Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION SOCIALE ET POLITIQUE du 1er janvier au 28 février 1998

Publié le 18/03/2010




La saga Hun Sen – Ranariddh

On se souvient qu’après les événements des 6-7 juillet 1997, Hun Sen, second-premier ministre, a intenté un procès à Ranariddh, premier-premier ministre, sous trois chefs d’accusation: importation illégale de 2 tonnes d’armes le 27 mai 1997 pour sa garde personnelle, collusion avec les Khmers rouges pour tenter de prendre le pouvoir, déplacement de troupes près de la capitale. Le prince a toujours proclamé son innocence. Pour la communauté internationale, la participation de l’ex-premier-premier ministre apparaît comme une condition de la tenue d’élections « justes, équitables et crédibles« . Hun Sen, pour sa part, pose comme condition préalable à la participation du prince aux élections, qu’il soit d’abord jugé par les tribunaux. A la fin du mois de décembre, le roi Sihanouk déclarait accorder l’amnistie à son fils, en cas de condamnation, de son prope chef, sans que personne n’ait à la lui demander, ce qui causa la fureur de Hun Sen, qui annonce des troubles au cas où Ranariddh rentrerait au Cambodge, et même éventuellement la chute de la monarchie. C’est autour du retour de Ranariddh que se développe l’ensemble de l’activité politique et diplomatique des deux derniers mois.

Le 5 janvier, suite à la colère du second-premier ministre, Sihanouk change de position: son fils devra implorer le pardon royal par écrit, en bonne et due forme. Puis, dans la soirée du même jour, le roi quitte précipitamment Phnom Penh par un vol commercial pour Pékin, via Singapour, sans donner aucune raison. De Pékin, dans une lettre du 16 janvier, il accusera certains hommes politiques de le « critiquer injustement, de l’humilier, de le calomnier, de menacer de le destitueretc.

Ranariddh annonce un retour au pays, reporté de semaine en semaine. Plusieurs membres de l’UDC (Union des Cambodgiens démocrates), favorables à Ranariddh, menacent de boycotter les élections du 26 juillet prochain, qu’ils considèrent comme une légitimation du gouvernement actuel. L’UDC exige l’établissement immédiat de la Cour suprême de la magistrature, du Conseil constitutionnel et de la Commission nationale des élections (CNE). L’UDC demande également que soient dissoutes les milices personnelles et que les forces armées soient dépolitisées. Cependant, progressivement, la plupart des députés réfugiés à l’étranger, abandonnent le prince, et regagnent le Cambodge.

Politique et droits de l’homme

Le 14 janvier, Gwyn Morgan, à la tête de la commission européenne pour le sud-est asiatique, en visite officielle à Phnom Penh, s’engage à verser une aide conditionnelle de 11,5 millions de dollars pour les futures élections, mais sans mettre le retour de Ranariddh comme condition préalable. « Nous ferons tout pour qu’il revienne, mais nous ne pouvons pas l’y forcerdéclare Gwyn Morgan. L’Europe tient ainsi à se démarquer de la politique américaine. Pour Gwyn Morgan, il faut créer une atmosphère de liberté, permettant à tous les partis de participer aux élections, et de garantir la transparence financière. Il exprime aussi sa préoccupation concernant les enquêtes sur les exécutions de juillet, et sur le cessez-le-feu. Le même jour, à Kratié, Hun Sen déclare que le peuple cambodgien ferait mieux de compter sur lui-même plutôt que de dépendre d’aides internationales contraignantes. Hun Sen fait un geste à l’égard de l’Union européenne en supprimant l’interdiction de parution de 6 journaux d’opposition en langue khmère, et promet beaucoup de choses à la délégation européenne. Sihanouk, de son côté, n’a pas de mots assez durs pour caractériser la position européenne : « lâche, pas beau à voir, monstre froid

Le 8 janvier, 6 journaux d’opposition en langue khmère avait été interdits, accusés d’insulter les membres du gouvernement, de diffamation, de diffusion d’informations affectant le moral des troupes gouvernementales. 58 membres des familles de politiciens réfugiés en Thaïlande avaient prétexté de cette mesure pour annuler leur retour au pays.

Thomas Hammarberg, représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour les droits de l’homme au Cambodge, se déclare « troublé » par la position européenne. Pour lui, « l’absence d’enquête concernant les exécutions de juillet 1997 affectera les électionsl’impunité rendant impossible la création d’une atmosphère paisible, propos qu’il avait déjà tenu le 4 décembre dernier. En septembre 1997, Hun Sen lui avait promis que « personne ne serait épargné« . Le 7 décembre, Hammarberg avait une nouvelle fois reproché à Hun Sen ce manque d’enquêtes.

Le cas de Chau Sokhon envenime les rapports entre le centre des droits de l’homme de l’ONU et les deux premiers ministres cambodgiens.

Le 1er septembre 1997, Chau Sokhon, membre du Funcinpec, avait été condamné à 15 ans de prison, pour transport de marijuana, pour le compte de Mong Reththy, proche de Hun Sen. Le 26 décembre, la cour d’appel de Phnom Penh casse le jugement de la cour, estimant que cette condamnation était « politiquement motivée« . Le 29 décembre, les 3 juges de la cour d’appel sont mutés par le ministère de la Justice. Chau Sokhon est remis en liberté, puis arrêté à l’aéroport de Pochentong, le 3 janvier, alors qu’il était protégé par des agents du centre des droits de l’homme de l’ONU, et qu’il s’apprêtait à quitter le pays. Il est à nouveau incarcéré pour d’autres trafics, commis entre 1995-1997 et qu’ignorait la cour de cassation.

Le Centre pour les droits de l’homme de l’ONU proteste auprès du gouvernement cambodgien pour avoir arrêté un homme sous protection de l’ONU. Le 19 janvier, Hun Sen fustige les fonctionnaires de l’ONU et les accuse « d’hypocrisie, d’action illégale en aidant un criminel du Funcinpec à quitter le pays« . Il ajoute : « Ne pensez pas que vous êtes meilleurs parce que vous avez un nez pointu ! Le Cambodge est un pays digne de respect! Nous avons construit Angkor bien avant que votre pays ne soit néDans une lettre à Kofi Annan, les deux premiers ministres « protestent vigoureusement contre l’attitude illégitime et arrogante du Centre des droits de l’homme au Cambodge

Après cette guerre de mots, Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande et haut commissaire des droits de l’homme à l’ONU, rencontre Hun Sen le 23 janvier, pour une discussion « franche et constructive« . Hun Sen avait refusé la présence de Thomas Hammarberg lors de cette rencontre. A la fin de la rencontre, il présente 4 officiers fichés comme morts ou disparus dans le rapport Hammerberg, laissant la diplomate sans voix. En fait, l’un des quatre officiers n’était pas mentionné dans le dit rapport, deux autres étaient portés « disparus« , donc on ne peut que se réjouir de leur réapparition sans qu’il y ait faute des agents de l’ONU. Pour le quatrième, il ne s’agit que d’une légère faute d’orthographe, très compréhensible quand on translitère un mot khmer dans une autre langue. Il s’agit de trois frères: Chao Khung (25 ans), et Chao Téa (29 ans) ont été éxécutés, mais Chao Kéang, le troisième, porté assassiné à tort dans le rapport, est toujours vivant. Reste entier le problème de l’assassinat des deux autres frères et de la cinquantaine d’exécutions. Le même jour, Human Rights Watch Asia lance un appel pour la suppression de toute aide bilatérale et multilatérale, tant que les droits de l’homme seront bafoués au Cambodge.

