Eglises d'Asie

A l’occasion de leur journée internationale, les femmes du Pakistan demandent qu’un certain nombre de sièges parlementaires leur soient réservés

Publié le 18/03/2010




Un supplément de 33 % de sièges parlementaires réservés aux femmes, telle est la revendication commune qui a marqué cette année diverses célébrations de la journée internationale de la femme en plusieurs régions du Pakistan et plus particulièrement dans les milieux chrétiens. On a pu l’entendre être formulée par exemple lors d’une manifestation qui s’est déroulée à Faisalabad autour de l’évêché, ou encore non loin de là dans la cité de Toba Tek Singh au cours de la célébration organisée à l’occasion de cette journée. La revendication était aussi une des idées forces du programme destiné à mobiliser les femmes de certains villages.

Le rassemblement de Faisalabad, le 8 mars, était particulièrement important. Il a commencé par une marche le long des principales rues de cette cité industrielle. 1 500 femmes y participaient, auxquelles s’était joint l’évêque du diocèse, Mgr John Joseph. Au cours du séminaire qui a suivi, les revendications concernant la promotion de la femme en ce pays musulman se sont fait entendre sans contrainte. La responsable du bureau diocésain pour les femmes, Razia Joseph, a encouragé les femmes à réclamer non seulement une augmentation des sièges parlementaires réservés aux femmes, mais aussi des postes de responsabilité à l’intérieur des partis politiques. Elle a aussi proposé un certain nombre d’initiatives : le développement de l’éducation féminine, la mise en place d’une sécurité sociale pour les femmes et les enfants, la création de prix encourageant et reconnaissant les activités sportives des femmes, enfin la participation de celles-ci aux décisions intéressant les affaires d’Etat.

Deux juristes musulmans ont, à sa suite, fait remarquer que la constitution du Pakistan interdit la discrimination fondée sur la différence de sexe, opinion à laquelle une religieuse de Lahore a apporté quelques nuances. Elle a souligné en effet que les lois pakistanaises ne donnaient aucun recours aux femmes victimes de violence. Elle a même déclaré que certaines dispositions inspirées de la loi islamique réduisent leurs droits légaux et encouragent une attitude négative à leur égard. Enfin, l’évêque s’est engagé à mieux faire connaître les problèmes de femmes pakistanaises et à travailler à leur solution.

Dans la ville de Toba Tek Singh, située à quelque cinquante kilomètres de Faisalabad, la célébration de la journée internationale de la femme a comporté un côté plus spectaculaire et populaire. Des danses culturelles y furent exécutées et des poésies furent déclamées devant un public composé de catholiques et de musulmans qui accompagnèrent les premiers à l’église en fin de journée. Quelques jours auparavant, un séminaire tenu à l’occasion du recensement du début de mars (13) avait préparé les esprits à cette célébration. La fondation Aurat, qui l’organisait, avait insisté sur la reconnaissance sociale du travail des femmes, en particulier, celui qu’elles accomplissent à la maison, qui n’est pas reconnu comme un travail et, par conséquent, n’est pas payé.

Des enquêtes menées par la fondation Aurat et d’autres organisations humanitaires ont montré que la revendication de 33 % de sièges parlementaires pour les femmes est largement soutenue par la population. En février dernier, lors d’une réunion d’ONG, le secrétaire d’Etat à la Sécurité sociale, Tehmina Daultana, avait révélé que le projet de réservation de 33 % des sièges pour les femmes était à l’étude auprès du gouvernement. La constitution de 1973, encore en vigueur, avait prévu 20 sièges supplémentaires réservés aux femmes, pour une durée de 20 ans. Cette disposition est donc périmée depuis 1993. Aux élections de 1997, sept femmes seulement avaient été élues sur les 217 députés du parlement, contre cinq aux élections précédentes.