Eglises d'Asie

Les réfugiés karens des camps de la frontière sont de plus en plus pris entre le marteau et l’enclume

Publié le 18/03/2010




Les réfugiés karens des camps de la frontière, obligés de fuir la Birmanie pour échapper aux combats et à la répression, sous la menace continuelle des raids effectués par des milices birmanes qui n’hésitent pas à passer la frontière, se plaignent aujourd’hui d’être maltraités par ceux-là même qui sont chargés de les protéger, à savoir les militaires de l’armée thaïlandaise. Selon un certain nombre de rapports, les troupes thaïlandaises se seraient livrées à des exactions contre les habitants de certains camps de réfugiés qui, au total, abritent environ cent mille personnes. Les coups et les mauvais traitements seraient devenus monnaie courante, par exemple dans le camp de Mawker, si l’on en croit Way Roe, le chef de camp.

L’un des rapports explique que des soldats thaïlandais ont battu à mort, à coups de crosse de fusil, Saw Nyan Thin, du camp de Mawker, alors qu’il rentrait chez lui après l’heure du couvre-feu. Ils ne lui ont posé aucune questiondit Naw Cheery, sa femme, qui vit encore avec sa petite fille de deux ans dans le camp situé dans la province de Tak. Elle ajoute que les soldats sont ensuite venus s’excuser et ont offert une somme de 30 000 baht (750US$) en compensation. Selon un officier supérieur de l’armée thaïlandaise, Saw Nyan Thin n’était pas un vrai réfugié, mais un soldat infiltré de l’Armée démocratique bouddhiste karen, soutenue par la junte militaire birmane, qui organise des raids meurtriers dans les camps de réfugiés. La représentante du Haut-commissariat aux Réfugiés des Nations Unies, Amelia Bonifacio, estime que les sévices commis par les soldats thaïlandais contre les réfugiés karens ne manifestent pas un comportement habituel des troupes thaïlandaise, mais, ajoute-t-elle, je ne peux pas tirer de conclusion définitive sur ces incidents jusqu’à ce que l’enquête soit terminée

Ces accusations contre l’armée thaïlandaise surgissent au moment même où les attaques des camps de réfugiés par des milices birmanes se multiplient. Le camp de Mawker est le troisième en quinze jours à avoir été bombardé au mortier et incendié. 14 civils ont été sérieusement blessés. Les militaires thaïlandais admettent que la sécurité des camps n’est pas très bien assurée. Un officier supérieur thaïlandais estime à 10 000 le nombre de Karens de la région de Tak qui ont été rapatriés de force vers la Birmanie depuis un an. Parmi eux se trouvaient environ un millier de réfugiés enregistrés comme tels, qui avaient été pris à plusieurs reprises en dehors de leur camp.