Le 30 janvier, le département d’Etat américain diffuse un rapport de 12 pages qui conforte en tous points les constatations d’Hammarberg, qui se dit « triste » et « profondément inquiet » du fait que le gouvernement cambodgien n’ait fait aucune enquête, et tente maintenant de discréditer le travail de son centre. Selon le rapport, il y a un grave danger que les élections ne soient pas « libres et équitables« . Le rapport dénonce également le système judiciaire « non indépendant, inefficace et corrompu« . Plus tard, le 26 février, Stanley Roth, assistant du secrétaire d’Etat, reprendra la même thèse : « Sans changement fondamental dans l’environnement politique au Cambodge, l’administration Clinton a de sérieux doutes sur la possibilité que les élections de juillet soient libres, équitables et crédiblesDana Rohrabacher, représentant républicain ultra, ira jusqu’à traiter Hun Sen de « voyou« .

Quelques jours auparavant, le 23 janvier, sous un pseudonyme, Sihanouk avait traité le Cambodge de « Etat avec un gouvernement illégal… un faux Etat, comme celui de Ceaucescu et de Pinochetet Hun Sen de « dictateur

Retour des parlementaires et éclatement du Funcinpec

Une centaine de personnalités politiques et leurs familles, réfugiés en Thaïlande après les événements de juillet 1997, rentrent au Cambodge. Son Soubert, second vice-président de l’Assemblée nationale, rentre parmi les derniers, le 31 janvier, avec Pol Ham, Min Saroeun et Khum Phinop, membres de la faction du PLDB fidèle à Son Sann. Ne restent alors plus que 12 députés à l’étranger. « Il est mieux d’être à l’intérieur que d’être à l’extérieur sans rien faire« , constate Son Chhay, du même parti que Son Soubert, rentré quelques jours plus tôt.

Le 1er février, Ung Huot et Loy Sim Chhéang, membres du Funcinpec, fondent respectivement les partis Réastr Niyum et Sangkum Thmey, entrainant un certain nombre de députés Funcinpec à leur suite. Le 3 février, Toan Chhay, dissident du Funcinpec, annonce qu’il fonde le Parti de l’Union nationale. Le 7 février, Sitr Soy, Kong Sophat et Nop Leam, députés du Funcinpec, rejoignent le Parti des citoyens khmers de Ngoun Soeur. Le 14 février, Kim Samnang, ancien du Funcinpec, fonde le parti Nouvelle vie khmère.

Ung Huot, premier-premier ministre, fonde le Réastr Niyum, (Amis du peuple-sous-autorité-royale), qui n’est pas sans rappeler le Sangkhum Réastr Niyum de Sihanouk. Tao Seng Huor, Pou Sothéarak, Nady Tan, ministres appartenant au Funcinpec, font acte d’allégeance. Chéa Peng Cheang, sous-secrétaire d’Etat aux Finances, Ou Kimsam, sous-secrétaire d’Etat pour le Conseil des ministres, Nou Kamon, secrétaire d’Etat pour le Conseil des ministres, Méas Ketkaméran, secrétaire d’Etat pour l’aviation civile, Sok Mathoeun et Long Siem, tous deux conseillers de Ung Huot, sont élus au comité directeur.

Loy Sim Chhéang, secrétaire général du Funcinpec et vice-président de l’Assemblée nationale, fonde le « Sangkum Thmey » (Nouvelle société), qui n’est pas, lui non plus, sans rappeler le Sangkum de Sihanouk. Ros Chhéang, Om Radsady, Chhim Chorn, Chan Taly, députés du Funcinpec rallient ce parti du Sangkum Thmey, ainsi que Thorn Bun Srun, gouverneur de Sihanoukville. Long Norin, secrétaire de Ieng Sary, et Prum Su, ancien commandant khmer rouge, en sont membres en tant qu' »invités« . C’est une façon indirecte pour les Khmers rouges de revenir en politique.

Toan Chhay, gouverneur de Siemréap, est président du Ruop Ruom Chéat (Union Nationale), Ung Phan et Duong Khem en sont vice-présidents. Le logo du nouveau parti représente le palmier à sucre, dont tout est utilisable. Toan Chhay affirme vouloir collaborer avec tous les partis, à l’exception de Ranariddh.

Kim Samnang, ancien haut responsable du Funcinpec et directeur adjoint de la police nationale, lance le parti Nouvelle vie khmère, qui vise à rassembler surtout la jeunesse. Il déclare que « le prince Ranariddh porte une part de responsabilité dans sa destitution

L’éclatement du Funcinpec supprime tout avenir politique pour Ranaridhh, et renforce le pouvoir de Hun Sen. Seuls Lu Lay Sreng et You Hok Kry, co-ministre de l’Intérieur, ainsi que Tol Lah, ministre de l’Education, derniers rentrés au Cambodge, restent fidèles au prince. Lu Lay Sreng estime que l’organisation de leur parti reste intacte au niveau provincial. De fait, même si l’état-major de Ranariddh est complètement désorienté, et en dépit de toutes ses erreurs politiques et de sa corruption, en cas d’élections réellement libres, Ranariddh risquerait d’être vainqueur.

Le 10 février, Son Soubert, vice-président de l’Assemblée nationale, à peine rentré de son exil volontaire, parle des événments des 5-6 juillet derniers comme d’un « coup d’Etat« . Ieng Mouly et 4 des membres de son parti quittent la séance. Par la suite, plusieurs députés, dont Téa Banh, ministre de la Défense, Chem Snguon, ministre de la Justice, boycotteront les séances de l’Assemblée, exigeant que Son Soubert présente des excuses. S’il s’agit d’un coup d’Etat, alors l’Assemblée est illégale, et son vice-président n’a rien à y faire! 35 élus signent une pétition demandant que Soubert s’excuse ou se démette de ses fonctions. Le 17 février, Soubert invoque la liberté d’expression et demande aux auteurs du coup d’Etat de s’excuser devant le peuple !

Le 15 février, non sans raison, Hun Sen, fustige les députés qui son rentrés au pays pour toucher leurs arriérés de salaire, mais qui continuent à critiquer le gouvernement. Durant les deux derniers mois, l’Assemblée a dû annuler dix séances par faute de quorum, par absentéisme de ces « excellences grasses » dont le salaire s’élève à 2 300 dollars par mois.

Eviction politique des membres de la famille royale

Le 28 janvier, Son Sann, ainsi que les représentants de l’Angleterre, de la Chine, de la Russie, de la France et des Etats-Unis font pression sur le roi pour qu’il rentre au Cambodge afin de préparer les élections. Ngoun Soeur, fondateur du PCK (Parti des citoyens khmers), exprime ses inquiétudes « face à l’irresponsabilité du roi…Le pays a besoin d’un arbitreSi le roi ne veut pas rentrer, qu’il abdique, dit-il en substance.

