences avec elle n’avaient pas pour cause la foi mais les positions politiques, l’Eglise souterraine partageant la même foi mais ne soutenant pas le régime socialiste de Chine. Par ailleurs, après que Mgr Fu eut évoqué devant la délégation le vieillissement du clergé chinois, Mgr McCarrick a promis d’envisager une aide pour la formation des séminaristes.

Le lendemain, les membres de la délégation ont été reçu par le président Jiang Zemin, lui-même, qui leur a souhaité la bienvenue en Chine, pour y écouter les points de vue du peuple chinois, spécialement dans le domaine religieux, et ainsi améliorer la compréhension mutuelle entre les deux nationsLes ecclésiastiques américains ont aussi rencontré des membres du gouvernement, du Conseil d’Etat et du Front uni, ainsi que des dirigeants religieux bouddhistes, protestants, musulmans et taoïstes, appartenant à des associations reconnues par le gouvernement. Après Pékin, ils se sont rendus à Nankin, à Shanghai, puis à Chengdu dans le Sichuan. De là ils devaient ensuite faire une visite de trois jours au Tibet du 23 au 26 février. Leur voyage s’est achevé le 28 février.

Lors d’une conférence de presse, rapportée par une dépêche de l’AFP du 21 février, la délégation a fait part de ses premières impressions. Le révérend Don Argue a en particulier souligné que le problème essentiel qui a été soulevé, avec beaucoup de clarté et de fermetépar la délégation lors de chacune de ses rencontres avec les autorités chinoises, c’est l’obligation pour les Eglises chrétiennes de se faire enregistrer. Pour sa part, Mgr McCarrick a affirmé avoir reçu un certain nombre de renseignements sur les prisonniers de conscience dont la liste lui avait été confiée avant son départ.

De nombreux observateurs ont émis des doutes sur les possibilités offertes à la délégation de se faire une véritable opinion sur la liberté religieuse en Chine au cours de ce voyage, à cause du contrôle strict exercé par les autorités gouvernementales sur l’organisation de la visite. Interrogé à ce sujet, Mgr McCarrick a reconnu qu’il était possible que le gouvernement chinois utilise le voyage de la délégation à ses propres fins, mais que, malgré tout, l’ouverture d’un dialogue devait être considéré comme un événement positif. De son côté, le rabbin Arthur Schneier a qualifié d’historique la rencontre avec le président Jiang Zemin.