Le 4 février, Sam Rainsy lance un appel au roi Sihanouk pour qu’il rentre au Cambodge. Il envisage de lancer une manifestation commune de tous les partis, le 22 février, pour demander que le roi joue son rôle de « Père de la Nation« , et « aide à résoudre la crise politique actuelleLe roi lui interdit formellement d’utiliser le nom royal pour son propre jeu politique, il dénonce l’Europe qui lâche Ranariddh. Le 11 février, Ranaridh demande à la communauté internationale d’exercer une pression militaire sur « Saddam Hun Sen« , mais personne n’est partant pour une guerre sans intérêt au Cambodge !

Arguant de problèmes de santé, le roi prévoit de rentrer au pays en avril, « s’il n’y pas d’obstacle au CambodgeIl acceptera de recevoir Hun Sen en avril, « dans sa patrie

Le 16 février, les « Amis du Cambodge », comprenant entre autres les Etats-Unis, l’Europe et le Japon, réunis à Manille, donnent leur approbation à un plan japonais pour résoudre la crise cambodgienne. Ce plan comprend 4 « piliers » : rupture par Ranariddh de tous ses liens avec les Khmers rouges, instauration d’un cessez-le-feu, retour du prince au Cambodge en toute liberté, grâce royale. Cependant, l’Union européenne tient à se démarquer de la politique des Etats-Unis, et n’impose pas le retour du prince comme « condition sine qua non ». L’Europe tient à respecter la souveraineté du Cambodge. Hun Sen déclare ausitôt soutenir à 100 % la proposition japonaise. Ranariddh y trouve beaucoup de choses positives, même si « certains points techniques restent à débattreDans l’entourage de Ranariddh, on suggère qu’un de ses proches pourrait demander sa grâce. La Thaïlande demande le retour des 64 000 réfugiés, comme preuve que le pays vit dans une atmophère de liberté.

Le 17 février, Hun Sen invite le roi, à son tour, à rentrer au Cambodge: « Le roi est important pour la continuité de l’Etat et le processus électoraldit-il. Il s’excuse des critiques parues dans les journaux à son égard, mais ne parle pas de la demande de grâce que devrait faire personnellement Ranariddh.

Le calendrier est désormais très serré, car selon la loi électorale, Ranariddh devrait être rentré avant le 20 mars, soit 30 jours avant le début de l’enregistrement des électeurs. Manille et Tokyo envoyent des émissaires pour tenter de faire pression sur Hun Sen. Le 19 février, la cour militaire de Phnom Penh annonce que la première accusation, portant sur l’importation illégale d’armes, sera jugée le 4 mars, mais que les deux autres chefs d’accusation demanderont encore du temps. Nhiek Bun Chhay et Thach Suong, chef de la garde personnelle de Ranariddh, seront jugés le même jour. Le 20 février, l’envoyé du Japon fait savoir à Hun Sen que la communauté internationale est « irritée » de ces délais et menace le gouvernement d’une « violente réaction« . Chéa Sim, chef de l’Etat, se montre inquiet de l’éventuelle suppression des fonds par la communauté internationale, à cause de l’absence de cessez-le-feu et de l’impossibilité matérielle pour le prince Ranariddh d’être pardonné à temps pour participer aux élections. « Hun Sen a gagné, il a obtenu exactement ce qu’il désirait. Il a retardé le procès jusqu’à la dernière minuteobserve justement un observateur étranger.

Mais la victoire de Hun Sen n’est pas encore totale, sa hantise est que Sihanouk soutienne ouvertement un des partis d’opposition. Le 20 février, il réitère donc sa proposition visant à interdire aux membres de la famille royale toute action politique, « afin que la monarchie puisse survivreLe 22 février, Sihanouk lui-même concède que la seule chance de préserver la monarchie khmère est effectivement que les membres de la famille royale se tiennent à l’écart de la politique. Que la famille royale se contente d’améliorer la vie publique selon le rôle traditionnel du roi, comme conseiller royal : « Nous devons accepter notre karma et en être heureuxdit le roi. Cependant, s’il déclare que « personnellement » il est défavorable à ce que les membres de la famille royale s’engagent en politique, il ne peut les en empêcher. Si l’Assemblée le désire, qu’elle vote un amendement en ce sens à la constitution. Quelle que soit l’issue du procès, quelle que soit la date de son retour, Ranariddh semble avoir perdu la partie.

En octobre dernier, une pétition avait circulé au sein de l’Assemblée, demandant que les membres de la famille royale soient écartés de la vie politique. Sihanouk s’était alors opposé à l’amendent proposé par Hun Sen, comme « très anti-démocratique« , les membres de la famille royale étant des citoyens comme les autres.

Cependant, sur pression des pays bailleurs de fonds, notamment de la Communauté européenne, Hun Sen doit lâcher du lest. Le 26 février, la cour militaire annonce que le second procès Ranariddh aura lieu le 17 ou 18 mars. Le Conseil des ministres, pour sa part, annule l’obligation faite aux candidats de résider au Cambodge un mois avant les élections, et reporte la date de l’enregistrement des électeurs. Ces deux changements visent à montrer que tout est fait pour que Ranariddh puisse participer à la campagne. Ranariddh, pour sa part, ordonne un cessez-le-feu pour le 27 février à minuit, afin d’honorer le plan japonais. Il propose la création d’une commission comprenant des représentants des deux parties et d’observateurs internationaux pour superviser sur le terrain la mise en oeuvre de ce cessez-le-feu.

Autour du procès de Ranariddh

Le 23 février, Sam Rainsy dépose une plainte contre Hun Sen au tribunal provincial de Takhmau, en tant qu’avocat de deux veuves d’officiers exécutés le 9 juillet 1997 : « Nous voulons attirer l’attention de la Communauté internationale non seulement sur le jugement du prince Ranariddh, mais sur le fait qu’il devrait y avoir un jugement pour Hun Sen également« . Cette plainte s’appuye sur de « sérieux fondements« , c’est-à-dire sur le rapport des Nations Unies concernant les violations des droits de l’homme au Cambodge, notamment les assassinats de la cinquantaine d’opposants politiques après les événements de juillet 1997 et l’attentat du 30 mars, alors que celles portées contre Ranariddh « ne sont que du vent« . Le même jour, Hun Sen menace de faire venir 500 000 manifestants dans les rues de Phnom Penh pour le défendre.

Le 23 février, Sam Rainsy, informé à tort qu’une foule se dirige vers son bureau, fait évacuer son personnel, de peur que cette foule ne saccage son appartement et détruise ses dossiers… Le 26 février, il fait état de menaces de mort contre sa personne, ce dont il avertit les ambassades étrangères, mais non le ministère de l’Intérieur cambodgien « en qui il n’a aucune confiance« . Il fait partir sa famille en Thaïlande.

Le même jour, Nhiek Bun Chhay, général en chef de la résistance, accusé des mêmes charges que Ranariddh, demande que Hun Sen soit traduit devant un tribunal international, pour « crimes contre l’humanité : on peut lui attribuer la répression du soulèvement étudiant de 1991, les exécutions durant la campagne électorale de 1993, le meurtre de journalistes d’opposition, l’attentat à la grenade de septembre 1995 conre le PDLB, celui du 30 mars, le coup de juillet dernier suivi de la cinquantaine d’exécutions sommaires« .

Les faits reprochés à Ranariddh peuvent l’être à plus grande échelle à Hun Sen: ce n’est pas seulement deux tonnes d’armes importées illégalement, mais 30 conteneurs d’armes chinoises et 196 véhicules. Il a négocié avec Ieng Sary avant le 8 août 1996 et l’a reçu deux fois à Phnom Penh. Les mouvements de troupes dans les environs de la capitale ont été ordonnés en premier lieu par Hun Sen, etc… Aucune enquête n’a été conduite pour rechercher les auteurs des assassinats d’opposants, alors que beaucoup en connaissent les noms. En tant que second-premier ministre, Hun Sen en porte, pour le moins la responsabilité.

Le 23 février, Serey Kosal, ancien vice-gouverneur de la province de Battambang et chef de la résistance du groupe armé de Samlaut, est accusé et condamné par contumace, par le tribunal de Battambang à dix ans de prison, pour vol et recel de deux statues, dont l’une de la période angkorienne, trouvées dans sa maison après les événements de juillet 1997. Khieu Khanarith, secrétaire d’Etat à l’Information, se croit obligé de préciser que la sentence n’a pas été prise pour motifs politiques. Serey Kosal nie tout en bloc, parlant d’invention pure et simple visant à le discréditer.

La guerre

Pendant que s’éternisent ces manoeuvres politiques dilatoires, les démarches pour un cessez-le-feu, lancées par Sam Rainsy en décembre 1997, s’enlisent. Hun Sen demande que Ranariddh donne l’ordre de cesser le feu, annule les nominations survenues dans son armée depuis juillet, et que les combattants remettent leurs armes avant d’être réintégrés dans l’armée nationale. Ranariddh demande un cessez-le-feu négocié et des discussions d’ordre politique entre les deux camps, ce que refuse Hun Sen. Il nomme deux négociateurs, car il ne reconnaît pas cette qualité à Sam Rainsy. Les combats continuent avec plus ou moins d’intensité.

Plusieurs fois, Hun Sen refuse avec vivacité toute tentative de médiation proposée par le gouvernement thaïlandais : « Le temps des conversations est passé« , dit-il. « Nous ne sommes les otages de personneInvité à se rendre à Bangkok, il menace d’annuler son voyage si le gouvernement thaïlandais continue à parler de médiation avec Ranariddh.

A la fin de la première semaine de février, une ex-division khmère rouge de Païlin, forte de 2 000 hommes, marche sur les 1 000 Khmers rouges révoltés de Samlaut. C’est avant tout un combat pour le contrôle du trafic du bois. Le gouvernement aurait repris le contrôle de la situation.

Le 16 janvier, 129 obus gouvernementaux s’abattent en Thaïlande, blessant 3 soldats thaïlandais. L’armée thaïlandaise riposte par une salve de 102 obus. Sam Rainsy rencontre Hun Sen pendant deux heures pour parler du cessez-le-feu. Hun Sen fait part de sa volonté d’« arrêter toute attaque d’envergureLe 19 janvier, 70 obus tombent en Thaïlande, auxquels l’armée thaïlandaise riposte par une salve de 30 obus.

Le 22 janvier, une centaine d’hommes menés par le général Lay Virak, partisan de Ranariddh, lance un raid sur un campement des FARC, causant la mort de 2 personnes et 14 blessés. 1 200 réfugiés gagnent la Thaïlande.

Durant les deux dernières semaines de février, 68 soldats de la résistance se seraient ralliés aux forces gouvernementales.

Préparation des élections

La Commission nationale des élections (CNE), aux pouvoirs étendus, doit comporter 11 membres, dont 4 délégués des partis représentés à l’Assemblée nationale. Comme le Funcinpec et le PLDB sont divisés chacun en deux factions irréductibles, après un mois de blocage, le conseil des ministres choisit Kéo Lundy, de la faction du PLDB de Ieng Mouly, et Téa Chamrath, du Funcinpec comme membres de la CNE. Le 26 janvier, les députés approuvent la constitution de la CNE par 70 voix contre 15 et 3 abstentions. Thach Reng, député du PLDB (faction Son Sann), quitte l’Assemblée. Pour beaucoup d’observateurs, la CNE est presqu’entièrement acquise au PPC (parti de Hun Sen).

Les partis

Les partis ayant participé aux élections de 1993 doivent être enregistrés avant le 18 février, les autres doivent l’être avant le 26 mars, soit 120 jours avant la date du scrutin.

Ieng Mouly, président de la faction dissidente du PLDB (Parti libéral démocratique bouddhique), change le nom de son parti en PLB (Parti libéral bouddhique). Le logo du parti comprend 3 lotus au lieu de l’éléphant de Son Sann. Quant à la branche fidèle à Son Sann, elle s’appelle le « Thomméathipatai » (Démocratie-par-la-loi-de-Bouddha).

Le 21 janvier, Pen Sovann, ancien premier ministre de la RPK, fonde le « Parti du soutien à la nation cambodgienne ».

Le 25 janvier, 800 membres du Parti démocrate élisent Uk Phouri comme président, en remplacement de In Tam.

Le PNK de Sam Rainsy porte plainte contre Kong Mony, un dissident du PNK, qui utilise illégalement le nom et le logo du parti. Le 8 février, devant la cour municipale de justice de Phnom Penh, Sam Rainsy accuse Sar Kheng, co-ministre de l’Intérieur, d’avoir donné de l’argent et des ordres à Kong Mony pour qu’il s’auto-proclame président du PNK. Il accuse également Hun Sen d’avoir organisé l’attentat du 30 mars, et « Kong Mony l’a aidé en celaajoute-t-il.

Le 12 février, le ministère de l’Intérieur ordonne à Sam Rainsy de changer le nom et le logo de son parti, s’il veut être enregistré, car on ne peut enregistrer deux partis sous le même nom. Sam Rainsy menace de se retirer de la compétition électorale, dénonce la « stratégie communiste » de Hun Sen qui est tout miel par devant et joue de mauvais tours par derrrière. « Prendre part ou non aux élections dépend uniquement de lui« , rétorque Hun Sen. « Il y a maintenant 42 partis enregistrés. Si 10 décident de boycotter les élections, il en restera 32

L’avocat Sam Rainsy passe à l’offensive, et soutient la cause d’une certaine Nhiev Dina, qui se présente comme présidente du PPC, selon un congrès du PPC tenu en août 1997 au Phnom Kulen. Il demande également que Loy Sim Chheang et Ung Huot soient démis de leur mandat pour avoir fondé un nouveau parti, selon la même procédure qui l’a exclu, lui, en 1995. Chéa Sim lui répond que le Funcinpec ne lui en a pas fait officiellement la demande, comme pour lui.

Le PNK voudrait que 30% des élus à l’Assemblée nationale soient des femmes. Dans ce but, le 8 février, Sam Rainsy et son épouse, lancent le Mouvement des femmes du PNK. 7 femmes sont nommées au comité directeur, 28 pour le comité exécutif, 77 comme membres. Le 14 février, le PNK fonde le « Mouvement de la jeunesse et des étudiants khmers ».

Le 9 janvier, Hok Lundi, directeur général de la police nationale (que beaucoup soupçonnent d’avoir tué Ho Sok de sa propre main), invite la population à donner des renseignements concernant la sécurité. Plusieurs voient dans cette invitation un prétexte pour renforcer la pression sur les sympathisants ou militants de partis d’opposition.

Le 12 janvier, Hun Sen, à juste titre, rejette tout conseil concernant les droits de l’homme et sur les pratiques électorales, de la part des pays de l’Asean: « Ces pays sont peut-être des maîtres en économie, mais non en ce qui concerne les droits de l’homme et la démocratie

Le 13 janvier, Phun Phéap, ex-Khmer rouge rallié à Hun Sen, principal accusateur de Ranariddh lors des événements de juillet 97, est tué sur la route de Sihanoukville par des policiers, près de Kompong Speu. Il avait été arrêté alors qu’il escortait un convoi de marchandises de contrebande. Selon la version officielle, un groupe d’hommes armés ont arrêté le convoi qui l’emmenait à Phnom Penh, Phun Phéap s’est enfui, et a été tué par les gardes.

Deux femmes d’officiers des FARC appartenant au Funcinpec sont arrêtées à Koh Kong le 29 décembre. Elles seront libérées le 2 février, ainsi que 5 autres détenus du Funcinpec internés près de la même base, grâce à l’intervention de Thomas Hammarberg et des agents du centre de l’ONU.

Le 27 janvier, un membre du PNK et son enfant de 5 ans, sont tués dans la province de Prey Veng. La police, on s’en doute, parle de crime crapuleux ! 3 hommes sont arrêtés.

Dans une lettre en date du 6 février, adressée au ministère de l’Intérieur, le PNK révèle qu’un de ses membres de Kompong Speu a été tué le 29 octobre 1997 par la police.

Le 9 février, la police et le Centre des droits de l’homme de l’ONU révèlent que deux officiers supérieurs du Funcinpec ont été assassinés à Phnom Penh le 24 décembre 1997.

Le 19 février, un capitaine, son épouse et leur fils de 17 ans, sont assassinés à Nimith, dans la province de Bantéay Méan Chey.

Les assassinats politiques continuent alors que la campagne électorale n’est pas encore lancée.

Mouvements sociaux

40 000 ouvrières travaillent dans 75 usines de confection, 120 000 personnes vivent indirectement de cette activité. La confection représente 75% des exportations du pays, et un chiffre d’affaires annuel de 100 millions de dollars en 1997, mais qui pourrait s’élever à 300 ou 500 millions, selon Van Sou Ieng, président de l’association des patrons des entreprises de confection.

Les conditions de travail sont celles du capitalisme sauvage dans l’Europe du siècle dernier: généralement pas de congé hebdomadaire, horaires pouvant s’élever jusqu’à 72 heures par semaine sans compensation pour les heures supplémentaires, peu ou pas de protection sociale, parfois systême des deux 8, ce qui oblige pratiquement les ouvrières à dormir sur place, cadence accélérée par paiement à la pièce, salaire souvent inférieur à 40 dollars, minimum imposé par le code du travail, temps mesuré pour aller aux toilettes ou pour le repas de midi, retenue sur salaire en cas de retard ou de malfaçon, parfois coups, licenciement pour des broutilles, etc. Selon les habitudes d’emploi au Cambodge, les ouvriers doivent payer la valeur d’un à trois salaires mensuels à la personne qui a fait entremettreur pour l’obtention de l’emploi. Un code du travail a été voté en 1997, mais est loin d’être appliqué. Selon ce code, la durée hebdomadaire du travail est de 48 heures.

Selon Van Sou Ieng, on note 20 % d’absentéisme parmi les ouvrières, les contremaîtres cambodgiens « magouillent avec les filles« , et « c’est surtout le dialogue qui fait défaut dans les usines

Malgré une mentalité encore très rurale, on assiste à la naissance d’une conscience de classe et de solidarité, par de très nombreux petits mouvements sociaux. Il n’y a pratiquement que le Parti de la nation khmère (PNK) de Sam Rainsy qui prend la défense des exploités. Rainsy prône le dialogue et les moyens pacifiques pour la résolution des conflits.

Le 2 janvier, pour la première fois dans l’histoire du Cambodge, un tribunal ordonne à la société Supreme Garment Factory, de Takhmau, de réembaucher une ouvrière et de lui payer 486 dollars de dommages et intérêts.

Le 3 janvier, 400 ouvrières de l’usine textile Hung Wah (près de Pochentong) manifestent devant le siège du PNK. 16 déléguées sont élues, et présentent à la direction une plateforme de discussion en 22 points, comprenant notamment la réintégration de 5 ouvrièes licenciées (l’une d’entre elles avait cassé une aiguille !).

Les ouvriers de l’entreprise taïwanaise de contreplaqué de Kien Svay Everlight, se mettent en grêve.

Le 15 janvier, 20 ouvrières de l’usine You Kong protestent contre le fait que 100 ouvrières sur 400 soient mises au chômage technique, et ne soient payées qu’à 50 % de leur salaire.

Le 14 janvier, 160 travailleurs de la World Trade Garment se mettent en grêve pour protester contre le retard de 15 jours de leur paye, ainsi que contre leurs conditions de travail.

Le 24 janvier, 3 représentants des travailleurs des entreprises du textile demandent à rencontrer Mary Robinson, mais rencontrent Thomas Hammerberg.

Le 26 janvier, une manifestation menée par Sam Rainsy, conseiller du SIORC, se rend à l’ambassade des Etats-Unis et de l’Union européenne, « ces gros acheteurs de produits manufacurés au Cambodgeafin de leur exposer « les violations des droits de l’homme dans le domaine économique« . Selon Rainsy, il n’y a rien à attendre du gouvernement cambodgien qui est « complice« . Il demande la révocation du « Système généralisé de préférences » (SGP), qui exempte de taxes les produits cambodgiens entrant aux Etats-Unis.

Le 28 janvier, les 400 employés de la Sin Lan Ho reprennent le travail après neuf jours de grêve, pour dénoncer l’obligation de faire des heures supplémentaires. Ils obtiennent d’être payés le double pour ces heures. Mais la direction punit les délégués en leur faisant accomplir des tâches dégradantes en plein soleil. Excédés par les promesses non tenues, le 16 février, 400 employés lancent des pierres sur l’usine et vandalisent un hangar. La police ne réagit pas, estimant les travailleurs dans leur droit.

Le 17 février, le SIORC écrit une lettre à la Confédération internationale des syndicats libres (ICFTU), pour protester contre la direction de l’usine. L’organisation régionale Asie-Pacifique de la ICFTU se dit « solidaire des ouvriers victimes de représailles et condamne vigoureusement le comportement et les actions anti-ouvriers

Le 4 février 150 ouvriers de l’usine Winner Garment menacent de porter plainte contre la direction pour non-respect des lois.

Le 9 février, 248 employés de l’usine Kéo Maly, licenciés depuis le 23 décembre de la Kampexim, entreprise d’Etat exportatrice officielle du caoutchouc, et rachetée par Kéo Maly manifestent pour demander leur réintégration et le paiement des arriérés de salaire.

le 10 février, 400 travailleurs de l’usine sud-coréenne SH International Co, manifestent devant l’Assemblée nationale, demandant que les nouvaux employés touchent un salaire de 40 dollars, et l’amélioration de leurs conditions de travail.

Le 11 février, les 720 ouvriers de l’usine British American Tobacco se mettent en grève. Ils demandent une augmentation de leurs salaires à 80 dollars au lieu des 50-56 actuels, demandent d’être payés en dollars et non plus en riels! Après une semaine de grève, ils obtiennent une augmentation de leur salaire qui passe à 63 dollars, une allocation de départ est fixée à 680 dollars pour ceux qui résilieront leur contrat avant le 31 mars. La société accepte de payer les jours de grève, parce que les grévistes n’ont pas saccagé l’usine.

Le même jour, plus de 40 ouvriers licenciés de l’entreprise chinoise Silver Star Shoes Co manifestent devant l’Assemblée nationale. « Nous travaillons sept jours sur sept, nous sommes payés en retard, quand nous manifestons, nous sommes licenciésLe 12, plus de 400 d’entre eux marchent devant l’Assemblée nationale et l’ambassade des Etats-Unis, avec Sam Rainsy à leur tête. L’entreprise accepte de réintégrer les licenciés.

Le 12 février, plus de 250 employés de l’entreprise thaïlandaise CPG Garment Export Co Ltd manifestent pendant deux jours, après des négociations menées par les 12 délégués du personnel et la direction.

Le 13 février, une centaine de travailleurs lancent des pierres contre l’usine malaisienne de contreplaqué Plywood Sl Factory de Kien Svay. Ils obtiennent une augmentation de salaire.

Le 19 février, 25 soldats handicapés protestent devant l’Assemblée nationale pour obtenir de nouveaux uniformes.

Le 22 février, 60 ouvriers de l’usine textile Belgian Industries Co manifestent devant la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis. Selon les manifestants, les ouvriers gagnent entre 10 et 20 dollars par mois.

Le 5 février, Hun Sen demande aux travailleurs de négocier leurs conflits avec leurs employeurs avec modération, de peur de « casser la marmite« . « Le profit de l’entreprise est aussi celui des employés« , dit le second premier ministre. Le lendemain, Ou Mary, présidente du SIORC (Syndicat indépendant des ouvriers du Cambodge), fustige Hun Sen. Pour elle, « les ouvriers sont exploités par des patrons sans scrupules qui bénéficient de la complicité de membres corrompus du gouvernement« . Selon la présidente du syndicat, la perte des emplois provient « du coup d’état et des pillages qui ont suivi« .

Le 22 février, alors que Ted Ngoy, homme d’affaires cambodgien des Etats-Unis, organise une manifestation au stade olympique de Phnom Penh, avec près de 2 000 supporters (il avait prédit entre 20 000 et 50 000), pour remercier les Etats-Unis de leur aide et leur demander de maintenir le Système général de préférence, Sam Rainsy et le SIORC organisent une manifestation avec 500 travailleurs, fortement encadrée par la police, devant l’ambassade des Etats-Unis, pour demander le retrait, au moins temporaire, de ce système : « Pas de SGP pour ls exploiteurs« , était le slogan. Rainsy et 5 délégués sont reçus à l’ambassade.

La SGP donne en effet l’opportunité de profits rapides : des conteneurs pleins de vêtements façonnés à l’étranger rentrent pour y recevoir le label « Made in CambodiaDésormais, l’inspection préalable des denrées à l’exportation est supprimée, si bien que les conteneurs de vêtements peuvent contenir autre chose.

Le 22 février, Ou Mary, présidente du SIORC, écrit une nouvelle lettre à Hun Sen lui reprochant de « ne pas se soucier des violations des droits des ouvriersElle ajoute: « Votre attitude irresponsable peut conduire à d’autres troubles sociaux plus importants dans un futur proche

Le 23 février, le porte-parole du Conseil des ministres révèle la création d’une commission chargée de la surveillance des conflits concernant le travail et du maintien de l’ordre lors des manifestations. Les manifestations doivent désormais avoir lieu en dehors des usines et obtenir l’autorisation préalable de la commission. Sam Rainsy voit dans cette création le « signe de la répression« .

Le 25 février, Suy Sem, secrétaire d’Etat aux Affaires sociales, et Om Yin Tieng, conseiller de Hun Sen, se rendent à l’usine Sin Han Lo. Avec le soutien de la direction, ils mettent rapidement en place un syndicat propre de l’usine. On force les ouvrières à mettre leurs empreintes digitales sur une motion acceptant les conditions de travail et dénonçant Sam Rainsy. Puis les ouvrières défilent en levant des panneaux portant des inscriptions hostiles à Sam Rainsy. Au loin se tient un imposant dispositif de sécurité. Des élections de délégués sont organisées le 28, sans que l’on tienne compte des anciens délégués.

Ou Mary dénonce la manoeuvre et écrit une lettre à Hun Sen.

Hun Sen augmente le salaire officiel des 83 000 instituteurs de 20%. De l’équivalent de 22 dollars en riels en 1995, leur salaire passe à l’équivalent de 17 dollars en février 1998. On ne peut donc envisager quelque amélioration du système scolaire avec des salaires aussi misérables.

Investissements et contrats

Les investissements en provenance des pays asiatiques risquent de diminuer sérieusement à cause de la crise monétaire qui frappe ces pays. Le riel cambodgien a perdu seulement 26 % de sa valeur, ce qui est peu par rapport aux autres pays. Mais seulement 20 % du commerce se monnaie en riel qui n’est pas convertible à l’étranger. La Thaïlande dont la monnaie a chuté de 50 %, risque d’attirer plus d’investisseurs que le Cambodge.

Les investissements étrangers ont totalisé 190,4 millions de dollars durant les 3 derniers mois de l’année 1997, soit 18% de moins que l’année précédente. Les investissements privés s’élèvent à 759 millions, soit 5% de moins qu’en 1996. La Corée du Sud reste le plus grand investisseur, avec 197 millions, mais on se pose des questions sur ses possibilités réelles, après la grave crise financière qui l’a frappée. Les Cambodgiens sont en seconde position, avec 166 millions, ensuite les Etats-Unis avec 75 millions. La Malaisie a chuté de 193 à 65 millions. Taïwan continuera sans doute à jouer un rôle important dans l’investissement au Cambodge.

Une nouvelle législation, présentée le 21 janvier, devrait faciliter l’obtention de contrats dans des délais plus courts. 25 % du capital engagé doit être déposé à la banque, un mois après la signature du contrat. Les projets n’ayant pas un commencement de réalisation six mois après la signature du contrat se verront diminuer ou supprimer les avantages fiscaux, et 1,5 à 2% du total de l’investisement sera saisi sur leur dépôt.

Le Cambodge construit une station de communications maritimes à Sihanoukbville, d’une valeur de 5 millions de dollars.

Le 28 janvier, la China National for Overseas Economic Developpement Co signe un contrat d’un montant de 4,5 millions de dollars pour un projet de développement agricole. La Chine était en 1997 au septième rang des investiseurs étrangers, avec près de 50 millions de dollars.

Le 20 février, la Wooside Petroleum Ltd australienne signe un contrat d’au moins 20 millions de dollars, concernant l’octroi d’une zone de recherche de 10 000 km2 dans le golfe de Thaïlande.

Le 16 février, a été inaugurée la première usine d’assemblage électronique d’appareils de télévision et de magnétoscopes. La société singapourienne Thakral investit 4 millions de dollars, mais prévoit d’en investir 10, et compte produire 300 000 téléviseurs par an. Elle emploie 27 personnes, mais pense augmenter son personnel à 160.

Le 5 février, Thor Peng Léath, gouverneur de la Banque nationale présente sa démission, suite à des rumeurs de corruption et de népotisme. A la fin février, sa démission n’est pas encore effective.

Bois

La société indonésienne Macro Panin, qui détenait la plus grosse concession d’exploitation de forêts au Cambodge, avec 1,4 millions d’hectares, a abandonné ses droits de concession. 350 000 hectares ont été attribués à la société taïwanaise Pheamex-Fuchan, qui, selon les organisations de défense de l’environnement, est la pire entreprise de déforestation connue. Elle devient ainsi la plus grosse société d’exploitation forestière du pays, avec 837 985 hectares. Le PDG de la compagnie est un ancien conseiller de Hun Sen. Le reste de la concession est attribué à 5 sociétés, dont celle de Teng Boonma (330 000 hectares). Pour l’association anglaise Global Witness, ce transfert est « absolument désastreux… totalement irresponsable

Selon Global Witness, dans la région de Samlaut, les deux camps financent la guerre civile grâce au trafic du bois, et pour ce trafic. L’organisation cite un document daté du 13 août 1997, citant Eam Phan, commandant de la division khmère rouge du front 909 qui a repris les armes parce que le gouvernement l’avait privé d’un secteur d’exploitation de bois d’une valeur de 30 millions de dollars.

Dans les provinces de Ratanakiri et de Mondolkiri, Global Witness a visité 21 entrepôts contenant chacun 10 000 m3 de bois, et filmé 35 dépôts de bois près de Pleiku, au Vietnam. En dépit de l’interdiction d’exportation de bois à partir du 31 décembre 1996, les deux premiers ministres ont signé des accords autorisant l’exportation de 260 000 m3 de bois vers le Vietnam, pour une valeur estimée à 130 millions de dollars, soit le tiers du budget national cambodgien. Global Witness établit « l’existence d’une collusion entre les dirigeants politiques et militaire au plus haut niveau entre le Cambodge et le Vietnam« .

Les fonctionnaires du gouvernement cambodgien affirment ne rien savoir, mais l’association montre les pièces à conviction. En début févier, des fontionnaires de Ratakiri avaient confirmé cette déforestation massive par les militaires. Vers le 15 février, on a pu voir le chef de la 1ère région militaire superviser les travaux. Le 7 novembre, les deux co-premiers ministres autorisent les militaire de la 1ère région à exporter 27 000 m3. Le 15 janvier 1998, un représentant du Vietnam demande l’exportation de 100 000 à 150 000 m3 de bois pour réparer les dégats du typhon qui s’est abattu sur le Vietnam. Le 22 janvier, un fonctionnaire de la province de Ratanakiri signe l’autorisation d’exporter 50 camions de bois vers le Vietnam. Le 6 février, Chéa Chim, chef de l’Etat par intérim, voudrait culpabiliser les pays donateurs en les rendant responsables des troubles et de l’absence de démocratie au Cambodge s’ils cessent leur aide.

A la fin février, Tao Seng Huor, ministre de l’Agriculture, annonce que de nouvelles concessions vont être accordées dans la province de Ratakiri, pour éviter les exploitations anarchiques. Dans une lettre en date du 6 février, le Centre de l’ONU pour les droits de l’homme avait demandé au ministre de n’accorder aucune concession tant que la Banque mondiale n’aurait pas achevé son plan de réforme de l’exploitation des forêts, et que des territoires soient réservés aux tribus montagnardes.

21 000 hectares de mangroves du parc national de Réam ont été détruits. 80% des forêts des îles ont été coupées illégalement depuis 1994, même les récifs de coraux sont menacés.

Une unité de blindés des FARC, basée dans la province de Kompong Speu s’est abusivement emparée de 100 hectares de forêts dans le parc national de Kirirom, et en a complètement défriché 1 hectare.

La déforestation des 140 000 hectares du parc du Bokor semble diminuer, mais n’est pas stoppée. Au moins 5 groupes militaires de la division 44 opèrent illégalement, malgré le travail de surveillance de 18 gardes forestiers.

Réalisations

Le barrage de Kandal Stoeung, près de Phnom Penh, est inauguré le 8 janvier. Il assure la retenue de 6 millions de mètres cubes d’eau et permettra d’irriguer 14 500 hectares. Les travaux ont coûté 23,4 millions de dollars.

La ville de Phnom Penh s’embellit de tous côtés. Le Phnom, centre spirituel de la ville, est en voie de restauration (pour un coût de 300 000 dollars). Après avoir regoudronné les abords du marché central, de nombreuses rues et avenues, dont l’Avenue de France, sont réparées pour un coût de 6 millions de dollars. Des travaux d’évacuation des eaux de pluie sont achevés devant le palais royal, sur le boulevard Mao Tsé Tong, le boulevard du Kampuchéa Krom, lieux traditionnels d’inondation en cas de fortes pluies. Ces travaux sont financés par un prêt à valoir sur la perception des impôts locaux durant les cinq années à venir (570 000 dollars annuels actuellement qui passeront à 2,8). Des feux de signalisation seront installés dans 36 carrefours importants de la capitale, agrémentés à l’art khmer. L’installation des feux coûte 250 000 dollars. Des travaux d’aménagement en eau potable, d’évacuation des égouts sont lancés. Le Japon et la Banque Asiatique pour le Développement (BAD) financent ces travaux par un prêt. La banque mondiale a accordé un prêt de 31 millions de dollars pour financer à 78 % un plan de quatre ans visant à réhabiliter le système de distribution de l’eau potable à Phnom Penh et à Sihanoukville. Les visées électorales ne sont sans doute pas absentes de ces travaux, dont on ne peut que se féliciter.

De partout montent des constructions privées. Cela prouve à l’évidence que l’argent ne manque pas à Phnom Penh, et que la confiance renaît.

L’historique Hôtel Royal, loué à la chaine hôtelière de luxe Raffles International pour 60 ans, a été rénové pour 30 millions de dollars. Il comprend 131 chambres et suites, dont le prix varie de 310 à 1 900 dollars la nuit (salaire moyen d’un Cambodgien: entre 17 et 25 dollars par mois).

Des travaux gigantesques sont entrepris sur la route reliant Phnom Penh à Kompong Cham qui sera triplée sur une grande partie de sa longueur.

Le conseil général de la Sarthe participe par un don annuel de 40 000 FF au fonctionnement de l’école d’agriculture de Préak Léap. La France accorde 200 000 FF pour cette école par l’intermédiaire de la Caisse française de développement. Cette école a été reconstruite par le CCFD durant les années 80.

Santé

La population du Cambodge est estimée à 10,8 millions, et passera à 19,2 million en 2 020. 49,5% sont âgés de 5 à 17 ans. La fertilité des femmes entre 15 à 44 ans est de 6,7 enfants par femme, la mortalité infantille de 90 pour 1 000 (contre 116 entre 1986 à 1995), la mortalité maternelle d’environ 5 pour 1 000, l’espérance de vie est de 58,6 pour les femmes, et 50,3 pour les hommes. Du 2 au 12 mars, 25 000 agents compteront la population (1 agent pour environ 100 familles), sous la supervision de 8 300 personnes (souvent des instituteurs), pour faire le premier recensement depuis 1962. Ce recensement coûtera 4,2 millions de dollars, versés par le fonds des Nations Unies pour la population. L’Unesco participe au recensement pour 470 000 dollars dans le domaine de la campagne d’information, et le PNUD pour 700 000 en assurant l’équipement et le transport.

Le 17 février, le ministère de la Santé lance officiellement un plan de réformes s’étalant sur 3 ans, d’un coût de 6,2 millions de dollars, versés par le département du développement international du Royaume, par l’OMS et par le PNUD. La réforme a commencé en 1995 par la création de 71 centres de santé à travers le pays. Il y a actuellement 53 hôpitaux, dont seulement 20 ont de quoi pratiquer des petites opérations d’urgence. Les 6,2 millions de dollars sont destinés à payer les salaires des 5 conseillers étrangers et la formation du personnel khmer par stages à l’étranger. Pour réduire la corruption, les soins médicaux sont désormais payants : dans la réalité cette réforme fait qu’il n’y a plus de soins pour les pauvres.

4 nouveaux centres de santé sont construits dans les provinces de Kompong Chhnang et Kompong Speu, grâce à un don de 95 546 dollars du Japon.

Les cinq étages de l’hôpital Sihanouk (ex-khméro-soviétique) ont été entièrement rénovés par la Thaïlande, représentant une dépense de 41 millions de baths (environ 1,6 millions de dollars lors de l’engagement thaïlandais).

L’Institut national de recherche et de santé publique, financé par l’Allemagne (735 580 dollars) est inauguré le l6 février.

Le Royaume uni s’est engagé à verser 2,95 millions de dollars au Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), afin d’améliorer les problèmes de santé liés à la naissance. La FNUAP prévoit de débloquer 7,4 millions de dollars dans ce domaine jusqu’à l’an 2 000.

Le 27 février, le Cambodge compte 10 psychiatres cambodgiens, qui ont suivi quatre ans de formation à Oslo.

Les zones anciennement sous contrôle khmer rouge étant ouvertes, on compte 30 000 nouveaux cas de paludisme au Cambodge, soit 170 000 personnes impalludées pour l’ensemble du pays. L’OMS dépense 700 000 dollars chaque année pour combattre la maladie, auxquels la Banque mondiale a ajouté 500 000 dollars supplémentaires, et l’Union européenne 1 million pour 1998. Après une lutte de deux ans, la bilhariose est tombée d’un taux national de 70% à 17 %. Par contre, l’épidémie de dengue est particulièrement violente cette année.

Selon un rapport gouvernemental, l’abus du tabac risque d’entraîner la mort de 73 000 Cambodgiens durant les dix prochaines années et une perte de 420 millions de dollars pour l’économie nationale. L’Etat a touché 52 millions de dollars de taxes sur le tabac en 1995 ; 46 % des espaces publicitaires sont réservés à la publicité sur le tabac ; 86 % des hommes fument.

Le 27 janvier, le gouvernement britannique accorde un don de 1,6 millions de dollars au Service international de la population, pour acheter des préservatifs. Depuis 1994, l’Angleterre a fait un don de 2,8 millions dans le même but.

Drogue

Le 10 janvier, le ministère de l’Intérieur saisit 5,6 tonnes de marijuana dans un camp militaire de Kompong Speu, mais sans procéder à aucune arrestation. Deux jours plus tôt, la police avait saisi 1,25 tonnes et arrêté 4 personnes dans la province de Kandal, le tout était destiné à l’exportation vers Hongkong.

Le 23 janvier, 1,2 kilo d’alcaloïde d’opium destinés à Washington sont saisis sur un Nigérian à Phnom Penh.

Le 7 février, un moine bouddhiste de la pagode Langkar est arrêté en possession de 5 kilos d’héroïne dans sa cellule. 1 kilo d’héroïne vaut 12 000 dollars à l’achat, et 200 000 à la revente en Europe.

Boudhhisme

Le 20 février, le vénérable Moha Ghosannada a été désigné pour le prix Niwano à Tokyo, le 9 mai prochain. Ce prix, d’un montant de 160 000 dollars, est destiné à honorer une personnalité ayant oeuvré pour le dialogue entre les religions. Du 19 au 5 avril, le vénérable entreprendra sa septième marche, pour « protester contre la déforestation et pour lancer une campagne contre la malaria

Mines

Selon les experts les plus sérieux, on compte au maximum 2 millions de mines au Cambodge, mais les autorités gouvernementales avancent souvent les chiffres compris entre 5 à 10 millions, pour attirer des dons, de l’avis même de certains responsables des services de déminage. Les mines sont un bon vecteur pour obtenir des aides, comme les orphelins. Le déminage donne lieu à des trafic juteux: il faut payer 900 dollars pour devenir démineur dans une organisation d’Etat cambodgienne. Même si le gouvernement cambodgien a signé les accords d’Ottawa concernant l’abolition de l’usage des mines, son armée continue à en poser.

Archéologie

Des images prises par radar en décembre 1996, révèlent qu’une ville existait sur le site d’Angkor, 200 à 300 ans avant la ville connue. Ces images révèlent également l’existence d’un site néolithique (3 000 à 500 avant JC), avec des monticules situés à une vingtaine de kilomètres de l’actuel Angkor. On projette de mener la même opération sur la frontière des provinces de Prey Veng et de Kratié, où serait située une forteresse datant de l’âge de la pierre.

Sport

Le Japon accorde une nouvelle aide de 395 000 dollars en matériel sportif au Cambodge, ce qui porte sa contribution totale pour le développement de la culture et de l’éducation à 1,566 millions.

Divers

Thierry Desjardins et Christian Grimaldi, du Figaro, sont condamnnés à 20 000 FF d’amende et à verser 30 000 FF de dommages et intérêts à Hun Sen pour un article intitulé « Le Cambodge, royaume de la corruption », mais qui ne cite aucune source pour étayer les accusations portées contre Hun Sen.

Un mystérieux Falcom 20 appartenant jadis au prince Ranariddh s’est posé le 9 février sur l’aéroport de Laoag aux Philippines. Des caisses en auraient été déchargées, ce qui laisserait supposer un trafic de contrebande. Le président philippin Ramos ordonne la saisie de l’appareil. On pensait que l’appareil appartenait à President Airline (Teng Boonma). Quelques jours plus tard, l’aviation militaire cambodgienne déclare que cet appareil appartient aux FARC, et qu’il est parti pour réparations.

La délinquance juvénile semble augmenter à Phnom Penh. 7 attaques d’étrangers sont à déplorer durant l’avant dernière semaine de février. Est-ce volonté d’effrayer les Occidentaux?